Politique
Au Trocadéro pour défendre l’Etat de
droit
et la démocratie !
Christian Vanneste
Samedi 4 mars 2017
Une certaine légende qui entoure
toujours l’histoire veut que cela ait
commencé à Crécy en 1346. Les chevaliers
pressés d’en découdre ont écrasé la
piétaille et, après avoir créé la
confusion, ont eux-mêmes été massacrés
par les Anglais. Cette fois, les
chevaliers sont les élus et les cadres
du parti Les Républicains qui se moquent
comme d’une guigne du vote de la
piétaille des électeurs qui ont choisi
François Fillon lors de la primaire en
vue de l’élection présidentielle. La
différence est pourtant nette : les
preux de la Guerre de Cent Ans, pleins
de bravoure un peu folle, étaient plus
royalistes que le roi et sont morts au
combat. Les carriéristes qui encombrent
la scène politique ne songent qu’à une
chose : ils veulent garder leurs sièges
et leurs prébendes qu’une défaite de
François Fillon mettrait en péril. Ce
calcul les conduit à se draper dans les
plis de la morale et du droit. Peu
importe le choix des électeurs. Ils
avaient désigné un homme et plébiscité
un programme. Ils voteront pour un autre
candidat qui a d’autres idées. Tout ceci
n’a aucune importance. Ce qui compte,
c’est de gagner… et de garder les
sièges. Mais, c’est bien sûr, disent-ils
la main sur le coeur, parce que François
Fillon ne respecte pas sa promesse de ne
pas se présenter en cas de mise en
examen et parce qu’on ne brave pas la
justice dans un Etat de droit. La morale
et le droit d’abord ! Ce bal des
Tartufes pourrait être plaisant si son
parfum de république bananière
n’envahissait pas l’atmosphère. Pour qui
garde sa sérénité et son jugement, les
deux plateaux de la balance sont à
l’évidence déséquilibrés. Il y a d’un
côté la « faute » de François Fillon qui
a salarié son épouse comme la loi l’y
autorisait. Cela ne concerne que
l’Assemblée Nationale, et c’est à son
bureau d’en juger, non à un « parquet »
créé par Mme Taubira après l’affaire
Cahuzac qui n’a aucun rapport avec la
question présente. Parmi les vertueux
qui se pincent le nez avec ostentation,
combien ont usé de cette possibilité,
et parfois au bénéfice de personnes avec
lesquelles les liens étaient moins
transparents ? Que cette affaire soit
partie d’un palais présidentiel dans
lequel le locataire actuel avait
introduit sa
concubine, avec bureau et
secrétariat (dont les membres ont bien
sûr été « recasés »), ne les offusque
pas davantage ? Que la trahison
systématique du secret d’une enquête par
une instance judiciaire ait torpillé
jour après jour l’élection la plus
importante du pays ne semble pas les
émouvoir ? Que les médias et la
« justice » aient rivalisé de vitesse
pour s’informer réciproquement et
d’acharnement pour pousser un candidat
dans les cordes ne paraît pas remettre
en cause ce qu’ils appellent le droit et
la morale ? C’est pourtant bien le
plateau du coup monté qui pèse le plus
lourd.
L’Etat de droit suppose que la
hiérarchie des normes et des
institutions soit respectée. La
séparation des pouvoirs, le secret de
l’enquête, la présomption d’innocence
ont été piétinés sans vergogne par une
justice politisée comme l’avait révélé
« le
mur des cons » et par une presse
engagée ou
intéressée, qui a peut-être des
ascenseurs à renvoyer. La chronologie
des événements et les maladresses de
François Fillon, tellement sûr de lui
qu’il a d’abord tenu compte des demandes
qui lui étaient faites, plaident
évidemment en faveur de la manipulation
savamment orchestrée. On peut être
incapable de gouverner et se révéler un
spécialiste en coups tordus. Nous ne
sommes donc plus dans l’Etat de droit,
et plus tout-à-fait même, en démocratie.
Le dérangement du processus électoral
pour diriger le vote des Français est un
coup d’Etat hypocrite pour faire en
sorte qu’un pouvoir désavoué à un point
inouï dans notre histoire récente, se
prolonge néanmoins, en douce. Se dresser
contre ce coup correspond bien à
l’exigence d’Antigone qui consiste à
contester l’apparente légalité
lorsqu’elle porte atteinte à la
légitimité. Or, l’élection, le suffrage
populaire sont plus légitimes que des
procédures judiciaires menées avec une
rapidité inhabituelle, et qui non
seulement peuvent conduire à un
non-lieu, mais peuvent même être
considérées, dans le cas présent, comme
anticonstitutionnelles. Résister est
donc une défense du droit le plus
fondamental, celui du peuple à décider
seul de son avenir sans être manipulé
par une caste ou des coteries. C’est
aussi un devoir moral, celui du courage.
Ceux qui en manquent aujourd’hui devront
en subir les conséquences. Ceux qui en
ont se retrouveront demain dimanche à 15
heures au Trocadéro pour être solidaires
de François Fillon et plus que jamais
attachés à la démocratie française. En
effet, qui ne voit maintenant que
partout la démocratie est menacée par le
« système » ? Le candidat du système est
de manière caricaturale Macron. Les
épreuves qu’il subit font de François
Fillon celui de l’anti-système !
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