Opinion
Et pourquoi
priverait-on l'Iran de l'arme nucléaire
?
François Jourdier
Jeudi 28 novembre 2013
L’Iran ayant signé il y a beau
temps le traité sur la non-prolifération
des armes nucléaires, il n’y a rien de
nouveau sous le soleil.
On peut évidemment
se réjouir de l’accord trouvé à Genève
sur le nucléaire iranien. On peut aussi
faire remarquer que l’Iran ayant signé
il y a beau temps le traité sur la
non-prolifération des armes nucléaires
(TNP), il n’y a pas grand-chose de
nouveau sous le soleil. Il est vrai que
la communauté mondiale accuse sans
preuve l’Iran d’avoir voulu se doter de
la bombe, d’où des années de menaces, de
sanctions, de condamnations qui ne
pouvaient que pousser l’Iran à
persévérer dans ses efforts. Le TNP
impose des contrôles internationaux, des
procédures qu’il eût été pertinent
d’imposer avant d’étrangler l’économie
iranienne.
Et c’est là que
l’on voit le rôle des faux-culs : hors
l’Allemagne, le tribunal international
devant lequel l’Iran a comparu à Genève
réunissait tous les gros bras du monde,
les cinq puissances auxquelles le TNP
accorde — ego nominor leo — le
privilège de détenir des centaines,
voire des milliers d’armes nucléaires.
Rappelons toutefois qu’en signant le
TNP, ces puissances se sont engagées à
réduire leur arsenal pour rechercher, à
terme, l’éviction mondiale des armes
nucléaires – engagement qu’elles ne
respectent pas. La France, en
particulier, s’est dotée de puissants
moyens de simulation et de calcul, pour
mettre au point de nouvelles armes plus
performantes, et les autres en font bien
entendu autant.
Je ne sais pas
quelles sont les intentions de l’Iran,
mais je comprendrais très bien qu’il
recherche dans l’arme nucléaire le moyen
de retrouver son indépendance, comme le
fit en son temps le général de Gaulle.
Il n’est d’ailleurs
que de voir la réaction d’Israël à la
signature de ce « mauvais accord »
pour comprendre que ce pays veut pouvoir
continuer à s’en prendre militairement
ses voisins – Irak, Syrie, Jordanie… et
l’Iran — chaque fois que l’envie lui en
vient, alors qu’il détient contre tout
droit, lui-même, l’arme nucléaire.
La France fut, dans
cette affaire, à la pointe des exigences
et se vante d’avoir obtenu des
conditions plus strictes. Notre ministre
Fabius a cherché là un moyen de se
refaire après le camouflet que Barak
Obama lui avait infligé en Syrie, le
laissant tomber dans ses visées
guerrières contre el-Assad dont personne
ne souhaite plus guère le départ.
L’ennui est que, pendant ce temps-là,
les USA s’arrangeaient secrètement avec
l’Iran et que ce sera eux qui
ramasseront les fruits économiques de
l’accord de Genève pendant que nous
allons perdre ou voir réduites à la
portion congrue nos positions
industrielles, en particulier dans le
pétrole et l’automobile. La France a,
comme d’habitude, mené une politique
irréfléchie et loin des réalités du
monde. On ne gouverne pas avec de bons
sentiments.
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Publié le 29 novembre 2013
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