Washington Report
Le silence sur les violations
des libertés religieuses par Israël
Dale Sprusansky
James
Zogbyy; président fondateur de l'Arab
American Institute
Jeudi 25 mai 2017
Par Dale Sprusansky (revue de
presse : Washington Report on Middle
East Affairs – 10/5/17)*
La Commission
Américaine sur les libertés religieuses
internationales (USCIRF) a été créée
en 1998 avec pour mission d’évaluer les
violations mondiales de la liberté de
religion et de présenter des
recommandations au Président, Secrétaire
d’Etat et Congrès. Le rapport annuel de
la commission répertorie les violations
de la liberté religieuse dans un grand
nombre de pays, y compris la Russie, la
Chine et les pays du Moyen-Orient.
L’Israël n’a jamais
été mentionné dans ce rapport.
Au cours de son
mandat de quatre ans, le commissaire
sortant, le Dr James Zogby –
président fondateur du
Arab American Institute (AAI) -
a souvent requis de la commission
qu’elle enquête sur le traitement des
musulmans, chrétiens et juifs
non-orthodoxes en Israël. A de
nombreuses reprises, les représentants
de ces communautés en ont appelé à la
commission qui a, invariablement, rejeté
leur demande. Profondément troublé par
ce comportement, le Dr. Zogby a
publiquement critiqué le peu
d’empressement de cet organisme pour
examiner les actions d’Israël.
Dans un document, Zogby déplore «
le refus permanent et manifeste de
certains commissaires d’admettre la
possibilité même de considérer la
liberté religieuse en Israël et dans les
territoires occupés ». La
commission, dit-il, a « l’obligation
de soumettre à examen l’usage que fait
Israël de la religion pour discriminer
ses propres citoyens et les Palestiniens
vivant dans les territoires occupés ».
Lors d’une conférence de presse, le 26
avril, il a cité des témoignages
poignants sur la préoccupation de
groupes religieux en Israël et
Palestine, balayés par la commission.
Peu après son
arrivée à la commission en 2013, les
neuf membres de la commission décidèrent
de rédiger
un article sur les chrétiens en se
référant au Moyen-Orient comme «
berceau de la chrétienté » et «
notait qu’une tendance anti-chrétienne
se manifestait en Irak, Syrie, Egypte,
Pakistan et Nigeria mais pas en Israël »
« J’ai dit qu’à ma connaissance, le
berceau de la chrétienté était Jérusalem
». Il a rappelé qu’il avait, à
maintes reprises, informé les dits
membres des inquiétudes des Palestiniens
chrétiens, qui furent totalement
oblitérées. L’article fut publié sans
aucune des remarques mentionnées.
En juillet 2014,
Foaud Twal, patriarche latin de
Jérusalem, a invoqué devant la
commission le plan israélien
d’appropriation de terres de
Palestiniens chrétiens, l’obligation
faite aux Arabes chrétiens par la
Knesset de faire figurer sur leurs
papiers d’identité leur religion, les
lois qui rendent difficile pour les
Palestiniens de continuer à résider à
Jérusalem et d’être unis à leurs
familles et les restrictions de
circulation du clergé et des fidèles.
« La commission a non seulement refusé
d’entendre les préoccupations du
patriarche mais l’a renvoyé brutalement,
deux commissaires l’ayant pris à partie
sur le Hamas et sur la raison pour
laquelle il n’utilisait pas sa position
pour s’en prendre à lui » Zogby
notait « que le patriarche était
reparti choqué et qu’aucune action
n’avait été prise »
Drew Christiansen,
jésuite et consultant auprès du Vatican
pour les questions du Moyen-Orient qui,
avec le patriarche, participait à la
rencontre raconte : « ce qui a été
remarquable lors de la rencontre du
patriarche avec la commission a été le
scepticisme et la défensive avec
lesquels elle a reçu le message du
patriarche. » La commission a
manifesté « peu d’enthousiasme et
fait aucun effort pour s’informer sur
les inquiétudes des Arabes chrétiens
d’Israël ou des Palestiniens chrétiens à
Jérusalem, en Cisjordanie ou à Gaza ».
Ayant eu à traiter de ces questions
pendant des années, Christiansen n’a
guère été surpris de l’attitude de la
commission qu’il juge « en adéquation
avec l’indifférence que j’en étais venu
à attendre de cette institution sur les
questions de la liberté de religion des
Palestiniens ».
En début de
l’année, la commission a reçu deux
lettres lui demandant d’enquêter sur les
pratiques et la politique d’Israël en la
matière signées par 11 importantes
communautés religieuses américaines et
34 groupes chrétiens de Cisjordanie,
Gaza et Jérusalem et le rapport de 192
pages de
Palestine Works, une association
d’avocats pour la promotion des droits
humains des Palestiniens. Ce rapport
appliquant à Israël les critères de la
commission constata que ce dernier
violait sans vergogne plusieurs de ses
normes.
Les signataires de la lettre furent
qualifiés de personnages insignifiants,
antisémites, uniquement centrés sur
Israël, rappelle Zogby. « Ma réaction
a été : je ne choisis pas Israël, vous
le choisissez comme le seul pays que
nous ne pouvons critiquer ».
La deuxième lettre
provenait de Hiddush, un groupe
de Juifs d’Israël et d’Amérique du Nord
qui travaille à la promotion de la
liberté de religion en Israël. Elle
mettait en avant le « pouvoir
excessif des groupes religieux
orthodoxes en Israël sur les droits et
la dignité de la population dans son
ensemble ». Encore une fois la
commission fit l’aveugle. Discutant de
ces documents, Zogby rappelle que
certains commissaires ont exprimé l’idée
que toute enquête sur Israël
entraînerait la commission dans un débat
sans fin, et craignaient de perdre le
financement du Congrès. « Nous avons
été réduit au silence » et «
c’est ce qui m’a décidé de venir vers
vous ». Dans son message de
désaccord, Zogby a accusé la commission
de trahir son mandat en offrant à Israël
une immunité contre toute critique :
« En refusant d’examiner la conduite
d’Israël nous disons aux Palestiniens
chrétiens aux musulmans, aux juifs
non-orthodoxes ou séculiers en Israël
que nous ne défendrons pas leurs
libertés et leurs droits ». …(…)…
Andreia Alexander,
secrétaire générale adjointe au
Conseil National des Eglises exprima
la même pensée : « Quand l’USCIRF
choisit arbitrairement de ne pas
enquêter sur certains pays dont Israël,
cela implique qu’elle est l’instrument
de la politique étrangère des
Etats-Unis, déterminée à matraquer les
nations que notre pays a identifié comme
ennemies et à protéger celles qu’il a
qualifié d’alliés ».
Traduction et
Synthèse : Xavière Jardez
Source:
Dr. James Zogby Slams Religious Freedom
Commission for Ignoring Israeli
Violations
(Washington Report –
10/5/17
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