Palestine
Le prisonnier palestinien Mohammad
Allane
refuse l’occupant
Fadwa Nassar
Mercredi 5 juillet 2017
Mohammad Allane, de la région de Nablus,
a entamé la grève de la faim il y a 27
jours, protestant contre son arrestation
par l’occupant sioniste. Le tribunal
militaire de Salem a prononcé le report
de sa « mise en examen », pour quelques
jours, ce qui signifie qu’il est
toujours arrêté sans « condamnation ».
Dès que sa maison à Aynabous a été
investie et qu’il a été enlevé par
l’armée sioniste, le 6 juin dernier, il
a aussitôt entamé sa lutte. Après avoir
été incarcéré dans le centre
d’interrogatoire de Jalame, il a été
transféré à la prison de Meggido, pour
faire pression sur lui et l’obliger à
arrêter sa grève.
Ce n’est pas la
première fois que ce militant du
Mouvement du Jihad islamique, avocat de
profession (33 ans) est arrêté par les
forces de l’occupation. La fois
précédente, en 2015, il avait également
lutté pour réclamer sa liberté et
l’abolition de la détention
administrative dont il a été victime. Il
avait mené une grève de la faim pendant
65 jours, et frôlé le martyre. Tranféré
à l’hôpital de l’occupant, il avait été
soutenu dans sa lutte par des
manifestations déclenchées dans tout le
pays, que ce soit dans les territoires
occupés en 48 ou en 67, et même dans
l’exil. Ce qui obligea l’occupant à
promettre sa libération et à le libérer
à la date d’expiration de l’ordre de
détention administrative, le 4 novembre
2015.
Les sionistes
accusent Mohammad Allane d’
« incitation » , et notamment sur « Facebook »,
ce qui veut dire en clair qu’il refuse
la présence coloniale en Palestine. Pour
sheikh Khodr Adnane, son compagnon de
route au cours de ces quelques mois
passés hors des prisons sionistes,
Mohammad Allane a été arrêté pour servir
de « leçon » aux anciens prisonniers,
afin qu’ils ne soutiennent pas leurs
frères en lutte, par des manifestations
et des déclarations. Il a ajouté :
« Mohammad Allane sait pourquoi il a été
arrêté par l’occupant. Ce dernier veut
briser son moral et lui faire abandonner
son activité en faveur de son peuple ».
Pour les sionistes, les prisonniers
libérés doivent s’occuper de choux et de
fleurs, mais pas de réclamer la
libération des prisonniers détenus par
l’occupant. Mais, même à ce niveau, les
sionistes ne respectent pas leurs vœux,
car ils ont arrêté de nouveau Nael
Barghouty, le plus ancien prisonnier,
libéré en octobre 2011, en échange du
soldat sioniste Shalit. Nael Barghouty,
enfin libre après plus de 30 ans
d’incarcération, s’est précisément
occupé de sa terre, avec sa famille,
plantant des « choux et des fleurs ».
Mais en Palestine occupée, les sionistes
craignent même les agriculteurs, qui
empêchent les colons, rien que par leur
travail, de voler la terre. C’est la
colonisation et la pratique de la
purification ethnico-religieuse de la
terre arabe de Palestine.
Depuis sa
libération en novembre 2015, Mohammad
Allane n’a cessé, aux côtés de son frère
Khodr Adnane et d’autres militants du
Mouvement du Jihad islamique, de
rappeler le sort de leurs frères
prisonniers dans les geôles de
l’occupation. Ils ont parcouru les
villages et camps de la Cisjordanie pour
honorer la lutte des prisonniers et bien
souvent, ils eurent à faire avec les
services sécuritaires de Mahmoud Abbas,
qui craignent la participation massive
des Palestiniens à l’Intifada al-Quds, à
partir de la lutte des prisonniers. Tout
comme Khodr Adnane et d’autres militants
du mouvement, Mohammad Allane ne se
privait pas de dénoncer les funestes
accords d’Oslo, responsables de la
situation misérable faite aux
Palestiniens, et la « coordination »
sécuritaire entre l’Autorité
palestinienne et l’occupant, responsable
de l’invasion coloniale des terres de la
Cisjordanie, en empêchant la résistance
de dire son mot. Battu au cours des
manifestations, par les services
sécuritaires de Mahmoud Abbas, Mohammad
Allane gênait l’Autorité, tout comme la
militante Khalida Jarrar, du FPLP, le
premier dans la rue, la seconde dans les
coulisses du conseil central de l’OLP.
Pour sheikh Khodr Adnane, l’arrestation
de Mohammad Allane vise à vider la
Cisjordanie des voix militantes,
islamiques et nationales, qui
soutiennent la résistance et qui
refusent les accords d’Oslo. Ce qui
s’appelle « inciter » chez les
sionistes, comme chez tous les coloniaux
qui ont envahi la terre des autres.
Mohammad Allane a
entamé la grève de la faim, pour
réclamer sa libération, quelques jours
après la longue lutte collective des
prisonniers palestiniens, dirigée par
Marwan Barghouty, réclamant
l’amélioration des conditions de
détention déplorables des prisonniers
palestiniens. Si la lutte fut
collective, et s’est soldée par une
victoire, rien que parce qu’elle a su
déjouer les manœuvres sionistes, la
lutte de Mohammad Allan est
« individuelle », elle renoue avec les
multiples grèves de la faim entamées par
les prisonniers incarcérés en tant que
« détenus administratifs », en lutte
pour la dignité. Sa lutte remet au jour
le sort de centaines de prisonniers,
arrêtés et détenus, rien que parce que
l’occupant craint l’extension de
l’Intifada al-Quds. La détention
administrative exécutée par l’occupant
sioniste est une forme de barbarie à
l’encontre d’un peuple en lutte pour sa
liberté parce qu’elle est arbitaire et
vise à soumettre, non seulement le corps
du Palestinien, mais son âme et sa
conscience. C’est pour cela que la lutte
des prisonniers incarcérés en tant que
détenus administratifs par l’occupant
sioniste pour réclamer leur liberté et
abolir cette forme de torture, est
importante. Pratiquée par tous les
régimes coloniaux pour maintenir leur
domination, la détention administrative
pratiquée par les sionistes en Palestine
occupée n’a aucune chance de parvenir à
stopper la résistance ni à éradiquer la
haine profonde de cette entité
coloniale. « Nous nous battrons jusqu’au
départ du dernier colon ! » telle est la
devise des Palestiniens.
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