PALESTINE
Liberté et dignité : chronique de la
grève de la faim
des prisonniers palestiniens
CIREPAL
Mercredi 10 mai 2017
Depuis le 17 avril 2017, les prisonniers
palestiniens détenus dans les prisons
sionistes ont entamé une grève de la
faim illimitée, pour réclamer
l’amélioration des conditions de
détention, qui se sont dramatiquement
détériorées depuis la dernière lutte
collective des prisonniers, en avril
2012. La répression des prisonniers et
la suppression de leurs droits humains
les plus élémentaires, comme leur
dignité et celle de leurs familles lors
des visites, leur droit à l’enseignement
et à la santé font partie des nombreuses
revendications du mouvement des
prisonniers.
De nombreux prisonniers sont isolés,
d’autres interdits de visite, d’autres
sont gravement malades ou blessés lors
des arrestations, mais l’administration
pénitentiaire sioniste, sourde à leurs
revendications, multiplie les
provocations depuis des mois, encouragée
par une équipe au pouvoir dans l’entité
sioniste, qui ne souhaite que la mort
des prisonniers palestiniens.
Des lois répressives à leur
encontre ont même été votées ou
présentées comme projets, comme la loi
sur l’alimentation forcée des
prisonniers en grève de la faim,
pratique jugée mortelle par les
médecins. Peu importe, disent les
colons, les « terroristes » doivent
mourir.
Cette nouvelle lutte des prisonniers
palestiniens se déroule dans des
conditions extrêmement difficiles, mais
les prisonniers gardent l’espoir de
remporter la victoire sur les geôliers
de la grande prison « israélienne ».
L’équipe au pouvoir dans l’entité n’a
jamais été aussi fasciste et aussi
populaire au sein de la population
coloniale, elle n’a jamais été aussi
soutenue par un environnement régional
et international, non pour ses pratiques
fascistes, mais par désintérêt pour la
cause palestinienne. Cependant, depuis
le début de l’Intifada al-Quds,
l’opinion internationale, lasse des
mensonges des médias qui croient tout
maîtriser, élève la voix et assène des
coups sérieux à l’entité sioniste et ses
protecteurs dans le monde. Cette
chronique de la révolte dans les prisons
de l’occupation vise à accompagner la
lutte et à éclairer le visage humain et
combatif des prisonniers, les
combattants pour la liberté.
Les préparatifs :
Dès le début du mois d’avril, la grève
de la faim est annoncée par la direction
du mouvement des prisonniers. Cette
annonce fait suite à dix mois de
discussions au sein du mouvement des
prisonniers, qui jugent que seule la
lutte, la grève de la faim, peut amener
l’administration pénitentiaire à
reculer. Issa Qaraqe’, « ministre »
chargé des affaires des prisonniers,
annonce que 1000 prisonniers sont prêts
à entamer la grève de la faim, et qu’ils
seront progressivement suivis par
d’autres. Pour leur part, les
associations de solidarité avec les
prisonniers se préparent à mobiliser la
rue, autour de cette grève, et mettent
en place des organes médiatiques pour
transmettre les nouvelles au fur et à
mesure, en liaison avec les prisonniers.
17 avril :
Le mouvement de grève de la faim
commence, avec la participation de 1500
prisonniers, dispersés dans plusieurs
prisons : Nafha, Ascalan, Ramon, Hadarim,
Jalbou’, Beer Sabaa. Il pose les
revendications relatives aux visites
familiales, les soins médicaux, les
transferts et moyens de transport lors
des transferts, la fin de l’isolement
des prisonniers. Les prisonniers du
Mouvement du Jihad islamique dans la
prison de Nafha annoncent leur
participation au mouvement, considéré
comme ayant été déclenché par la
direction des prisonniers du Fateh. Le
FDLP annonce qu’il soutiendra la grève,
sans y participer, au moins au début.
Du côté de
l’administration pénitentiaire, le
ministre de l’Intérieur sioniste
installe un hôpital de terrain dans la
prison de Ketsiot, pour refuser toute
admission des prisonniers palestiniens
dans les hôpitaux de l’entité. L’état
d’urgence est décrétée pour affronter
les prisonniers. La décision est prise
d’entasser les grévistes dans la prison
du Naqab et de leur refuser les soins.
Des forces spécialisées dans la
répression sont sur le qui-vive.
6 dirigeants des
prisonniers en grève sont transférés :
Marwan Barghouty, Karim Younes, Mahmoud
Abu Srour, de la prison de Haddarim vers
la section d’isolement de la prison
Jalama. Les dirigeants Anas Jaradat,
Nasser Uways et Mohammad Zawahra sont
transférés de la prison de Nafha vers la
section d’isolement Ayla (Beer Saba’).
18 avril :
Au deuxième jour de la grève, le CICR
annonce que l’administration
pénitentiaire sioniste a interdit les
visites familiales. Issa Qaraqe’ annonce
que celle-ci a interdit la visite des
avocats aux prisonniers grévistes.
35 prisonniers sont transférés de la
section 11 à la section 13 à l’intérieur
de la prison de Nafha. Ayant eu
l’intention de participer au mouvement
de grève à partir du 24 avril, ils
avaient commencé à soutenir le
mouvement.
19 avril :
Au troisième jour de la grève, les
avocats des prisonniers n’ont pas accès
aux prisons. Dans la prison de Ofer, les
prisonniers grévistes de la section 11
sont mis en isolement, après avoir été
fouillés de manière dégradante et des
couvertures puantes leur sont remis.
Dans la prison de Ascalan, plusieurs
prisonniers malades rejoignent le
mouvement de grève. Ils sont
immédiatement sanctionnés par
l’administration pénitentiaire, qui leur
enlève les appareils électriques et
leurs vêtements. 80 prisonniers de la
prison de Haddarim sont transférés vers
Nafha et vers Ascalan.
Les avocats des
prisonniers décident de boycotter les
tribunaux sonistes.
Mère de quatre prisonniers en grève,
Latifa Mohammad Naji Abu Hmayd, du camp
al-Am’ari, décide d’entamer une grève de
la faim en soutien aux prisonniers.
Issa Qaraqe’ a mis en garde, au cours
d’une conférence de presse, contre
l’intention des sionistes de pratiquer
l’alimentation forcée des prisonniers
grévistes. Il a dénoncé l’appel du
ministre sioniste Liberman appelant à
tuer les prisonniers, en les laissant
mourir de faim. Il a annoncé que
l’administration carcérale a confisqué
les objets personnels des prisonniers,
de même que leurs vêtements, et envoyé
ses forces répressives mener des
incursions musclées dans les cellules.
Le prisonnier
détenu administratif, Mohammad al-Qiq,
gréviste, a été transféré de ce qui fait
office d’hôpital dans la prison de Ramla
vers la prison Ohali Qedar (Beer Saba’).
Il avait commencé la grève de la faim
individuelle, protestant contre sa
détention.
Au cours du rassemblement d’accueil à
Lina Jarbouni, à Arraba, dans les
territoires occupés en 48, Lina Jarbouni,
doyenne des prisonnières libérée le 17
avril, après 15 ans de détention,
déclare mener la grève de la faim
pendant un jour, en solidarité avec les
prisonniers, ce qui fut suivi par de
nombreux autres prisonniers libérés en
Palestine 48.
19 avril :
quatrième jour de grève de la faim. 70
prisonniers grévistes ont été transférés
de la prison de Ramla, vers les prisons
de Haddarim, Nafha, Ramon et Ascalan.
La solidarité avec la lutte des
prisonniers embrase les territoires
palestiniens, de la Cisjordanie à Gaza,
en passant par les territoires occupés
en 48. A Nablus, 500 enfants organisent
uen marche, dans le centre ville,
portant les portraits des prisonniers et
entonnant des slogans d’appel à la
résistance. Seuls trois prisonniers
grévistes dans la prison de Ofer ont pu
recevoir la visite d’un avocat, à qui
ils ont rapporté qu’ils ont été déplacés
vers d’autres sections de la prison, et
leurs affaires personnelles ont été
confisquées. L’administration
pénitentiaire de la prison de Ayla qui
avait autorisé la visite de l’avocat, a
annoncé que les prisonniers ont été
transférés vers les prisons de Eishel et
Nafha.
20 avril :
Cinquième jour de la lutte. Les
sionistes poursuivent le transfert des
prisonniers grévistes, du sud au nord ou
du nord au sud, dans le seul but de
fatiguer les prisonniers et les amener à
rompre la grève.
Une unité des forces de répression dans
les prisons, a envahi la section des
prisonniers grévistes dans la prison de
Nitzan, à Ramla, accompagnée de chiens.
Elle a interdit aux prisonniers
d’accomplir la prière du vendredi et a
confisqué les exemplaires du Coran et le
sel, denrée nécessaire au cours des
grèves de la faim . Dans la prison de
Nitzan, 70 prisonniers mènent la grève
de la faim, ils avaient été transférés
des prisons de Haddarim, de Nafha, Ramon
et Ascalan. Ils sont placés dans des
cellules d’isolement.
Plusieurs
prisonniers du FPLP grévistes ont été
transférés des prisons de Jalbou’ et
Haddarim . Karim Abu Hneich a été
transféré de Jalbou’ à la section
d’isolement de Jalama, Mundher Mufleh de
la prison de Haddarim vers la section
d’isolement de la prison de Ramla, Nadar
Sadaqa de Jalbou’ vers la section
d’isolement Ayla dans la prison de Beer
Saba’.
Un groupe de sionistes organise des
barbecues devant la prison de Ofer, pour
affirmer leur haine du « Palestinien »,
et notamment lorsqu’il lutte pour ses
droits. Cette pratique de « barbecue »
n’est pas nouvelle, puisque pendantla
grève de 2004, les geôliers sionistes
organisaient des « barbecues » près des
cellules des prisonniers grévistes.
21 avril :
Au sixième jour de la grève de la faim
des prisonniers, l’administration
carcérale poursuit sa répression, en
isolant les grévistes. La direction de
la lutte met en garde les prisonniers
contre les faux bruits diffusés par les
sionistes, qui mènent une campagne
médiatique à large échelle et mettent en
cause la direction du mouvement de la
lutte. La solidarité avec le mouvement
de lutte s’étend dans toute la
Palestine.
22 avril :
Septième jour de la lutte, qui s’étend
avec la participation de nouveaux
prisonniers, dans toutes les prisons.
Plusieurs prisonniers sont
emmenés dans les salles de soins, à
cause de la détérioration de leur état
de santé. Le membre du Comité central du
FDLP, Waji Jawde, est placé en isolement
dans la prison Jalama. Le mouvement de
solidarité s’étend vers les pays arabes,
et notamment dans les camps palestiniens
de l’exil.
23 avril :
Daoud Shehab, responsable des médias au
mouvement du Jihad islamique, déclare
que son mouvement soutient entièrement
la grève des prisonniers, et continuera
à la soutenir en appelant à participer à
toutes les manifestations en leur
faveur. Il fournira tous les efforts
nécessaires pour cela. Il a ajouté que
la victoire de la grève est une victoire
pour tous les Palestiniens qui
affrontent l’ennemi « israélien ».
« Nous devons faire en sorte de
raccourcir la durée de la grève en
multipliant la pression populaire, il ne
suffit pas de participer aux
manifestations et d’installer des tentes
de solidarité, mais il est nécessaire
d’entrer en confrontation avec
l’occupant et d’intensifier l’intifada
al-Quds ».
Issa Qaraqe’
annonce que 80 prisonniers dans diverses
prisons sionistes ont rejoint le
mouvement de lutte. 40 d’entre eux sont
détenus dans la prison de Ramon et 40
dans la prison de Meggido.
Les députés palestiniens dans le Knesset
sioniste, réclament de répondre aux
revendications des prisonniers
palestiniens. Ils avaient, avant le 17
avril, jour du déclenchement du
mouvement, avancé les revendications des
prisonniers aux responsables sionistes,
sans avoir de réponses. Les députés
affirment soutenir le mouvement de
lutte, et déclarent que l’entité
sioniste bafoue le droit international.
24 avril :
Malgré la répression sioniste, le
mouvement de grève s’élargit dans les
prisons de l’occupation. L’occupant
réclame la cessation, par l’Autorité
palestinienne, de payer les salaires aux
prisonniers et à leurs familles, pour
prouver sa bonne foi de partenaire « de
la paix ». Celle-ci, sous la pression
populaire, ne peut toucher à ce qui
considéré comme sacré, puisque les
prisonniers palestiniens sont des héros,
des combattants pour la liberté.
L’état de santé du dirigeant au Fateh,
Marwan Barghouty, s’est détérioré. Il
refuse de recevoir des soins dans les
centres de soins. Les prisonniers
grévistes refusent de se lever lors du
comptage. Un message de Marwan Barghouty
aux parlementaires dans le monde est
transmis, expliquant les raisons de la
grève de la faim, et les mesures
répressives, dont l’isolement, prises
par l’occupant, pour empêcher que leur
lutte ne soit connue.
Les avocats des
prisonniers poursuivent le boycott des
tribunaux sionistes, tant qu’ils ne
peuvent visiter les prisonniers
grévistes. Le mouvement de solidarité
avec les prisonniers en lutte organise
des campagnes médiatiques sur les
réseaux sociaux, mettant en avant
l’isolement des prisonniers grévistes et
les prisonniers malades, dont l’état de
santé est négligé par l’administration
carcérale. Dans les rues de la
Cisjordanie, et notamment à Bayt Lahem,
les manifestations se poursuivent,
réclamant des réponses de l’entité
sioniste à la grève des prisonniers.
25 avril :
Au moment où l’occupant poursuit ses
campagnes médiatiques et politiques
contre les prisonniers et leur lutte, le
mouvement de grève s’étend, malgré la
répression et la détérioration de l’état
de santé de plusieurs prisonniers, dont
Muslima Thabet, Mohammad Abd Rabbo et
Amjad Namoura. Des prisonniers sont
transférés d’une prison à l’autre, de
Jalbou’ à Nafha.
26 avril :
Dixième jour de la lutte des
prisonniers. Le comité national de la
solidarité avec la lutte appelle à
renforcer les mouvements dans les rues
pour faire pression sur l’occupant et
l’obliger à entamer des pourparlers avec
les prisonniers. Il appelle à une grève
générale, le lendemain. Un mouvement de
boycott des produits « israéliens » est
lancé dans les territoires occupés en
48, en soutien à la lutte des
prisonniers.
Daoud Shehab, responsable des médias du
Mouvement du Jihad islamique, annonce
que 500 cadres du mouvement seront en
grève de la faim le lendemain, pour
soutenir la lutte des prisonniers.
Un communiqué de la
direction du mouvement national des
prisonniers appelle à renforcer le
soutien aux prisonniers grévistes, et
salue le courage et le dévouement des
prisonniers en lutte, affirmant que
l’administration carcérale se pliera
devant la volonté du prisonnier et son
insistance à poursuivre le mouvement
jusqu’à la réalisation de ses objectifs.
Elle annonce également que la lutte va
s’intensifier dans les jours prochains.
« Nos mots d’ordre à présent sont : la
résilience, l’insistance, l’attachement
à nos revendications, et nous sommes
tous unis face au bourreau. Nous
réaffirmons que seule la direction du
mouvement a le droit de négocier, nous
refusons toute intervention extérieure,
quelle qu’elle soit, et nous mettons en
garde contre les fausses nouvelles que
l’occupant fait circuler pour
restreindre la solidarité avec le
mouvement de lutte et susciter la
suspicion et le doute ».
Pour la première
fois depuis le début de la grève, le
comité du CICR visite les prisonniers.
En soirée, des centaines de Palestiniens
de 48 ont manifesté devant la prison de
Kishon, près de Haïfa, pour soutenir les
prisonniers, en présence de députés
palestiniens au Knesset sioniste. Le
dirigeant Marwan Barghouty et d’autres
dirigeants des prisonniers y ont été
récemment transférés, en provenance de
la prison de Haddarim.
27 avril :
40 prisonniers grévistes ont été
transférés des prisons de Nafha, Ramon
et Naqab vers la prison d’Ohali Kedar (Beer
Saba’). La direction carcérale a
consacré la section 8 de cette prison
pour y mettre les prisonniers
transférés. Parmi eux, se trouvent les
prisonniers Raed Saadi, de Jénine, Yusri
al-Masri, et Azzam Diab, du mouvement du
Jihad islamique, et Samer Issawi du
FDLP.
Les forces de répression ont investi la
prison de Ascalan, précisément les
cellules des grévistes, et les ont
agressés, parce qu’ils ont refusé de se
lever pour les fouilles. 5 prisonniers
ont été transférés à la clinique, pour
soins. Le prisonnier Nasser Abu Hmaid,
condamné à perpétuité, a dévoilé que la
situation faite aux prisonniers est
critique, ils ont été sanctionnés et
isolés pendant dix jours, le sel a été
confisqué pour les obliger à stopper la
grève.
28 avril :
Les forces de répression poursuivent
leurs agressions contre les prisonniers,
grévistes et non grévistes. Elles ont
investi le centre d’isolement de la
prison Ramla (Ayalon) plusieurs fois, et
les grévistes à Ayalon avaient annoncé
qu’ils arrêtaient de prendre de l’eau,
pour durcir leur mouvement. Les
prisonniers ayant été transférés à ce
centre récemment : Nasser Uways, Ziad
Zahran, Wajdi Jawde, Mohammad Khalidi,
Nasser Abu Hmaid et William Rimawi.
29 avril :
Les autorités carcérales continuent à
empêcher les visites d’avocats, sauf
pour les prison de Ofer et Ascalan.
30 avril :
le comité du CICR rend visite aux
prisonniers grévistes dans les prisons
de Megiddo et Naqab. Le mouvement du
Jihad islamique appelle à soutenir la
lutte des prisonniers, qui est
aujourd’hui le principal affrontement
avec l’occupant. Il a appelé à l’unité
du peuple palestinien autour de cette
lutte.
1er
mai : Malgré l’accentuation de la
répression sioniste, les grévistes
poursuivent la lutte, entourés par des
manifestations de solidarité dans le
monde arabe et en Palestine. Les forces
de répression intensifient la recherche
du sel et des téléphones dans les
cellules pour les confisquer.
Le doyen des prisonniers, Karim Younes,
emmené au tribunal pour statuer sur son
droit de visite, est parvenu à glisser
quelques mots aux journalistes présents,
affirmant que la lutte continue, que le
moral des prisonniers grévistes est
élevé, et que seul le martyre pourrait
mettre fin à leur lutte, à moins que
l’administration carcérale n’entame des
pourparlers à propos de leurs
revendications.
Issa Qaraqe’ a affirmé que le nombre des
prisonniers grévistes tombés au sol à
cause de leur affaiblissement corporel a
dramatiquement augmenté. Le nombre des
grévistes est passé à 1800 prisonniers.
2 mai : Les
prisonniers malades détenus dans
l’hôpital de la prison Ramla décident de
participer au mouvement de la grève, en
organisant des journées de lutte, sous
forme de journées de grève de la faim et
des médicaments.
Dans Jénine, la solidarité avec les
prisonniers s’organise, avec des marches
noctunes aux flambeaux et des
rassemblements populaires. D’anciens
prisonniers libérés de Jénine ont entamé
la grève de la faim, en solidarité.
Issa Qaraqe’ a affirmé que les autorités
sionistes continuent à refuser la visite
des avocats et des familles, et
l’isolement des prisonniers grévistes.
Les Brigades d’al-Qassam, la
branche armée du Hamas, met en garde les
autorités sionistes contre leur refus de
négocier avec les prisonniers. Abu
Ubayda, le porte-parole des Brigades,
annonce qu’elles ont décidé que pour
chaque jour qui passe sans commencer les
négociations, elles ajouteront 50
prisonniers à la liste de ceux dont elle
réclame la libération en échange des 4
soldats sionistes détenus par elles.
3 mai : les
grévistes poursuivent leur lutte, alors
que plusieurs d’entre eux voient leur
état de santé se détériorer, mais ils
refusent de stopper la lutte et d’être
consultés par des médecins de
l’occupation. Les prisonniers grévistes
du FDLP décident de stopper de boire à
partir du 7 mai prochain, si les
autorités carcérales n’entament pas des
négociations avec la direction de la
lutte.
Le comité du CICR
réclame de pouvoir visiter les
prisonniers grévistes sans entraves de
la part des sionistes. L’ambassadeur
palestinien auprès de la Ligue arabe
réclame l’intervention de cet organisme
et une réunion d’urgence pour soutenir
la lutte des prisonniers. Il
a annoncé que les délégués de la
Ligue arabe tiendront un rassemblement,
suite à la réunion, pour soutenir les
prisonniers.
Le tribunal suprême des sionistes décide
d’accorder le droit de visite des
avocats aux prisonniers grévistes.
50 dirigeants de la
résistance prisonniers décident de
rejoindre le mouvement de lutte, au
moment où la solidarité s’étend et
s’accentue dans tous les territoires
palestiniens. Parmi les dirigeants
prisonniers, se trouvent : Ahmad Saadate
(FPLP), Abbas Sayyed (Hamas), Zayd
Bsissi (Jihad islamique), et Nael
Barghouty, prisonnier libéré après 32
ans de détention, lors de l’échange de
2011, mais les sionistes l’ont de
nouveau arrêté et condamné.
3 prisonniers
jordaniens détenus dans les prisons de
l’occupation rejoignent le mouvement de
la grève.
Le prisonnier libéré Bassam Abu Akr,
membre de la direction du Mouvement du
Jihad islamique en Cisjordanie, a
déclaré que la participation des cadres
et militants du mouvement à la grève et
l’extension du mouvement confirment
l’unité du mouvement des prisonniers.
4 mai : 16
prisonniers du Mouvement du Jihad
islamique, détenus dans la prison de
Ramon, rejoignent le mouvement de la
grève. Parmi eux,
Zayd Bsissi, Sa’id Toubassi, Tamim
Salem, Mounif Abu Utwan.
Le doyen des prisonniers, Karim
Younes détenu dans la prison al-Jalama,
transmet par le biais de son avocat ses
propres salutations et celles de Marwan
Barghouty qui se trouve également dans
al-Jalama, au peuple palestinien et à
tous les peuples solidaires de leur
lutte. Il explique qu’il est en
isolement, de même que Marwan Barghouty,
qu’il n’a pu rencontrer depuis leur
transfert que trois heures. L’avocat de
Karim Younes annonce que ce dernier
risque d’être transféré au centre
d’isolement de la prison Ayalon, dans
Ramla.
Le dirigeant du
FPLP Ahmad Saadate a été mis en
isolement dans la prison de Ramon. Les
journaux sionistes annoncent que
l’administration carcérale entend faire
faire le sale boulot de l’alimentation
forcée des prisonniers grévistes à des
médecins étrangers.
Des prisonniers du mouvement du Jihad
islamique dans la prison de Ofer
décident de rejoindre le mouvement de
lutte des prisonniers. Les prisonniers
détenus dans la prison du Naqab
renvoient leurs repas, en signe de
solidarité avec les grévistes.
Des prisonniers
palestiniens libérés participent au
mouvement de grève de leurs frères. Awad
Qar’ish, de Yata, Atef al-Kar de Bayt
Fujjar et Anas al-Hirsh, de Rayhiya,
dans la province d’al-Khalil, ont été
récemment libérés. Ils ont décidé de
poursuivre la grève, par solidarité.
La section 25 de la prison du Naqab a
été transformée en hôpital de terrain,
par les autorités sionistes, à cause de
la détérioration de l’état de santé de
centaines de prisonniers grévistes, qui
seront transférés vers cette section.
5 mai : Le
prisonnier Muslima Thabet, isolé dans la
prison de Petah Tikva, a dit à son
avocat qu’il a été transféré dans quatre
prisons successives depuis le début de
la lutte. Les prisonniers en lutte ont
été sanctionnés par la direction
carcérale, qui les a interdit de
promenade pendant 8 jours.
Au niveau de la solidarité, des tentes
ont été installées dans toutes les
villes de la Cisjordanie, lieu de
rassemblement de soutien aux prisonniers
en lutte.
Ahmad Tibi, député
palestinien au Knesset sioniste, dénonce
l’idée d’importer des médecins étrangers
pour alimenter de force les prisonniers
grévistes, en affirmant qu’il s’agit
d’une mesure immorale qui vise à
surmonter le refus du syndicat des
médecins « israéliens » de pratiquer
cette forme de torture.
La direction carcérale transfère trois
prisonniers grévistes (Nael Barghouty,
Mohammad al-Qiq et Fayez Hamed) de la
prison Ohali Kedar vers un lieu inconnu.
L’occupant réprime les manifestations et
rassemblements de soutien aux
prisonniers, dans les principales villes
de la Cisjordanie. Il arrête et blesse
les manifestants.
Marwan Barghouty
transmet un message, où il affirme
poursuivre la lutte, malgré la férocité
de l’occupant. Le
conseil dirigeant des prisonniers du
Mouvement du Jihad islamique annonce
qu’une centaine de prisonniers du
mouvement ont décidé de rejoindre le
mouvement de grève à partir du 20ème
jour.
Extension du
mouvement : Le comité médiatique de la
grève annonce que 5 nouveaux prisonniers
détenus à Ofer se joignent au mouvement
de grève, et la veille, 21 prisonniers
de la même prison l’avaient fait. De la
prison de Ofer, le prisonnier Akram
Hamed signale que les sections des
prisonniers grévistes ont été attaquées
par les geôliers, qui ont procédé à des
fouilles répétées et provocatrices, et
que des prisonniers grévistes sont
affaiblis par la lutte mais comptent la
poursuivre. Le prisonnnier Sa’id Toubas,
qui a rejoint le mouvement de lutte, a
été transféré vers une autre prison.
La solidarité avec
la lutte s’étend dans de nombreux pays :
du Maroc à l’Afrique du Sud, en passant
par des pays européens, les manifestants
réclament une réponse positive à leurs
revendications. En Palestine, les
manifestations ont été sauvagement
réprimées dans la région d’al-Khalil et
de Nablus. Au cours des rassemblements
en Cisjordanie, sheikh Khodr Adnane a
appelé, à Sourif, à la solidarité active
dans les pays de l’exil, les pays arabes
et islamiques, et les peuples libres du
monde.
6 mai : Au
vingtième jour de la grève, les 1800
prisonniers en lutte gardent le moral
élevé et espèrent gagner la bataille
engagée contre l’occupant et ses
prisons. Plusieurs prisonniers qui ont
rejoint le mouvement ont été transférés,
dont Ahmad Saadate et Ahed Abu Ghalme,
Bassem Khandakji, Tha’er Hanani, du
FPLP, et Abbas Sayyid et Hassan Salame
du Hamas. Les prisonniers Tamim Salem,
34 ans, et quatre autres prisonniers du
mouvement du Jihad islamique ont été
transférés de la prison de Ramon vers la
prison de Nafha.
Hani Muzher,
responsable médiatique du FPLP a déclaré
que la direction carcérale tente de
diviser les prisonniers grévistes, et
d’en finir avec la lutte, afin
d’empêcher qu’elle ne s’étende vers la
rue palestinienne.
La direction du mouvement national des
prisonniers appelle à une « semaine de
la colère » à partir de lundi prochain,
pour exprimer la volonté de lutte contre
l’occupant, en Palestine et dans l’exil.
Elle a appelé les médecins à lancer une
campagne internationale pour interdire
l’alimentation forcée des prisonniers
grévistes.
7 mai :
L’administration carcérale a transféré
30 prisonniers grévistes vers la prison
de Ascalan. Parmi les prisonniers
transférés, figurent Ahmad Saadate,
Abbas Sayyid, Mohammad al-Qiqi, Na’el
Barghouty et Ahed Abu Ghalme.
Sheikh Khodr Adnane, dirigeant au
mouvement du Jihad islamique, a appelé
la résistance palestinienne, au cours
d’un rassemblement de solidarité avec la
grève des prisonniers, à rattacher la
poursuite du cessez-le-feu à la vie des
prisonniers grévistes et malades. Il a
appelé à former une « cellule de crise
nationale » pour accompagner la grève de
la faim. Il a affirmé que l’affrontement
avec l’occupation aux points de jonction
avec l’occupant est un facteur efficace
dans le soutien à la lutte. Il a réclamé
l’arrêt de la coordination sécuritaire
avec l’occupant.
Le prisonnier
gréviste Samer Issawi refuse de négocier
avec l’administration carcérale,
déclarant que la partie autorisée à
négocier n’est autre que la direction du
mouvement de lutte des prisonniers,
composée de délégués de tous les
mouvements de la résistance.
L’état de santé des grévistes dans la
prison de Nitsan – Ramla s’est gravement
détériorée, à cause des conditions
déplorables de détention. La visite des
avocats à deux des prisonniers
grévistes, a permis de constater comment
73 prisonniers grévistes sont entassés
dans une section dépourvue de conditions
saines. Les prisonniers n’ont obtenu le
droit à la promenade que trois fois,
depuis le début de la grève.
Tentant de semer la
discorde et l’affaiblissement du
mouvement de la grève, les occupants
diffusent une vidéo, où le dirigeant
Marwan Barghouty est en train de manger,
avec pour message : « votre dirigeant a
rompu la grève. » Mais très tôt, les
Palestiniens réalisent le mensonge, et
prouvent que la bande vidéo date de
quatre ans. Des appels sont lancés par
la direction du mouvement de rester
vigilants face aux manœuvres des
sionistes, qui n’ont pas encore épuisé
toutes leurs sales machinations. Lors de
la grève de 2004, les sionistes avaient
fait le même coup, en laissant croire
que les dirigeants avaient rompu la
grève.
8 mai : Le
dignitaire religieux, l'archimandrite
Hanna Atallah annonce entamer la grève
de la faim, en solidarité avec les
prisonniers grévistes.
Mohammad al-Qiq, prisonnier gréviste
ayant été transféré avec 30 autres
grévistes de la faim, à la prison de
Ascalan, rapporte à l’avocat en visite
que l’administration pénitentiaire a
sanctionné les prisonniers, leur
interdisant le droit de visite familiale
et de la cantine pour deux mois, et
volant 200 shekels à chacun d’eux.
1500 militants marocains mènent la grève
de la faim en solidarité avec les
prisonniers, originaires de plus de 50
villes au Maroc. La grève de la faim
durera, selon les organisateurs, 24
heures.
9 Mai : Au
23ème jour de la grève de la
faim des prisonniers, la solidarité
s’étend, et des initiatives de grève de
la faim, de plus en plus nombreuses,
sont prises en Palestine et dans des
pays arabes. Cependant, les autorités
sionistes sont revenues, dans la
pratique, sur la décision de permettre
les visites des avocats. Dans certaines
prisons, la visite est annulée en
dernière minute, à cause du transfert
des prisonniers et une campagne de
presse accuse les avocats d’aider à
transmettre les messages des
prisonniers, pour limiter leurs visites
ou même les interdire.
Les familles des
prisonniers grévistes dénoncent le rôle
modéré du CICR, qui est même accusé de
faire la politique de l’occupant. Alors
qu’il devrait visiter les prisonniers
grévistes, de manière fréquente, et
s’assurer de leur santé, il s’active à
peine. Les manifestations des familles
de prisonniers devant le siège du CICR
ont été réprimées par les forces
sécuritaires palestiniennes.
Les déportés de l’Eglise d’al-Mahd, de
Bayt Laham, vers Gaza, et leurs familles
ont décidé d’entamer une grève de la
faim en solidarité avec les prisonniers.
A l’occasion de la commémoration de leur
déportation, le 10 mai 2002, ils veulent
marquer ce douloureux anniversaire en
apportant leur solidarité aux
prisonniers en lutte.
Le prisonnier
Mohammad al-Qiq affirme dans une lettre
transmise à un centre de solidarité, que
la grève ne s’arrêtera que lorsque les
revendications des prisonniers seront
satisfaites : « la volonté des
prisonniers est aussi élevée que les
nuages dans le ciel. Le mouvement va
s’étendre, malgré les douleurs et la
faim ».
Le prisonnier Haroun Ayad, en grève de
la faim depuis 23 jours, et placé en
isolement dans la prison d’Ohali Kedar,
a rapporté à l’avocat ayant pu le
visiter que les médecins de
l’occupation, qui ont transformé une
section en une sorte d’hôpital, ont
exposé toutes sortes d’aliments devant
les prisonniers, et les invitent à
rompre la grève, s’ils souhaitent être
soignés. Il a par ailleurs décrit les
conditions de l’isolement des
prisonniers grévistes : certains d’entre
eux dorment sur le sol, dans des
cellules étroites, privés de leurs
affaires personnelles. Ils sont privés
de promenade, et de visites familiales.
Les cellules sont constamment fouillées,
presque trois fois par jour, ce qui
oblige les prisonniers à sortir des
cellules. Les prisonniers grévistes sont
extrêmement fatigués et ont du mal à se
déplacer. Plusieurs d’entre eux refusent
même de boire de l’eau.
Les prisonniers
palestiniens détenus dans la prison du
Naqab ont dû affronter les exactions des
geôliers et des forces de répression qui
utilisent les chiens pour réprimer les
prisonniers. L’administration carcérale
exerce des pressions sur eux pour les
obliger à rompre la grève. Elle refuse
de donner en quantité suffisante de
l’eau aux prisonniers, malgré la chaleur
et a confisqué le sel. Le prisonnier
Mohammad Nour Abu Rabb, de Jénine, a été
agressé par l’un des geôliers.
Dans la soirée, les autorités carcérales
ont procédé au transfert de centaines de
prisonniers, d’une prison à l’autre,
dans le seul but de les fatiguer par
l’instabilité : Les prisonniers de la
section 8 de la prison de Ohali Kedar
ont été transférés à la section 4, et
120 prisonniers ont été transférés de
Nafha à la prison de Shatta.
Les associations de
solidarité avec les prisonniers
répondent à Netanyahu, qui a affirmé que
la lutte des prisonniers n’était qu’une
lutte de pouvoir entre Marwan Barghouty
et Mahmoud Abbas. Pour les associations,
les déclarations des dirigeants
sionistes sont des manœuvres médiatiques
pour diviser les rangs des Palestiniens
grévistes et montrent que les dirigeants
sionistes espèrent briser la grève en
suscitant ces divisions.
10 mai :
L’administration carcérale interdit la
visite de l’avocat à Marwan Barghouty,
après que le tribunal de l’occupant ait
approuvé cette visite. Marwan Barghouty
est toujours en isolement dans la prison
de Jalama. Elle a également interdit la
visite de l’avocat au dirigeant Ahmad
Saadate et à Ahed Abu Ghalme.
Les prisonniers
libérés, du Liban et de la Palestine,
organisent une grève de la faim, près du
siège de l’ONU, à Beirut, en solidarité
avec les prisonniers en lutte dans les
prisons de l’occupation. Parmi ces
prisonniers, le président de
l’association des prisonniers libérés,
Ahmad Taleb, qui a été incarcéré 10 ans
dans les prisons sionistes, et placé en
isolement pendant 7 ans, adresse un
message aux prisonniers en lutte :
« Vous briserez les chaînes grâce à
votre persévérance, aux fusils des
résistants et à la solidarité autour de
votre lutte ». De son
côté, le chef des parlementaires
libanais, Nabih Berri, a offert aux
parlementaires réunis un verre d’eau et
du sel, en signe de solidarité avec les
prisonniers.
4 prisonniers détenus dans la prison de
Ofer se joignent au mouvement de grève
déclenché le 17 avril dans les prisons
sionistes.
Des parlementaires
arabes et africains lancent un appel
pour soutenir la lutte des prisonniers.
L’union des écrivains arabes lance
également un appel aux unions des
écrivains en Asie et en Amérique Latine
pour rejoindre le mouvement de
solidarité qui s’étend de plus en plus,
au moment où certains pays arabes
poursuivent la normalisation de leurs
relations avec l’entité sioniste.
13 prisonniers grévistes ont été
transférés de la prison de Petah Tikva
vers les prisons de Naqab et Haddarim.
Un appel a été
lancé pour que jeudi 11 mai soit une
journée nationale de grève dans les
territoires occupés en 67, les cloches
des églises et les appels à la prière
dans les mosquées retentiront à midi, et
le comité de suivi dans les territoires
occupés en 48 appelle à mener une
journée de la grève de la faim, en
solidarité avec les prisonniers
grévistes.
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