Terre Sainte
Gaza accueille son tout premier étudiant
Erasmus
Christophe Lafontaine
Riccardo Corradini, futur médecin,
actuellement en échange Erasmus
à
l'Université islamique de Gaza
© Capture
d'écran de l'interview vidéo réalisée
par l'UIG
Vendredi 15 février 2019
Pas peu fière, l’Université islamique de
Gaza a posté le 6 février sur
Facebook une vidéo de l’arrivée en
ses murs de son premier étudiant
occidental, dans le cadre du programme
d'échange d'étudiants Erasmus.
L’expérience sera
riche d’enseignement humain et
professionnel pour tout le monde.
Riccardo Corradini (25 ans) a fait sa
rentrée à Gaza, la semaine dernière.
Originaire de la région du Trentin en
Italie (comme le Custode de Terre
Sainte), le jeune homme de 25 ans
mettait pour la première fois les pieds
à Gaza. Il est le premier étudiant
occidental (et à l’heure actuelle le
seul étranger) à étudier dans l’enclave
palestinienne gouvernée par le Hamas. Il
y restera quatre mois pour un semestre
académique complet. En sixième année de
médecine à l’Université de Sienne
(Italie), il a choisi de parfaire ses
connaissances pour se spécialiser en
chirurgie d’urgence au sein de
l’Université islamique de Gaza (UIG).
Une première pour l’établissement
d’enseignement supérieur gazaoui,
précise une vidéo publiée sur le compte
Facebook de l’Institution.
Le séjour de
Riccardo Corradini à Gaza s’inscrit dans
le cadre d’un projet d'échange
académique sous la supervision du
programme Erasmus + International
Credit Mobility qui œuvre pour la
mobilité universitaire élargie aux pays
non-européens partenaires de l’Union
européenne à travers le monde entier.
Grâce à la
signature d’un partenariat entre
l’Université de Sienne et l’Université
de Gaza, via la coordination de
l'association italienne de coopération
et de solidarité « ACS », l’Université
de Sienne devient ainsi la première
université au monde à envoyer des
étudiants en médecine dans la bande de
Gaza, a souligné le père du jeune homme
cité dans L’Adige, le journal
local basé à Trente.
Se disant « vraiment
enthousiaste et content »,
l’étudiant en médecine, que l’on voit
accueilli par les autorités de
l’université à travers la vidéo de son
arrivée à l’IUG, « espère en
apprendre beaucoup plus sur la chirurgie
d’urgence ici à Gaza par rapport à
Sienne parce qu’ici, malheureusement, il
y a plus de victimes qu’en Italie.
» Celui qui a rejoint les rangs en tant
que stagiaire également pour les
hôpitaux de Gaza est aussi désireux de «
rapporter toutes ces connaissances et
expériences à [ses] collègues et
enseignants en Italie ». A ce titre,
« dans le cursus il traitera les
victimes selon sa propre expertise et
tirera profit des nouvelles situations
auxquelles il n’a jamais été confronté
auparavant », indique l’Université
islamique de Gaza sur son site.
Pour l'étudiant, il
s'agit de la deuxième période de
mobilité avec le programme Erasmus. En
2016-2017, il avait déjà effectué une
formation à l'Université Al-Quds à
Jérusalem.
La collaboration de
l’Université de Sienne avec les
universités palestiniennes dans le cadre
du programme Erasmus + a débuté dans les
années 2015-2016. Outre l'Université
islamique de Gaza, l'Université ouverte
d’Al-Quds (également basée à Gaza) et
quatre universités palestiniennes en
Cisjordanie sont partenaires du projet:
l'Université de Bethléem, l'Université
de Birzeit, l'Université Al Quds à
Jérusalem et l'Université de Hebron,
indique l’Université de Sienne sur son
site.
Un
ambassadeur de paix
L’Université, l’une
des plus anciennes d’Italie, a aussi
noué des partenariats avec le monde
universitaire israélien. Et c’est sous
ce prisme que Riccardo Corradini
explique la deuxième raison de sa venue
sur cette terre déchirée par le conflit
israélo-palestinien. L’étudiant partage
à l’agence de presse italienne Ansa,
sa « ferme conviction » que pour
« surmonter les conflits, il est
nécessaire d’emprunter un chemin de
connaissance et d'échange culturel entre
les parties. » Pour lui, « le
fait que l'Université de Sienne ait
entrepris Erasmus avec la Palestine et
Israël peut être une chance de résoudre
le conflit. » Avant d’ajouter que «
penser être une pièce de cette
modalité pacifique, à travers une
approche académique et grâce à la
coopération internationale, est une
chose importante. »
Tout un symbole
pour ce jeune italien, originaire de la
petite ville italienne de Rovereto,
connue pour sa « cloche de la paix »
réalisée en mémoire des morts de toutes
les guerres qui fut fondue après la
Première Guerre mondiale, avec le bronze
des canons de combat. La cloche de 22
tonnes a été bénie à Rome par saint Paul
VI le 31 octobre 1925. Elle diffuse son
message de paix chaque soir au coucher
du soleil avec cent tintements. Paul VI
avait lancé à l’époque : « d’ici peu
nous entendrons résonner le timbre de
cette cloche. Qu’il soit un augure pour
qu’il n’y ait plus jamais de guerres,
mais toujours une volonté et un
engagement de paix et de fraternité
entre les peuples.» L’heure de
Riccardo Corradini a sonné.
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