La Voix de la
Russie
Double SOS !
Réponse des socialistes aux Syriens de
France
Françoise Compoint
© Photo:
AP
Samedi 31 mai 2014
Personnellement, la fort triste
histoire du scrutin syrien en France me
rappelle l’observation de François
Hollande quant au déroulement du
référendum criméen qu’il qualifia de «
nul et non avenu ».
C’est vrai qu’avec une côte
de popularité aussi fracassante que
celle du chef d’Etat français, ce genre
de réflexion est tout à fait de mise.
L’hôpital ne se moque même plus de la
charité car de l’hôpital, il ne reste
plus que des ruines battues par les
vents de la déroute. Nous sommes au-delà
du bon sens, au-delà du Droit le plus
élémentaire, l’Intérieur s’étant
évertuée à annuler la tenue des
élections syriennes sur son territoire
parce que SELON LUI la Syrie, un pays
souverain, ne devrait pas s’opposer à la
mise en place d’un gouvernement de
transition.
Nous sommes dans une
logique qui peut sembler schizophrénique
même si, en réalité, elle avoisine
plutôt l’endoctrinement vicieux du
bolchevisme. Le principe est simple :
toute élection dont le résultat
déplairait aux lobbies influents est
considérée comme « nul et non avenue ».
L’Occident savait ainsi que Porochenko,
faute d’alternative raisonnable, serait
élu. Et il l’a en effet été au premier
tour. Qu’ont donc fait Washington et ses
satellites ? Non seulement ils ont donné
feu vert à des élections assez
contestables l’Est n’ayant presque pas
voté, mais en plus ils prévinrent la
Russie qu’elle serait tenue pour seule
responsable de l’éventuelle annulation
de ces dernières. Or, si la Russie avait
agi dans l’esprit de la France, de
l’Allemagne, de la Belgique et des USA
qui interdirent aux Syriens résidents de
se prononcer par les urnes, elle aurait
dû interdire (comme minimum) aux
Ukrainiens installés sur son territoire
de voter dans leurs ambassades.
Comme il est clair que
Bachar el-Assad sera réélu à une
écrasante majorité, il s’agit
d’installer un gouvernement de
transition dont on sait pertinemment
qu’il sera constitué d’éléments radicaux
promoteurs de la Charia - on dira
ensuite avoir mal calculé les
conséquences comme on le dit aujourd’hui
pour la Libye - il s’agit également
d’inventer de toute pièces « des
rebelles syriens modérés » (SIC !) comme
l’a angéliquement signifié Barack Obama,
une opposition qui viendrait « libérer »
le pays d’un « tyran » massivement
soutenu par ce même pays. On croirait
rêver. Hélas, c’est la réalité. Le
politique l’ayant largement emporté sur
le droit, le référé d’urgence envoyé par
19 Syriens de France aux autorités
compétentes a été rejeté au seul motif
que la France ne voulait pas d’el-Assad
au pouvoir. Et el-Assad alors, veut-il
de Hollande en France ? Sans
commentaires.
Mme Khoury est l’une de ces
19 Syriens qui aiment leur pays et ont
courage de militer autant que cela
puisse se faire dans un pays que M.
Hollande a osé qualifier, dans un
communiqué alarmiste ayant suivi les
Européennes, de « pays de la liberté ».
Oui, la France est un pays de liberté.
Mais pas la France de Hollande. Pas la
France de BHL. Pas la France de Fabius.
La Voix de la Russie.
« Le référé que vous avez envoyé le 23
mai avec 18 autres Syriens par
l’intermédiaire de Me Damien Viguier a
été rejeté par le juge des référés, Me
Bernard Stirn. Il a déclaré la
juridiction administrative incompétente
concernant une décision non détachable
des relations internationales de la
France. Manifestement, l’une des raisons
évoquées, c’était la volonté de se voir
mettre en place un gouvernement de
transition en Syrie ce qui nous pousse
poser une question bien simple : qui va
désigner les membres de ce gouvernement
? La France ? L’Allemagne ? Les
monarchies du Golfe ? Je ne sais
vraiment plus sur quel pied danser. Et
vous ?
Mme Khoury. Je
vais répondre en deux temps si vous le
permettez. En premier lieu, j’évoquerai
l’interdiction du vote syrien sur le
territoire français et la réponse du
juge des référés. Ce dernier a rejeté
les 19 requêtes qui ont été déposées le
23 mai parce que le délai était très
court et les élections devaient avoir
lieu pour les Syriens résidant à
l’étranger le 28 mai. Ladite décision
est d’ordre à la fois juridique et
politique. La portée politique a été
explicitement mentionnée dans la réponse
du juge des référés et s’appuyait sur le
constat de son incompétence à annuler
une décision découlant de la politique
internationale menée par la France.
Celle-ci insiste sur la mise en place
d’un gouvernement de transition doté des
pleins pouvoirs. Qu’est-ce que cela
signifie en pratique ? Je l’ignore.
L’opposition syrienne est
une opposition qui n’est ni connue ni
reconnue par l’ensemble du peuple
syrien. A l’œuvre depuis voilà trois
ans, on la voit à présent s’entretuer.
On ne sait plus qui la préside. Tous les
trois mois en moyenne on a des nouvelles
de ses sempiternels différends sans
avoir une représentation ne serait-ce
que vague de sa véritable identité.
Pourquoi ? Primo, parce que ses membres
ont été désignés par l’Occident selon
des critères qui nous échappent.
Secundo, ils n’ont aucun programme
politique parce que, s’ils en avaient
un, ils l’auraient fait connaitre en se
présentant aux présidentielles. Il y a
aujourd’hui trois candidats dont deux
issus de l’opposition interne qui n’est
pas celle que met en avant, après
l’avoir fabriquée, l’Occident. Cette
opposition est à l’heure actuelle mal en
point. Initialement, il y a trois ans,
elle était soutenue par 130 pays.
Aujourd’hui, il n’y a plus que 11 pays
pour la soutenir et l’aider aussi bien
financièrement que militairement. Je
rappelle que cette opposition promeut le
fondamentalisme islamique dont la Charia
est le code de référence. Cela explique
pourquoi elle est rejetée par environ
80% des Syriens, qu’elle soit sur place
ou à l’étranger. Je ne sais donc pas
comment est-ce que la France et d’autres
pays de l’UE entendent installer ce
gouvernement de transition et notamment
en vertu de quel type de Droit vont-ils
le faire le peuple syrien étant un
peuple souverain. Qui donc accordera un
mandat à cette opposition ? Certainement
pas l’Etat syrien. Certainement pas la
communauté internationale qui n’en a
nullement le droit.
Je voudrais revenir
maintenant sur la décision du juge. Elle
donne quand même une ouverture parce
qu’elle ne reprend qu’un seul point qui
est de nature administrative. Elle
rejette la requête sur la décision de la
France à un niveau politique mais elle
ne la rejette pas au niveau de son
ancrage juridique. Ce point-là n’est pas
évoqué par le juge et donc,
formellement, il n’existe pas n’ayant
pas de fondement juridique.
La VdlR.
Justement, le deuxième motif mentionné
s’appuie sur une lecture partiale de la
Convention de Vienne cette dernière
autorisant l’Etat – même si le
conditionnel serait ici de mise – en des
cas de force majeure à s’opposer à la
tenue d’élections étrangères sur son
sol. Néanmoins, quand bien même la
Convention de Vienne prévoirait ce genre
d’interdit, elle autorise bien sûr les
parties intéressées à faire appel auprès
d’instances juridictionnelles
compétentes. Avez-vous l’intention de
saisir ce droit ou alors, concernant les
présidentielles syriennes à l’étranger,
c’est partie perdue et il n’y a plus
aucune chance d’ici le 3 juin ?
Mme Khoury.
Il se pourrait qu’une date soit fixée
avant le 3 juin pour les personnes qui
avaient été interdites d’élection dans
certains Etats tels que la France,
l’Allemagne et la Belgique. La Cour
européenne des droits de l’homme pourra
rapidement statuer sur ce point. On
verra à ce moment-là si elle tiendra
compte de l’avis exprimé par le Conseil
d’Etat ou si elle statuera par
elle-même, d’une manière indépendante.
La VdlR. Les
élections vont se tenir le 3 juin. Il
est tout à fait évident que Bachar el-
Assad sera réélu à une franche majorité.
Comment voyez-vous la suite des
évènements ? Assisterons-nous à une
exacerbation des tensions en Syrie ?
Mme Khoury.
Il y a une partie de l’opposition qui
commence déjà à se rendre. Nous relevons
des mouvements de réconciliation dans
certains endroits de la Syrie. L’avancée
de l’armée syrienne permet non seulement
de regagner du terrain mais aussi de
faire revenir la paix dans certaines
régions où on voit certaine acteurs du
conflit opter pour la réconciliation.
Cela n’empêche pas les franges radicales
pour la plupart non-syriennes – 83
nationalités combattent actuellement sur
le territoire syrien dont nos
compatriotes français partis faire le
djihad – aidées par la Turquie, l’Arabie
Saoudite et le Qatar de sombrer dans la
folie. Déjà que leur attitude est pour
le peu bestiale, leur cruauté vis-à-vis
de leurs victimes inqualifiable, je
n’ose même pas supposer quelle sera leur
réaction à la réélection d’el-Assad.
Néanmoins, l’avancée de l’armée syrienne
sur le territoire peut aussi contribuer
à une stabilisation de longue durée qui
permettra aux Syriens installés à
l’étranger de revenir chez eux et de
retrouve cette paix sociale dans
laquelle ils vivaient jusqu’au début du
carnage il y a trois ans ».
© 2005—2014 La
Voix de la Russie
Publié le 2 juin 2014
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