Actualité
Syrie: entre la bataille d’Idleb et
l’échec des politiques de l’Occident
Antoine Charpentier
Mardi 10 septembre 2019
L’avancée de l’armée syrienne
dans la région d’Idleb inquiète
plusieurs protagonistes de la guerre en
Syrie.
Les dirigeants
turcs ont conscience que toute solution
à Idleb sera au détriment de leur
présence au nord de la Syrie. Ce qui
pourrait par le fait mettre fin à toutes
ambitions d’annexions et de spoliations
de ce territoire syrien. La reprise d’Idleb
signifie l’avortement du rêve des
dirigeants turcs d’une zone tampon au
nord de la Syrie, où ils pourraient
regrouper les réfugiés syriens qui se
trouvent en Turquie, ainsi que
différents types de combattants. Ceci
maintiendra la Syrie dans une forme de
conflit. Le but de cette zone tampon est
également de diviser la Syrie, de
l’empêcher de retrouver sa souveraineté
territoriale, et d’éloigner le spectre
de la menace kurde de la Turquie.
De ce fait, les
intérêts de la Turquie en Syrie
concordent avec ceux des États-Unis. Les
Américains ont bien conscience que la
reprise d’Idleb par l’État syrien
signifie la fin du conflit armé et le
début d’un processus politique, par
conséquent une solution durable et
viable. Cependant, les États-Unis
semblent également vouloir maintenir la
Syrie dans une forme de conflit durable,
l’empêchant de retrouver son unité
territoriale, d’entamer une solution
politique quelconque, sans pour autant
oublier les réfugiés syriens dans les
pays limitrophes au sujet desquels les
agents atlantiques œuvrent pour les
empêcher de retourner dans leurs pays,
afin d’affaiblir la Syrie, en la vidant
de son peuple.
L’Europe semble
être affolée de ce qu’il se passe à
Idleb et se cache encore une fois
derrière l’ingérence humanitaire afin de
servir ses intérêts. Elle craint
fortement l’éparpillement des
terroristes et différents combattants à
l’issue de la reprise d’Idleb, ainsi que
les conséquences néfastes qui peuvent
apparaitre à l’ombre des crises
profondes, que cette dernière affronte
en ce moment sur le plan interne. De ce
fait, nous comprenons les raisons et les
objectifs des déclarations et
interventions de certains dirigeants
européens à l’instar du président
français Emmanuel Macron, qui a évoqué
dernièrement le sujet d’Idleb avec son
homologue russe Vladimir Poutine au fort
de Brégançon dans le Sud de la France,
sans pour autant trouver un terrain
d’entente. Le souci majeur de l’Europe
est son alignement sans condition sur la
politique étatsunienne en Syrie. Il est
certain que l’Europe n’échappera pas à
une secousse multidimensionnelle qui
pourrait lui coûter très cher en cas de
non-changement de cap sur la scène
internationale. Toutefois, l’échec de
l’Occident au Moyen-Orient résonnera
très loin dans l’avenir européen.
Pour les
terroristes, l’heure est à la débâcle,
la devise actuelle est sauve qui peut,
mais leur champ se réduira de plus en
plus, et leurs sponsors ne pourront plus
les soutenir comme c’était le cas les
années précédentes.
Quant à l’État
syrien, il emploie tous les moyens
possibles, afin de récupérer sa
souveraineté territoriale, avec l’aide
de ses alliés. L’armée syrienne a déjà
repris plusieurs villages et points
stratégiques, à l’instar de la fameuse
bourgade de Khan Cheikhoun, et son
avancée vers Idleb est indéniable.
La reprise de
l’armée syrienne de la région d’Idleb
redessinera en quelque sorte les
contours des relations internationales,
au Proche-Orient, à l’exemple de la
reprise d’Alep. Par conséquent, tout
retard pourrait être une bouffée
d’oxygène pour les ennemis de la Syrie.
Toutefois le scénario des trêves a été
observé plusieurs fois lors de la guerre
en Syrie, ce qui n’a pas empêché l’armée
syrienne et ses alliés de remporter les
batailles.
Une fois l’unité
territoriale syrienne définitivement
récupérée, et en parallèle une solution
politique viable mise en place, la
boussole de l’axe de la résistance va
être réorientée, les priorités
politiques et stratégiques vont être
revues et révisées, ce qui inquiète
fortement «Israël», surtout si nous
prenons en compte sa situation
intérieure, les multiples crises
qu’affronte la société israélienne,
l’état désastreux de son armée à croire
plusieurs experts militaires israéliens.
Ce qui inquiète également les dirigeants
israéliens est le virage politique que
semble effectuer en ce moment le
président Trump dans plusieurs dossiers
au Moyen-Orient dont le dossier iranien.
Enfin, Idleb, comme
Alep, annoncera la victoire des
déshérités et des résistants et ouvrira
une ère nouvelle sur le plan des
relations internationales.
Reçu d'Antoine Charpentier pour
publication
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