Monde
Les bouffons de la “chasse aux conspis”
Bruno Guigue
© Bruno
Guigue
Mardi 8 novembre 2016
On
pensait que la priorité était de
recentrer l'école sur les apprentissages
fondamentaux, de délivrer un
enseignement de qualité afin de
promouvoir l'égalité des chances.
Mauvaise pioche ! La priorité, c'est de
pourfendre les "conspis". Une prose
interminable est déversée sur les
messageries des enseignants, depuis des
mois, pour les convaincre de cette
nouvelle urgence.
Pourquoi un tel acharnement ? La réponse
est fournie par un dossier publié le 3
novembre par le site
"mediaeducation.fr". Dans ce dossier
revêtu de l'imprimatur officiel, on
apprend que les "pouvoirs publics" se
sont émus, "après les attentats de
l'année 2015", de la prolifération des
"théories complotistes". Il paraît même
qu'on a diffusé sur la toile "des
scénarios peu soucieux des faits".
Bigre. On comprend mieux.
Dans
cette prose, on trouve surtout de
creuses généralités sur la nécessité de
"déconstruire les théories complotistes"
et de "prendre du recul à l'égard de la
complosphère". Puis, en guise
d'exemples, on trouve deux références
précises. D'abord, la fable des "Illuminati".
Et pratiquement à égalité, celle des
"reptiliens". Bref, des idioties
notoires, des sornettes pour ados "new
age" passablement décérébrés, mais pas
de quoi fouetter un chat. Au vu de ces
exemples, on se demande pourquoi le
gouvernement déploie autant d'énergie.
C'est
là que les choses deviennent
intéressantes. Bien sûr, la mention des
attentats de 2015 nous avait déjà mis la
puce à l'oreille. Mais en poursuivant la
lecture de ce dossier, on découvre le
pot aux roses. A côté des Illuminati et
des reptiliens, une troisième théorie
jugée "complotiste" est citée,
habilement, à la fin du texte. On y lit
ceci : " 66 % des sondés estiment
toujours que l’on nous a caché des
choses sur les attentats de New-York".
Horreur ! Les deux tiers des Américains
ne croient pas à la version officielle
du 9/11. Ils pensent que leurs
dirigeants ne leur disent pas la vérité.
Le scepticisme sur la responsabilité des
attentats, le voilà ramené, par les
bouffons de l'anticomplotisme, au niveau
de la croyance débile aux reptiliens.
L'esprit critique est aligné, par ces
imposteurs, sur une fable grotesque. Le
Congrès américain vient de voter une loi
autorisant les familles des victimes du
9/11 à poursuivre en justice l'Etat
saoudien. Il faut croire qu'il n'a pas
consulté les petits génies qui traquent
les "conspis" pendant que M. Valls livre
des armes aux sponsors du terrorisme.
Soyons
clairs. Le "conspirationnisme" n'existe
pas, c'est une farce, une supercherie
monumentale. C'est une ruse servant à
discréditer par amalgame le discours
critique sur les relations
internationales. C'est un moyen
d'intimidation qui vise à tétaniser
l'opinion en lui faisant croire qu'il y
a des idées qui sentent le soufre et
qu'il faut disqualifier avant tout
examen. Car ces idées dérangent, elles
échappent à l'emprise de l'oligarchie
dont les anticonspis sont les larbins.
L'anticomplotisme est le nouvel
instrument de la doxa impérialiste, et
le cache-sexe de la nullité
intellectuelle des nouveaux censeurs.
Bruno Guigue (08/11/2016)
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