Syrie
Le point syrien de basculement
de la géo-politique mondiale
Bernard Hugo
Mardi 7 février 2017
Pourquoi me suis-je intéressé à la
guerre en Syrie ?
Bien qu’étant naturellement
méfiant à l’égard des points de vue
officiels et du tri opéré par la
désinformation médiatique, j’avais gobé
comme la plupart des gens tout ce qu’on
nous avait asséné sur les printemps
arabes, présentés comme l’émergence de
nouvelles révolutions démocratiques.
Comme beaucoup, je connaissais
l’intoxication blairo-américaine sur les
armes de destruction massives détenues
par le régime irakien, qui avait fourni
le prétexte à la chute de Saddam Hussein
en 2003. Cela souligne à mon avis la
sophistication avec laquelle ont été
mises au point les désinformations
diffusées mondialement et massivement à
propos des exactions supposées du règime
syrien et l’insidieuse campagne de
diabolisation concernant Bachar el-Assad,
jeune chef d’Etat, reçu et salué en
France jusqu’en 2009 et brusquement
passé à la trappe ubuesque. Peu informé
sur la réalité de la société syrienne,
je gardais la vague image des forces de
sécurité du régime du parti Baas et de
Hafez el-Assad, impitoyable avec ses
opposants politiques et pratiquant au
besoin des attentats terroristes au
Liban ou ailleurs. J’écoutais
distraitement les informations
radiophoniques faisant état de
manifestations monstres contre le régime
qui se terminaient par des bains de
sang, les forces armées du gouvernement
de Bachar el-Assad tirant sur la foule.
(On sait aujourd’hui, documents à
l’appui, que ces manifestions monstres
qui réunissaient des millions de gens
soutenaient en réalité le gouvernement.)
Puis la propagande occidentale inversa
les utilisateurs des armes
chimiques en accusant sans preuves « Bachar
le chimique », d’exterminer ceux qui
le soutenaientt massivement. Barak Obama
avait clairement annoncé la ligne rouge
de l’utilisation des armes chimiques que
le régime ne devrait pas franchir sous
peine d’une intervention militaire
occidentale. Cette intervention fut
décommandée par Obama, la veille de sa
mise à exécution. Manifestement cela
révélait un problème. Nous sommes à
l’été 2013 . Sur ces entrefaîtes je
tombe sur une information faisant état
de la décapitation d’une centaine de
villageois yézédis puis de chrétiens
syriens par un groupe de fanatiques
islamistes désignés comme l’Etat
Islamique en Irak et au Levant. Je suis
profondément troublé car ce sont aussi
des opposants au régime syrien aux côtés
d’Al Qaïda de sinistre mémoire. Je
décide donc de m’intéresser de près aux
informations en provenance du
Moyen-Orient et de me plonger dans
l’histoire contemporaine de la Syrie. Je
découvre alors le documentaire d’Arte « A
visage découvert »
dressant un portrait plutôt flatteur de
Bachar el-Assad, des journalistes
Bernard Vaillot et Christian Malard,
diffusé en en 2009 et jamais rediffusé
depuis, mais accessible à partir des
chaînes d’information russes. Auditeur
régulier de France-Culture , j’ai
progressivement réalisé l’ampleur de la
censure et du mensonge sur la réalité
syrienne. Derrière les voix douceureuses
des speakrines et les propos enjoués des
commentateurs, on n’entendait qu’un seul
son de cloche celui de l’ Observatoire
Syrien des Droits de l’Homme, c’est à
dire celui des Frères salafistes et de
son meilleur soutien, le gouvernement
français de François Hollande, valet
financier du Royaume saoudien et ami des
dirigeants israéliens. Pour avoir
séjourné un mois en Egypte en 1985,
j’avais été touché par l’accueil et les
marques de sympathie que les jeunes
egyptiens manifestaient à l’égard d’un
jeune français, ce qui n’était pas le
cas pour les ressortisants anglo-saxons
et américains. Ayant eu l’occasion de
rencontrer des français qui sont allés
en Syrie et qui disaient leur sympathie
pour ce peuple syrien attachant, ayant
lui-même des liens culturels très forts
avec la France, de nombreux syriens
parlant la langue française, je me suis
souvenu de mon expérience egyptienne et
de cette tentavitive d’union de ces deux
peuples qu’avait été la République Arabe
Unie entre 1958 et 1961, et dont le
drapeau syrien à deux étoiles garde le
souvenir.
La guerre contre la
république arabe syrienne.
La souveraineté d’un peuple uni autour
de son histoire, de ses liens humains et
sociaux, de son territoire et de
sa culture, est invincible. Voilà ce
qu’aura démontré une fois de plus
la détermination du peuple syrien
confronté à une guerre d’agression
étrangère. La libération d’Alep par
l’armée syrienne et ses alliés aura mis
en échec les plans de renversement du
gouvernement légitime et de destruction
de la Syrie laïque par les puissances
occidentales et leurs commensaux
salafistes et wahhabites La libération
d’Alep c’est d’abord la victoire de la
volonté libre du peuple syrien, de son
armée et de ses dirigeants. Ses alliés
de la Russie, de l’Iran et du
Hezbollah libanais auront été des forces
d’appui, mais sans la volonté des
syriens eux-mêmes, rien n’aurait été
possible, ainsi que l’a fait remarquer
Hassan Nasrallah. La guerre est toujours
meurtrière et des massacres sont commis
de part et d’autres. Mais il est
un peu facile de renvoyer les
adversaires dos à dos en évitant
d’admettre qui est l’agresseur et qui
est l’agressé, en renversant les rôles
et les responsabilités comme le dit
Bassam Tahhan. La Syrie est un Etat
souverain, membre du Conseil de Sécurité
des Nations Unies et elle n’a mené
aucune guerre d’agression extérieure. La
Syrie a donné la nationalité syrienne à
de nombreux réfugiés palestiniens. Elle
a accueilli sur son sol des centaines de
milliers de réfugiés irakiens fuyant les
atrocités de la guerre depuis 2003. Un
territoire syrien, le plateau du Golan
est occupé par l’armée israélienne qui
occasionnellement effectue des raids
aériens et des tirs de missiles sur les
villes syriennes. Les puissances
occidentales ont profité d’une
contestation pacifique commencée en mars
2011 des réformes libérales mises en
œuvre par le gouvernement Assad, suivies
de violences internes allumés par
des forces hostiles à la laïcité, qui
depuis les origines de la République
syrienne ont harcelé un régime, qui
malgré ses erreurs, les abus des forces
de sécurité omniprésentes, offrait les
conditions d’une vie décente à la
population, respectait les droits des
femmes et des minorités culturelles
ethniques et religieuses qui vivaient en
bonne harmonie. Aucune puissance
étrangère ne peut s’ingérer dans
la vie intérieure d’une nation
souveraine, sauf si elle le réclame,
quels que soient les inégalités ou
les abus de pouvoir. C’est au peuple de
débattre et de régler ses conflits
internes dans le cadre national. Ce sont
les principes internationaux du droit
des nations à disposer d’elles-mêmes,
que les américains et les occidentaux
ont bafoué avec les guerres dites
humanitaires en Yougoslavie préconisées
par Bill Clinton et la clique atlantiste
des donneurs de leçon de morale, puis en
Afghanistan, en Irak, en Libye… pour
couvrir leurs forfaits
impériaux-capitalistes. L’embargo
américain et européen notamment sur les
médicaments et les produits alimentaires
à l’encontre du peuple syrien a porté
gravement atteinte à la population et
provoqué d’énormes migrations dans le
but cynique de provoquer le chaos et la
chute de la République arabe syrienne.
La France a rompu ses relations
diplomatiques avec la Syrie, dès
novembre 2011, initiée par Alain Juppé,
et confirmée par François Hollande le
lendemain de son élection, détruisant
ainsi les liens historiques et culturels
privilégiés que le peuple syrien et le
peuple français entrenaient. Les
intérêts stratégiques et les circuits
gazo-pétroliers se sont conjugués
pour déstabiliser le pays et diviser la
Syrie conformément au plan que les
Occidentaux avaient déjà mis en œuvre en
Irak. La prise d’Alep dès juillet
2012 et des principales villes syriennes
par les groupes takfiris mercenaires
soudoyés par leurs sponsors a
définitivement échoué.
En quelques années un jeune chef
d’Etat d’une république laïque, néophyte
en politique et qui a entrepris de
moderniser son pays par des réformes
libérales fut transformé en monstre
sanguinaire qui massacre son propre
peuple, par la propagande médiatique
occidentale qui n’a rien à envier aux
procédés totalitaires. Le rouleau
compresseur de la désinformation, qui a
fait disparaître la contradiction,
s’impose partout comme la vérité,
panneau dans lequel les opinions naïves
les mieux intentionnées ont finit
par tomber, tellement sont inaudibles
les voix discordantes aussitôt
stigmatisées de complotistes. Un
Etat souverain, la Syrie se défend
contre une machination ourdie par
l’alliance des théocraties obsurantistes
désireuses de renverser un Etat laïc et
des intérêts géo-stratégiques gazo-pétroliers
des puissances occidentales visant à
renverser son gouvernement et à détruire
son intégrité. Selon un procédé bien
connu, les médias focalisent l’opinion
publique sur une cible, un chef d’Etat
diabolisé, avec l’objectif d’abattre le
régime récalcitrant et de disloquer
l’Etat. L’attaque chimique au gaz sarin
du 21 août 2013 contre la Ghouta dont
fut accusé Assad sans preuves et qui
devait justifier une intervention
massive franco-anglo-américaine et
l’assassinat de Bachar el-Assad, fut
décommandée la veille de son exécution
par Obama, suite à la décision du
parlement britannique, informé par le
MI6, de suspendre la participation
militaire anglaise. Précédemment le 6
mai 2013, le Washington Times avait
titré : « Les
rebelles syriens ont utilisé le gaz
sarin et non le régime d’Assad selon un
officiel de l’ONU. »
La nouveauté c’est la guerre
d’ingérence par procuration : la
coalition occidentale utilise des
groupes criminels en leur fournissant
des armes de guerre considérables et qui
leur servent de légion étrangère là-bas
et d’instrument de terreur ici. Plus de
cent mille jihadistes étrangers sont
partis faire la guerre en Syrie. Voilà
la réalité qu’il fallait convertir
en guerre civile.entre syriens. La
guerre fait toujours de nombreuses
victimes innocentes, mais les
propagandistes occidentaux inversent les
rôles et les responsabilités. Il faut
bien admettre que ce sont les dirigeants
russes, héritiers libéraux du
stalinisme, qui par leur intervention
militaire en Syrie, à la demande de
l’Etat légitime –- et leur action
diplomatique en faveur d’un respect du
droit international - ont permis de
faire reculer les massacres aveugles,
ont facilité le rétablissement de la
vérité des faits, le début d’une
réconciliation entre combattants syriens
et l’amorce d’une paix possible.
En quatre ans, la bataille d’Alep aurait
fait 35 000 morts, dont 12700 civils à
Alep Ouest. Plus d’un million
d’habitants ont quitté la ville, dont
500 000 lorsque Al Nostra et les
« rebelles modérés » se sont emparés
d’Alep-Est entre juillet 2012 et janvier
2013. Une centaine d’organisations
jihadistes armées étrangères se sont
introduites en Syrie depuis la Turquie,
la Jordanie, le Liban et l’Irak,
estimées à 100 000 combattants, les
défections de l’armée syrienne et des
syriens rejoignant la rebellion
représentent environ 50 000 hommes.
L’armée syrienne gouvernementale a perdu
entre 80 et 90 000 soldats tués. La
Russie n’est intervenue qu’en septembre
2015, à la demande du gouvernement
syrien. A la fin décembre 2016, le
commandement russe dit avoir éliminé
35 000. combattants et 200 chefs de
guerre jihadistes. Ces six années de
guerre d’ingérence pour renverser le
régime et reconfigurer le Moyen-Orient
s’ajoutant aux tragédies de la guerre en
Irak auront été les plus les plus
meurtrières depuis la guerre du Vienam.
(plus d’un million de morts en Irak, 300
000 morts en Syrie, des millions de
blessés graves) et auront provoqué le
désastre humanitaire, les
destructions de villes et les
déplacements de populations les plus
importants depuis la seconde guerre
mondiale.
Le renversement d’Assad
n’aura pas lieu pour la simple raison
que le peuple syrien soutient
massivement son président, dans la
mesure même où il a été diabolisé hors
de proportion avec les fautes réelles du
régime baasiste. Il n’aura pas lieu
parce qu’Alep a été libérée et que les
USA sont pour l’instant hors jeu.
Là où les américains avaient réussi à
briser l’Irak, ils ont échoué à
implanter le chaos en Syrie. Leur
soutien contradictoire à Daech et aux
kurdes a déstabilisé la position turque.
Leur ancien vassal, la Turquie d’Erdogan,
qui servait de base arrière aux
jihadistes et avait pour objectif de
renverser Assad afin de s’emparer des
régions frontalières du nord de la Syrie
a été prise au piège de ses propres
tensions à l’intérieur du pays et
de ses volte-faces à l’extérieur. La
Russie a contraint le frère musulman
Erdogan fragilisé, à changer d’alliance
et à mettre en sourdine son appui
aux terroristes, l’obligeant à rejoindre
l’axe Syrie-Iran-Russie, en lui offrant
(la question kurde oblige) un siège de
négociateur de premier rang à Astana.
Dans le même temps la Russie a
neutralisé le Qatar, autre point d’appui
des frères musulmans en signant un
accord militaire et surtout en vendant
aux qataris 19,5 % des actions du plus
gros contorsium gazo-pétrolier russe
Rosneft.
Pour la
première fois dans l’histoire
contemporaine les Etats-Unis et le camp
occidental sont mis hors jeu des
négociations internationales. Les
occidentaux en sont arrivés à croire en
leur propre progagande, en substituant à
une analyse rationnelle de la réalité
proche-orientale, un positionnement
moral où Assad et Poutine sont les
méchants, le camp du mal et Obama,
le prix nobel de la paix, Hollande et
les occidentaux le camp du bien. L’abcès
de fixation dans la souffrance et le
mépris de la question palestinienne par
la politique anglo- américaine et
l’impunité des massacres israéliens de
milliers de palestiniens civils à gaza
en 2009 et 2014, la colonisation et le
vol de territoires palestiniens sont la
pire manifestation de cette hypocrisie
morale mais dont les répercutions sont
immenses dans l’ère arabo-musulmane.
Cette posture occidentale moralisante
les a conduit à sous-estimer leur
adversaire et à ne pas comprendre
l’ampleur du bouleversement
géo-stratégique en cours. La France,
littéralement achetée par le Qatar et
surtout par l’Arabie saoudite, se trouve
aujourd’hui déconsidérée aux yeux des
peuples du monde entier. Il est
stupéfiant de constater que les chantres
occidentaux des valeurs humanistes et
démocratiques en soient venus à se
positionner dans le camp de
l’obscurantisme le plus terrifiant,
tandis que la diabolisation de Poutine
et d’Assad, paradoxalement les
plaçait en réalité comme les défenseurs
des valeurs des Lumières. Après bientôt
six ans de guerre et de massacres
perpétrés par des terroristes venus du
monde entier à travers la nébuleuse
jihadiste, le renversement du
gouvernement légitime de la République
Arabe Syrienne a échoué. A la veille de
Noël, la population d’Alep a manifesté
sa joie de la paix retrouvée.
L’ex
ambassadeur britannique en Syrie entre
2003 et 2006, Peter Ford a déclaré à la
BBC :
« Ecoutez, ce soir, il y a un sapin
de Noël et des festivités au centre
d’Alep. Je pense que si Assad était
renversé et que l’opposition était au
pouvoir, vous ne verriez pas de sapin de
Noël à Alep. La diabolisation du régime
a pris des proportions grotesques.
Même pour la fin de ce conflit avec
les bus [d’évacuation] verts. Il n’y
avait pas de bus verts à Gaza. Il n’y
avait pas de bus verts lorsque l’OTAN
bombardait la Yougoslavie sans merci.
Cette campagne d’Alep est menée, dans
ses dernières étapes, avec une certaine
humanité. Ce n’est pas à la débâcle de
l’humanité qu’on assiste, contrairement
à ce que prétendent certains, mais à la
débâcle de la rationalité. Où se
trouvent les moindres preuves des
prétendues atrocités, de Guernica, des
massacres, du génocide, de l’Holocauste
? » (Arrêt sur Info)
Discrètement passé sous silence,
le pape François a fait parvenir le 13
décembre 2016 au président Bachar
el-Assad un message de sympathie pour le
peuple « bien aimé » de Syrie. De
nombreux témoignages des habitants
d’Alep, notamment de religieuses, d’évèques
et de chrétiens, mais aussi des
alaouites, des yézidis et de
non-croyants viennent bousculer la
bien-pensance atlantiste en Europe,
surtout à gauche, au parti
socialiste et à l’extrême-gauche qui
s’en tiennent aux appréciations
sommaires et aux mensonges rabâchés que
lui fournissent les idéologues patentés
de l’hystérie anti-Assad et
anti-Poutine. Avec un aveuglement rare,
la gauche française (à l’exception de
Mélenchon) et l’extrême-gauche se sont
placées du côté des salafistes et de
l’OTAN et ont cautionné l’emprise
du mensonge médiatique, en croyant
soutenir une nouvelle version de la
révolution démocratique arabe, en
réalité menée au nom de la guerre
sainte contre le dernier Etat laïc
arabe, instrumentalisée par les
occidentaux sous le label humanitaire.
En la matière il faut bien reconnaître
que ce sont des parlementaires situés
plutôt à droite Thierry Mariani, Nicolas
Dhuicq et Jean Lasalle qui sont allés en
Syrie et on été les plus honnêtes.
Autrefois, avant les années
Mitterrand, la gauche s’opposait aux
menées impériales des Etats-Unis,
notamment contre la guerre au Vietnam.
La gauche radicale avait créé ses
propres organes alternatif
d’information. Son septicisme critique
hérité du mouvement ouvrier
révolutionnaire, s’est renversé en
crédulité (intéressée) à l’égard de la
propagande officielle des gouvernements
et des grands organes d’information. La
désindustrialisation, l’hégémonie
culturelle des classes moyennes et la
prise de pouvoirs dans l’université,
l’éducation, les médias, l’édition… de
la génération 68 ont renversé la
référence centrale à la critique
radicale du capitalisme, à la
classe ouvrière et au monde du travail
salarié qui formait la colonne
vertébrale de la gauche. Les classes
populaires ont été abandonnées,
ridiculisées et disqualifiées comme
populistes au point qu’une partie s’est
jetée dans les bras de l’extrême droite,
en capacité de reprendre à son compte au
moins partiellement la critique des
élites et du pouvoir médiatique.
Gauche et extrême-gauche se sont
alignées sur les pouvoirs en place des
élites européennes et atlantistes. Les
références sont désormais, les droits de
l’homme, l’antiracisme, le féminisme et
la pseudo-théorie du genre, le
multiculturalisme…Le phénomène n’est pas
seulement français ; il a atteint tous
les pays riches : en Italie le PCI, le
parti communiste le plus puissant
d’Europe a disparu du paysage politique,
remplacé par un vague parti démocrate..
En Angleterre le travailliste Tony Blair
a donné son empreinte blairiste à la
guerre en Irak fondée sur un mensonge
d’Etat. En Espagne, en Allemagne, la
social-démocratie a fait le sale boulot
anti-social préparant le retour de
la droite aux affaires. Aux Etats-Unis
la doctrine Clinton des guerres
humanitaires s’est admirablement logée
dans le moule des néocons du « choc des
civilisations » et le fourbe Barak Obama
assisté d’Hillary Clinton ont alimenté
la guerre contre la Syrie et
accentué une infernale hostilité contre
la Russie. Depuis la dislocation de la
Yougoslavie et l ‘écroulement du bloc
soviétique, la guerre s’est
affublée de morale humanitaire, et
elle fonctionne, en référence au nazisme
et au stalinisme, sur un schéma de
diabolisation de l’ennemi que l’on
stigmatise devant l’opinion publique
pour mieux l’abattre. Après Saddam
Hussein, ce fut le tour de Kadhafi tout
en projetant depuis Londres la chute d’Assad.
Les gauchistes et les libertaires ont
donné toute la mesure de leur sottise et
de leur incapacité à penser la réalité
en soutenant les révolutions de couleur
fomentées par la CIA, en appuyant la
contre-révolution islamiste la plus
abjecte contre la république arabe
syrienne. La gauche, convertie en adepte
du capitalisme dérégulé et
globalisé, au mépris de tous les
principes du droit international qui
régit les rapports entre les nations,
s’est inscrite dans le nouveau moralisme
prétentieux et méprisant qui a déplacé
tous les curseurs idéologiques vers la
droite. A la fin c’est Trump qui gagne !
Comment l’opinion publique
peut-elle admettre que nous combattions
le terrorisme ici qui a frappé
aveuglément des centaines de nos
compatriotes, alors que nous l’armons
là-bas en Syrie, ou en Libye,
directement ou par Etats et
trafiquants interposés. Boris Cyrulnik
qui a rencontré à Marseille des jeunes
des quartiers et des familles dont les
enfants sont partis faire le jihad,
interrogé à la télévision après les
attentats de Paris, a déclaré : « On
met la haine dans des quartiers en
difficulté, on repère ces enfants en
détresse sociale et psychologique… c’est
des groupes politiques qui utilisent le
terrorisme comme arme… on peut
bouleverser une société avec peu
d’hommes à sacrifier… quand la haine est
semée, on repère les enfants les plus
faciles à fanatiser, on leur offre des
voyages, on leur offre des stages, on
leur apprend à manipuler des armes et
après on les envoie au sacrifice,
sacrifice des autres au prix de leur
propre existence.
C’est une organisation qui existe
depuis très longtemps… qui est financée
par les gens du pétrole, de la drogue,
qui ont des intentions sur le
Proche-Orient et sur l’Occident… Il faut
qu’ils aient des moyens financiers
considérables et des complices haut
placés… Ils déclenchent des processus
politiques mondiaux…»
Boris Cyrulnik a fait la comparaison
avec les nazis où en une dizaine
d’année, dans une société avec un haut
niveau de culture, 6% de la population
sont parvenus à entrainer 90% des
allemands dans le soutien au nazisme. « On
se soumet à une représentation dépourvue
de jugement, les slogans sont rentrés
dans la culture…avec la télévision et
Internet, c’est la pensée paresseuse de
toutes les théories totalitaires.
Ensuite le danger c’est la vengeance… »
Sans mandat de l’ONU et en piétinant le
droit international, les puissances
occidentales mènent depuis six ans,
contre un Etat souverain, qui défend son
territoire, ses infrastructures et son
tissu social, une guerre d’ingérence
sous-traitée aux sponsors directs du
terrorisme qui arment des légions
takfiris criminelles, venues en grande
partie de pays étrangers. Des
terroristes insaisissables frappent
aveuglément la population,
essentiellement de culture musulmane,
dans les gares, les lieux de culte et de
rassemblement, les marchés, les dancing,
les rues et les places populeuses
du monde. Ils n’ont jamais visé les
banques et les paradis fiscaux de la
finance mondialisée, ni les apparences
mégalomanes du luxe extrème qui recouvre
l’esclavage dans les marinas de Dubaï et
les palais des émirats.
Dès la naissance de la république arabe
syrienne, les Frères musulmans ont
cherché à déstabiliser et à renverser le
régime laïc de cohabitation et de
respect des minorités ethniques et
confessionnelles. La confrérie,
active dans tous les pays
musulmans, exerce aussi sa duplicité
dans les milieux occidentaux perméables
au communautarisme et à la culpabilité
islamophobe, en contrepoint du chantage
à l’antisémitisme exercé par Israël.
La diplomatie religieuse et la puissance
financière des monarchies du Golfe, en
particulier du Royaume saoudien, jouent
un rôle majeur dans la propagation du
salafisme en Occident et dans le
développement du terrorisme
international, d’ Al Qaïda à Daech,
en passant par la nébuleuse jihadiste
des groupes armés qui mènent des
exactions en Syrie, en Irak, en Libye,
en Afrique sub-saharienne et jusqu’en
Europe. Mais il ne faudrait pas oublier
que ce sont les musulmans eux-mêmes qui
sont les premières victimes du
terrorisme. 98% des victimes des
attentats sont des musulmans et
90% des attentats se commettent dans
l’aire islamique. Tous les jours, le
Yemen, l’ Irak, la Syrie, le Liban,
l’Egypte, la Jordanie, l’Algérie, la
Turquie, le Bengladesh, l’Idonésie, le
Soudan, la Somalie, le Mali, et
l’ensemble des pays musulmans ont été ou
sont frappés par les attentats
meurtriers ou des exactions militaires.
Depuis la guerre contre la présence de
l’armée soviétique en Afghanistan, où
les USA et leurs alliés favorisèrent la
création d’une armée islamiste
internationale, stratégie réadaptée dans
de multiples conflits au Kosovo, en
Irak, en Libye et à l’occasion des
printemps arabes en Tunisie ou en
Egypte, l’instrumentalisation
politique de la religion
s’applique comme une constante
stratégique occidentale majeure, à
l’échelle du jeu des puissances
géo-politiques elles-mêmes.
Avec la libération d’Alep, les bouches
s’ouvrent en Syrie, mais aussi en
Occident. Le récit officiel occidental
de diabolisation du régime syrien, a
permis de masquer une entreprise de
dislocation de la souveraineté de la
Syrie, confiée à la soustraitance
takfiris, le jihad armé se chargeant de
propager l’horreur et la peur sur les
réseaux de diffusion du spectacle
mondial. Ainsi protégés par leurs hommes
de main, les sponsors et les
commanditaires du terrorisme
international peuvent continuer leurs
opérations véreuses en se drapant dans
la morale humanitaire et l’hypocrisie
outragée. La guerre contre la
Syrie a poursuivi la série des guerres
d’ingérence humanitaires menées
successivement en Yougoslavie, en
Afghanistan, en Irak et en Libye. La
panique a gagné les milieux diplomatique
occidentaux lorsque le repréentant de la
Syrie à l’ONU Al Jaafari a déclaré
le 19 décembre 2016, au Conseil de
sécurité des Nations Unies, que
l’armée syrienne avait capturé dans un
quartier d’Alep-est un certain nombre
d’officiers de l’OTAN, épaulant les
terroristes et qu’il a énoncé les noms
de 14 d’entre eux parmi lesquels 1
américain, 1 israélen, 1 turc, 1
jordanien, 1 marocain, 1 qatari, 8
saoudiens. Les officiers français et
britanniques arrêtés avaient refusé de
décliner leur identité. Toute la
construction mensongère diffusée sur les
grandes châînes de télévision, les micro
de France-Culure, au Monde, dans Le
Courrier International ou à Libération,
du scénario atlantiste de la guerre
humanitaire des combattants de
l’opposition modérée à la « dictature
sanguinaire de Bachar el-Assad qui
massacre son propre peuple »,
s’écroule comme un château de cartes.
La publication par Julian Assange des
courriels du clan Clinton, corrompu par
les milliards saoudiens, ont confirmé
que Daech, Al Qaïda, Al Nostra,
Ahrar al-Cham, l’armée de l’islam,
l’armée de la Conquête, les débris de
l’ASL, c'est-à-dire environ 150 000
combattants, sont financés et armés par
les gouvernements de l’Arabie
Saoudite, du Qatar ou de la Turquie. Ces
derniers ont acheté par centaine de
milliards de dollars des armes aux
industries militaires des États-Unis, de
la France, d’Israrël, ou du Royaume-Uni…
« Est-il indécent de
se battre pour nos emplois ? »
a déclaré Manuel Valls lors d’un
contrat passé en octobre 2015 de dix
milliards d’euros d’avions rafales
et d’armes lourdes avec « nos amis » des
Emirats et du Royaume saoudien qui leur
permet aujourd’hui d’exterminer les
yéménites avec la complicité discrète
des pays occidentalaux. L’Arabie
saoudite impliquée dans les attentats du
11 septembre 2001, dont l’administration
Bush a fait disparaître les pages
d’accusation de la commission d’enquête
parlementaire, reste le principal
donateurs à la Fondation Clinton. Lors
des élections présidentielles, nombre de
français n’oublieront pas les
proternations de Manuel Valls devant la
manne saoudienne, du président Hollande
vassal des Etats-Unis, d’Israël et du
Royaume saoudien, brandissant fièrement
le sabre terroriste des coupeurs de
têtes de Ryiad et remettant la
légion d’honneur à un prince saoudien.
Par ailleurs le gouvernement
Netanyahu, notre ami israélien,
massacreur du peuple palestinien,
entretient d’excellentes relations avec
la monarchie des Saoud.
Avant de disparaître de la lumière des
projecteurs en compagnie du faux-maire
d’Alep-est, créature des terroristes
d’Al Nostra reçue en grande pompe à
l’Elysée aux côtés des Casques Blancs,
l’ex-ministre Cécile Duflot
partie en direction
d’Alep libérée, dépitée de n’avoir pu
franchir la frontière turco-syrienne en
si mauvaise compagnie, a déversé son
Niagara de mensonge et de bêtise en
déclarant sur France Inter : « il y a
une volonté délibérée de tuer des civils
sans leur laisser aucune possibilité
d’en réchapper » au moment même où
s’appliquait l’amnistie promise par
Bachar el-Assad. Quels chefs
d’Etat, affrontant de tels ennemis,
auraient proposé l’amnistie aux
combattants qui déposeraient les armes ?
Quels donneurs de leçons de morale
hypocrites face à des accusateurs aussi
perfides auraient eu ces gestes
d’humanité des autorités syriennes et
russes, permettant à 36 000
combattants étrangers de sortir
d’Alep-est avec leurs armes légères et
d’être acheminés vers la zone d’Idlib
tenue par les « rebelles », et pour les
combattants syriens, la possibilité de
réintégrer la société syrienne, avec
l’objectif de porter secours à plus de
cent mille civils pris en otage par les
jihadistes. Mais non, Cécile Duflot
répand un flot supplémentaire de
mensonges pour masquer l’énormité de son
faux-pas en compagnie d’un représentant
des terroristes. Lorsqu’il a fallu
apporter soins, hébergement et
nourriture à la population d’Alep-est
enfin sortie du chantage terroriste, les
casques blancs et autres ONG
humanitaires occidentales avaient
disparu des radars. Ce sont toujours les
forces russes qui assurent l’aide
humanitaire aux civils tandis que les
puissances occidentales font le gros
dos. Cette victoire symbolique du
peuple syrien fait s’écrouler la
campagne de diabolisation contre Bachar
el-Assad et la construction du mensonge
médiatique le plus énorme de l’ère
moderne pour appuyer le bien fondé de
cette guerre d’ingérence menée par
procuration en utilisant le terrorisme
financé par les monarchies salafistes et
commandité par les puissances
occidentales.
La nouvelle donne
géo-stratégique mondiale
Durant les quatre
mois de la transition présidentielle
suivant l’élection de
Trump, il était évident qu’ Obama
n’allait pas rester inactif. La levée
des restrictions sur les livraisons
d’armes aux « groupes irréguliers »
décidée le 8 décembre 2016 par Obama en
est la preuve après son discours
belliqueux aux forces armées
américaines. Ces ultimes gesticulations
du prix Nobel de la Paix, visent à
masquer la défaite américaine en
redonnant des moyens militaires aux
islamistes afin de poursuivre la guerre
et d’entraver la libération de
l’ensemble du territoire syrien. Nul
doute que les occidentaux vont
s’employer à saboter les négociations
qui vont s’ouvrir à Astana. Les
pressions sur la Turquie et ses affidés
vont s’accentuer. Les occidentaux ont
utilisé systématiquement
les accords de cessez-le feu pour
permettre à leurs protégés terroristes
de refaire leurs forces. Depuis des
années, les takfiristes utilisent l’eau
comme une arme de guerre en détruisant
les stations de pompage de la ville
d’Alep ou en empoisonnant l’eau potable
qui alimente Damas. Mais ce sont les
bombardements syro-russe pour empêcher
ces crimes qui sont pointés du doigt.
Dépités par leur défaite stratégique en
Syrie et leur échec électoral face à
Trump les démocrates ressortent une
théorie du complot qu’ils avaient
eux-mêmes initié pendant la campagne
électorale. Leur sous-estimation des
capacités réelles de la Russie les
conduit à surestimer ses capacités de
nuisances. Il y a là comme une
contradiction logique qui les contraint
à surenchérir dans la manipulation.
Les accusations cyber-fantasmées
accusant la Russie du pouvoir exorbitant
de manipuler l’opinion américaine, alors
que la NSA espionne le monde entier ont
mené Obama à se ridiculiser lui-même. Le
plus surprenant c’est le bras de fer qui
divise et agite la politique américaine
entre les néocons s’appuyant sur le
Pentagone et les services de
renseignement et le
nouveau « mistigri » réaliste qui siège
à la Maison Blanche. En arrière plan se
déroule un jeu de bascule entre les
tenants militaristes de l’hostilité
idéologique envers la Russie et la
désignation d’un nouvelle menace
économique puissante : la Chine,
assortie d’un coup de semonce envers
l’Union Européenne en soutenant le
Brexit et d’un coup de pieds aux
partenaires européens de l’OTAN. Les
eurocrâtes réunis sur une hostilité
phobique envers les russes sont pris à
contre-pied par Trump dans leurs projets
otanesques de remilitarisation de
l’Europe face à la Russie mise à égalité
avec Daech. La Chine
en position de force, qui se veut
maintenant la
championne du libre-échange et de la
mondialisation libérale
a cependant pris une initiative
majeure à l’ONU en proposant
l’interdiction de toutes les armes
nucléaires.
Les réalités politiques sociales et
géo-stratégiques ont bien changé depuis
l’époque où le stalinisme et
le peuple russe victorieux du
nazisme, représentait
une puissance et un contre-pouvoir à
l’échelle mondiale.
Aujourd’hui, les puissances capitalistes
fabriquent des ennemis qu’elles
utilisent en instrumentalisant à la fois
la religion et le
crime organisé pour
répandre la peur, pour que les gens
s’écrasent et adoptent
le mode de vie qu’on leur impose
avec le gant de velours des
marchandises. Les luttes féroces de
captation des profits problématiques
créés par le divorce entre la production
de la richesse réelle et l’énormité
spéculative de la masse de liquidités en
circulation folle, qui sont autant
d’obstacles à l’investissement
valorisable, (baisse
tendancielle des taux de profit)
contraignent la masse
des pauvres et des gens ordinaires à
subir la réduction de la masse salariale
et à payer la dette
spéculative et les destructions de la
société du capital. Exacerbée par la
captation concentrée des richesses,
la montée des périls guerriers se
focalise autour d’un arc de crise
religieux où les rivalités de croyances
sectaires servent d’aiguillon, où le
recours possible aux armes nucléaires
tactiques se banalise dans un cadre de
guerre conventionnelle.
En s’acharnant à vouloir mettre
fin à la guerre en Syrie, la diplomatie
russe aura démontré son sang froid, son
ouverture et son sens du dialogue comme
l’a dit la colonel Caroline Galactéros.
Contrairement aux Etats-Unis et aux
Occidentaux, la diplomatie russe s’en
réfère et demande le retour aux
principes qui régissent le droit
international entre les nations. La
Chine et la Russie viennent de proposer
à l’ONU un désarmement nucléaire total
dans un silence occidental significatif.
Sans doute, la libération complète de la
Syrie n’est pas achevée. Mais d’ore et
déjà c’est le visage de la politique
mondialisée que le peule syrien et ses
alliés auront bouleversé, dans une
hécatombe de dirigeants passés à la
trappe, recensée avec ironie par René
Naba. Le point de basculement des
rapports de force internationaux aura eu
lieu en Syrie, accélérant la marche des
évènements politiques un peu partout
dans le monde. La démagogie réaliste de
Trump est inquiétante. Mais elle est le
reflet du réalisme de certains secteurs
capitalistes qui voient dans la Chine et
l’Union Européenne des concurrents
autrement redoutables que la Russie.
Les Etats-Unis redoutaient un axe
Paris-Berlin-Moscou. Mais c’est un monde
multipolaire et de nouvelles solidarités
d’intérêts eurasiatiques qui se
dessinent, notamment entre Moscou, Pékin
et les BRICS, vers lesquelles regardent
de nombreuses nations dominées qui se
souviennent aussi de la Tricontinentale.
Face à l’exacerbation profonde des
tensions sociales, désignées sous le
terme de « populisme », le recours
affolé de la cyberfabrique médiatique au
concept quasi « orwellien » de
« POST-VÉRITÉ » faisant suite à
l’utilisation pathologique du
complotisme, fait ressortir la dimension
chaotique et panique qu’a prise la crise
de la domination réelle du capital.
La pensée utilise des mots. Qui en
possède la maîtrise et l’usage
généralisés peut en redéfinir le sens !
George Orwell avait annoncé l’illusion
du monde renversé avec sa langue à
double face : « l’ignorance c’est la
force, la guerre c’est la paix, la
liberté c’est l’esclavage ». Les
manipulateurs du langage redoublent
d’ardeur en renversant les rôles.
L’examen de la véracité des faits, la
comparaison des sources et le principe
du doute méthodique sont escamotés. Les
voix discordantes sont discrédités et
marginalisées par l’amalgame que
recouvre l’emploi fourre-tout du concept
de conspirationnisme. Les médias
imputent par exemple l’utilisation des
armes chimiques à Saddam Hussein ou à
Bachar el-Assad. Les barils de chlore,
il suffit de répéter dans tous les
quotidiens et sur toutes les chaînes
plusieurs fois par jour que ce sont les
forces du régime qui les déversent sur
la population pour abuser des millions
de gens. La posture morale suffit aux
accusations des dispensateurs de la
bien-pensance ! Le consensus médiatique
officiel utilise la psychiatrisation
(délire schizophrène ou paranoïaque) de
ceux qui doutent des oracles officiels,
stigmatisés sous les accusations
de complotisme.
Cependant le procédé du mensonge s’il
permet de gagner du temps, est toujours
un mauvais calcul face au réel. Vladimir
Poutine a rappelé à ses interlocuteurs
la dimension fondamentale des principes
et des valeurs universelles pour
construire une organisation
internationale juste et équilibrée entre
les nations. Au même moment, le peuple
cubain a rendu un hommage de
reconnaissance à Fidel Castro, quelques
fussent ses erreurs, en héritant du
marxisme-léninisme et du stalinisme. En
se débarrassant de l’URSS sclérosée, les
oligarques russes et leurs conseillers
américains ont favorisé à un degré
supérieur le règne des marchandises et
des mystifications capitalistes. La
globalisation technologique et
financière des capitaux en
circulation a accéléré
l’extra-territorialité déjà mise en
œuvre par les USA avec leurs bases
militaires disséminées de par le monde,
avec les firmes transnationales, les
flux immatériels de l’internet, les
paradis fiscaux, les déplacements des
réfugiés fuyant les guerres et les
dérèglements climatiques… Mais la
situation nouvelle créée progressivement
par les USA, l’Union Européenne et
l’OTAN, qui n’a pas respecté ses
engagements en prenant pied dans les
anciennes républiques soviétiques,
a aussi permis au peuple russe de
retrouver sa fierté et d’apprécier
différemment sa propre histoire. Les
chaînes d’information alternatives
russes et autres, les lanceurs d’alerte
Assange, Manning et Snowden ont soulevé
le couvercle médiatique en offrant
d’autres sources d’informations
mondiales, notamment à propos de la
guerre en Syrie. Le point syrien de
basculement géo-politique du monde, au
sein du monde arabo-musulman, au
carrefour des grandes civilisations
monothéistes et des enjeux
géo-stratégiques du Moyen-Orient, donne
ainsi aux peuples confrontés au règne
totalitaire de la société spectaculaire
marchande, dont le terrorisme n’est
qu’un sous-produit morbide, la
possibilité d’entrevoir à nouveau le
noyau critique de signification
originelle et universelle de la
communauté humaine.
Bernard Hugo; le 6 février 2017
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|