Analyse
La
Ghouta et les idiots utiles du “regime
change”
Bruno Guigue
Lundi 5 mars 2018
Quel est le point
commun entre Macron, le NPA, Syria
Charity, Israël, Le Monde, les Frères
musulmans, le Parti socialiste, BHL,
Alain Juppé, Alexis Corbière, la droite,
la gauche, Noël Mamère, les écolo-bobos,
les atlantistes, les
droits-de-l’hommistes et les gauchistes
? On devine la réponse. Tout ce beau
monde aime le peuple syrien ! Il pleure
sur ses malheurs, il veut le sauver (“SaveGhouta”),
il condamne ses “tortionnaires” et ses
“bourreaux”, il proclame sa solidarité
sans faille, héroïquement, depuis les
salles de rédaction et les plateaux
télé.
Qui se réjouit des
malheurs répandus par cette guerre
absurde ? Personne. Qui a livré des
armes au conglomérat terroriste ? On le
sait. Qui est responsable de la
poursuite du massacre, alors que les
jeux sont faits ? On le sait aussi. Ce
sont les mêmes : USA, Arabie Saoudite,
France, Royaume-Uni. Mais en décrétant
qu’il y a des “bons” (les “rebelles
démocrates”) et des “méchants” (“Assad-le
bourreau” et ses alliés), les
consciences borgnes du monde occidental
peuvent pleurer à bon compte. Elles
peuvent s’acheter une virginité, se
draper dans un humanisme de pacotille.
Dopées à la moraline, elles accréditent
inlassablement, depuis sept ans, un
véritable conte de fées.
Cette
théâtralisation du conflit syrien,
depuis l’origine, est l’envers de son
instrumentalisation impérialiste. Elle
arrose de daube humanitaire le carnage
perpétré par la meute wahhabite made in
USA. Démasquée par Vanessa Beeley, la
gueule enfarinée des “Casques Blancs”
qui ripolinent leurs propres scènes de
crime est comme la métaphore de cette
imposture. Trousse de maquillage à la
main, se filmant eux-mêmes dans leurs
basses œuvres, ils s’acharnent à
produire les effets spéciaux qui
orchestrent la compassion sélective
indispensable au “regime change”.
Au fond, la guerre
des “gentils rebelles” chers à
l’Occident n’est qu’une sorte
d’Halloween. C’est un concours de
déguisements, un bal masqué pour
coupeurs de têtes qu’on habille en
secouristes pour les besoins de la
cause. Avatar de la “société du
spectacle”, la séquence est toujours la
même : l’image trafiquée provoque
l’indignation sélective qui justifie
l’ingérence étrangère. Après Alep, la
Ghouta est devenue le lieu emblématique
de cette supercherie, où les tours de
passe-passe de la propagande font
prendre des vessies pour des lanternes,
et des terroristes sanguinaires pour des
“rebelles modérés”.
Que l’on sache,
c’est l’armée syrienne qui installe des
couloirs d’évacuation pour la population
de la Ghouta prise au piège. Et ce sont
les “gentils rebelles” qui prennent pour
cibles les civils qui osent tenter de
fuir ce nid de scorpions. Mais peu
importe ! Les bonnes consciences
occidentales ne voient que les victimes
qui les intéressent. Comme jadis les
habitants d’Alep-Ouest, les citadins
damascènes bombardés par “l’Armée de
l’islam” sont le menu fretin d’une
victimologie sélective. Qu’ils meurent,
si c’est pour les beaux yeux de cette
“révolution” qui brandit l’étendard de
la “charia” avec la bénédiction laïque
du gouvernement français !
Comme disait
Laurent Fabius, après tout, nos amis du
Front Al-Nosra “font du bon boulot”.
Pour les hémiplégiques de la pleurniche,
de toutes façons, un mort n’est pas un
mort. Dans un cas, on le condamne à
l’insignifiance, dans l’autre on le voue
à l’hyperbole. D’un côté, les chiffres
invérifiables fournis par l’officine de
Coventry (OSDH), de l’autre, des
victimes “prorégime” qui passent sous
les écrans-radars. On n’accorde de
réalité à la souffrance que si les
suppliciés en valent la peine. Ils
n’existent, en fait, que s’ils
corroborent la narration servie en
boucle aux téléspectateurs occidentaux.
Nos humanistes à
géométrie variable prétendent aimer la
Syrie, mais ils veulent la voir dépecée,
en lambeaux. S’en doutent-ils seulement
? En triant les victimes, ils se font
les idiots utiles d’un “regime change”
qui a échoué. Cette compassion sur
commande devait servir la destruction de
l’Etat syrien, mais cette politique est
un fiasco. Comme Alep, Palmyre ou Deir
Ezzor, la Ghouta sera bientôt libérée
par une armée de conscrits, l’armée
arabe syrienne. Ils voulaient parler à
la place du peuple syrien. En battant
les terroristes qui infestent le verger
oriental de Damas, le peuple syrien leur
répond qu’il est assez grand pour
décider de son avenir.
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