Palestine
L’UE finance l’industrie de guerre
d’Israël
David Cronin
L’Union européenne finance les
fabricants des drones utilisés par
Israël
pour provoquer des destructions massives
dans Gaza.
Ezz
Zanoun APA/Images
Samedi 31 mars 2018
David Cronin – 29 mars 2018 – The
Electronic Intifada
La propagande ne se
déroule pas toujours comme prévu.
L’armée israélienne a choisi en début de
mois de retirer une vidéo de Facebook
qui la présentait comme une organisation
féministe.
Certains sionistes moins libéraux
avaient été contrariés par le message
implicite de la vidéo selon lequel les
femmes soldats sont tout aussi capables
de tuer les Palestiniens que leurs
collègues masculins. Israël a la chance
que ses principaux partenaires soient
indifférents devant de telles prises de
bec embarrassantes.
Emanuele Giaufret,
l’ambassadeur de l’Union européenne à
Tel Aviv, fait partie de ces
partenaires. Il a de quoi s’occuper avec
le soutien aux Israéliens qui
bénéficient des subventions
scientifiques de l’UE. Lors d’une
récente réception, Giaufret a loué les
entreprises et institutions israéliennes
pour leurs « idées incroyables ».
Il y a aussi promu un court métrage sur
les « projets de collaboration »
entre l’UE et Israël. Le film montre un
représentant d’Israel Aerospaces
Industries (IAI – une entreprise de
construction aéronautique israélienne).
Ce qui n’est pas dit aux spectateurs,
c’est qu’IAI est aussi un fabricant
d’armes. À la place, ils apprennent que
cette firme est en train de développer
l’avion de l’avenir.
Vidéo de promotion dans laquelle est
indiquée la collaboration entre l’UE et
Israël
Israel Aerospace
Industries – une entreprise propriété de
l’État – a fabriqué le drone Heron,
celui qui a été utilisé dans les
agressions contre Gaza. La société
semble considérer cela comme un argument
de vente. Les brochures sur le Heron le
présentent comme « ayant fait ses
preuves au combat ».
Effrayant
Les bureaucrates de
Bruxelles n’ont pas été perturbés par
cet affreux euphémisme. Ils ont donné
leur accord à la participation d’IAI à
Horizon 2020, le dernier programme de
recherche de l’UE. Au moins l’une des
subventions que l’entreprise a perçues
grâce à ce programme est destinée aux
travaux sur la technologie des drones.
D’autres subventions sont affectées à la
recherche sur les moteurs et la
fabrication d’avions et d’hélicoptères
légers. Les activités scientifiques de
l’UE sont censées être civiles.
Pourtant, les représentants de l’UE ont
précédemment admis que rien n’empêchait
que les fruits de la recherche qu’ils
supervisent soient utilisés à d’autres
fins.
Cela indique que
l’UE aide Israël à fabriquer plus
d’armes meurtrières qu’il n’en possède à
ce jour.
Israel Aerospace
Industries n’est pas une petite société
familiale qui aurait besoin d’être
lancée par les contribuables de l’UE. À
la fin de l’année dernière, son carnet
de commandes dépassait les 11 millions
de dollars. L’une des divisions les plus
rentables de l’IAI s’appelle Elta
Systems. Cette entreprise a récemment
été sélectionnée par l’Administration
Trump pour construire un prototype pour
le mur prévu le long de la frontière des
États-Unis avec le Mexique.
Les systèmes de
radars développés par Elta ont connu ce
que les marchands d’armes appellent
leurs débuts opérationnels lors de
l’agression de 2014 contre Gaza. Ces
radars permettent apparemment
d’identifier de multiples cibles
simultanément. Comme l’agression de 2014
a causé des morts et des destructions
massives sur les civils et les
infrastructures civiles, cela veut dire
qu’Elta a apporté une contribution
importante aux crimes contre l’humanité
commis par Israël. Et cela n’a pas
empêché l’Union européenne d’accorder à
Elta un certain nombre de subventions
scientifiques.
Une complicité
cruelle
Israël est un
expert pour obtenir des fonds de l’UE.
Il a déjà soutiré plus de 530 millions
de dollars à Horizon 2020. Comme ce
programme de sept ans court jusqu’à la
fin de la décennie, le montant final de
ce qu’Israël aura perçu sera
inévitablement beaucoup plus élevé. Les
diplomates de l’UE ont esquivé certaines
questions vitales : les « idées
incroyables » qui excitent Emanuele
Giaufret sont souvent façonnées ou
influencées par l’armée israélienne.
Mellanox, par
exemple, est une affaire lucrative qui
se consacre à l’accélération du
transfert de données via Internet. Son
directeur général, Eyal Waldman, s’est
vanté d’avoir servi dans la Brigade
d’ « élite » Golani – une unité de
l’armée israélienne. Sa formation avec
cette brigade a permis à son entreprise
« de tuer avec une seule balle, au
lieu des cinq ou cent de nos concurrents »
a-t-il dit. Le fait qu’il s’exprime par
métaphores ne change rien à la façon
dont Israël a tourné son occupation de
la Cisjordanie et de la bande de Gaza –
une occupation dans laquelle la Brigade
Golani a joué un rôle de premier plan –
à son avantage dans cette compétition.
Un secteur
technologie florissant a été créé en
grande partie parce que l’occupation
offre de nombreuses opportunités pour
tester les innovations. En distribuant
des subventions à des sociétés comme
Mellanox, l’UE encourage le militarisme
israélien. Par le biais de ses
programmes de recherche, l’UE accorde
aussi des millions à Elbit Systems, une
des plus importantes usines d’armements
d’Israël qui fabrique des bombes à
fragmentation interdites à l’échelle
internationale.
D’autres
participants à Horizon 2020 ont l’armée
israélienne dans la liste de leurs
clients. Notamment IsraTeam, un
cabinet-conseil impliqué dans le projet
financé par l’UE pour la recherche sur
le « terrorisme » et le crime organisé.
Israël se sert du mot « terrorisme »
comme d’un terme général pour désigner
la résistance à son comportement
oppressif. Ce faisant, il s’en tire à
bon compte de ses violations grotesques
des droits humains, et notamment de son
usage habituel de la torture.
Les fournisseurs
d’armes et de services à l’armée
d’Israël mènent des expériences cruelles
contre les Palestiniens. Inviter ces
fournisseurs à ses programmes
scientifiques est un moyen important que
l’UE utilise de manière complice et avec
cruauté.
David Cronin est rédacteur en chef
adjoint de The Electronic Intifada.
Son dernier livre : « L’ombre de
Balfour : un siècle de soutien
britannique au sionisme et à Israël »
(Pluto, 2017)
Source :
The Electronic Intifada
Traduction : JPP pour l’Agence Média
Palestine
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