Algérie en phase
avec le mouvement du monde
L'accord d'Alger de l'Opep : Nécessité
d'une
stabilisation des prix avec les
pays consommateurs
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Jeudi 29 septembre 2016
«Si le pétrole est
source de profit, il devient aussi
matière à conflit.»
Serge
Zeller
L'Algérie a accueilli avec élégance et
avec sa tradition hospitalière, le 15e
FIE Forum international de l'énergie et
le Sommet de l'Opep dans une conjoncture
plus volatile que jamais. Quand on
entend le secrétaire général de l'Opep
déclarer que la réunion d'Alger ne
décidera de rien, on pensait que la
réunion d’Alger était un non–évènement .
Rien ne présageait en fait une réussite
du Sommet informel de l’Opep transformé
dans l’euphorie en réunion
extraordinaire par la magie d’une
résilience à la fois du savoir faire
technologique du staff algérien et du
savoir faire diplomatique de l’Algérie
qui est l’un des rares pays à garder de
bonnes relations avec l’Iran mais aussi
avec l’Arabie Saoudite qui respecte sans
les approuver les positions iconoclastes
de l’Algérie en politique notamment au
sein de la Ligue Arabe .. Bref et pour
être honnête tout le monde comme nous
allons le voir avait besoin de cet
accord L’objectif à tous prix de
réconcilier des points de vue aux
antipodes l’un de l’autre.
Une
brève histoire de l’Opep
Pour
rappel l'Opep a été créée en 1960 par
cinq pays, elle avait pour ambition
légitime de défendre un prix juste pour
le pétrole. En face il y avait des
compagnies pétrolières les fameux «
Le sette sorele » « Les sept
sœurs » pour reprendre l'expression
d'Enrico Mattei le patron de l'ENI. Il
s'agit des sept soeurs issues de
l'empire Rockefeller (de la Standard Oil
of Ohio à l'exception de Shell et de
BP). Pendant 10 ans l'Opep lutta pied à
pied contre les multinationales. Deux
évènements ont secoué l'Opep: l'entrée
de l'Algérie au sein de l'Opep en 1968
et la prise du pouvoir en septembre 1969
par El Gueddafi en Libye.
Le ton
est donné, pourtant, différentes
réunions internationales eurent lieu à
Téhéran, Caracas, Alger, Tripoli et
Riyad. En vain, les multinationales
proposaient d'ajouter au prix du baril
quelque cents aux deux dollars. 1971: un
coup d'éclair que la nationalisation des
pétroles en Algérie, le fameux «Kararna
Taemime El Mahroukate» « Nous avons
décidé de la nationalisation des
hydrocarbures », lancé un certain 24
février par Boumediene indiquait à la
face du monde que l'Algérie avait décidé
de prendre en main son destin pétrolier.
Ce ne fut pas simple, mais l'exemple de
l'Algérie a fait tache d'huile. La
Libye, l'Irak l'Iran imitèrent
l'Algérie.
Pour
la première fois des pays du Sud ont pu
faire plier les multinationales et leurs
pays. Deux pays étaient aux avant-postes
de ce bras de fer. Le président
Boumediene et le roi Fayçal,
c'est-à-dire un petit producteur avec 1
million de barils/jour (50 millions de
tonnes/ an) et le plus gros producteur,
en l'occurrence l'Arabie saoudite qui
produit dix fois plus. C'était l'époque
où la diplomatie pétrolière algérienne
était au firmament, Belaïd Abdesselam et
Zaki Yamani, les deux ministres furent
les représentants de l'Opep dans une
tournée européenne et américaine pour
expliquer en octobre 1973 la justesse
des revendications de l'Opep.
Souvenons-nous ces trois années 1973
-1975 furent des années intenses.
L'Algérie accueillait en septembre 1973
le premier Sommet des Non-Alignés, Avril
1974, l'Algérie était le porte-parole
des Non-Alignés pour porter à la tribune
des Nations unies le message des pays du
tiers-monde qui revendiquaient un Nouvel
ordre mondial plus juste. La standing
ovation faite à Boumediene est restée
dans l'histoire. Début 1975 l'Algérie
sur sa lancée organisait au Club des
Pins le Sommet des chefs d'Etat de l'Opep...le
prix du baril est passé de moins de deux
dollars à plus de 12 dollars.
Naissance de l'AIE et déclin de l'Opep
Novembre 1975: Henry Kissinger
secrétaire d'Etat américain annonce à la
face du monde la création de l'AIE
(Agence, internationale de l'énergie)
dont le but était la défense des
intérêts des pays occidentaux
consommateurs, en clair; la destruction
de l'Opep. Ce fut le début des ennuis de
l'Opep. Alors que la doctrine
néolibérale est de laisser les forces du
marché (offre et demande s'équilibrer
toutes seules sans manipulation externe)
l'AIE donne instruction à la trentaine
de pays de constituer des stocks de
sécurité de un à trois mois, dont le but
est de parer à des chocs pétroliers, en
clair, en cas de problème
d'approvisionnement (embargo; guerre..)
les pays déstockeront. Ce que font les
pays chaque fois que les prix
augmentent. De ce fait, en provoquant
une abondance artificielle, ils
perturbent le marché et les fondamentaux
du pétrole sont faussés.
La
main invisible d'Adam Smith ne
travaille pas pour la régulation du
marché, mais pour manipuler les marchés
au strict profit des pays producteurs.
C'est d'ailleurs ce qui se passe depuis
deux ans, le prix du pétrole a été
divisé par 2,5, tous les pays et surtout
les Etats-Unis et la Chine ont constitué
d'énormes stocks à des prix de pétrole
bradé 1979: il y eut la révolution
iranienne, les prix du pétrole
atteignirent 30 dollars. L'avènement des
producteurs hors Opep telle que la
Norvège et surtout la Grande-Bretagne
contraint les pays de l'Opep à agir en
cartel et surtout l'indiscipline
commença à régner. L'Arabie saoudite
voulant garantir ses parts de marché
entama une guerre des prix avec la
Grande-Bretagne de Thatcher qui
produisit à outrance. Conséquence: les
prix chutent en 1984 à moins de 10
dollars.
Les
petits producteurs comme l'Algérie
perdirent de l'argent; Nicolas Sarkis
avance que les pertes de l'Algérie en
1985-1989 furent de 16 milliards de
dollars. Les évènements d'octobre 1988
ont été catalysés en partie par la
situation économique de l'Algérie.
Graduellement, l'Opep fut dépossédée de
son marker crude l'Arabian
light au profit du Brent de la mer
du Nord, un pétrole qui est de loin sur
le déclin, mais qui sert toujours comme
référence. Les années 1990 virent
d'autres mécanismes de fixation avec
l'apparition des marchés spots et la
spéculation. On arrive à juin 2008, le
pétrole grimpe à 140 dollars? Ce qu'on
ne dit pas c'est que ces 140 dollars
sont inférieurs en dollars constants aux
30 dollars de 1980! Dans le même ordre,
les 46 dollars du 24 septembre 2016
représentent en pouvoir d'achat 10
dollars de 1980.
Etat
des lieux actuel du marché pétrolier
La
situation actuelle se caractérise par
«la guerre de tous contre tous» au sein
de l'Opep; envolée la solidarité et les
décisions par consensus. Les pays du
Golfe menés de main de maître par
l'Arabie saoudite sont indifférents au
sort des petits pays; Ils travaillent
globalement malgré la situation actuelle
pour le compte des pays occidentaux.
Reste l'Iran dont la guerre de
leadership avec l'Arabie saoudite
déteint sur la politique pétrolière.
Elle produit à plein régime et atteint
les 3, 6 millions de barils avec comme
objectif 4 millions de barils, l'Irak
produit de plus en plus et dépasse les 2
millions de barils, le Venezuela
traverse une crise profonde et lui aussi
est dépendant du pétrole. Il reste la
Libye, pays dévasté où chaque seigneur
de la guerre vend à partir des puits
qu'il a accaparés et naturellement il y
a toujours des acheteurs occidentaux
comme pour le pétrole de Daesh qui
transitait par la Turquie. Reste un
producteur hors Opep, la Russie qui
produit autant que l'Arabie saoudite et
dont la situation financière est
délicate. Autant de contraintes pour l'Opep
Si on y ajoute la déprime de l'économie
mondiale, l'avènement perturbateur, mais
éphémère des pétroles de schiste, le
ralentissement de la Chine et le recours
massif au renouvelable, on comprend que
les prix du pétrole soient orientés à la
baisse. Mais cela ne va pas durer car on
ne découvre plus autant de pétrole et
que la production est le fait de
gisements anciens. A peine 5 milliards
de barils découverts en 2015 d'après le
bureau d'Etudes Blomberg. La production
de 96 milliards de barils ne pourra pas
aller loin et ce serait difficile de se
maintenir à 100 millions de barils/jour.
La
chute des prix du pétrole depuis l’été
2014 a entraîné une forte baisse des
investissements pétroliers en 2015 et en
2016. Moins d’investissements
aujourd’hui, cela signifie moins de
production à moyen terme. Et comme la
consommation pétrolière mondiale
continue à augmenter, il y a
effectivement un risque de retournement
du marché, avec une offre qui serait
inférieure à la demande. La consommation
mondiale de pétrole augmentera plus que
prévu
La
consommation mondiale de pétrole
augmentera plus que prévu en 2016 et
conservera sa vigueur en 2017, tandis
que la production d'or noir faiblit,
permettant au marché de retrouver son
équilibre au second semestre de cette
année, a estimé mardi l'Agence
internationale de l'énergie. La demande
mondiale d'or noir devrait croître de
1,3 million de barils par jour (mbj)
cette année, contre une anticipation
précédente de 1,2 mbj, pour atteindre
96,1 mbj, a détaillé l'AIE dans son
rapport mensuel sur le pétrole. La
demande devrait progresser dans les
mêmes proportions en 2017 et s'établir à
97,4 mbj, tirée essentiellement par les
pays non membres de l'OCDE, qui
devraient consommer 1,2 mbj sur la
croissance de 1,3 mbj attendue l'an
prochain. L'Inde, la Corée du Sud et la
Chine figureront parmi les pays les plus
gourmands.
Face à
cet appétit plus marqué pour l'or noir,
la production de pétrole faiblit, ce qui
conduit l'AIE à anticiper «un marché
pétrolier équilibré au second semestre
2016», alors qu'il est grevé depuis par
une offre excédentaire depuis près de
deux ans. L'impact sur les prix, qui ont
remonté depuis le plancher de 27,10
dollars le baril en janvier et flirtent
désormais avec la barre des 50 dollars,
devrait toutefois rester limité, selon
l'AIE, en raison des stocks
excédentaires restant à écouler Rien n’a
réellement changé depuis 2014, quand l’Opep
avait, à la surprise générale, fermement
refusé de jouer, cette fois, les
ajusteurs de marché et lancé une
politique de hausse de la production
afin de conserver ses parts de marché
face à des producteurs de schistes
américains dont elle espérait que les
coûts réfréneraient les velléités
d’expansion. Las, les schistes ont bien
résisté et ce sont les membres les plus
fragiles de l’Opep qui ont le plus pâti
de ce bras de fer.
Le
cartel est à un moment historique de son
existence. Soit il persiste dans cette
stratégie attentiste, au risque de sa
propre survie tant les intérêts de ses
membres divergent. Soit il tente une
dernière conciliation, réaffirmant son
existence au risque de voir les autres
producteurs combler le vide et mettre
sur le marché les millions de barils
qu'il n'aura pas extraits. Il n'aurait
dans ce cas plus qu'à acter sa
disparition, son rôle s'étant réduit
comme peau de chagrin ces dernières
années.
Pour
rappel la chute du Brent est la
conséquence du refus de l’Arabie
Saoudite de fermer les vannes face à la
surproduction issue du pétrole de
schiste américain (4 millions de
barils/jour contre zéro il y a cinq
ans). Comme il y a trente ans le bras de
fer Arabie Saoudite contre Grande
Bretagne a amené les prix à un niveau de
9 dollars. Il faut cependant rappeler
que les 9 dollars de 1986 valent les 45
dollars actuels ! Pendant ce temps là,
un flacon de Chanel n°5 coute 90 dollars
soit deux barils de pétrole. C’est
cela le Nouvel Ordre imposé par le
néo-libéralisme, acheter les matières
premières à un prix qu’il veut grâce à
ses places financières bien fixer et
vendre le produit à un prix qu’il fixe
lui-même comme il veut sans passer par
les places financières
Le
pétrole américain a plutôt bien résisté
car les compagnies qui ont survécu ont
réalisé d’importants gains de
productivité. « L’an dernier, la
production outre Atlantique s’élevait à
9,2 millions barils jours et
aujourd’hui, elle atteint encore 8,5
millions de barils », . Comme dans le
même temps, la Russie n’a jamais autant
pompé et que l’Irak est à fond, on se
retrouve aujourd’hui en surproduction. «
Au premier trimestre, l’offre était de
96,5 millions de barils/jours pour une
demande de « seulement » 95 millions. A
cela, il faut ajouter les stocks
américains chinois et européens qui
atteignent des records.
L’accord d’Alger
On
sait qu'il existe un espace de dialogue
le FIE Forum international de l'énergie.
Créé en 1991, il constitue un cadre
informel d'échanges, de concertation et
de dialogue entre les pays producteurs
et consommateurs d'énergie. La 15e
édition est l'occasion d'approfondir le
dialogue et une initiative d'Alger en ce
sens permettrait de lancer les termes
d'un débat pour chercher les voies et
moyens à mettre en oeuvre pour trouver
des solutions aux problèmes auxquels est
confronté le secteur de l'énergie au
plan mondial. Le ministre de l'Energie
Nourredine Bouterfa a raison de dire que
«L'Algérie est un pays conciliateur
reconnu pour ses qualités de dialogue et
qui a l'avantage d'être en très bonnes
relations avec l'ensemble des membres de
l'Opep ceci constitue un facteur
supplémentaire qui donne davantage de
confiance aux autres pays.»
Les
pays membres de l'Opep ont signé ce
mercredi à Alger un accord sur la
réduction de la production pétrolière,
dans l'optique de faire remonter les
cours du baril... Personne ne l’avait vu
venir à la surprise générale notamment
des agences pays occidentaux qui
misaient sur un échec, un coup d’épée
dans l’eau connaissant les
atermoiements des rentiers brdiés par
l’intransigeance de l’Arabie Saoudite
qui après s’être battue en 1986 contre
Margareth Tatcher et amené le contre
choc ^pétrolier des 9 dollars , l’Opep a
perdu dans cette tragédie plus de 200
milliards de dollars, la même Arabie
Saoudite jouant un bras de fer avec les
producteurs de pétrole de schiste a
amené le pétrole à 27 dollars faisant
perdre à l’Opep près de 400 milliards de
dollars
A la
surprise générale, l’Organisation des
pays exportateurs de pétrole (Opep) a
annoncé mercredi soir la signature à
Alger d’un
accord sur la réduction de la
production de pétrole. Et, fait
inattendu, Ryad, dont l’économie dépend
à 73 % des pétrodollars, a même accepté
que son grand rival, l’Iran, en soit
exempté.
Aussitôt, les marchés boursiers ont été
dopés par cette annonce, mais qui dit
baisse de la production dit baisse de
l’offre, donc hausse du prix du brut. La
réunion d’Alger a débouché sur un projet
d’accord. L’accord final, lui, devra
être conclu le 30 novembre prochain lors
de la prochaine Conférence de
l’Opep à Vienne. on ne
connaît pas exactement le sort réservé à
l’Iran. Mais il semble acquis
que Téhéran aura un traitement
particulier, le ministre iranien du
Pétrole s’est d’ailleurs félicité de cet
accord d’Alger, lui qui la veille
condamnait pourtant cette initiative. Le
succès de cet accord surprise, sous
réserve des suites, s’explique par deux
facteurs : tous les pays producteurs
souffrent plus ou moins des bas prix du
pétrole et cette situation dure depuis
deux ans et les investissements ont
chuté de près de 40% dans la production
amenant les multinationales à réduire la
voilure et à attendre de meilleurs
jours. Wait and see. A Alger ils ont
comme un seul homme appelé à une «
solution »
L’accord que chacun espérait était dans
l’air qui était dans l’air car aussi
bien les compagnies pétrolières que tous
les pays producteurs Opep et hors Opep
et même les petits producteurs de
pétrole américains souhaitaient sortir
de cette situation. Cependant les
positions étaient plus dogmatiques que
réalistes. Il a fallu plusieurs heures
de négociation à huit clos pour qu’enfin
l’Arabie Saoudite -qui faut il le
rappeler avait pris la part de l’Iran
quand ce dernier était sous
embargo-,accepte de réduire sa
production en laissant l’Iran augmenter
la sienne. Le retrait de 750.000
barils/jour est un premier pas, nous
verrons d’ici fin novembre si ce signal
est suffisant ^pour faire repartir les
prix à la hausse.
Par
ailleurs, il est très possible que la
Russie fasse un geste pour consolider
l’accord, l’intention a été affirmée par
le Ministre russe du pétrole. Cela aussi
le cas d’autres producteurs tels que le
Mexique et la Norvège .
L’AIE :
la grande muette
A
Alger le docteur Fatih Birol Directeur
Général de l’Agence Internationale de
l’Energie a fait une belle présentation
sur le marché pétrolier qui nous a
laissé sur la faim. Il parle de la
nécessité de faire repartir les
investissements sinon il y aura un
problème d’approvisionnement. Selon
Fatih Birol, l'effondrement des
cours pétroliers à partir de juin 2014 a
engendré un recul de 40% des
investissements pétroliers.
Indépendamment du « quasi-miracle » de
l’accord d’Alger, si l'Opep continue sur
sa lancée à savoir des réunions sans
lendemain, on peut comprendre que l'Opep
des pères fondateurs, des Boumediene et
Fayçal est «idéologiquement morte». L'Opep
n'a plus barre sur les évènements c'est
le chacun pour soi et il est utile de
remarquer que dans toutes les
confrontations avec les pays
producteurs, l'Opep est sortie perdante
depuis 30 ans L'Opep devrait faire sa
mue si elle ne veut pas disparaître à
jamais. Elle devrait sortir de son
ronron actuel pour engager un dialogue
constructif avec les pays consommateurs
représentés par l'AIE (Agence
internationale de l'énergie) et le hors
Opep.
Une
telle initiative serait une démarche
originelle car un tel dialogue assurera
une stabilité pérenne à la fois pour les
producteurs et les consommateurs qui
seront sûrs d'avoir un approvisionnement
régulier en contrepartie de recettes
régulières pour les pays de l'Opep»,.
Les pays de l'Opep (35% de la
production), la Russie (12%) détiennent
une partie de la solution. Ils devraient
engager un dialogue sans exclusive.
Il
s'agit donc de mobiliser autour d'un
projet qui réponde aux préoccupations et
craintes des producteurs et des
consommateurs. Seul un retrait d'une
partie de la production permettra de
refaire les parties à la hausse vers un
prix de 60 dollars qui est de fait
attendu par tout le monde. Le gel de la
production ne réglera pas
fondamentalement le problème. L’accord
de retrait de 750.000 barils ne règlera
pas fondamentalement le problème de la
volatilité des prix
La
seule façon de faire repartir
durablement les prix à la hausse vers
les 60 dollars est de réduire la
production de l'Opep de 5% soit environ
2 millions de barils/jour, le gain est
autrement plus important que la perte
d'un volume avec un prix aussi bas.
Cependant, même cette réduction ne
pourrait être efficace que si elle
implique à la fois les producteurs Opep
et non Opep. Les 14 pays de l'Opep, en
plus de la Russie et du Mexique, doivent
réduire ensemble leur production.
Il
faut ensuite discuter avec les pays
consommateurs représentés par l’AIE,
pour qu'il n'y ait pas de perturbations
et pour que tout le monde soit d'accord
sur un prix moyen de pétrole autour de
60 dollars D'abord, les compagnies
pétrolières qui pourraient ce faisant
réenclencher les investissements dans
l'industrie du pétrole et qui sont
maintenant en berne. Ce prix de 60
dollars encouragerait le recours aux
énergies renouvelables qui deviendraient
encore plus compétitives et les
stimulerait.
Ce
prix de 60 dollars annulerait la
spéculation en Bourse. Les pays
consommateurs connaissant les recettes
raisonnables peuvent enfin – après cet
électrochoc de deux ans de vaches
maigres- entamer un développement en
connaissance de cause, notamment la
nécessité d'aller à marche forcée vers
les énergies renouvelables. Il ne
grèverait pas beaucoup les pays
consommateurs tels que les Etats-Unis ou
l'Europe. On peut même faire preuve
d'imagination pour concevoir un deuxième
prix plus bas pour les faibles volumes
nécessaires aux pays en développement
qui ne disposent pas de moyens de
paiement et qui consomment très peu. Ce
prix de 60 dollars fixé à la fois comme
prix plafond et prix plancher est une
expérience à tenter. L’AIE devrait être
consultée et apporter sa part à la
stabilité du marché pétrolier
Le vrai
défi de l'Algérie: réussir une vraie
transition énergétique
En
espérant que l’accord d’Alger puisse
être suivi d’effet , ce n’est qu’un
sursis pour les rentiers s’ils ne
changent pas de fusil d’épaule et ne
changent pas le paradigme de la
croissance ! Jusqu'à présent, depuis les
années 1980, l'Algérie et les petits
pays producteurs sont considérés comme
marginaux, c'est l'Arabie saoudite qui,
pour le compte des pays occidentaux,
dicte sa loi. L'Algérie est astreinte à
un quota qu'elle ne dépasse pas
(discipline du cartel que d'autres pays
ne respectent pas...). Plusieurs pays
Opep en sont sortis, c'est le cas de
l'Indonésie, de l'Equateur... Nous
sommes un très petit producteur, 12
milliards de barils de réserves, à peine
0,7% des réserves mondiales contre près
de 20% pour l'Arabie saoudite, 10% pour
l'Iran, 10% pour l'Irak. Nous produisons
3% de la production de l'Opep et la
règle actuelle est de un baril une voix
alors qu'elle était dans les années 1970
de un pays, une voix.
Mais
même avec cette conjoncture mondiale qui
lui est défavorable, même si le prix du
pétrole arrive à atteindre les 60
dollars le problème de la transition
énergétique reste entier. Il ne faut
surtout pas penser retrouver les années
fastes dans l’immédiat à 120 dollars le
barils . Cette rente potentielle doit
servir si nous avons vraiment tirer la
leçon de ces deux années prémonitoires
de stress, à être injectées uniquement
dans l’investissement pour le
développement Durable . Nous avons
beaucoup de retard dans la mise en place
de ce modèle énergétique malgré les
déclarations rassurantes .
L'Algérie «peut très bien s'en sortir»
sans dépendre totalement du pétrole, en
axant ses efforts sur le développement
de ses énergies renouvelables et en
économisant sa consommation énergétique.
Il nous faut tenir bon. Il ne sert à
rien de forcer nos puits -pour produire
plus- après les malheureuses expériences
précédentes. Chaque calorie produite
rationnellement devrait être convertie
en une énergie renouvelable. Il nous
faut mettre un frein vivement, de
stopper l'hémorragie aux frontières qui
fait perdre à l'Algérie, une moyenne de
2 milliards de dollars/an. La tenue
urgente des états généraux de l'énergie
où les universitaires, société civile,
entreprises, ministères seront associés
pour aboutir à une transition
énergétique vers un développement
durable aboutissant à un modèle
énergétique accepté par chacun, avec
l'obligation de résultats.
Nous
devons tourner le dos à la rente et nous
engager sans attendre vers une
transition énergétique fruit d'un modèle
énergétique vers le développement
durable. Les rares gouttes qui restent
doivent être laissées autant que
possible pour les générations futures.
«Notre meilleure banque est notre
sous-sol.» La politique des énergies
renouvelables attend des décisions
fortes bien expliquées dans le cadre
d'états généraux où la parole sera
donnée aux citoyens qui, eux, auront à
appliquer par conviction, une stratégie
énergétique qui repose d'abord sur des
économies d'énergie de l'ordre de 10 à
20%, soit plus de 6 millions de tonnes
qui seront épargnées.
Les
Algériens devraient savoir qu'au sud du
pays un carré de 250km de côté est
suffisant pour générer de l'électricité
solaire à toute la planète. Le Sahara
converti en panneau solaire est capable
d’alimenter 300 planètes Terre !
L'Algérie produit 500 fois moins en
brûlant une ressource non renouvelable
le gaz naturel! Le Sud n’a pas révélé
toutes ses potentialités qui attendent
d’être mises en valeur dans le cadre
d’un Schéma National d’Aménagement du
Territoire (SNAT) du XXIe siècle. Avec
les énergies renouvelables ( solaires
éolien, géothermie ) avec le Barrage
vert pour lutter contre l’érosion
climatique , nous pouvons faire reverdir
le sahara avec une jeunesse qui ne
demande qu’à apporter sa part.
C'est
dire que cette manne du Sud est de loin
plus importante que le peu d'énergie
fossile disponible qu'il nous faudra
économiser d'une façon drastique avec le
concours des citoyens à qui il faudrait
expliquer pédagogiquement les enjeux.
Justement, le dernier mot est pour
l'éducation et la formation de qualité
dès l'école, l'apprentissage de
l'écocitoyenneté est un combat qui
commence à l'Ecole puis au lycée avec le
bac du développement durable comme le
recommandent les Nations unies et enfin,
dans la formation professionnelle et le
supérieur avec les métiers du
développement durable. C'est cela
l'avenir de l'Algérie et non une
organisation qui- même avec cette
victoire inattendue ; L’accord d’Alger -
a perdu sa raison d'être.
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole
Polytechnique enp-edu.Alger
Publié le 30 septembre
2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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