Syrie. Voyage au cœur du pays de Bachar
(7) : à Damas la vie continue…
Rédaction de Breizh-info
Mardi 20 avril 2016
Depuis 5 ans le
conflit syrien est au cœur de
l’actualité. Pour en parler, la plupart
des médias se contentent de reprendre
les dépêches de l’Agence France presse,
qui s’appuient sur les communiqués de
l’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH), une officine très
controversée.
Alors pour
tenter de comprendre la réalité, trois
membres de la rédaction de Breizh-info
ont séjourné en Syrie, où ils se sont
rendus avec le concours de l’association
de solidarité France – Syrie (contact
: syrianafrance@gmail.com). Ce voyage
d’une semaine s’est entièrement déroulé
dans la partie du pays sous contrôle du
gouvernement légal. De Damas à
Lattaquié, notre équipe est allée à la
rencontre de la population :
combattants, victimes de guerre,
déplacés, chrétiens, musulmans,
religieux, mères de famille,
enfants, universitaires, industriels,
artisans, commerçants, agriculteurs…
Sans préjugés ni tabous, récit d’un
voyage dans un pays en guerre.
La rédaction
A Damas la vie
continue…
Le soleil brille
sur Damas quand nous entamons une
promenade dans le quartier chrétien de
la vieille ville où se trouve notre
hôtel. Appelé Mahallat al-Nasârâ, on y
trouve les principaux lieux de culte de
toutes les confessions. Il
comporte aussi de multiples petits
magasins pittoresques dans les rues Bab
Touma et Bab Sharqui.
Nous nous
retrouvons dans la maison du
restaurateur chez qui nous avions diné
le premier soir du voyage. Il tenait à
nous montrer sa maison qui a subit
de graves dégâts au cœur d’un quartier
particulièrement visé par les tirs de
mortier des islamistes. Il nous présente
une icône qui a pu être retirée intacte
des décombres. Un « miracle » à ses
yeux.
Après avoir quitté
nos hôtes et visité la cathédrale
melkite Al Zeitoun nous rejoignons la
porte de Barb Shaqui pour prendre
des taxis afin rejoindre dans le centre
de Damas une exposition textile des
manufacturiers d’Alep. En cette fin de
matinée, le centre de la ville est très
embouteillé. On ne se croirait pas dans
la capitale d’un pays en guerre !
L’exposition
se tient dans un grand hôtel, au sein
d’un quartier d’affaires d’aspect
moderne et occidental qui ne contraste
pas cependant avec les vestiges du
passé.
Accueillis par la
Chambre de commerce de Damas, plusieurs
dizaines d’entreprises rapatriées d’Alep
suite à l’occupation et à la destruction
d’une grande partie de la ville y
présentent leurs productions textiles
dans le domaine de l’habillement. Ces
entreprises comptaient des centaines de
salariés. Ecrasées par les
bombardements des islamistes, leurs
machines ont été volées pour être
revendues aux Turcs. Elles se sont
réimplantées dans la banlieue de Damas
avec les « moyens du bord », creusant
des puits pour s’approvisionner en eau,
construisant des éoliennes pour
l’électricité. Superbe exemple du
courage de ces entrepreneurs syriens et
de leurs employés. Les productions
présentées n’ont rien à envier par leur
qualité et leur modernité à la
confection vendue en Europe. Les
vêtements d’enfants sont
particulièrement remarquables.
Après cette visite,
nous entamons une longue promenade à
pied qui nous mènera jusqu’au Musée
national. Construit en 1936 sous le
Protectorat français, celui-ci abritait
de riches collections archéologiques qui
ont été mises en lieu sûr du fait des
bombardements. Nous devrons donc nous
contenter d’une flânerie dans les
jardins où sont exposés de nombreux
vestiges de l’antiquité romaine.
Au détour des
allées, nous croisons un groupe de
femmes soldats portant un petit voile.
Souriantes, elles se laissent volontiers
photographier.
Très proche du
musée, nous admirons la mosquée turque
La Takiya construite vers le milieu du
XVIème siècle par le sultan Soliman le
Magnifique. Autour de la mosquée on peut
voir de nombreuses boutiques et ateliers
d’artisans dont certains tissent encore
les célèbres étoffes damasquinées devant
nos yeux. A l’entrée d’un centre d’art
palestinien, la peinture d’une fillette
attire l’attention (photo). Dans son
regard, toute la détresse d’un
interminable conflit.
Avant d’arriver aux
souks nous passons par la gare du
Hedjaz, ancienne gare ferroviaire de
Damas devenue monument historique, le
grand hall est particulièrement
remarquable.
Nous pénétrons
ensuite dans le Souk al Hamidiyé
qui est un marché couvert mélangeant les
traditions orientales et l’industrie
moderne grâce à son toit métallique en
forme d’arche. Séparés par des colonnes
doriques issues de la Damas antique, les
échoppes vendent des vêtements pour
femmes, de la marqueterie, de la
maroquinerie et des gadgets pour
touristes.
Parallèlement au
souk principal se trouve le souk al
Goumrouk qui rassemble, dans un dédale
de galerie, les robes de soirées,
maquillages et sous-vêtements féminins
les plus extravagants. Les épices et
fruits secs se trouvent en peu plus
loin, dans le souk al Bzouriya, en
direction de la mosquée des Omeyyades.
Nous ne ressentons aucun sentiment
d’insécurité dans l’immense foule qui se
presse dans les allées. Pas question
bien sûr de ne pas faire une halte dans
l’établissement du célèbre glacier
Bakdache pour goûter ses fameuses crèmes
glacées artisanales.
Nous quittons les
souks en franchissant un mur qui
contient le fronton du temple de Zeus,
il débouche sur l’esplanade faisant face
à la grande mosquée.
Damas,
fronton du temple de Zeus
L’édifice le plus
célèbre de Damas fut construit par
le calife omeyyade Al Walid entre 705 et
715 sur un temple romain dédié à Jupiter
transformé en église au IVème siècle. La
mosquée occupe l’immense aire délimitée
dans l’antiquité par l’enceinte sacrée
du temple païen. L’espace de la cour est
monumental. Après nous être déchaussés
nous visitons l’immense salle de prières
(136m de long) partagée en 3 nefs par 2
rangées de colonnes corinthiennes. On y
trouve un édifice surmonté d’une coupole
qui contiendrait la tête de Saint Jean
Baptiste qui est aussi vénéré comme
prophète par les musulmans. Hommes et
femmes peuvent prier ensemble dans la
mosquée.
Après un dernier
repas, nous reprenons la route pour
l’aéroport de Beyrouth. Quelques heures
de vol plus tard, nous retrouvons la
France… Un autre monde.
Crédit
photos : Breizh-info.com ( mention
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