Algérie en phase
avec le mouvement du monde
Journée du 8 mars :
Eloge de la force
tranquille
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Vendredi 10 mars 2017
«La femme est l'avenir de l'homme.»
Louis Aragon
«On
ne naît pas femme, on le devient.»
Simone de Beauvoir
Encore une fois, dans un rituel bien
rodé, l'humanité des femmes se rappelle
au bon souvenir de l'humanité des hommes
et regarde d'une façon désabusée ce
non-événement la glorifiant l'espace
d'une journée et l'oubliant le reste de
l'année. Cet événement, que par un
mimétisme ravageur, dont nous avons le
secret, nous fait abandonner nos repères
identitaires au profit d'un cérémonial
créé dans des conditions qui n'ont rien
à voir avec la signification profonde de
la condition féminine. Faut-il pour
autant aller à l'autre bout du curseur
et accepter la sentence de Simone de
Beauvoir niant l'existence de la
"spécificité" sans préciser d'où elle
vient pour devenir femme. Il est plus
juste de s'en remettre à Aragon qui voit
en elle l'horizon de l'homme
L'histoire mille fois répétée et fausse
de la genèse du 8 mars
La
manifestation new-yorkaise censée être à
l'origine de la Journée internationale
des femmes n'a... jamais eu lieu! Retour
sur ce mythe démasqué par l'historienne
Françoise Picq: «Ses origines reposent
en réalité sur un mythe. Françoise Picq,
historienne, l'a «démasqué» dès la fin
des années 1970: «À l'époque, toute la
presse militante, du PCF et de la CGT,
comme celle des ´´groupes femmes´´ du
Mouvement de libération des femmes,
relayée par les quotidiens nationaux,
écrivait que la Journée des femmes
commémorait le 8 mars 1857, jour de
manifestation des couturières à New
York.» Or cet événement n'a jamais eu
lieu! (...) Car c'est un fait, «c'est en
août 1910, à la IIe Conférence
internationale des femmes socialistes, à
Copenhague, à l'initiative de Clara
Zetkin, militante allemande, qu'a été
prise la décision de la célébrer»,
ajoute l'historienne. La date du 8 mars
n'est pas avancée, mais le principe est
admis: mobiliser les femmes «en accord
avec les organisations politiques et
syndicales du prolétariat dotées de la
conscience de classe». La Journée des
femmes est donc l'initiative du
mouvement socialiste et non du mouvement
féministe pourtant très actif à
l'époque. (...) C'est en Russie que la
Journée des femmes connaît son regain:
en 1913 et en 1914, la Journée
internationale des ouvrières y est
célébrée, puis le 8 mars 1917 ont lieu,
à Petrograd (...) Une nouvelle tradition
est instaurée: le 8 Mars sera dès lors
l'occasion pour les partis communistes
de mobiliser les femmes. Après 1945, la
Journée des femmes est officiellement
célébrée dans tous les pays socialistes
«C'est en 1955, dans L'Humanité, que la
manifestation du 8 mars 1857 est citée
pour la première fois»,(1)
Journée internationale des femmes 2016:
la presse en parle
Adeline François pour raconter la
condition des femmes en ce jour
anniversaire a choisi de décrire le
calvaire de Nouraisse, 30 ans, Syrienne:
«Voilà deux jours qu'elle n'a pas dormi,
elle fait partie de ces rares Syriens
qui ont pu passer au compte-gouttes la
frontière entre la Grèce et la
Macédoine. Elle a ensuite marché pendant
des jours jusque vers le Nord avec sous
le bras, ces trois enfants âgés de 2
mois, 6 ans et 9 ans. Son mari n'a pas
réussi à quitter Alep. Nouraisse a
marché jusqu'à la frontière avec la
Serbie. Et là, le mur. Le
Parisien-Aujourd'hui en France raconte
ce mardi 8 mars le sort de quelque 400
personnes qui se sont retrouvées
parquées lundi 7 mars dans la soirée
entre deux frontières dont aucune ne
veut s'ouvrir. «La Serbie et la
Macédoine attendent de savoir ce que
vont décider les Européens et les
Turcs», des subtilités diplomatiques
inaudibles pour ces centaines de
réfugiés devenus les otages d'une
politique migratoire européenne
cacophonique. (... » (2)
« Face
à eux, les cordons de policiers serbes,
derrière eux les cordons de policiers
macédoniens. Les voici donc coincés dans
ce «no man's land» boueux sous des
pluies diluviennes. Des bénévoles
s'activent pour distribuer des capes,
des bonnets et monter quelques tentes.
Nouraisse porte son bébé qui crie et
elle crie, elle aussi, son désespoir au
reporter du Parisien. «En fait, ils
veulent qu'on meure, mais si c'est ça on
aurait mieux fait de mourir tous
ensemble en Syrie», dit-elle. Nouraisse
se fiche sans doute pas mal de la date
du jour, 8 mars, Journée internationale
des droits des femmes.» (2)
L'appel des femmes arabes pour la
dignité et l'égalité
Le
mimétisme de l'Occident a amené la femme
intellectuelle arabe à se révolter et
faire le procès de l'Islam confondant
les tyrans arabes et
l'instrumentalisation de la religion.
«Le 8 mars 2013 huit femmes, actrices
des luttes pour la démocratie, ont lancé
un appel pour la dignité et l'égalité
dans le Monde arabe: «Nous, femmes
arabes impliquées dans les luttes pour
la démocratie, la dignité et l'égalité,
nous, actrices au premier plan des
changements exceptionnels que connaît le
Monde arabe, tenons à rappeler à
l'opinion publique que les femmes sont
en droit de bénéficier au même titre que
les hommes du souffle de liberté et de
dignité qui gagne cette région du monde.
Depuis toujours, les femmes mènent des
luttes pour obtenir des acquis, plus ou
moins importants selon les pays. Mais
ces acquis demeurent en deçà de leurs
aspirations et font de leur statut un
des plus reculés dans le monde. Les
violences demeurent répandues tant dans
l'espace public que privé et très peu de
mesures sont prises pour mettre fin à ce
fléau. Les Codes de la famille ne sont
dans la plupart des pays arabes que des
textes instituant l'exclusion et la
discrimination. (...) Ces lois violent
les droits les plus élémentaires et les
libertés fondamentales des femmes et des
fillettes par l'usage de la polygamie,
le mariage des mineures, les inégalités
en matière de mariage, de divorce, de
tutelle sur les enfants ou encore
l'accès à la propriété et à l'héritage.
Certaines lois permettent même à la
parentèle masculine de tuer des femmes
et des filles avec le bénéfice de
circonstances atténuantes dans le cadre
des crimes d'honneur(...) Nous
considérons que si l'égalité ne peut se
réaliser sans la démocratie, la pleine
jouissance de cette démocratie ne peut
se réaliser sans une égalité totale
entre les hommes et les femmes. Aucune
démocratie en effet ne peut se
construire au détriment de la moitié de
la société. Ensemble nous avons fait
notre présent, ensemble nous
construirons un avenir meilleur. Nous
exigeons (...) la dénonciation des voix
qui s'élèvent ici et là pour discriminer
les femmes au nom d'une lecture
rétrograde des préceptes religieux ainsi
que celles qui voudraient leur interdire
une participation pleine et entière à
une vie digne et respectueuse des droits
humains.» (3)
Naturellement pas un mot sur la femme
objet en Occident avec une dignité en
lambeaux, on constate même une société
perverse qui fait que la violence envers
les femmes est aussi importante que
partout ailleurs. La meilleure preuve
est que les femmes à travail égal ont un
salaire inférieur d’environ 20 % que
celui des hommes notamment en
France patrie censée être celle
des droits de l’homme et des
femmes …
Cependant cela n'absout nullement les
dirigeants des pays musulmans s'aidant
sur une lecture littérale des textes
religieux confortent les us et coutumes
tribales pour asseoir une hégémonie qui
ne repose que sur du vent.
Les
femmes : les grandes oubliées de la
Science
On dit
souvent que beaucoup de scientifiques
n’ont pas eu de visibilité et de
reconnaissance du fait de la misogynie
des hommes scientifiques ou pas. Le cas
de Agnodice est édifiant : « IVe
siècle avant J-C. Le monde n’est pas
vraiment à la pointe en matière de
gynécologie et il n’est pas rare de voir
les femmes souffrir en couche. Mourir,
pour les moins chanceuses. Les
naissances se font dans la douleur et
surtout, dans le silence : les Athéniens
ayant réclamé l’interdiction de
l’exercice de la médecine par les femmes
– trop sujettes à pratiquer l’avortement
– les futures mères préfèrent se
débrouiller seules. Il n’en fallait pas
moins pour frustrer Agnodice – jeune
fille issue de la haute société
athénienne – qui décide de prendre ses
cliques et ses claques direction
l’Égypte où il est encore possible pour
un être humain possédant une 23e paire
de chromosomes d’étudier la médecine. Sa
formation en poche, Agnodice revient en
Grèce et se résout à cacher sa féminité
pour exercer sa profession. Dissimulée
sous une barbe postiche et derrière le
nom de Miltiade, la jeune gynécologue
sauve des bébés et des mères à tour de
bras. Titillée par ce succès, la
jalousie de ses confrères ne tarde pas à
se faire ressentir, certains l’accusant
même de profiter de sa situation pour
séduire ses patientes. Bien décidés à se
débarrasser d’Agnodice – même après
qu’elle ait enlevé son postiche – maris
et médecins furent tentés de l’exécuter.
C’était sans compter sur la pression de
ses patientes, qui fpermis de
l’acquitter et, dans le même élan, de
révoquer la loi interdisant les femmes
de devenir médecin. D’une pierre deux
coups ». (4)
« Si
les progrès sont notables, écrit
Mathilde Damgé du journal Le
Monde, reste que les femmes ne
représentent que 5,35 % des nobélisés,
avec 48 femmes sur 897 lauréats depuis
la création du prix en 1901. (…) Parmi
celles qui sont restées dans l’ombre du
« grand chercheur », citons Clara Haber,
épouse de Fritz, qui obtint le prix
Nobel de chimie en 1918 pour ses travaux
sur l’ammoniac. Première femme à obtenir
un doctorat de chimie à l’université de
Breslau, elle a contribué aux travaux de
son mari, traduisant ses articles en
anglais, tout en étant cantonnée à la
vie familiale. C’est aussi le cas de
Mileva Maric, brillante étudiante qui
rencontra Albert Einstein lors de leurs
études à l’Ecole polytechnique fédérale
de Zurich. Des lettres attestent de
leurs échanges sur les travaux de
physique d’Albert mais elle dut, elle
aussi, se consacrer à sa vie de famille
jusqu’à leur séparation. L’un des
exemples les plus flagrants d’oubli du
comité Nobel est celui de Lise Meitner,
collaboratrice d’Otto Hahn (prix Nobel
de chimie en 1944) et qui joua un rôle
majeur dans la découverte de la fission
nucléaire. Juive autrichienne, elle dût
fuir l’Allemagne nazie en 1938 et refusa
ensuite de participer à la construction
d’une bombe atomique.(…) La minimisation
des contributions des femmes dans les
sciences a d’ailleurs été théorisée :
c’est l’« effet Matilda
», nom donné par une historienne des
sciences américaine, Margaret W.
Rossiter, au déni et à la minimisation,
systématique selon elle, des
contributions des femmes à la recherche
(…) ».
Qu'en est-il du 8 mars en Algérie?
En
règle générale, le 8 mars : un jour
qui représente moins de 0,3% du temps
est consacré à la reconnaissance de la
femme comme acteur important de la
société à la fois au sein de la maison,
mais au sein de la société, ce
non-événement. Les femmes algériennes
ont eu à lutter à la fois sur le plan de
la liberté, on les trouve à chaque coin
de l'histoire et curieusement la femme
algérienne n'a jamais été aussi libre
que pendant la Révolution de Novembre.
En se battant, en soignant en éduquant
en conseillant et en faisant le coup de
feu, la femme algérienne a montré
qu'elle était de tous les combats et
qu'a priori aucun emploi ne peut lui
être refusé. C'est donc un autre combat
que la femme algérienne mène au
quotidien à bas bruit sans m'as-tu-vu,
dans l'ombre même si elle a toutes les
compétences, c'est à elle en définitive
qu'incombe la pérennité d'un ménage.
C'est un fait que la société algérienne
a profondément évolué en profondeur,
mais cependant avec des différences
entre l'Algérie profonde où le poids des
traditions pesant, l'homme se croit
encore investi du droit de tutelle,
voire de visibilité sociale de la femme
réduite ce faisant à sa plus simple
expression du fait de traditions
rétrogrades.
Cependant, il ne faut pas jeter le bébé
avec l'eau du bain. Ces traditions et
surtout notre islam millénaire a permis
aux Algériennes et Algériens de résister
au laminoir identitaire de la
colonisation qui voulait faire des
Algériens «des poussières d'individus»
selon l'expression de Jules Combon
gouverneur en Algérie ou encore de pieux
chrétiens pour mériter les faveurs du
ciel et celles du cardinal Lavigerie
pour avoir accès à un minimum de
conditions sociales. Par la suite et
vers la fin de la guerre de libération,
le pouvoir colonial a compris, d'après
Franz Fanon, que pour tenir les
Algériens, il fallait s'attaquer à la
citadelle constituée par la femme
algérienne.
Des
opérations d'enlèvement de voile ont été
organisées et les voiles ont été brûlés
pour symboliser la libération de la
femme et sa marche vers la liberté en
vain!!! Bien plus tard, du fait d'une
culture défaillante, les Algériens et
les Algériennes livrés entre les mains
d'Internet deviennent des victimes
consentantes qui s'enivrent de ces
ersatz de liberté que leur offre la
Toile et ses perversions.
Nous
devons être reconnaissants envers celles
et ceux qui ont des siècles durant
combattu pour l'Algérie. Comment rendre
hommage aux femmes? Doit-on dans un
rituel bien rodé attendre le 8 mars de
chaque année? Cet être qui peut être
notre mère, notre soeur, notre fille ou
notre épouse. Rendons-nous justice à
cette «proximité» en la ghettoïsant dans
une journée comme «un minimum syndical»
un tribut à payer pour avoir la paix
jusqu'à la prochaine fête? Que fête-t-on
réellement? La libération? Est-ce une
servitude que la femme doit à l'instar
du mythe de Sisyphe affronter au
quotidien et «prouver» qu'elle est
l'égale de l'homme? Tragique erreur s'il
en est! Non! Rien de tout cela. Les
femmes algériennes devraient être des
exemples à suivre, nul besoin de se
référer ailleurs. Rien ne peut remplacer
une mère et, qu'à bien des égards,
Renier l'instinct maternel a été une
étape nécessaire à la «libération» de la
femme, mais cette attitude handicapante
montre aujourd'hui ses limites: les
jeunes mères sont déchirées entre ce
qu'elles ressentent et ce que leur vie
professionnelle leur impose.
Les Algériennes qui ont marqué
l'Histoire
L'histoire de l'Algérie est jalonnée de
battantes. Les Algériennes de coeur, qui
ont défendu l'Algérie et qui méritent
mille fois d'être à l'honneur, bien que
leur modestie et leur grandeur d'âme
leur interdisent de faire dans le
m'as-tu-vu et d'être aux premières loges
pour avoir les faveurs des gouvernants
et surtout à mille lieux de l'image que
nous nous faisons de nos mères, humbles
et discrètes.
Le
combat des femmes a donné ses lettres de
noblesse à l'histoire de ce pays. Aussi
loin que nous plongeons notre regard
dans notre histoire, nous trouvons sans
difficulté comme exemple de bravoure
l'Algérienne. La première héroïne qui
nous vient à l'esprit est Tin Hinan la
princesse du Hoggar. Tin Hinan est le
nom que des traditions orales donnent à
l'ancêtre originelle des Touareg nobles
du Hoggar.
Lalla
Robba, la religieuse berbère , mais
aussi la guerrière, est considérée comme
la première résistante de l'Algérie
antique, Pendant plus de cinq ans (429 à
434), Robba mène parallèlement à son
action de religieuse chrétienne , une
guerre sans merci contre les Romains
jusqu'à son assassinat par les
traditeurs. Elle avait 50 ans.
Au
septième siècle, une autre héroïne
Kahina Dihya ou Damya reine guerrière
berbère zénète des Aurès combattit les
Omeyyades lors de l'expansion islamique
en Afrique du Nord au VIIe siècle..
Fille unique, elle aurait été élue ou
nommée par sa tribu après la mort de son
père. Vaincue en 693 par Hassan Ibn en
N'uman, elle est faite prisonnière, puis
décapitée au lieudit Bir El Kahina.
Un
autre fait glorieux qui met en scène la
femme algérienne est celui du mystère de
Fatma Tazoughert (la rouquine?). Nous
lisons dans une contribution de Nadhir
Sbaâ: guerrière redoutable, elle
sacrifia ses deux frères pour exalter le
respect de la discipline.» Née dans la
montagne de Hitaouine (Merouana,), Fatma
«la Rousse», (1544-1641) prêtresse et
reine, réussit sous son règne, non
seulement à unir plusieurs groupes
berbéro-arabes, mais à perpétuer le
matriarcat en désignant uniquement des
femmes au sein du conseil des sages.
Nous arrivons au XIXe siècle, la figure
altière de Lalla Fatma N'Soumer nous
interpelle. En effet, lors de la phase
de conquête, les troupes coloniales
françaises eurent à affronter en
Kabylie, une armée dirigée par une
femme, Lalla Fatma N'Soumeur. Lalla
Fatma N'Soumeur, avec son armée qui
comprenait également de nombreuses
femmes de la région, dirigeait les
combats... Lalla Fatma N'Soumeur mourut
en prison en 1863 seulement âgée de 33
ans.
Les héroïnes de la guerre de
libération
Il est
impossible de recenser toutes celles qui
-surtout modestement- ont contribué à
l'Indépendance du pays. Nous prenons le
risque de citer quelques-unes qui, outre
leur prestigieux combat, se distinguent
par leur «invisibilité» estimant
qu'elles n'ont fait que leur devoir et
n'ont pas à en faire un fonds de
commerce. Comme ce sera le cas de
Zoulikha Ouddaï qui mourut en héroine
après avoir vu la mort de son mari lui
aussi tué.
Tarik
Hafid nous parle aussi de ces femmes qui
ont pris à coeur de libérer le pays.
Elles s'appellent Aldjia, Mamia, Emilie,
Nafissa, Fatima et Isa. Des femmes qui
ont fait le choix de s'engager en
politique durant la première moitié du
XXe siècle. Elles ont participé à
l'édification du Mouvement national
algérien, Ces femmes avaient pour
dénominateur commun l'amour de
l'Algérie, la jeunesse et la volonté de
démontrer qu'elles sont capables de
s'affirmer autant que les hommes en
politique. (...) Dans son livre Des
Femmes dans la guerre d'Algérie, Danièle
Djamila Amrane-Minne explique que durant
les années quarante et cinquante, les
femmes algériennes «sont absentes de la
vie politique». L'auteure cite des
statistiques du ministère des Anciens
Moudjahidine de 1978: «Sur les 10 949
anciennes combattantes enregistrées,
seules 6 ont eu une activité politique
avant la guerre.» (...) A part quelques
sièges à l'Assemblée constituante
(seulement 10 moudjahidate sur les 195),
elles n'ont eu accès à aucun poste
politique. Aucune n'a réussi à obtenir
le statut d'officier de l'Armée
nationale populaire.» (6)
La
femme et sa participation au
développement du pays.
A des
degrés divers, le sort social en terme
d’accès aux fonctions, de la femme
algérienne n’a rien à envier à
celui de son équivalente en Occident.
Ainsi dans une contribution de Lyes
Hallas du Soir d’Algérie on lit
que la femme est relativement présente
dans tous les secteurs de la société : «
Pour des tâches similaires, les femmes
en Algérie sont rémunérées comme les
hommes au moment où partout ailleurs
dans le monde les organisations de
défense des droits de la femme dénoncent
des discriminations en la matière (…) il
n’y a aucune contrainte juridique ou
autre sinon, les blocages psychologiques
des femmes elles-mêmes. (…) Globalement,
les personnels féminins en activité dans
la Fonction publique étaient, en 2014,
de 720 330 agents sur un total de 2 020
172, soit 35%. Le secteur de la santé
compte plus de femmes que d’hommes, 138
581 sur un total de 266 525 en 2014,
soit 52% de femmes (elles représentent
45% des hospitalo-universitaires). Dans
l’éducation nationale, la moitié des
effectifs est composée de femmes (297
394 sur un total de 592 831 en 2014). La
police a également ses contingents de
policières, estimés en 2016 à près de 20
000, soit environ 10% des effectifs de
la Sûreté nationale. Dans le secteur de
la justice, elles sont 13 644 sur 43 000
agents (30%). Et dans le corps de la
magistrature et la diplomatie, les
femmes algériennes sont mieux loties que
leurs homologues occidentales même si la
proportion des hommes est plus
importante dans ces corps de métiers »
(7)
« On
compte aussi poursuit Lyes Hallas, 62
258 agents féminins sur 171 761 dans
l’enseignement supérieur, soit 36%, et
la proportion est beaucoup plus
importante dans le domaine de la
recherche scientifique où elles sont
près de 40%. Idem dans le secteur des
finances où elles sont 28 757 agents sur
83 829 (34%) et l’on a vu une femme
accéder au poste de vice-gouverneur de
la Banque centrale. Du reste, c’est une
question de choix et de mérite. Dans les
fonctions politiques, et depuis
l’instauration du quota de 30% pour les
femmes, les partis trouvent du mal à
compléter les listes faute de femmes
candidates justement.(..) Certes, il y a
moins de femmes dans le secteur
économique, ce qui ramène le taux des
femmes dans le monde du travail à 19% de
l’ensemble des salariés (…)L’Armée
nationale populaire (ANP) compte deux
généraux femmes. (…)En février 2017,
l’Algérie comptait 275 576 femmes
entrepreneures (143 010 gérantes
d’entreprises et 132 566 personnes
physiques), soit 7,5% de l’ensemble des
opérateurs économiques (1,9 million).
Elles sont actives notamment dans le
commerce de détail, les services et
l’artisanat, même s’il existe une petite
proportion de femmes qui ont réussi dans
l’industrie et le bâtiment. » (7).
Conclusion
Où en
sommes-nous de cette errance qui nous
incite à commémorer les fêtes décidées
par les autres dans d'autres contextes?
Qu’on le veuille ou non, la femme
représente la force tranquille et le
barycentre de la cellule familiale. Ce
concept qui tend à disparaitre sous les
coups de boutoir d’un néo-libéralisme
qui fait fi des solidarités et des modus
vivendi familiaux qui ont
sédimenté depuis des millénaires. Le
jeune est plus attaché à la toile qu’à
ses parents. La télévision puis
l’internet puis les réseaux sociaux
n’ont de cesse de détricoter les tisses
familiaux. A telle enseigne qu’il
est normal de ses débarrasser des petits
vieux en les mettant dans des mouroirs
au nom de la liberté.Est-ce cela notre
dette envers nos mères ?
Doit-on par mimétisme fêter ce 8 mars
comme un solde de tout compte annuel de
notre reconnaissance envers ces femmes,
nos mères, nos filles, nos épouses ou
avoir constamment à l'esprit par des
preuves au quotidien de notre
attachement à ce qu'elles font pour
nous? Nous avons besoin de réhabiliter
notre référents. Pour cela, il nous faut
déconstruire les repères occidentaux et
se ressourcer à nos propres valeurs,
sinon nous continuerons dans un
mimétisme ravageur à singer beaucoup de
«valeurs» discutables de l'Occident
perpétuant ainsi le mal le plus grand,
l'errance qui fait de nos jeunes des
apatrides ballotés dans tous les sens,
par une doxa occidentale du dépenser
sans penser pour le plus grand
bien du marché !! Ne persistera en
définitive, que le décorum sans
épaisseur de cette commémoration
hypocrite sous forme d'une grande bouffe
rituelle tous les 8 mars, une «zerda»
pour utiliser un terme de l'Algérie
profonde. Non, nous devons nous
réveiller de ce grand sommeil.
(8)
1.S Arc
https://lejournal.cnrs.fr/articles/journee-des-femmes-la-veritable-histoire-du-8-mars
2.
http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/journee-internationale-des-femmes-2016-la-presse-en-parle-7782250421
3.
http://www.lemonde.fr/journee-de-la-femme/article/2012/03/08/l-appel-des-femmes-arabes-pour-la-dignite-et-l-egalite_1653328_1650673.html#C30i0p5hSdcPPvm0.99
4.
http://www.vanityfair.fr/actualites/pouvoir/diaporama/femmes-scientifiques-oubliees-par-les-livres-dhistoire-feminisme-celebres/41505#E7dfgCMP0V7efsH5.99
5.
Mathilde Damgé http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/09/ces-femmes-oubliees-des-nobel_4786195_4355770.html
6.Tarik Hafid http://www.babzman.com/exrait-revue-babzman-lapport-des-femmes-dans-le-mouvement-national-de-la-revolution-edification-du-mouvement-national-algerien-les-oubliees-de-lhistoire/
7.Lyes Hallas
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2017/03/08/article.php?sid=
210418&cid=2
8. Chems Eddine
Chitour
http://www.mondialisation.ca/ces-femmes-invisibles-qui-ont-marque-lhistoire-de-lalgerie/5326553
Article de référence
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_
chitour/262186-eloge-de-la-force-tranquille.html
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole
Polytechnique enp-edu.dz
Publié le 11 mars 2017 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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