Comment je vois le
monde
Résurrection de la Russie millénaire :
De Catherine II à Dostoïevski, à Poutine
et à Sotchi
Chems Eddine Chitour
Chems
Eddine Chitour
Lundi 10 février 2013
La
critique est aisée mais l'art est
difficile»
Philippe Néricault, (Destouches)
comédien et auteur dramatique français
(1680-1754)
Ça y est, Sotchi a brillé de mille feux!
Malgré des critiques infondées, voire
méprisantes de l'Occident pour amoindrir
la fête. Les médias français ne sont pas
en reste. Menés par le Journal Le Monde
dont on s'aperçoit qu'il en rajoute pour
être dans la ligne, les médias font
assaut d'adoubement à l'Empire. Ce
journal se permet une sentence: Vladimir
Poutine ne montera pas sur le podium. Ce
fut exactement le contraire! Ce fut un
spectacle grandiose à la mesure de la
grande Russie que l'Empire avait trop
rapidement enterrée. En 12 tableaux,
nous eûmes tableaux à l'histoire de
l'Empire russe dont la grande révolution
de 1917 ne fut qu'une étape.
La Russie de Gorki, Pouchkine,
Dostoïevski, Tolstoï, la Russie de
Chostakovitch qui écrivit en plein
blocus de Stalingrad, sa fameuse
symphonie en hommage aux centaines de
milliers de résistants qui ont eu
finalement raison de l'armée allemande
du maréchal Von Paulus. Nous eûmes droit
au «Lac des cygnes» de Tchaikovsky. Nous
eûmes droit à la conquête de l'espace
autant de réalisations de l'âme russe
quel que soit le régime. La presse
française rivalise de méchanceté et de
jalousie et d'impartialité pour diminuer
de la beauté et de la perfection de ces
jeux. Comme d'habitude, les journalistes
français sans doute frustrés que la
France ait été éliminée des jeux lors de
la désignation il y a sept ans, font
tout pour dévaloriser ces jeux tout en
espérant des médailles. Ils s'attaquent
à Vladimir Poutine qu'ils comparent à
Pierre le Grand: «Les Russes ont dépensé
37 milliards d'euros pour Sotchi, soit
quatre fois plus que les Britanniques
pour les Jeux d'été de Londres. En
l'espèce, c'est moins celui de la Russie
que de son hyperprésident, Vladimir
Poutine. Ce dernier a voulu Sotchi pour
en faire le couronnement de son règne,
le triomphe d'une présidence dont
l'ambition est de manifester le retour
de la Russie parmi les Grands.» (1)
Et alors? Quel mal il y a?
Naturellement, la politique nationale
russe ne plaît pas. Personne ne se
frottait à l'empire soviétique mais on
pensait, que le démantèlement de
l'empire permettrait de faire de la
Russie un marché à la botte de
l'Occident. L'Ocde pointait récemment
nombre de points noirs: la Russie
importe tout ou presque, elle investit
très peu et fait fuir les capitaux. Etre
grand inquisiteur est un job très
demandé. Est-ce un éditorial sur les
Jeux olympiques ou sur la personnalité
de M.Poutine? En plus, Est-ce par hasard
les pays de l'Ouest qui financent le
jihadisme sunnite? Qui ont encouragé la
guerre civile en Syrie? Qui encouragent
une opposition et financent des truands
en Ukraine? La Libye c'est Poutine?
L'Irak c'est Poutine?
Le journal Le Monde est en train de
devenir une des voix de
l'impérialisme/colonialisme de l'Ouest.
Le Monde va même plus loin: aucune de
ces réalisations ne trouve grâce à ses
yeux: «Des montagnes de déchets et des
bassins d'eau polluée souillent les
environs de ce qui était jusqu'alors une
pittoresque station balnéaire
subtropicale abritant un fragile
écosystème. Des milliers d'habitants ont
été déplacés, des maisons et des
quartiers entiers démolis. Les régions
du Caucase voisines, notamment le
Daghestan, sont des foyers d'activité
terroriste où pas une semaine ne se
passe sans une attaque ou un
attentat-suicide.(2)
Dans le même ordre et toujours dans le
journal donneur de leçons, le Monde avec
cette fois-ci son acolyte l'Agence
France Presse pour la bonne cause, celle
de dicter la norme aux autres, nous
lisons: «Malgré l'absence notable de
plusieurs dirigeants, les organisateurs
ont pu se targuer d'avoir attiré
quarante-quatre représentants
politiques, parmi lesquels le secrétaire
général des Nations unies, Ban Ki-moon,
le président ukrainien Viktor
Ianoukovitch, contesté dans les rues de
Kiev, ses homologues chinois (Xi Jinping)
et afghan (Hamid Karzaï), ainsi que le
Premier ministre turc Recep Tayyip
Erdogan et son vis-à-vis japonais,
Shinzo Abe».(3)
«Plus controversés, le président
biélorusse Alexandre Loukachenko et
Leonid Tibilov, le président de la
région séparatiste géorgienne, l'Ossétie
du Sud, reconnue par Moscou, figuraient
également au rang des convives.
Rappelons simplement que les boycotteurs
représentent moins de 500 millions sur 7
milliards qui ont été représentés. La
technique de deux fers au feu est celle
de ces pays qui ne veulent pas
hypothéquer l'avenir pour les jeux qui
se dérouleraient éventuellement chez
eux. Et pourtant, c'est le sport,
l'olympisme.» (3)
Minimisant le spectacle, il le réduit à
une potion magique: «Tout ce joli monde
aura, à n'en pas douter, apprécié les
diverses animations et chorégraphies
qui, à travers les âges, ont retracé la
glorieuse histoire de la Russie
éternelle. Un peu de Moyen âge pour
commencer, puis un peu de tsarisme, un
peu de bolchévisme et, pour finir, place
au pays tel qu'il est vu actuellement
depuis le Kremlin: une Russie
conquérante.» (3) Comble de la
méchanceté et de la conviction de donner
des leçons on lit: «S'il a tout de même
daigné regarder l'événement à la
télévision, le président Obama n'aura
pas manqué de constater que seuls quatre
des cinq anneaux olympiques se sont
ouverts lors de la cérémonie. (...) Par
chance, la cérémonie n'a pas été
perturbée par l'intrusion d'un horde de
chiens errants. Dans les rues de Sotchi,
il s'en trouverait pourtant des
milliers, voués à un funeste destin.
Mais un a tout de même réussi à
s'infiltrer dans les tribunes, avant de
se faire chasser par la sécurité du
stade.» (3) Triste débâcle morale pour
ce journal.
Les Occidentaux donneurs de leçons font
preuve d'une amnésie sélective. C'est un
des leurs, Pierre de Coubertin,
fondateur du concept des Jeux olympiques
qui adouba les Jeux olympiques de Berlin
en 1936. Une information non vérifiée
nous apprend qu'il était en bons termes
avec le Führer qui lui aurait proposé
une pension. De plus, en termes de
racisme, De Coubertin n'aimait pas les
Noirs et...les femmes qu'il pensait être
indignes de participer aux jeux. Croire
qu'un boycott à géométrie variable peut
faire dévier Poutine de sa route c'est
ne pas connaître l'âme russe, celle de
Pouchkine, de Tolstoï (il y eut un
ballet qui a repris Guerre et paix lors
de la cérémonie d'ouverture qui fut
grandiose à tous les points de vue). En
11 tableaux 3500 acteurs, l'épopée russe
fut racontée. L'une des scènes les plus
émouvantes fut celle où l'on voit
Valentina Térechkova, la première femme
de l'humanité russe et soviétique,
s'arracher à la Terre et à la conquête
des étoiles comme le fut d'ailleurs
Youri Gagarine.
La dette de l'Occident envers
l'Union soviétique
La critique si facile est une
caractéristique de l'Empire qui lâche sa
meute journalistique et pourtant pour
l'Histoire, l'Union soviétique a sauvé
l'Occident d'une débâcle en donnant un
coup d'arrêt aux armées nazies. Ce fut
l'armée du généralissime Joukov qui
entra la première dans Berlin. De plus,
l'épopée de Stalingrad en fut un
exemple: «Le 2 février 1943 lit-on dans
une contribution de Laurent Brayard, les
combats cessaient dans les ruines de
Stalingrad, le maréchal Von Paulus
fraîchement nommé, capitulait avec les
restes de sa 6ème armée. Ce coup de
tonnerre qui a retenti il y a 70 ans
[2février 1943] a été considéré comme le
tournant majeur de la Seconde Guerre
mondiale, le coup d'arrêt aux forces de
l'Axe qui perdirent définitivement
l'initiative »(4).
« Cette victoire fut l'oeuvre du peuple
soviétique tout entier, rendons hommage
en ce jour à ceux qui sont tombés pour
que le monde vive libre. 841.000 soldats
allemands et également roumains,
hongrois, italiens et croates, dont
91.000 prisonniers lors de la
capitulation allemande, ce sont les
pertes des forces de l'Axe. Du côté
soviétique il y eut 1 129 619 pertes,
dont environ 478.000 tués, 650.000
blessés et prisonniers et plus de 40.000
victimes civiles. Tel fut le bilan final
de la fournaise de cette bataille
titanesque qui se livra sur les bords de
la Volga entre le 17 juillet 1942 et le
2 février 1943. Le 30 janvier, Hitler
confère à Von Paulus le titre de
maréchal pour l'encourager à ne pas se
rendre. A Stalingrad l'Humanité restera
redevable des milliers de soldats
soviétiques qui perdirent la vie dans la
bataille. Le sacrifice inouï consenti
par eux à cet instant de la guerre, a
ensuite permis la défaite totale de
l'Allemagne nazie, qui presque au même
moment subissait une autre défaite
majeure devant el-Alamein en Afrique du
Nord. Les héros de l'Union soviétique
n'étaient pas tombés pour rien et le
monde libre se souviendra éternellement
d'eux.» (4)
La réalité économique : La place
de la Russie
Un autre angle d'attaque des médias
français qui présente l'absence de
l'Empire et de ses vassaux comme une
«punition»,-décidément l'Empire aime
punir les récalcitrants- est la
situation financière russe que l'on
présente comme arriérée. Nous lisons
dans une contribution de Challenges.fr
le contenu objectif de cette
«arriération» par rapport aux donneurs
de leçons: «A pouvoir d'achat
comparable, les quatre premières
puissances émergentes ont désormais
toutes dépassé la France. Fin décembre
2012, le Center for Economics and
Business Research (CEBR) annonçait que
le Brésil était devenu en 2011 la
sixième puissance économique mondiale
devant le Royaume-Uni. La France,
cinquième du classement, aurait encore
quelques années de sursis.(...) La
France se retrouve alors, selon le FMI,
reléguée en neuvième position avec 2.217
milliards de dollars de PIB (PPA). Le
Brésil, lui, est déjà septième avec
2.309 milliards de dollars de PIB (PPA.
(...) L'Hexagone se retrouve même
derrière les trois autres Bric: la Chine
(2e), l'Inde (3e) et la Russie (6e). Que
l'on mesure leur PIB en dollars courants
ou à parité de pouvoir d'achat, la
Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie et
les autres vont poursuivre leur
ascension dans les années à venir.» (5)
Pourquoi l'acharnement sur le
nouveau "tsar de toutes les Russies"?
Les contentieux sont nombreux, notamment
celui d'héberger Edward Snowden. Laïd
Seraghni tente une autre explication qui
va dans le même sens: «Les événements
qui se déroulent actuellement en Syrie
ne sont en aucun cas liés à la question
de démocratisation de la société ni pour
plus de liberté pour les Syriens. Il
s'agit d'un ordre mondial que cherchent
à imposer les États-Unis avec leurs
vassaux occidentaux prédateurs, à un
autre monde qui, à leur tête la Russie,
réclame plus de participation dans la
gestion des affaires internationales
desquelles ils ont été exclus depuis des
décennies. Le point de départ pour la
nouvelle configuration géopolitique du
monde passe aujourd'hui par Damas.
L'avenir de la Russie s'y joue
actuellement. Poutine sur la ligne de
Catherine II qui considérait que «Damas
détient la clé de la maison Russie»
comprend bien que «Damas est la clé
d'une nouvelle ère». Depuis le début des
contestations en Syrie, la Russie,
appuyée notamment par la Chine et
l'Iran, a décidé de faire échouer toutes
les tentatives d'un changement de régime
car elle était persuadée que si le plan
des Occidentaux réussissait, elle serait
confinée dans un rôle de second plan et
serait menacée dans son intégrité
territoriale. C'est pourquoi, dès le
début de la crise, la Russie s'était
montrée très ferme et s'est opposée à
toute intervention militaire, (...) A
chaque tentative visant la reproduction
du scénario libyen ou yéménite, elle
opposa un refus catégorique.(6)
Karl Muller nous explique aussi pourquoi
l'Occident s'en prend à la Russie
coupable de «ne pas rentrer dans le rang
après la chute de l'empire soviétique».
Coupable aussi d'avoir soutenu Assad,
coupable aussi d'être contre le bouclier
antimissile à sa porte.(..) On trouve la
preuve de toutes ces manoeuvres dans le
livre Le grand échiquier. L'Amérique et
le reste du monde, paru en 1997 et dont
l'auteur est Zbigniev Brzezinski,
conseiller personnel de divers
présidents états-uniens.» Contrairement
à l'Occident, où l'on met l'accent sur
un modèle de politique utilitariste et
matérialiste, le gouvernement russe
semble s'appuyer sur une conception
orientée sur les fondements de l'église
chrétienne, c'est-à-dire en mettant
l'homme et le monde au centre de son
action. Où trouve-t-on encore cela en
Occident? Quel gouvernement occidental
se réclame encore de cette conception au
profit de la famille, de la religion et
de la nation pour le grand bien des
peuples et du progrès?» (7)(8)
A l'autre bout du curseur, cet aveu d'un
député australien. Pour lui: «L'ancien
président et actuel Premier ministre
russe Vladimir Poutine est le meilleur
leader russe depuis Pierre le Grand, a
estimé l'ex-député australien Ross
Cameron dans les pages du Sydney Morning
Herald. Autrefois agent secret en
Allemagne de l'Ouest, M.Poutine pouvait
constater les avantages incontestables
du libre marché, a rappelé M.Cameron, en
indiquant que l'Occident avait tort
d'insister sur le fait que M.Poutine
était issu du KGB (service de
renseignement de l'ancienne Union
soviétique). Sous Poutine, le pouvoir
des oligarques s'est affaibli, tandis
qu'augmentaient ses contrepoids, tels
que le Parlement, la suprématie de la
loi et la classe moyenne qui s'est
accrue de manière vertigineuse passant
de 8 à 55 millions de personnes», a
affirmé M.Cameron. Le député australien
a aussi appelé à ne pas soupçonner la
Russie d'ambitions impérialistes. Par
conséquent, conclut-il, les gens de
bonne volonté ne peuvent déplorer le
maintien de l'influence de Vladimir
Poutine en Russie et dans le monde.» (9)
On le voit que malgré toutes les
perturbations, la Russie avance, les
Jeux olympiques seront, à n'en point
douter, une réussite et l'Occident qui
pensait dicter encore longtemps ses
ordres n'a pas compris que la barycentre
du monde lui a définitivement échappé.
L'Occident a perdu son magistère moral
dont on s'aperçoit avec le temps que
c'était du vent. L'Occident en période
d'abondance se permet le luxe d'être bon
prince et de distribuer ça et là des
leçons de démocratie qui, curieusement,
s'appliquent de moins en moins chez lui
avec toutes méthodes que la morale
réprouve, de contrôler les foules, de
pister les ADN pour mater en définitive
les faibles. Le vrai combat est un
combat planétaire pour la dignité de
l'homme quelle que soit sa latitude et
les rares journaux objectifs sont
étouffés par une cacophonie des médias
Main-Stream plus soucieux d'avoir une
visibilité sociale qu'informer le
citoyen honnêtement comme l'avait promis
à titre d'exemple, un certain Hubert
Beuve-Méry fondateur du journal Le
Monde, il y a de cela soixante ans...
1.
http://www.lemonde.fr/jeux-olympiques/
article/2014/02/08/vladimir-poutine-ne-merite-pas-de-podium_4362813_1616891.html
2. Les Jeux Potemkine de Poutine Le
Monde | 08.02.2014
3.
http://www.lemonde.fr/jeux-olympiques/
article/2014/02/08/la-gazette-des-jeux-une-ceremonie-poutinienne-et-quelques-accros_4362630_
1616891.html
4.
http://french.ruvr.ru/2013_02_02/Il-y-a-70-ans-Von-Paulus-capitulait-a-Stalingrad/
5. http://www.challenges.fr/economie/
20120103.CHA8709/pib-la-france-derriere-la-chine-l-inde-la-russie-et-le-bresil.html
6.
http://www.legrandsoir.info/pour-catherine-ii-damas-detient-la-cle-de-la-maison-russie-et-pour-poutine-elle-est-la-cle-de-la-nouvelle-ere.html
7. Karl Müller Pourquoi ne cesse-t-on
pas de s'en prendre à la Russie? 23
décembre 2013
http://www.mondialisation.ca/lirak-glisse-vers-la-guerre
civile/5364331Mondialisation.ca
8. Chems Eddine Chitour
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur
_chitour/187989-la-force-tranquille-de-poutine.html16
Janvier 2014
9. Aleksey Druzhinin: Poutine meilleur
leader depuis Pierre le Grand RIA
Novosti.11/01/2010
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
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