Algérie en phase
avec le mouvement du monde
De quelques évidences du droit de la
force :
à propos d'Israël, de l'empire
et de ses vassaux
Chems Eddine Chitour
© Chems
Eddine Chitour
Dimanche 20 mai mai 2018
«Il n'y a qu'une
nécessité, la vérité, il n'y a qu'une
force, le droit»
Victor Hugo
Ca y est Trump a encore une fois tenu
parole ! Les Etats Unis abandonnent
l'accord de 2015 ! Après de nombreuses
menaces, Donald Trump est passé à
l'acte: ce mardi 8 mai, le président a
confirmé le retrait des Etats-Unis de
l'accord sur le programme nucléaire
iranien et rétabli les sanctions
américaines contre l'Iran, levées en
contrepartie de l'engagement pris par
l'Iran en 2015 de ne pas se doter de
l'arme nucléaire. Devant la presse,
Donald Trump a affirmé avoir «la preuve
définitive» que l'Iran n'avait pas cessé
son programme nucléaire, s'appuyant sur
les derniers éléments fournis quelques
temps auparavant par Israël. Il a ainsi
rétabli les sanctions économiques et
financières «à leur niveau le plus
élevé» et mis en garde les pays qui
souhaiteraient aider l'Iran «dans sa
quête d'armes nucléaires» et qui
«pourraient aussi être fortement
sanctionnés par les Etats-Unis». Le moment n'est
plus d'écouter les arguments américains
qui ne reposent sur rien de tangibles si
ce n'est la volonté de rouvrir le
dossier du Moyen Orient pour une
nouvelle redistribution des cartes ; on
sait que l'AIEA le gendarme de
l'Occident a moult fois déclaré et
publié huit déclarations ces dernières
années confirmant que Téhéran avait
pleinement rempli ses engagements en
matière nucléaire, à savoir le gel pour
10 ans de son programme nucléaire et se
conformant à toutes les nombreuses
inspections surprises. Rien n'y fait,
les Etats Unis s'en tiennent à ce que
raconte Benyamin Netanyahu depuis
plusieurs années à savoir que l'Iran est
à quelques mois de disposer de la
bombe.. Même sa dernière prestation est
d'après les médias un remake des
informations anciennes bien avant
l'accord. Les autres pays du Conseil de
sécurité ont vainement tenté d'infléchir
le président Trump en vain, ils ont même
accepté de renégocier l'accord sans le
détricoter totalement. Rien n'y fit, ni
l'aplaventrisme de la vieille Europe ni
l'AIEA, ni les autres membres Russie et
Chine, ni l'AIEA n'a fait changé Trump
de la nécessité de respecter ses
promesses de compagne, en l'occurrence
déplacer l'ambassade américaine à
Jérusalem contre la cinquantaine de
résolutions sur le conflit
israélo-palestinien notamment sur
Jérusalem. Ce qu'il y a de sûr c'est le
président Trump ne respecte que ce
déclare Israël
Cependant, cet
évènement aurait été « accepté » une
fois de plus, comme les précédentes
décisions sauf que cette fois ci cette
annonce a été faite en symbiose avec le
bombardement Israélien de l'Iran et ceci
« en riposte à un bombardement iranien
sur le Golan syrien occupé par Israël au
mépris des lois depuis 1967. Dans cette
affaire c'est une fois de plus le
territoire syrien qui sert de variables
d'ajustement étant attaqué deux fois
!!!
La concordance entre la « sortie » de
l'accord et le déclenchement des
hostilités
On peut
s'interroger pourquoi cette attaque ? En
fait, elle est globalement acceptée par
l'Empire et ses vassaux qui n'ont pas
digéré leurs défaites dans leurs volonté
de changer le régime syrien. D'une
certaine façon ils laissent Israël faire
le job . Pour Robert Fisk du journal The
Indépendant, « Les Israéliens sont
pareils. Leur attaque précédente sur les
forces iraniennes en Syrie a étrangement
suivi de très près l'annonce de Trump
revenant sur l'accord nucléaire iranien.
Et une déclaration israélienne selon
laquelle les Iraniens avaient des
missiles en Syrie – certainement faite
de concert avec l'administration Trump –
est arrivée en quelques heures. Les
coïncidences ne s'enchaînent pas aussi
rapidement au Moyen-Orient. ( ;..) Les
dernières frappes israéliennes de la
nuit dernière, prétendument contre les
forces iraniennes en Syrie après une
supposée attaque à la roquette par
l'Iran contre les forces israéliennes au
Golan Il est clair que tous les plans
israéliens projetant de créer une «zone
de sécurité» (cad, une zone
d'occupation) en territoire syrien le
long de la frontière du Golan, ne
peuvent se dérouler qu'avec
l'approbation américaine » (1).
Même avis pour
James North qui écrit : « La distorsion
de la chronologie des événements est une
stratégie israélienne de longue date
pour faire passer ses ennemis pour les
agresseurs et se faire passer pour la
victime. Les attaques aériennes massives
qu'Israël a lancées plus tôt aujourd'hui
contre les Iraniens et les Syriens – ses
frappes transfrontalières les plus
importantes depuis des décennies –
illustrent cette stratégie de propagande
à la perfection, et même les organes
d'information normalement sceptiques
sont bernés. (…) Une heure seulement
après que Donald Trump ait rejeté
l'accord nucléaire iranien le 8 mai,
Israël a lancé des missiles contre des
cibles au sud de Damas, en Syrie, tuant
15 personnes, dont au moins 8 Iraniens.
En réponse, l'Iran a apparemment riposté
tôt ce matin avec 20 roquettes visant le
plateau du Golan (qui est occupé par
Israël depuis 1967 mais qui fait
toujours légalement partie de la Syrie).
Quelques heures plus tard, des avions de
guerre israéliens ont attaqué des
dizaines de cibles iraniennes en Syrie.
Les grands médias occidentaux sont
tombés dans le piège de la propagande
israélienne. (…)Le Times a au moins noté
– au paragraphe 12 – qu'Israël avait
d'abord attaqué la Syrie juste après que
Trump ait retiré les États-Unis de
l'accord avec l'Iran.
L'attaque
israélienne a été naturellement
applaudie par L'Arabie Saoudite, le
Bahreïn, les Emirats Arabes Unis et le
Qatar De plus Certains pays occidentaux
ont apporté leur soutien à cette
propagande d'Israël et condamné la
présence de l'Iran en Syrie qu'ils
accusent de « créer des tensions dans la
région du Golan ». Dans un communiqué,
le ministre allemand des Affaires
étrangères a critiqué « les actes
provocateurs » de l'Iran dans les
hauteurs du Golan, et a appelé à une
réduction des tensions. Le porte-parole
du gouvernement britannique est allé
plus loin en dénonçant une « attaque de
l'Iran contre Israël ». (2)
Les conséquences pour l'Europe
Il ne faut pas se
faire d'illusion les molles prestations
des Européens pour le maintien de
l'accord, ne procèdent pas d'un
quelconque souci de la paix dans le
monde, ou d'une certaine sympathie pour
les Iraniens et plus largement pour le
monde musulman. Il n'en est rien ! C'est
une question de commerce. L'abandon de
l'accord signifie la destruction des
économies européennes au nom
d'America first Gary Leupp écrit : « (…) Comment l'Allemagne, la
quatrième économie mondiale, va réagir.
(…) comment la France va réagir(…)
comment la Grande-Bretagne va réagir.
(…) L'Allemagne et la France figurent
parmi les dix principaux partenaires
commerciaux de l'Iran (malgré les
sanctions). Ils veulent accroître leurs
échanges commerciaux avec la 27e
économie mondiale, ainsi que leurs
investissements. Avec son territoire
immense, sa population instruite de 80
millions d'habitants, ses riches
ressources naturelles et son ouverture
aux capitaux étrangers, l'Iran apparaît
comme une excellente opportunité
d'investissement » (3).
La double peine
pour l'Allemagne
L'Allemagne va
perdre sur deux tableaux du fait de son
commerce florissant avec l'Iran et la
Russie : « L'Allemagne lit on,
représente 60 % des investissements de
l'UE en Iran. Ses investissements ont
augmenté d'environ 25 % par an au cours
des dernières années. Les capitalistes
allemands attendaient cet accord avec
impatience. (…) C'est le genre de
coopération que les États-Unis veulent
maintenant empêcher, en décourageant le
financement international et en
appliquant des sanctions à ceux qui
défient leurs objectifs géopolitiques.
(...) Les frictions au sujet de la
politique iranienne s'ajoutent aux
difficultés que rencontre l'économie
allemande à cause des sanctions contre
la Russie. Celles-ci ont été exigées par
Washington en 2014, au prétexte de
l'agression russe en Ukraine(…) Une
étude de l'année dernière indique que
les sanctions ont coûté quelque 65
milliards de dollars à la Russie, et que
les contre-sanctions ont coûté aux
États-Unis et à l'Europe plus de 50
milliards de dollars. 40% de ces pertes
ont été des pertes allemandes. Beaucoup
d'Allemands influents s'opposent aux
sanctions. L'ancien chancelier Gerhard
Schröder s'oppose aux sanctions (et il
dit même qu'il comprend pourquoi la
Russie a repris la Crimée) » (3).
Cerise sur le
gâteau une autre peine pour l'Europe:
les réfugiés dus à la guerre de
l'empire: « Entre-temps, plusieurs
guerres impérialistes au Moyen-Orient
inondent l'Europe de réfugiés, en
particulier l'Allemagne. C'est comme si
les Etats-Unis exigeaient que l'Europe
prenne en charge le coût humain de leurs
interventions irresponsables et
catastrophiques dans des régions
voisines de l'Europe. (…) En fait, tout
le monde le soutient, sauf Benyamin
Netanyahu (qui tient Trump par le bout
du nez). Si les Etats-Unis réussissent à
le saboter l'Europe sera furieuse. Il en
sera de même pour la Russie et la Chine,
qui approfondissent leurs liens avec
l'Iran. La Chine est le premier ou le
deuxième partenaire commercial de l'Iran
Elle a l'intention d'intégrer l'Iran au
sein de la Compagnie de Shanghai » (3).
La France autre victime de
l’Empire
Pour
Richard Labévière au-delà de ces
effets de conséquences, la « cause
efficiente » de cette décision, qui
piétine le multilatéralisme et la paix,
ramène en droite ligne à l’argent, –
l’argent – l’obsession d’un homme
d’affaire qui cherche à « faire du
fric » par tous les moyens… Dynamitant
ainsi l’ordre international et ses
différents instruments élaborés au
sortir de la Seconde guerre mondiale, le
président américain prône le retour à
l’état de nature, à la loi du plus
fort : celle de la main invisible d’Adam
Smith et ses suiveurs classiques et
néo-classique (Léon Walras, Vilfredo
Pareto et consorts). Et comme les
Américains ont l’art d’habiller leurs
coups de force en « norme universelle »,
le Congrès doit encore avaliser la
décision pour rendre conforme ce nouvel
embargo avec la législation américaine
dans un délai de trois à six mois ». (4)
Richard Labévière cite ensuite
quelques unes des centaines
d’entreprises qui vont souffrir de la
décision impériale. Nous remarquons
qu’il n’est nulle part mention de
l’Accord avec l’Iran, même si le titre-
Nous sommes tous avec l’Iran-
fait illusion N il écrit : « Cette
nouvelle manifestation de
l’unilatéralisme américain perturbe,
d’ores et déjà, nombre d’accords passés
en Iran par plusieurs centaines de PME
françaises depuis la fin 2015. Le
groupe pétrolier français a fait son
retour en Iran en juillet 2017, par la
signature avec la National Iranian
Oil Company (NIOC) d’un contrat pour
développer la production de la « phase
11 » d’un immense champsgazier – South
Pars. La première phase du projet
représente un investissement de l’ordre
de 2 milliards de dollars, avec un
premier versement de plus d’un milliard
de dollars » (…) »
«
Fin 2016, Airbus a reçu une commande de
la compagnie nationale Iran-Air portant
sur une centaine d’appareils, pour un
montant-catalogue de 20,8 milliards de
dollars (17,5 milliards d’euros).
Airbus a réagi à l’annonce américaine
de mardi soir en temporisant : « le
groupe va examiner très précisément la
décision du président américain avant de
bouger »,(…) Les deux constructeurs
automobiles– Peugeot et Renault – sont
aussi dans la tourmente puisque très
engagés sur le marché iranien où le taux
d’équipement automobile demeure
relativement bas. En janvier 2016,
Peugeot créait, à nouveau une
joint-venture avec le groupe Iran Khodro
avec lequel il travaillait avant son
départ forcé d’Iran, L’objectif étant de
produire, à terme, quelque 200.000
véhicules par an. La production a
démarré en 2017 » (4).
Pour Hervé Juvin cité par Richard
Labévière: « l’application
extra-territoriale du droit américain a
détruit des entreprises françaises
(Alcatel et Alstom notamment), elle a
permis d’extorquer des milliards d’euros
à des entreprises et des banques
européennes. (…) Tout cela, en réalité,
à l’appui d’un impérialisme juridique
grandissant, tout cela au seul bénéfice
de l’intérêt national américain.
L’extra-territorialité du droit
américain se propage à la faveur de
l’abandon du droit international, de la
faiblesse du régalien et de la négation
de la souveraineté des pays Europe. Elle
constitue un élément majeur de la
stratégie de « Global Constraint » –
« contrainte globale » – qui renouvelle
la stratégie de l’empire américain ».
(…) C’est une colonisation américaine
d’un nouveau type – soft et smart colonisation
– qui s’affirme au fur et à mesure que
la croissance économique (totem de la
mondialisation) signifie moins la
volonté de répondre aux besoins que
l’obsession de tuer ses concurrents par
tous les moyens. (…) A l’évidence, Bruno
Le Maire croit encore au Père Noël ! Le
jour où l’Union européenne et les pays
européens – dont la France – auront le
courage politique d’appliquer des
mesures de réciprocité, sinon de
représailles envers les Etats-Unis, nous
en reparlerons !(…) » (4)
Pourquoi les
Etats Unis se croient omnipotents : Le
dollar comme glaive
L'omnipotent Trump dit ce qu'il va faire
et fait ce qu'il a dit Nous l'avons avec
ses trois promesses de compagne.
L'accord de Paris, le déménagement de
l'ambassade américaine à Jérusalem et
l'accord avec l'Iran et comme si cela
n'était pas suffisant il ajoute les
sanctions commerciales détricotant de ce
fait l'OMC ou ce qu'il en reste. Tout
cela parce qu'en plus de la force, le
dollar et les lois d'extraterritorialité
permettant aux autorités américaines de
poursuivre les groupes étrangers rendent
l'embargo incontournable. Malgré les
rodomontades européennes .
« La réaction
européenne se veut unanime (…) L'Europe
veut y croire encore, veut penser
qu'elle peut peser sur la suite des
relations avec l'Iran et au
Moyen-Orient. Dès l'annonce de
l'enterrement de l'accord avec l'Iran,
le gouvernement américain, cependant, a
montré où était le rapport de force et
enterré les espoirs de compromis de
l'Europe : les États-Unis décrètent un
embargo total contre l'Iran. Toute
entreprise qui continuera à commercer
avec Téhéran sera passible de sanctions.
« Ceux qui font des affaires en Iran
auront un délai pour pouvoir défaire
leurs engagements. Ceux qui n'auront pas
renoncé à leurs activités impliquant
l'Iran à la fin de ce délai s'exposeront
à de graves conséquences », a indiqué la
Maison Blanche. L'ambassadeur américain
Richard Grenell en Allemagne, tout juste
installé à Berlin, a été encore plus
clair : « Comme Donald Trump l'a
indiqué, les sanctions américaines
viseront les secteurs essentiels de
l'économie iranienne. Les groupes
allemands qui font du business en Iran
doivent suspendre leurs activités
immédiatement », prévient-il dans un
tweet » (5).
« Toutes les entreprises européennes qui
s'étaient précipitées en Iran dès la
levée des sanctions, se retrouvent
menacées. C'est le cas d'Airbus qui a
signé un contrat de 100 avions avec la
compagnie nationale aérienne Iran Air,
de Total qui souhaite s'engager dans de
nouvelles explorations pétrolières et
surtout gazières South Pars, de PSA qui
détient 30 % du marché automobile
iranien et a le projet de construire une
usine pour 200 000 véhicules, de Renault
et Technip » Que peut faire l'Europe
désormais pour les aider ? Pas
grand-chose, si le gouvernement
américain oppose un refus. Les
responsables européens ainsi que la
commission européenne ont laissé
s'installer un droit de veto américain
absolu sur leur économie, leur
diplomatie, leurs multinationales,
depuis plusieurs années. La menace a un
nom : elle s'appelle loi
d'extraterritorialité américaine.(…)
Depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale, les États-Unis ont su plus que
quiconque utiliser l'arme monétaire pour
arrimer leur pouvoir. Mais à partir des
sanctions contre l'Irak dans l'embargo
pétrole contre nourriture, et encore
plus à partir de la crise de 2008,
Washington a doublé son pouvoir
monétaire d'une arme juridique :
l'extension sans fin des pouvoirs de la
justice américaine.(…) » (5)
« Car la norme
américaine est sans ambiguïté. Toute
entreprise, quelle que soit sa
nationalité, à partir du moment où elle
utilise le dollar dans ses transactions,
qu'elle est présente aux États-Unis ou
qu'elle a recours à des banques
américaines, est passible de poursuites
et de sanctions, si elle enfreint, même
à l'extérieur des États-Unis, la loi
américaine. Autant dire qu'avec une
définition aussi large toutes les
multinationales sont concernées. Qui
peut commercer dans le monde sans le
dollar ? Pratiquement personne. Depuis
la fin de la Seconde Guerre mondiale, le
dollar est le carburant des échanges
commerciaux internationaux. Tous les
contrats de pétrole, de matières
premières sont libellés dans la monnaie
américaine. Mais tous les grands
contrats aéronautiques, d'équipements
prennent aussi le billet vert comme
référence parce que c'est la monnaie
reconnue par tous ». (5)
« À l'exception de
la zone euro, il n'est pas une monnaie
d'échange commercial. (…) C'est la Chine
qui a un peu relevé le défi, en lançant
ces dernières semaines un contrat
pétrolier libellé en yuan. Mais elle
n'en est qu'à un stade embryonnaire, (…)
Cette situation de dépendance du système
financier européen n'a pas échappé aux
autorités américaines. Elles poursuivent
les banques européennes non seulement
pour les diverses fraudes commises aux
États-Unis, en leur infligeant des
amendes records, C'est ainsi que BNP
Paribas s'est vu imposer une amende de
8,9 milliards de dollars pour avoir
contourné l'embargo en Iran justement et
au Soudan, parce qu'elle avait eu
recours à des transactions en dollars.
(… ) » (5)
« Au-delà des
problèmes de financement, une autre
menace s'ajoute pour les grands groupes
industriels : celle d'être poursuivis
pour exportation illicite de pièces ou
de composants jugés stratégiques par les
États-Unis. La liste établie par les
autorités américaines là encore est sans
fin et peut être allongée autant que de
besoin. Compte tenu de l'éclatement des
fabrications, des spécialisations, de la
mondialisation, tous les groupes, qu'ils
travaillent dans l'automobile,
l'énergie, l'aéronautique, la santé, la
téléphonie ou autre, ont recours à des
composants, des brevets, des logiciels
considérés comme stratégiques et qui se
retrouvent dans leur produit. Ils
risquent donc de se voir aussi
poursuivis par les autorités américaines
pour exportation illégale de composants
stratégiques, s'ils passent outre
l'embargo américain contre l'Iran. Et de
se voir fermer les portes des
États-Unis. Entre le marché américain et
le marché iranien, le choix est vite
fait. (…) » (5)
La réalité de l'impuissance de
l'Europe
La preuve est
faite, que les Etats Unis considèrent
comme quantité négligeable l'Europe,
souvenons nous de la vieille Europe de
Donald Ramsfeld Trump exige de l'Europe
qu'elle finance l'Otan qui n'obéit en
définitive qu'aux Etats Parce qu'ils
n'ont jamais voulu s'attaquer à ce
sujet, les responsables européens se
retrouvent aujourd'hui pieds et poings
liés face à leur « allié ». Le journal
Der spiegel qui propose une « riposte en
douceur et préparer « l'Après Trump » Et
maintenant ? Trump veut mettre le régime
iranien à genoux avec des sanctions,
mais les considérations de politique
intérieure à Téhéran font qu'il est peu
probable que le pays dégringole. (…)
L'Occident tel que nous le connaissions
n'existe plus. Notre relation avec les
États-Unis ne peut actuellement être
qualifiée d'amitié et peut difficilement
être qualifiée de partenariat. Le
Président Trump a adopté un ton qui
ignore 70 ans de confiance. Il veut des
tarifs punitifs et exige l'obéissance.
(…) L'Europe a perdu son pouvoir
protecteur. Elle a perdu son garant des
valeurs communes. Et elle a perdu
l'influence politique mondiale qu'elle
n'a pu exercer que parce que les
États-Unis se tenaient à ses côtés. Et
que se passera-t-il au cours des deux
ans et demi (ou six ans et demi)
restants du leadership de Trump ?
L'Europe devrait commencer à préparer
une Amérique post-Trump et chercher à
éviter de provoquer Washington
jusque-là. (…) L'anti-américanisme est
tout aussi dangereux que le défi. Mais
la soumission ne mène nulle part non
plus, et Donald Trump n'a que du dédain
pour la faiblesse et ne le récompense
pas ». (6)
Le sursaut
européen : Un coup d’épée dans l’eau
« En réponse aux
menaces de sanctions américaines, lit on
sur le « Figaro » la Commission
européenne a lancé une procédure pour
réactiver la « loi de blocage » de 1996,
pour protéger les entreprises
européennes. Une mesure à l'efficacité
limitée qui «ne va pas empêcher Trump de
dormir». Ce vendredi, la Commission
européenne a lancé la procédure
officielle visant à activer la «loi de
blocage», afin de contrecarrer les
effets extraterritoriaux des sanctions
américaines pour les entreprises
européennes voulant investir en Iran,
comme annoncé la veille par son
président Jean-Claude Juncker. Cette
«loi de blocage» avait été adoptée
pour riposter à des sanctions
américaines visant les entreprises
commerçant avec Cuba. «Le règlement de
1996 ne va pas empêcher Trump de
dormir», relativise toutefois Michel
Makinsky, directeur général d'Ageromys,
qui conseille des entreprises en Iran.
De fait, au sein des entreprises du CAC
40 actives à Téhéran, ainsi que dans la
haute administration, on ne se fait
guère d'illusions sur la portée réelle
de ce texte. (…) Ce règlement de 1996
semble plus politique que juridique
Jean-Claude Juncker va appuyer sur un
autre bouton, ce vendredi. «Nous avons
également décidé d'autoriser la Banque
européenne d'investissement(BEI) à
faciliter les investissements des
entreprises européennes en Iran.» L'idée
est d'accorder des garanties financières
aux entreprises, sans recourir au
dollar, via une institution publique,
inattaquable par l'administration
américaine. (…) Dans l'immédiat, seules
des exemptions accordées au cas par cas
par Washington épargneraient les
entreprises européennes. Mais les
intéressés ne se font guère
d'illusion ». (7)
L’autre
alternative : Eloge du multilatéralisme
Pendant que
l’Empire et ses vassaux, se déchirent
pour se répartir le butin iranien et que
l’empire n’a que du mépris pour les
vassaux , l’Organisation de Coopération
de Shanghai qui réunit la Russie, la
Chine, l’Inde ..les pays d’Asie
centrale.. dans une conférence largement
étouffée par les médias occidentaux ,
appelle à une approche sereine des
affaires du Monde . Sous le titre : « Favoriser
la prise de conscience de notre
appartenance à une destinée commune »
nous lisons un extrait du communiqué qui
fait d’abord un constat dangereux pour
la paix du Monde puis propose des
solutions : « Le 24 avril 2018, Pékin a
accueilli une réunion du Conseil des
ministres des Affaires étrangères de
l’Organisation de Coopération de
Shanghai (SCO) Les ministres
s’expriment sur les problèmes
névralgiques de la politique mondiale Le
communiqué de presse sur la réunion du
Conseil des ministres des Affaires
étrangères de l’Organisation de
Coopération de Shanghai (SCO) a
fait un constat alarmant de la
situation: Les ministres ont constaté un
développement rapide du monde, qui subit
un changement sans précédent avec
l’émergence d’un ordre mondial
multipolaire, la mondialisation
croissante de l’économie, et
l’interdépendance et la connectivité
accrue entre les Etats. Simultanément,
le monde est toujours confronté aux
risques de l’instabilité, de
l’incertitude, des tensions politiques
et des crises et des conflits régionaux.
Les tentatives destructrices visant à
utiliser des mesures restrictives
unilatérales pour exercer une pression
politique et économique sur des Etats
souverains continuent ». (8)
Militant pour un
multilatéralisme apaisé , ils ajoutent :
« A cet égard, les ministres des
Affaires étrangères ont souligné le
besoin de suivre une approche
multilatérale pour résoudre les
problèmes auxquels le monde fait face et
répondre aux menaces et aux défis
divers, en améliorant la gouvernance
mondiale sur la base d’une approche
collective. Ce qui, à son tour,
faciliterait l’émergence d’une nouvelle
forme de relations internationales
s’appuyant sur une confiance mutuelle,
la justice, l’égalité, une coopération
réciproquement avantageuse et la
naissance d’une communauté au destin
commun. Les ministres ont mis l’accent
sur la transformation accélérée de la
nature et de la géographie d’enjeux
atypiques dans le monde et sur la
nécessité de la communauté
internationale de trouver des approches
collectives pour contrer les menaces
liées au terrorisme, à l’extrémisme, au
trafic de drogues, aux maladies
contagieuses, au changement climatique,
etc. » (8)
Ils rappellent
enfin une vérité, revitaliser le rôle
des Nations Unies qui a été marginalisé
par le Conseil de sécurité et insistent
sur la nécessité de la paix en Syrie et
sur le respect de l’Accord avec l’Iran
: « Le
communiqué fait plus que jamais appel
à l’ONU qui doit jouer un rôle
central dans la résolution des
conflits : Les ministres ont souligné le
besoin croissant de la part de la
communauté mondiale de défendre les buts
et principes inscrits dans la Charte de
l’ONU ainsi que les normes
internationales généralement admises, et
de confirmer leur engagement à augmenter
leurs efforts de coordination au sein
des Nations Unies, dans le but de
renforcer son objectif central de
gouvernance globale et d’atteindre la
paix universelle, un développement
partagé et une coopération
internationale, notamment afin de
contrer le terrorisme, le séparatisme et
l’extrémisme. Les ministres ont confirmé
leur conviction partagée qu’un processus
politique ouvert, mené par les Syriens
eux-mêmes, représente l’unique manière
de régler la crise en Syrie. Ils sont
convaincus de l’inviolabilité de la
souveraineté de la Syrie, de son
indépendance et de son intégrité
territoriale Les ministres sont
intervenus en faveur de la cohérence de
la mise en œuvre de l’Accord de Vienne
sur le nucléaire iranien (Joint
Comprehensive Plan of Action) et
soulignent l’importance pour les partis
de rigoureusement respecter leurs
obligations afin d’assurer son
application intégrale et effective et
encourager la paix et la stabilité dans
la région ». (8)
Pourtant Khomeyni a
effectivement dit «non» à la bombe
atomique, cela n'a pas arrêté le
martelage des médias aux ordres: «la
bombe des ayatollahs » qui est de fait
virtuelle devant les dizaines de bombes
israéliennes mais là interdit d'en
parler. Le ministre iranien des Affaires
étrangères a entamé une tournée
diplomatique marathon, pour décrocher
«un cadre futur clair» avec les autres
puissances signataires du texte de 2015.
Le sursaut européen ne doit pas faire
illusion c’est un coup d’épée dans
l’eau. Il n'y a pas de doute, que la
situation est instable. L'Iran a fait
preuve de retenue, mais elle est rentrée
dans une zone de turbulences qui
affectera plus les pays occidentaux
entre enx par des séries de sanction de
l’Empire et de contre-sanctions
c'est-à-dire des rodomontades des
vassaux en forme de coups d’épée dans
l’eau L’Iran est habituée aux
sanctions depuis 1980. De plus il est
possible que la Russie et surtout la
Chine lui permettent de s'en sortir en
attendant que la situation mondiale
redevienne moins instable et que
l’Occident comprenne enfin que seul le
multilatéralisme dans l’égale dignité
des peuples, permettra la paix pour tous
les habitants de la Terre . Amen
1.
https://yetiblog.org/robert-fisk-au-moyen-orient-aujourdhui-les-adversaires-sobservent-avec-inquietude/
2.http://parstoday.com/fr/news/middle_east-i64044-pourquoi_israël_attribue_les
_attaques_à_l'iran
3.
https://reseauinternational.net/comment-leurope-va-t-elle-reagir-a-labandon-de-laccord-iranien-par-trump-counterpunch/
https://www.counterpunch.org/2018/05/09/how-will-europe-react-to-trump…
4.Richard Labévière
http://prochetmoyen-orient.ch/nous-sommes-tous-iraniens/
5.
https://www.mediapart.fr/journal/international/090518/le-dollar-arme-supreme-de-trump
6. Klaus Brinkbäumer https://reseauinternational
.net/trump-et-liran-lheure-est-venue-pour-leurope-de-se-joindre-a-la-resistance-der-spiegel/
7. Fabrice
Nodé-Langlois http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/05/17/20002-20180517ARTFIG00401-nucleaire-iranien-l-europe-amorce-sa-riposte-a-trump.php
8.
https://www.zeit-fragen.ch/fr/editions/2018/n-10-14-mai-2018/favoriser-la-prise-de-conscience-de-notre-appartenance-a-une-destinee-commune.html
Article de
référence
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5261508
Professeur Chems
Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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