Politique
Benoît Hamon, voiture-balai d’un PS
vermoulu
Bruno Guigue
Lundi 20 février 2017
Que certains aient appelé de leurs vœux
un compromis gribouillé sur un coin de
table entre Benoît Hamon et Jean-Luc
Mélenchon, rétrospectivement, donne des
sueurs froides ! Si « La France
insoumise » s'est donnée la peine de
bâtir un programme, on suppose que ce
n'est pas pour se livrer, en catimini, à
des marchandages pré-électoraux avec une
social-démocratie moribonde. Le péril
semble écarté, mais c'est le moment de
rappeler quelques évidences.
Il
faudrait l'admettre une fois pour toutes
: M. Hamon n'est qu'un margoulin chargé
de recycler la vieille garde d'un parti
vermoulu qui contamine tout ce qu'il
touche. Ni son programme de bric et de
broc, ni ses concessions aux caciques
solfériniens, ni le ralliement
alimentaire des girouettes écologistes
ne viendront démentir cette analyse.
Ceux qui ont combattu la Loi-Travail
sous les crachats combinés du « Figaro
», du FN, du MEDEF et de Manuel Valls,
par contre, en savent quelque chose.
Le
pouvoir socialiste a trahi ses
engagements, il a failli à sa mission et
berné le peuple. La démonstration est
plus que suffisante. Que M. Hamon se
présente aujourd’hui la bouche en cœur
n'y changera rien. Durant toutes ces
années, que l’on sache, il a été
ministre et député socialiste. Il vient
d'investir pour les législatives ceux
qui ont poignardé dans le dos les
travailleurs de ce pays et ruiné
l’indépendance nationale. Sa candidature
est une supercherie, une arnaque. C'est
la voiture-balai des rescapés d’un
quinquennat de trahison.
Depuis
2012, ce dirigeant socialiste a approuvé
la politique étrangère d'une présidence
qui a battu tous les records de
servilité atlantiste, d'arrogance
néo-coloniale et de veule soumission à
la politique sioniste. M. Hamon se
réjouit de notre allégeance à l'OTAN, il
répète comme un perroquet les poncifs
néo-cons sur la Syrie, il est un chaud
partisan de l'intégration européenne et
ne voit aucun inconvénient à la
politique dictée par l'ordolibéralisme
allemand puisqu’il se garde bien
d’indiquer comment y mettre fin.
Ses
propositions en témoignent. Alors que la
monnaie unique européenne est une usine
à chômage et qu'il est urgent d'en
sortir, M. Hamon veut la sauver. Comment
? En créant un parlement de l'euro. Avec
qui, et pour quoi faire ? Il paraît
qu'on en rit encore à Berlin. Il veut
instituer le revenu universel, mais
cette marotte électorale signifie en
réalité l'acceptation du chômage de
masse. C'est une idée néo-libérale
déguisée en lubie progressiste, dans
laquelle le secrétaire général de la
CGT, à juste titre, voit la « négation
du travail ».
Pour
exécuter les diktats de la Banque
centrale européenne et asservir le pays
aux multinationales, le PS a poursuivi
sous la présidence de François Hollande
une démolition en règle des acquis de la
Libération que la droite n’avait jamais
osé entreprendre. Redoublant de zèle,
les socialistes ont mené aussi loin que
possible la mise en cause des droits
collectifs, chaque régression permettant
de franchir un nouveau seuil symbolique.
M. Hamon a la bouche en cœur, mais il
est socialiste. Demain, s'il est élu, il
fera la même chose.
Pour
ceux qui ont la mémoire courte, il faut
rappeler que les droits des travailleurs
français ont été conquis de haute lutte.
Sans les occupations d’usines de l’été
36, les salariés ne partiraient jamais
en congés payés. Sans les combats
héroïques de la Résistance et de la
Libération, la Sécurité sociale et les
comités d’entreprise n’auraient jamais
vu le jour. Sans les grèves ouvrières de
juin 68, la revalorisation salariale
exigée par la croissance des Trente
Glorieuses serait restée un vœu pieux.
Le
parti socialiste, lors de ces combats
historiques, était aux abonnés absents.
Léon Blum a pris acte du rapport de
forces en mai-juin 1936, puis il a
saboté le Front populaire en trahissant
la République espagnole. La SFIO n’a
joué qu’un rôle secondaire à la
Libération, où le général de Gaulle
confia les postes-clé aux communistes,
qui ont créé la Sécurité sociale et
promu l’effort de reconstruction
économique. En 1968, le PS était
inexistant, et c'est la CGT de Georges
Séguy qui a négocié les accords de
Grenelle. Quant aux avancées de 1981, le
PS les a reniées, en même temps qu’une
souveraineté dont il est avec la droite
le principal fossoyeur.
L'expérience historique sert quand même
à quelque chose. Le rôle des
socialistes, c’est d’organiser une
alternance au pouvoir purement
cosmétique, dont le principal résultat
est d’empêcher une véritable alternative
à la tyrannie du capital. C’est de nous
distraire de l’essentiel pour garantir
la pérennité d’un système dont la caste
politicienne reçoit ses prébendes. C’est
de substituer à la véritable question,
celle de la répartition du produit
social et de l’exercice de la
souveraineté populaire qui en est la
condition, toute une série de
contre-feux et de querelles grotesques.
De la
théorie du genre à l’antisémitisme, du
mariage pour tous au voile islamique, de
la réforme de l’orthographe à la
gestation pour autrui, de la
dépénalisation du cannabis au revenu
universel, le PS adore les controverses
périphériques. Illusionniste par goût et
par profession, il a une dilection
particulière pour ces écrans de fumée
qu'on jette aux yeux des citoyens
médusés. M. Hamon va nous en servir, de
la poudre aux yeux, vous allez voir. La
voiture-balai de ce quinquennat
d'imposture, elle aussi, est « en marche
».
Publié avec l'aimable autorisation de
l'auteur
Le sommaire de Bruno Guigue
Le dossier élections 2017
Les dernières mises à jour
|