Palestine
Courage palestinien, lâcheté française
Bruno Guigue
Lundi 15 mai 2017
Pendant que l’opinion française se
distrait avec des péripéties
politiciennes, les Palestiniens, eux,
vivent au rythme de la lutte engagée par
un millier de prisonniers contre leurs
geôliers sionistes. Leur crime ? Avoir
osé résister à l’occupation militaire
étrangère. Pour avoir combattu
l’oppresseur, ils sont reclus dans des
prisons israéliennes où les privations,
les vexations et les exactions sont
quotidiennes. En grève de la faim depuis
le 17 avril, ces résistants ont donc
décidé de se battre, de ne pas baisser
les bras. Emprisonnés depuis des années,
ils dénoncent désormais, à la face du
monde, la scandaleuse injustice dont ils
sont victimes.
On dira peut-être
que ce combat engagé du fond des geôles
sionistes par une poignée
d’irréductibles est perdu d’avance, que
c’est le pot de terre contre le pot de
fer. Mais en menant cette lutte,
pourtant, ils manifestent leur
détermination, ils adressent au peuple
palestinien un message d’espoir, ils
l’invitent à suivre leur exemple. Dans
une lettre diffusée hier, Marwane
Barghouti incite ses compatriotes à la
désobéissance civile, il rappelle que le
droit au retour des réfugiés est
inaliénable et qu’aucune paix n’est
possible sans le démantèlement des
colonies érigées sur les territoires
conquis en 1967.
Chef de file du
mouvement des prisonniers, le dirigeant
du Fatah lance aussi un appel à la
solidarité internationale. Il demande
l’amplification du programme
Boycott-Désinvestissement-Sanctions, qui
fut initié et promu par un collectif
d’associations palestiniennes. C’est ce
même programme qui vaut à ses militants,
en France, des intimidations et des
interpellations en cascade, en
application d’une circulaire du
ministère de la Justice maintenue par
les deux présidences précédentes.
Pendant la campagne électorale, M.
Macron l’a également condamné, estimant
qu’il était inopportun d’exercer des
pressions sur Israël.
Un candidat investi
par “En Marche” pour les législatives
vient de faire les frais de la ligne
politique du nouveau président. “A quand
la séparation du Crif et de l’État ?”
demandait Christian Gerin. Dans un autre
tweet, il accusait Manuel Valls d’être
“viscéralement sioniste, raciste et
islamophobe”, et dans un troisième, il
proclamait : “une seule solution : BDS
!”. Traité d’antisémite, cet impudent a
été évincé à la demande expresse du
CRIF. L’accusation d’antisémitisme, la “reductio
ad hitlerum”, c’est l’argument-massue du
CRIF. On savait que cette officine
communautaire était vouée à la défense
d’un Etat-voyou. Désormais, on sait
qu’elle est aussi chargée de faire le
tri entre les bons et les mauvais
candidats aux élections.
Ainsi vont les
choses. Pendant que les uns se battent
pour leur dignité, les autres leur
tirent dans le dos. Les millions
d’électeurs qui ont voté pour le commis
de la finance ont aussi porté à l’Elysée
un ami de l’occupant sioniste. Ils ont
fourni à ce serviteur de l’Empire la
caution démocratique dont il avait
besoin. Les Palestiniens n’en seront pas
surpris. Il y a belle lurette qu’ils
n’attendent plus rien de la France. Il
est loin, le temps où un président
français en exercice pouvait dire :
“Dans les territoires qu’il a pris,
Israël a instauré une occupation qui
n’ira pas sans oppression, répression et
expulsions, et il se lèvera contre elle
une résistance qu’il qualifiera de
terrorisme” (Charles de Gaulle,
conférence de presse du 27 novembre
1967).
Publié avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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