Opinion
Massacre de masse ou génocide :
Une inutile demande de repentance
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Samedi 9 mai 2015
«Les tyrans ne
sont grands que parce que nous sommes à
genoux.»
Citation
attribuée à Etienne de la
Boetie
Une saturation,
c'est ainsi que l'on peut confier la
propension des médias et intellectuels à
témoigner rituellement autour du 8 mai
1945 et ceci en l'absence de réactions
de la part des pouvoirs publics mis à
part le disque rayé réchauffé chaque
année par l'unique et les mots de la
langue de bois de quelques politiques en
mal de légitimité pour être dans le
vent. J'ai pour ma part donné mon avis
il y a trois semaines dans une
contribution où je m'interrogeais sur
cette façon singulière de commémorer le
8 mai 1945 un mois avant en présence
d'un représentant de l'ancienne
puissance coloniale responsable de cette
tragédie, venu distiller quelques mots
qui ne veulent rien dire et qui sont de
mon point de vue une reculade par
rapport à ceux prononcés par
l'ambassadeur de France il y a dix ans à
Sétif.
Au moment où en
France on commémore le moindre évènement
et sans tomber dans la concurrence
victimaire on fait venir la planète
entière pour défiler contre la barbarie.
Cette même barbarie qui a été vue en mai
-juin 1945 déferler sans retenue en face
de miséreux qui prétendaient vouloir
être libres. Les organisateurs du PPA
avaient un avant-goût des méthodes du
pouvoir colonial quelques jours
auparavant à Alger où il y eut lors de
manifestations quelques morts. Ils
savaient à qui ils avaient affaire le
connaissant depuis plus de 115 ans.
Fallait-il lancer des Algériens sans
défense en face de la puissance de feu
du pouvoir colonial? Il n'empêche que ce
jour-là ce fut l’horreur et comme
affirmait Boumediene, «J'ai vieilli
prématurément. Ce jour-là, le monde a
basculé. Même les ancêtres ont bougé
sous terre. Et les enfants ont compris
qu'il faudrait se battre les armes à la
main pour devenir des hommes libres.»
L'invasion ou la fin
d'un monde
Le 14 juin 1830, le
général de Bourmont débarqua sur le sol
algérien à Sidi Fredj. Ce fut la fin
d'un monde. La conquête jamais achevée
sera âpre, rude et violente, longue de
plus d'un siècle, au cours duquel
émergeront le Bon, la Brute et le
Truand: des généraux partisans de
l'ethnocide, des théoriciens de la
colonisation, défenseurs de
l'expropriation des indigènes, et des
missionnaires qui n'avaient de cesse de
faire retrouver à l'Algérie son substrat
originel chrétien après avoir enlevé la
gangue musulmane. Au nom de la France et
au nom de la religion, imaginons une
armée qui s'installe par le droit du
plus fort, qui tue, viole, pille, ruine
de paisibles citoyens pour la rapine
mais aussi, et rapidement pour installer
des colons qui avaient tous, à des
degrés divers, une vie ratée derrière
eux. Des stocks d'or et de bijoux
constituant le trésor de La Casbah
furent pillés par des généraux sans être
inquiétés. L'imagination déchaînée et
bestiale des premières décennies de la
conquête sera «très riche». On payera
des spahis à 10 francs la paire
d'oreilles d'un indigène, preuve qu'ils
avaient bien combattu. On ne peut mieux
résumer cette période noire avec les
mots de Jaures citant Clemenceau le 27
mars 1908: «On a tué, massacré, violé,
pillé tout à l'aise dans un pays sans
défense, l'histoire de cette frénésie de
meurtres et de rapines ne sera jamais
connue, les Européens ayant trop de
motifs pour faire le silence (...). Rien
n'est plus contraire aux intérêts
français que cette politique de
barbarie.»
Les mois de mai
funestes de l'invasion coloniale: Mai
1845
Dans une
contribution précédente, j'avais
constaté que les mois de mai ont souvent
été funestes pour l'Algérie. Par un
hasard tragique, les mois de mai ont
constitué des haltes pour la barbarie.
Ce fut d'abord, les enfumades du Dahra
en mai-juin 1845. Les tribus de Oued
Riah dans le Dahra ont été enfumées à
l'époque de Bugeaud, Cavaignac et le
plus sinistre d'entre eux, Saint Arnaud,
dont Victor Hugo a pu dire qu'il avait
les états de service d'un chacal. «Si
ces gredins se retirent dans leurs
cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas!
Enfumez-les à outrance comme des
renards» s'exclame Bugeaud En 1845, un
siècle avant les massacres du 8 mai 1945
et son lot de plusieurs milliers de
victimes, le général Cavaignac avait
inauguré» l'ancêtre de la «chambre à
gaz» que le colonel Pellisier utilisera
pour mater l'insurrection des Ouled Riah
dans le Dahra. (1)
Le sommaire des
exécutions de mai 1945
Je ne reviens pas
sur les motifs: des Algériens ont été
sommairement exécutés, incinérés morts
ou vifs dans les fours de l'usine de
fabrication de chaux de Guelma. Des
condamnations arbitraires et une
répression, au summum de la tyrannie
d'une entité humaine qui n'avait commis
de tort que celui de manifester dans le
calme et la sérénité pour exprimer son
droit à un avenir meilleur articulé
autour de l'indépendance de sa patrie.
Un génocide contre l'humanité, perpétré
par l'État français sous les ordres du
général de Gaulle, qui s'est soldé par
la mort de plus de 45.000 Algériens. Des
témoignages émouvants démontrant la
cruauté d'un empire en décadence et le
rêve de quelques nostalgiques, comme le
général de Gaulle de préserver cet
empire chancelant. Des atrocités qui
sont loin d'être énumérées. La
gendarmerie française a crucifié un
Algérien pour juste simuler la
crucifixion du Christ, des militaires
éventrant des femmes en guise de pari
sur le sexe d'un foetus, telles sont les
séquences de l'une des plus sombres et
sinistres occupations qu'a connues
l'humanité» (2)
«L'utilisation des
moyens militaires d'une telle importance
et l'implication de l'armée dans ces
massacres, ne pouvait se faire sans
l'aval de la haute instance française de
l'époque. 30.000 soldats en Algérie,
dont 15.000 dans la région oranaise,
12.000 dans le Constantinois et 3000 au
Sud. Plus de 28 avions entre chasseurs
et bombardiers ont été utilisés dans la
répression des événements de mai 1945.
Des milices d'européens, des colons,
ainsi que la légion étrangère,
constituée d'une majorité de français,
des marocains, et des tirailleurs
sénégalais ont eu tous les mains sales.
Les autorités avaient mobilisé,
également, les prisonniers italiens pour
participer aux crimes. Sur le plan
logistique, la France, sans aucune
retenue, dira-t-il, avait donné le feu
vert à l'armée pour intervenir et faire
usage de l'armement lourd. Un arsenal
militaire très impressionnant: blindés,
avions, étaient à l'oeuvre. Rien que sur
la région de Guelma, dira-t-il,
l'aviation française a mobilisé 28
avions pour la bombarder, à raison de 20
raids aériens par jour. La marine a pour
sa part participé au carnage par le tir
de plus de 800 obus, gros calibre, de la
mer jusqu'à Kherrata.» (2)
La preuve que la
curée a duré jusqu'en septembre: «166
condamnations à mort ont été prononcées,
dont 33 exécutées contre les
manifestants, Jean-Louis Planche,
historien, très au fait des événements
du 8 mai 1945 auxquels il a consacré une
étude très recherchée, a parlé des
massacres effroyables qui ont duré
quatre mois. Il dira que «le 1er
septembre 1945, un camion s'est présenté
au cimetière civil de Constantine pour
décharger des cadavres encore frais dans
une fosse commune. Les massacres se sont
poursuivis bien après le mois de mai.»
(3)
Le général Duval le
«boucher du Constantinois» devant cette
barbarie, pouvait ) à juste titre,
promettre un sursis au pouvoir colonial:
«Je vous ai donné la paix pour 10 ans,
si la France ne fait rien, tout
recommencera en pire et probablement de
façon irrémédiable.». Il eut raison ;
moins de dix ans plus tard, six hommes
qui n’avaient pour toute arme que leur
conviction chevillée au corps, la
liberté, rien que la liberté, toute la
liberté, firent jaillir la Révolution du
premier novembre qui pendant huit ans et
demi marqua l’actualité internationale
par la justesse du combat et la
bestialité de la répression du pouvoir
colonial. Des thèses se soutenaient à
cette époque aux Etats Unis et l’aura de
la révolution , ne fut pas il faut bien
le dire, entretenue, elle ternit au gré
des différents pouvoirs
post-indépendance qui dilapidèrent ce
capital de sympathie mondial
Les massacres de mai
1956
J'ai lu dans une
contribution paru sur le journal
Liberté, un autre fait honteux du
pouvoir colonial cette fois-çi pendant
la guerre de Libération: «Ces faits
lit-on, ne sont pas tirés d'un film de
fiction, mais d'une réalité vécue durant
la guerre de Libération nationale. Des
survivants, à l'image de Nour,
témoignent et d'anciens appelés de
l'armée coloniale, à l'instar d'André,
confirment. Le 8 mai 1956, du côté
d'El-Milia, dans le Nord- Constantinois,
une section de l'ALN s'attaque à une
unité de l'armée coloniale sans faire de
victime. Le 11 mai, jour de l'Aïd es-Seghir,
l'armée coloniale procède à un ratissage
auquel prendra part le 4e BCP stationné
à El-Ancer. Une jeune fille d'Oudjehane
qui se dirigeait vers la source d'eau,
est harcelée par un militaire qui,
cherchant à abuser d'elle, s'est isolé
de ses collègues. Les cris de l'enfant
alertent le père qui se précipite pour
sauver sa fille des griffes de la bête.
S'ensuit une rixe entre lui et le
soldat. Les collègues de ce dernier
rappliquent et tirent à bout portant sur
le père. Ce dernier est mortellement
touché, mais une balle de la rafale
touche aussi le soldat. Les faits seront
maquillés par le capitaine commandant le
4e BCP en une attaque menée par les
villageois contre la patrouille. Ce
jour-là, tous les hommes du hameau d'Oudjehane
présents dans le douar, dont des
enfants, seront froidement exécutés. Le
bilan officiel est de 79 morts pour une
population de 300 personnes. Pour haut
fait d'armes, le capitaine commandant le
4e BCP est décoré de la croix de la
valeur militaire!» (4)
Les massacres de
masse des Algériens Un état des lieux?
Un jour?
Que faut il
conclure de ce rituel du 8 mai 1945, au
passage est vécu d'une façon festive (la
fin de la guerre) en France, et d'une
façon-malheureusement indifférente en
Algérie si ce n'est le minimum syndical
de l'Entv et des chaînes algériennes off
shore pyromanes qui présentent cela
comme un choc de civilisations. ? De mon
point de vue et dans l'attente
hypothétique d'une remise à plat de sa
responsabilité par la France, on a tort
de ramener épisodiquement la demande de
reconnaissance de ses crimes contre
l'humanité à l'ancienne puissance
coloniale uniquement pour l'épisode
parmi des centaines d'autres de mai
1945.
Pour évaluer même
approximativement le nombre de victimes
algériennes en 132 ans, citons pour
commencer l'étude magistrale Mohamed
Abassa qui fait d'une façon élégante
mais sans concession le procès du
magister dixit de l'Occident: «Epopées
odieuses dont s'est inspirée l'armée
coloniale française pour tenter
d'éteindre à jamais la race algérienne.
A l'arrivée, par la force, de la France
en Algérie, la population algérienne
était estimée entre sept et huit
millions d'habitants. En 1920, elle
était estimée par l'administration
coloniale à sept millions d'individus
alors que normalement elle aurait dû
être, atteindre statistiquement, sur la
base d'un taux de progression
démographique moyen, pendant un siècle,
les 11 millions d'habitants. Où sont
donc passés les quatre millions
d'Algériens manquants selon les
prévisions des calculs démographiques?
C'est tout simplement les effets
différés et cumulés de la politique de
100 ans d'exterminations,(...) Ce que
qualifieront Victor Hugo, Jules Ferry et
Alexis de Tocqueville de «marche de la
civilisation sur la sauvagerie». Ce à
quoi répliquera tranquillement l'Emir
Abdelkader: «Non, messieurs des
Misérables c'est votre sauvagerie qui
marche sur notre civilisation. Je
reconnais vos traces et vos passages à
mes bibliothèques et livres brûlés.» (5)
Si on suit le
raisonnement de Mohamed Abassa , nous
pouvons déduire ce que furent les
massacres de masse en Algérie en
ajoutant d’abord les dizaines de
milliers de morts algériens sur les th=eatres
de guerre pour la France à partir de
1837, Pour rappel et comme rapporté dans
l’Encyclopédie Wikipédia Les régiments
de tirailleurs algériens écrivirent pour
l'armée française parmi les pages les
plus glorieuses de son histoire6.
Ils participent à toutes les campagnes
du
Second Empire et de la
IIIe République :
guerres de Crimée(1854-1855), où ils
gagnèrent leur surnom de « turcos », et
d'Italie
(1859), campagne du
Sénégal (1860-1861) et de
Cochinchine (1858-1862),
guerre du Mexique (1862-1867),
guerre franco-prussienne de 1870-1871
en Lorraine, aux armées de la Loire et
de l'Est, campagnes de
Tunisie (1881-1883), du
Tonkin (1883-1886), de
Madagascar (1895),
campagne du Maroc de 1907 à 1912.
Ils s'illustrent ensuite durant la
Première Guerre mondiale, notamment
lors de la
bataille de Verdun en
1916, puis durant la
Seconde Guerre mondiale, en
Tunisie (1942-1943), en
Corse (1943), en
Italie (1943-1944), sur l'Île
d'Elbe (1944), en
Provence (1944), dans les
Vosges (1944), en
Alsace (1944-1945) et en
Indochine plus particulièrement à la
Bataille de Điện Biên Phủ en 1954.
En 1854 lors du
siège de Sébastopol (Guerre
de Crimée (1853-1856) ) sur 2 800
tirailleurs envoyés en Crimée plus de
900 sont tués ou blessés. Durant la
guerre de 1870-71, les trois régiments
de tirailleurs (environ 9 000 hommes)
sont envoyés en France où ils combattent
lors des
batailles de Wissembourg et
Frœschwiller-Wœrth. Les régiments
sont décimés et après Frœschwiller, le
2e Tirailleurs ne comptent plus que 450
hommes valides sur 3 000 . Après la
défaite de Sedan du 2 septembre 1870, un
régiment de tirailleurs combat dans l'Armée
de la Loire Leurs pertes sont
estimées à 5 000 tués
La Marche des Tirailleurs ou Chant
des Turcos relate l'exploit du 2e
Régiment de Tirailleurs Algériens à
Froeschwiller le 6 août 1870. Les
Tirailleurs chargèrent les canons
prussiens et furent anéanti à 90%. On
évalue à plusieurs dizaines de milliers
de morts les indigènes algériens morts
pour la France pendant les deux guerres
mondiales.
Si on y ajoute les
dizaines de milliers de mort du carnage
de mai 1945, le million de morts de la
Révolution de novembre 1954. C’est au
total au bas mot 5 millions d’Algériens
qui passèrent de vie à trépas pour des
causes diverses : l’acharnement bestial
de l’armée d’Afrique, les famines et la
maladie qui eurent leurs dîmes de plus
d’un million et de mi de morts, ensuite
les vies « offertes » pour la gloire et
l’honneur de la France et enfin la
répression du pouvoir colonial pendant
une durée de 132 ans d’une occupation
sans partage envers un peuple qui
n’aspirait qu’à vivre dans la dignité.
Un simple calcul – à titre indicatif
montre que pendant les 132 ans soit
13500 mois , c’est en moyenne 360 morts
par mois, 12 morts/jour ou encore un
mort de mort violente toutes les deux
heures pendant 132 ans.
C’est donc bien un
génocide dans la durée avec un
traumatisme toujours actuel cent trente
deux ans après, nous n’arrivons pas à
guérir de cette invasion d’un beau matin
de juillet 1830, nous n’arrivons pas à
faire notre deuil du fait de l’arrogance
à géométrie variable de la puissance qui
seule se croit autoriser à dicter la
norme, de ce que c’est qu’un massacre,
un génocide…
Notre irrespect pour
les héros durant l'histoire de l'Algérie
L’histoire de
l’Algérie est une suite de combats pour
la dignité et la liberté et ceci depuis
près de trois mille ans dès l’avènement
des Amazigh. Notre errance actuelle
vient de notre malvie identitaire. Après
l’indépendance, les différents pouvoirs
n’ont pas joué la sérénité du fait qu’un
pan entier de la dimension du peuple
algérien a été ignoré voire combattue.
De ce fait, les pouvoirs en place ,
continuant l’œuvre de déni du pouvoir
colonial , ont créé uen histoire qui se
limite globalement à l’avènement de
l’Islam au Maghreb, une amnésie de plus
de dix siècles , quelques allusions à
l’Emir Abdelkader pour focaliser
principalement l’histoire du vécu de ce
peuple sur uniquement la Révolution de
Novembre qui- aussi glorieuse fut elle-
n’est qu’un épisode de l’épopée du
peuple algérien qui a connu huit
envahisseurs et qui les a soit assimilé
soit bouté hors du pays
Comment veut-on,
alors, écrire une histoire si on fait
dans la sélection des faits en fonction
des circonstances? L'histoire n'est pas
une grande surface où on ne prend que ce
qui nous intéresse. Elle s'apparente à
une vente concomitante où nous devons
assumer le meilleur comme le pire. Nous
devons sans exclusif mettre à l'honneur
celles et ceux qui sont morts pour la
patrie. Notre histoire remonte à trois
mille ans Jugurtha était à sa façon un
moudjahid. Dans ce cadre et sous le
titre «Les martyrs oubliés» le
journaliste bien connu El Yazid Dib
parlant du deux poids deux mesures de
l'attribution de chahid écrit:
«L'article 10 de la Loi n° 99-07 du 5
avril 1999 relative au moudjahid et au
chahid n'octroie le statut de chahid
qu'au «moudjahid tombé au champ
d'honneur». L'article 5 de la même loi
définissant le moudjahid stipule «est
considérée comme moudjahid toute
personne qui a participé à la révolution
de la Libération nationale durant la
période allant du 1er novembre 1954 au
19 mars 1962». (...) L'Emir Abdelkader,
Lalla Fatma Ns'oumer, Cheikh Bouamama,
Cheikh El Mokrani, Cheikh El Haddad, les
enfumés du Dahra, les déportés, les
mutilés et les nombreuses victimes des
successives insurrections qui ont
émaillé la chronologie nationale et des
milliers d'autres, morts pourtant pour
l'Algérie ne sont pas juridiquement des
martyrs» (6)
«Dans chaque bourg,
poursuit-il dans chaque hameau, là où
l'injustice, le mépris et l'humiliation
sans face étaient pratiqués, des
Algériennes et Algériens avaient connu
au fil du temps les pires sévices, les
pires atrocités et les exécrables
exécutions sommaires. Il n'y avait pas
cependant le Front de libération
nationale.! La lutte ne s'était jamais
arrêtée. (...) Chez nous, l'oubli est à
l'affût d'une certaine mentalité.
L'amnésie. C'est pourquoi l'acte de
revivifier en permanence la mémoire, la
conserver n'est qu'une foi citoyenne et
nationaliste. (...) Toute nation démunie
de conscience historique reste
vulnérable aux altérations des
faussaires et des contrefacteurs de son
histoire.» (6)
Justice aux morts et
paix aux vivants
Le 8 mai1945 a été
pour la France, un jour de liberté de
gloire, compréhensible quand on sait ce
qu'ils ont subi pendant quatre ans. Ce
qui est contradiction avec son
comportement en Algérie en face d'un
peuple qui aspirait à la liberté et qui
longtemps a cru à la liberté, l'égalité,
la fraternité, le fameux triptyque que
nous ânonnions à l'école. Sans tomber
dans la concurrence victimaire, c'est
tout le bréviaire de la colonisation qui
est en accusation. Du fait que ces faits
sont imprescriptibles on se prend à
rêver d'un tribunal qui rendrait justice
aux morts et qui apporterait la paix aux
vivants. Un tribunal qui jugerait même à
titre posthume les Bigeard, Les Saint
Arnaud les Achiary, les Bugeaud, tous
les Aussarresses qui ont martyrisé
l'Algérie. Combien de cadavres
devons-nous cumuler avant de pouvoir
accéder au label de génocide et
prétendre à un hypothétique repentance?
Nous faisons fausse
route, ce n'est pas l'Algérie actuelle
qui fera entendre raison à l'ancien
colonisateur. Faisons d'abord notre
aggiornamento et consolidons notre
propre histoire. C'est une erreur que de
restreindre l'histoire récente de
l'Algérie à celle d'une «famille
révolutionnaire» dont on peut à juste
titre s'interroger sur sa valeur
ajoutée. En effet, quand on constate des
fils de chahid ou de moudjahid ayant
atteint le troisième âge toujours
enfants qui font leur beurre des
glorieux chahids de la période de 1954 à
1962.
Si nous voulons
être respectés nous devons assumer notre
histoire, toute notre histoire et pas
seulement les histoires officielles de
part et d'autre. Pour cela comme dirait
Jacques Prévert il nous faut chercher la
vraie vérité... dans le combat tous les
jours. Si nous voulons être respectés
nous devons faire émerger à côté des
anciennes légitimités, d'autres
légitimités celle d'une jeunesse qui ne
tourne pas le dos à son passé et qui
n'en fait pas un fonds de commerce.
Seule la puissance scientifique et
technologique nous amènera le respect de
nos partenaires et il est illusoire
d'attendre des politiques actuels en
France, une quelconque reconnaissance
car ce qui est en jeu, ce n'est pas la
vérité des faits, c'est l'arrogance du
plus fort. Nous sommes avertis. La
citation de La Boetie, citée plus haut
est d'une brûlante actualité.
1.C.E. Chitour: Les jours de mai funeste
http://www.legrandsoir.info/ce-que-fut-la-colonisation-2-les-jours-de-mai-fun
2.Massacre du 8 mai 1945 Le Courrier
d'Algérie - 06.05.2010.
3. Massacre du 8 mai 1945: Le Courrier
d'Algérie - 09.05.09.
4.
http://www.algerie360.com/autres/redirect/Urlredirect=http://www.liberte-algerie.com/dossiers/massacre-de-tous-les-males-du-village-doudjehane-a-jijel-225271/display/true
5 Mohamed Abassa
http://www.algeriepatriotique.com/article/une-contribution-de-mohamed-abassa-des-bons-et-des-mauvais-genocides
15 Avril 2015
6.
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5213342
Article de
référence :
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_
chitour/215694-une-inutile-demande-de-repentance.html
Professeur Chems
Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
enp-edu.dz
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