Palestine
Les martyrs du retour en Palestine
indiquent la voie
Fadwa Nassar
Dimanche 1er avril 2018
Un massacre de plus
perpétré par l’occupant sioniste : 15
martyrs et près de 1500 blessés, c’est
le bilan provisoire de la journée de la
terre, le 30 mars 2018, proclamée
également « marche du retour » par la
coordination de la « grande marche du
retour », composée des organisations de
la résistance palestinienne, des unions
populaires et des associations de la
société civile.
Depuis la décision
de Trump, saluée chaleureusement par
l’entité coloniale et ses dirigeants,
concernant le droit au retour des
réfugiés palestiniens à leur terre
spoliée il y a près d’un siècle, les
organisations de la résistance ont lancé
l’idée d’une « marche du retour » pour
faire échec au plan américano-sioniste
de liquidation de la cause
palestinienne, avec l’approbation de
quelques régimes arabes. Cette « marche
du retour » à laquelle a appelé la
coordination devrait se poursuivre, par
toutes sortes d’activités populaires, le
long de la ligne de séparation fixée par
l’occupant, jusqu’au 15 mai 2018, jour
de la commémoration de la Nakba, 70 ans
après.
L’idée même de la
« marche du retour » fixée au 30 mars a
suscité une panique générale dans
l’entité coloniale. Car parler de retour
des réfugiés signifie d’abord et surtout
rappeler au monde comment l’entité fut
fondée : massacres et expulsions
massives, par cars et bateaux, en vue de
rendre la terre « juive », c’est-à-dire
vidée de sa population palestinienne. Le
retour de ceux qui sont devenus
réfugiés, qu’ils vivent à présent dans
la bande de Gaza, en Cisjordanie, et
même dans les territoires occupés en
1948 (connus sous le nom de « déplacés
internes »), qu’ils vivent dans les
camps au Liban, en Syrie, en Jordanie ou
même en Iraq et en Egypte, ou qu’ils se
soient installés dans d’autres pays, ce
retour signifie que les Palestiniens
n’ont pas oublié et ne veulent pas
oublier, et qu’ils luttent pour revenir
dans leur patrie, à leurs villages et
villes, à leurs hameaux et à leurs
biens. Et personne, ni Trump ni
Netanyahu, ni leurs alliés ou amis, ne
peuvent l’empêcher de revendiquer sa
terre, entière, et d’y retourner.
La panique des
sionistes, à peine la « marche du
retour » décidée, est symptomatique de
tous les voleurs qui craignent que le
butin volé ne soit rendu à ses
propriétaires, pensant que la force
physique est capable d’enrayer le
mouvement. Depuis des semaines, les
colons et leurs dirigeants proposent des
moyens d’empêcher cette marche, jusqu’à
la dernière minute. Après avoir menacé
de tuer les responsables politiques, ils
ont menacé les chauffeurs des bus
chargés de transporter les manifestants
vers la ligne « frontalière » et fraudé
les comptes facebook de quelques
organisateurs pour envoyer de faux
messages. Ils ont demandé aux colons des
colonies frontalières de la bande de
Gaza de s’armer et de tuer. Ils ont
lancé une campagne médiatique à large
échelle dans le monde pour faire croire
que les organisations de la résistance,
et notamment le mouvement Hamas,
auraient organisé cette marche pour
masquer leur « échec » et/ou
« infiltrer » l’entité coloniale. Par
leur campagne médiatique, ils voulaient
capter l’attention des médias sur un
« danger imminent » qui viendrait de la
bande de Gaza, ce qui pourrait leur
donner carte blanche pour tuer. Et ils
ont tué !
Ils ont tué des
civils désarmés, même appartenant à des
organisations de la résistance, en
marche pour le retour. Ils ont
transformé par contre leurs « civils »
en militaires, puisque toute leur
société est en fin de compte leur armée,
avec ordre de tuer. En mars 2018, comme
en mai 2011 au Liban et dans le Golan
syrien, comme en juin 2011 dans le Golan
syrien également, les sionistes
n’hésitent pas tirer sur la foule, sur
tout Palestinien désarmé qui réclame son
droit de vivre dans son pays.
Cependant, cette
pratique de tuer tout Palestinien
voulant retourner chez lui n’est pas
nouvelle. En 1948, les colons qui se
sont emparés des villages et villes de
la Palestine, tuaient tout Palestinien
« infiltré » qui voulait juste récupérer
ses affaires, ou même récolter les
champs que la famille avaiet cultivée
avant la Nakba. Des dizaines de ces
« infiltrés » furent froidement
massacrés par des colons armés qui
prétendaient, comme maintenant, défendre
« leurs» terres et « leurs »
biens.
Quelques années
plus tard, les « infiltrés » sont
devenus des combattants pour la liberté
qui revenaient au pays pour abattre
les colons, saboter leurs installations,
et respirer l’air du pays. Nombreux
parmi eux sont tombés martyrs, d’autres
furent arrêtés avant d’être expulsés,
car les sionistes ne voulaient surtout
pas que ces Palestiniens, qu’ils avaient
expulsés, soient comptés au nombre de
ceux qui vivent dans l’entité coloniale.
Le retour n’est pas
un vain mot, pour le peuple palestinien.
C’est ce qui lui permet de supporter
toute une vie de misère, dans les camps
ou ailleurs, car le retour à la
Palestine c’est l’espoir qu’il récupère
son droit. Les dirigeants sionistes et
leurs médias, comme les dirigeants
américains ou même européens, pensent
qu’il leur suffit de lancer quelques
miettes de nourriture, ou d’améliorer
l’électricité dans la bande de Gaza, ou
même de rendre les « territoires
occupés » des zones viables, pour que
les Palestiniens cessent de revendiquer
leur retour et se soumettent à
l’occupant et à ses amis dans le monde.
Mais année après
année, c’est le retour à la Palestine
libérée que le peuple palestinien
revendique, malgré les Trump et les
Netanyahu de tous bords. Les martyrs du
retour indiquent la voie : l’unité du
peuple palestinien se fait dans la lutte
et non dans les cercles fermés des
discussions entre responsables ; Il faut
compter sur ses propres forces et non
attendre des résolutions régionales ou
internationales qui n’ont rien apporté
depuis 70 ans ; Le retour au pays est un
droit, il ne se négocie pas et ne peut
faire l’objet d’aucune concession. Les
spoliateurs doivent s’en aller, et ils
s’en iront, par la volonté de Dieu.
Aucune injustice ne dure éternellement,
quand le peuple opprimé décide de se
battre.
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