Opinion
Hollande et l’argent des autres
Christian Vanneste
Mardi 18 août 2015
Comme le disait justement Margaret
Thatcher, la Dame de Fer, qui fut la
chance du Royaume-Uni : » la maladie
habituelle du socialisme consiste à
dépenser tout l’argent… des autres. »
François Hollande qui aura passé toute
sa vie dans la sphère privilégiée de la
haute fonction publique et de la
politique dont elle est l’antichambre,
coûteuse pour les contribuables, mais
très profitable pour les bénéficiaires,
est de ce point de vue un grand malade,
une sorte de cas d’école. Il vit la
dépense publique avec un bonheur qui
avoisine l’extase. Une réduction des
déficits avançant à la vitesse de
l’escargot, une dette qui continue à
grossir, une croissance remise aux
calendes grecques, mais une générosité
paradoxale, étalée avec un large
sourire, volontiers tournée vers
l’étranger, et financée par l’impôt et
l’emprunt, c’est à dire par l’argent
qu’on n’a pas et qu’on prend aux autres,
pour l’utiliser en grand seigneur comme
si c’était le sien. Le dialogue entre le
Chef de l’Etat et les contribuables
ressemble fort à celui de Dorante et de
Monsieur Jourdain dans le Bourgeois
Gentilhomme : c’est pour mieux lui
rendre l’argent emprunté qu’il lui en
demande davantage.
La rigueur de la gestion allemande
génère des effets pour l’ensemble de
l’économie. C’est elle qui, par exemple,
permet aux Allemands de produire un porc
moins cher qu’en France, grâce à la
différence de charges sociales et
fiscales. La baisse drastique de la
dépense publique et de la fiscalité au
Royaume-Uni a mis le pays en tête des
performances économiques européennes. La
France est, en revanche, un des rares
Etats, et le plus important d’entre eux,
à connaître des résultats toujours
négatifs, une croissance faible, un
chômage en progression. La baisse des
impôts et des charges s’y est faite
tardivement et de manière limitée.
L’Etat a tenu à la contractualiser de
manière tatillonne, ou à la réserver à
certains niveaux, comme si le dynamisme
d’une économie et la confiance de ses
acteurs ne devaient pas essentiellement
provenir de la liberté, et l’oxygène
ainsi dispensé être d’autant plus
profitable à l’ensemble, que les plus
riches en disposent plutôt que de le
chercher à l’étranger. La stupidité de
l’ISF, maintenu d’un gouvernement
l’autre, est un symptôme inquiétant de
cette maladie nationale et socialiste.
Des efforts ont été demandés aux
Français, soit pour accroître leurs
contributions, soit pour réduire leurs
prestations, par exemple dans les
domaines de la famille et de la santé,
mais dans le même temps, par une
étonnante préférence étrangère, François
Hollande s’empressait d’annuler le
« droit d’entrée » à l’Aide Médicale
d’Etat de 30 Euros, essentiellement au
profit des étrangers en situation
illégale, bénéficiant ainsi d’une prise
en charge supérieure aux salariés et aux
cotisants, notamment non pourvus d’une
mutuelle. L’AME a littéralement explosé.
Son montant dépasse tous les ans les
prévisions : en 2013, 588 millions
étaient prévus. 744 millions ont été
dépensés. En 2014, 600 millions étaient
budgétés, en 2015, on a relevé la barre
de 73 millions, mais en sachant que ces
chiffres seront insuffisants. La
progression de la dépense moyenne a été
quatre fois plus rapide pour l’AME que
pour le régime général. La dépense
hospitalière est deux fois plus
importante pour un ressortissant de
l’AME que pour la moyenne des assurés. A
l’autre bout de l’hospitalité française
se situe la facture des impayés des
étrangers qui viennent se faire soigner
dans notre pays. C’est ainsi que
l’Algérie participe pour 31 millions aux
118 millions d’impayés que subit
l’Assistance Publique-Hopitaux de Paris,
à la mesure des deux visites de
repentance que notre Président a déjà
effectuées à Alger. La « pauvre » Arabie
saoudite se contente de 3,7 millions,
une somme bien modeste pour une
« alliée » à qui on ne sait rien
refuser. Par ailleurs, à chacun de ses
déplacements, François Hollande joue les
Père Noël, jusqu’à faire déraper la luge
: En 2012, il annulait la dette de la
Côte d’Ivoire, pourtant un pays prospère
au temps où il était bien géré ; en
2015, c’était le tour du Mali, au
prétexte de la lutte contre le
terrorisme, alors que l’effort militaire
de la France et de ses soldats est déjà
l’élément principal de cette lutte.
Enfin, pour se faire applaudir à
Pointe-à-Pitre, il associait une fois
encore la repentance, la condamnation de
notre histoire et la dette d’Haïti,
laissant espérer aux Haïtiens que Paris
leur rembourserait le prix de leur
indépendance. Malheureusement, il dut
limiter cette dette à son aspect moral
une fois à Port-au-Prince là où
corruption et mauvaise gouvernance ont
entraîné la pauvreté. En revanche, mais
toujours dans le registre moral, notre
Président a aussi annulé la livraison
des deux « Mistral » à la Russie, une
bagatelle. La perte sera sans doute de 2
milliards d’Euros…
Heureusement, ce que certains
Français versent à l’Etat est redonné à
d’autres, mais au bon vouloir du Prince
plus qu’au nom d’une redistribution
équitable. Il est difficile de faire
entendre aux Français qu’il faut faire
des efforts quand à chaque prise de
parole, le pouvoir annonce de nouvelles
dépenses, comme si l’argent jaillissait
d’une corne d’abondance inépuisable qui
s’appelle l’Etat. François Hollande est
l’incarnation de ce que Bastiat
fustigeait : une « fiction par laquelle
tout le monde s’efforce de vivre aux
dépens de tout le monde ». Aux Antilles,
le Président dont nul n’ose penser qu’il
est déjà en campagne promet 750 000
Euros pour l’Université. Au Mans, c’est
un nouveau commissariat. En Avignon, il
se félicite du maintien du coûteux
régime social des intermittents du
spectacle. Lorsqu’un pays connaît le
déclin, il lui faut un dirigeant qui
préfère l’estime à la popularité, la
cohérence de l’action à la démagogie des
cadeaux. Les Français qui ne sont pas
idiots considèrent que de Gaulle fut
leur meilleur Président, et qu’Hollande
est le plus mauvais. Pourtant, François
Hollande, c’est notre Christophe Collomb,
mais revisité par Churchill : « le 1er
socialiste, car il ne savait pas où il
allait, ignorait où il se trouvait, et
tout çà aux frais du contribuable ».
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