Comité Valmy
Un avertissement russe
Dmitri Orlov et The Saker (A. Raevsky)
Vendredi 3 juin 2016
Nous,
soussignés, sommes des Russes vivant et
travaillant aux États-Unis. Nous avons
suivi avec une inquiétude croissante les
politiques actuelles des États-Unis et
de l’OTAN qui nous ont placés sur une
trajectoire de collision extrêmement
dangereuse avec la Fédération de Russie,
ainsi qu’avec la Chine. Beaucoup
d’Américains patriotes respectés, tels
que Paul Craig Roberts, Stephen Cohen,
Philip Giraldi, Ray McGovern et beaucoup
d’autres ont fait part de leur crainte
d’une troisième guerre mondiale. Mais
leurs voix ont été totalement étouffées
par le vacarme des média de masse qui
sont pleins d’histoires trompeuses et
inexactes sur l’économie russe, comme
étant en ruine et l’armée russe comme
faible - tout ceci sans aucune preuve.
Mais nous -connaissant à la fois
l’histoire russe et l’état actuel de la
société russe et de l’armée russe, ne
pouvons avaler ces mensonges. Nous
ressentons maintenant qu’il est de notre
devoir, en tant que Russes vivant aux
États-Unis, d’avertir le peuple
américain qu’on leur ment, et de leur
dire la vérité. Et la vérité est
simplement ceci :
S’il y
a une guerre avec la Russie, les
États-Unis seront très certainement
détruits, et la plupart d’entre nous
perdront la vie.
Prenons un peu de recul et plaçons ce
qui se passe dans un contexte
historique. La Russie a beaucoup
souffert aux mains d’envahisseurs
étrangers, perdant 22 millions de
personnes dans la Seconde Guerre
mondiale. La plupart des morts étaient
des civils, parce que le pays a été
envahi, et les Russes ont juré de ne
jamais laisser une telle catastrophe se
reproduire. Chaque fois que la Russie a
été envahie, elle en est sortie
victorieuse. En 1812, Napoléon envahit
la Russie ; en 1814 la cavalerie russe
entra dans Paris. Le 22 Juillet 1941, la
Luftwaffe de Hitler a bombardé Kiev ; le
8 mai 1945, les troupes soviétiques ont
roulé dans Berlin.
Mais
les temps ont changé depuis. Si Hitler
attaquait aujourd’hui la Russie, il
mourrait 20 à 30 minutes plus tard, son
bunker réduit à des décombres rougeoyant
par la frappe d’un missile de croisière
supersonique Kalibr lancé d’un petit
navire de la marine russe, quelque part
dans la mer Baltique. Les capacités
opérationnelles de la nouvelle armée
russe ont été démontrées de façon
éclatante lors des actions récentes
contre ISIS, Al Nusra et autres groupes
terroristes financés de l’étranger
opérant en Syrie. Autrefois la Russie
devait répondre aux provocations en
livrant les batailles terrestres sur son
propre territoire, puis en lançant une
contre-invasion ; mais ce n’est plus
nécessaire. Les nouvelles armes de la
Russie rendent les représailles
immédiates, indétectables, imparables et
parfaitement mortelles.
Ainsi,
si demain une guerre devait éclater
entre les Etats-Unis et la Russie, il
est garanti que les États-Unis seraient
effacés de la carte. Au minimum, il n’y
aurait plus de réseau électrique, pas
d’internet, pas de pipelines de pétrole
et de gaz, pas de système d’autoroutes,
pas de transport aérien ou de navigation
par GPS. Les centres financiers se
retrouveraient en ruines. Le
gouvernement à tous les niveaux
cesserait de fonctionner. Les forces
armées américaines stationnées tout
autour du globe, ne seraient plus
réapprovisionnées. Au pire, l’ensemble
du territoire des États-Unis serait
recouvert d’une couche de cendres
radioactives. Nous vous disons ceci non
pas pour être alarmiste, mais parce que,
sur la base de tout ce que nous savons,
nous sommes nous-mêmes alarmés. En cas
d’attaque, la Russie ne reculera pas ;
elle se vengera, et anéantira
complètement les Etats-Unis.
Le
leadership américain a tout fait pour
amener la situation au bord de la
catastrophe. Tout d’abord, ses
politiques anti-russes ont convaincu les
dirigeants russes qu’il est futile de
faire des concessions ou de négocier
avec l’Occident. Il est devenu évident
que l’Occident soutiendra toujours tout
individu, mouvement ou gouvernement qui
est anti-russe, que ce soit des
oligarques russes trichant fiscalement,
des Ukrainiens reconnus coupables de
crimes de guerre, des terroristes
wahhabites soutenus par les Saoudiens en
Tchétchénie ou des punks profanateurs de
cathédrale à Moscou. Maintenant que
l’OTAN, en violation de ses promesses
antérieures, s’est étendu jusqu’à la
frontière russe, avec des forces
américaines déployées dans les Etats
baltes, mettant à portée d’artillerie
Saint-Pétersbourg, la deuxième plus
grande ville de Russie, les Russes n’ont
plus de place laissée à la retraite. Ils
ne vont pas attaquer ni, non plus,
reculer ou se rendre. La direction russe
bénéficie à plus de 80% du soutien
populaire ; les 20% restants pensent
apparemment qu’elle s’oppose trop
mollement à l’empiétement occidental.
Mais la Russie ripostera, et une
provocation ou une simple erreur
pourrait déclencher une séquence
d’événements qui se terminerait avec des
millions d’Américains morts et les
États-Unis en ruines.
Contrairement à de nombreux Américains,
qui voient la guerre comme une aventure
étrangère victorieuse passionnante, les
Russes détestent et craignent la guerre.
Mais ils sont aussi prêts pour elle, et
ils s’y préparent depuis plusieurs
années maintenant. Leurs préparatifs ont
été des plus efficaces. Contrairement
aux États-Unis, qui dilapident un nombre
inconnu de milliards sur des programmes
d’armes douteux et hors de prix tels que
l’avion de combat interarmées F-35, les
Russes sont extrêmement avares de leurs
roubles de défense, faisant jusqu’à 10
fois mieux par dollar que l’industrie de
défense des États-Unis. Il est vrai que
l’économie russe a souffert du faible
prix de l’énergie, mais elle est loin
d’être en ruines, et un retour à la
croissance est attendu dès l’année
prochaine. Le sénateur John McCain a une
fois appelé la Russie "Une station de
gaz se faisant passer pour un pays." Eh
bien, il a menti. Oui, la Russie est le
plus grand producteur de pétrole du
monde et le deuxième plus grand
exportateur de pétrole, mais c’est aussi
le plus grand exportateur mondial de
céréales et de technologie de l’énergie
nucléaire. C’est une société aussi
avancée et sophistiquée que celle des
États-Unis. Les forces armées russes, à
la fois classiques et nucléaires, sont
maintenant prêtes à se battre, et elles
sont plus qu’un match pour les
États-Unis et de l’OTAN, en particulier
si une guerre éclate n’importe où au
voisinage de la frontière russe.
Mais
un tel combat serait suicidaire pour
tous les côtés. Nous croyons fermement
qu’une guerre conventionnelle en Europe
a une forte chance de devenir nucléaire
très rapidement, et que toute frappe
nucléaire US / OTAN sur les forces ou le
territoire russe déclenchera
automatiquement une frappe nucléaire
russe de rétorsion sur le continent
américain. Contrairement aux
déclarations irresponsables faites par
certains propagandistes américains, les
systèmes de missiles antibalistiques
américains sont incapables de protéger
le peuple américain d’une frappe
nucléaire russe. La Russie a les moyens
de frapper des cibles aux États-Unis
avec des armes longue portée nucléaires
aussi bien que conventionnelles.
La
seule raison pour laquelle les
Etats-Unis et la Russie se sont
retrouvés sur une trajectoire de
collision, au lieu de désamorcer les
tensions et de coopérer sur un large
éventail de problèmes internationaux
est, pour la direction des États-Unis,
le refus obstiné d’accepter la Russie
comme un partenaire égal : Washington
veut absolument être le « leader
mondial » et la « nation
indispensable », alors même que son
influence diminue sans cesse dans le
sillage d’une chaîne de désastres
politiques et militaires tels que
l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la
Syrie, le Yémen et l’Ukraine. Un
leadership mondial américain est quelque
chose que ni la Russie, ni la Chine, ni
la plupart des autres pays sont prêts à
accepter. Cette perte graduelle mais
visible de pouvoir et d’influence a
rendu la direction des États-Unis
hystérique, et de là au suicide, il n’y
a qu’un pas. Les dirigeants politiques
de l’Amérique doivent être placés sous
surveillance pour tendance au suicide.
Avant
tout, nous appelons d’abord les
commandants des forces armées
américaines à suivre l’exemple de
l’amiral William Fallon, qui, lorsqu’on
l’a interrogé sur une guerre avec
l’Iran, aurait répondu "pas sur mon
emploi du temps." Nous savons que vous
n’êtes pas suicidaires, et que vous ne
voulez pas mourir pour la cause d’un
hubris impérial inconsidéré. Si possible
dites, s’il vous plaît, à vos employés,
à vos collègues et surtout, à vos
supérieurs civils que la guerre avec la
Russie ne se sera pas sur votre emploi
du temps. À tout le moins, prenez cet
engagement envers vous-même et, si
jamais le jour venait où cet ordre
suicidaire était donné, refusez tout
simplement de l’exécuter, sur la base
qu’il est criminel. Rappelez-vous que,
selon le Tribunal de Nuremberg "lancer
une guerre d’agression ... est non
seulement un crime international ; c’est
le crime international suprême, ne
différant des autres crimes de guerre
que parce qu’il contient en lui-même le
mal accumulé de tous les autres. Depuis
Nuremberg, « Je ne faisais que suivre
les ordres » n’est plus un moyen de
défense valable. S’il vous plaît ne
soyez pas des criminels de guerre.
Nous
faisons également appel au peuple
américain pour s’opposer pacifiquement,
mais avec force, à tout politicien ou
parti qui provoque la Russie de façon
irresponsable et autorise ou encourage
une politique de confrontation inutile
avec une superpuissance capable de
détruire les États-Unis en environ une
heure. Parlez, brisez la barrière de la
propagande massive des médias, et rendez
vos compatriotes américains conscients
de l’immense danger d’une confrontation
entre la Russie et les États-Unis.
Il n’y
a aucune raison objective pour que les
États-Unis et la Russie se considérent
comme des adversaires. La confrontation
actuelle est entièrement le résultat des
vues extrémistes du mouvement
néo-conservateur, dont les membres ont
infiltré le gouvernement fédéral
américain, et qui considèrent tout pays
qui refuse d’obéir à leurs diktats comme
un ennemi à broyer. Par leurs efforts
inlassables, plus d’un million de
personnes innocentes ont déjà péri dans
l’ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en
Irak, en Libye, en Syrie, au Pakistan,
en Ukraine, au Yémen, en Somalie et dans
de nombreux autres pays, tout cela à
cause de leur insistance maniaque pour
que les Etats-Unis soient un empire
mondial, pas un pays normal comme les
autres, et pour que chaque dirigeant
national se prosterne devant eux ou soit
renversé. En Russie, la force
irrésistible qu’est le mouvement
néo-conservateur a finalement rencontré
l’objet inamovible. Ils doivent être
contraints de reculer avant de nous
détruire tous.
Nous
sommes absolument et catégoriquement
certains que la Russie n’attaquera
jamais les États-Unis, ni aucun État
membre de l’UE, que la Russie n’est pas
du tout intéressée à recréer l’URSS, ni
qu’il n’y a de "menace russe" ou
"d’agression russe." La majeure partie
de la récente réussite économique russe
est due à l’abandon des anciennes
dépendances soviétiques. Elle lui a
permis de poursuivre une politique de
« Russie d’abord ». Mais nous sommes
tout aussi certains que si la Russie est
attaquée, ou simplement menacée
d’attaque, elle ne reculera pas, et que
les dirigeants russes ne faibliront pas.
Avec une grande tristesse et le coeur
lourd, ils feront leur devoir sous
serment et lâcheront un barrage
nucléaire duquel les États-Unis ne se
remettront jamais. Même si l’ensemble de
la direction russe est tué dans une
première frappe, le système "Dead Hand"
("Périmètre") lancera automatiquement
assez de bombes nucléaires pour effacer
les États-Unis de la carte politique.
Nous estimons qu’il est de notre devoir
de faire tout notre possible pour éviter
une telle catastrophe.
1er
juin 2016
Eugenia V Gurevich, PhD
http://thesaker.ru/
Dmitri
Orlov
http://cluborlov.blogspot.com/
The
Saker (A. Raevsky)
http://thesaker.is/
Traduction CR, Comité Valmy
Le
dossier Russie
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