Le rêve américain
: comment détrôner Poutine ?
Alexandre Latsa
Mercredi 27 novembre 2013
Non, cette
idée saugrenue ne m’est pas apparue
subitement mais c’est bel et bien le
titre d’un article publié
récemment par le directeur
du « Maguire Energy Institute », qui est
également membre du « Georges Bush
Institute ».
L’intéressé a une idée de
la manière dont l’Amérique devrait
procéder pour accélérer la chute du «
monarque russe » : la guerre énergétique
et plus clairement l’exportation de la
production américaine de gaz naturel en
Europe et en Asie afin d’y détruire les
positions dominantes russes de Gazprom
principalement. Ce faisant, l’Etat russe
affaibli financièrement se trouverait
face à une situation sociale plus
instable et explosive, bien plus propice
à l’organisation d’une révolution de
couleur par exemple que ne l’est la
situation actuelle ou la croissance
continue.
Ce scénario de science fiction n’en
est en réalité pas un puisque cette
guerre énergétique a déjà commencée.
Sa
première étape a consisté
en une bataille des gazoducs au cœur de
l’Europe visant à priver la Russie de
son statut de fournisseur principal de
l’Europe. On se souvient que c’est
justement après une révolution de
couleur en Ukraine que ce pays avait
servi de fusible (avec la complicité des
élites oranges) lors de la crise
énergétique de 2006 durant laquelle
l’Ukraine avait bloqué le transit via
son territoire et porté atteinte à
l’approvisionnement russe en Europe de
l’Ouest.
On connaît le résultat de cette
politique suicidaire : l’apparition de
gazoducs de contournements (North Stream
et surtout South Stream) réduisant à
zéro la capacité de nuisance des pays de
transits, et surtout l’échec stratégique
du projet concurrent occidental Nabucco.
Une
seconde étape de cette
guerre énergétique se déroule sous nos
yeux en Syrie puisque la guerre menée de
l’extérieur contre l’Etat syrien est
notamment une guerre contre le
déploiement d’un dispositif énergétique
sous contrôle irano-irako-syrien (on a
parlé de projet chiite) destiné à
permettre à l’Iran d’écouler son stock
en Europe. Ce projet s’opposait à un
projet concurrent ayant l'aval du
Pentagone et visant à la délivrance de
gaz qatari vers l’Europe, via l'Arabie
Saoudite, la Syrie (d’après Assad) et
enfin la Turquie.
On connaît le résultat de cette
politique à ce jour : le Qatar et
l'Arabie Saoudite n’ont pu renverser
Assad, l’Etat syrien ne s’est pas
effondré et l’Iran vient de façon
inattendue de se replacer au centre du
jeu diplomatique et de la scène
internationale. La Turquie quand à elle
vient de laisser entendre qu’elle allait
vraisemblablement
réviser ses priorités
géostratégiques, délaissant Washington
au profit de Pékin et surtout Moscou.
Alors que la Russie semble connaître
une phase de
succès diplomatiques
(notamment du reste avec les alliés
traditionnels de Washington), on peut se
demander désormais quelle sera la
prochaine étape de la guerre énergétique
que livre Washington à Moscou, souvent
par territoires et guerres interposés.
La fin plausible de la guerre en
Syrie dans les prochains mois
verra-t-elle le déclenchement d’un
nouveau conflit géographiquement
plus proche de la Russie ?
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