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Recherche rebelles syriens modérés
désespérément …
Alexandre Latsa
© AP Photo
Mercredi 14 octobre 2015
Source:
Sputnik
Apres deux semaines
d’engagement, il est possible de tirer
un premier bilan de l’opération
militaire russe en Syrie.
Il y a tout d'abord
l'intensité croissante des frappes de
l'aviation russe. Si lors des premiers
jours le nombre de frappes russes était
inferieur à une dizaine, l'armée russe a
exécuté 64 sorties samedi 10 octobre et
les estimations militaires sérieuses
estiment que l'aviation russe devrait
pouvoir augmenter la cadence pour
atteindre des moyennes de 100 à 150
frappes par jour, avec des pointes à 200
ou 250 en cas d'extrême urgence. C'est
autant, voir plus que le volume de
sorties de l'armée syrienne, mais
l'aviation russe est dotée d'équipements
plus modernes favorisant largement un
appui précis et efficace à l'infanterie,
ce qui n'était pas ou peu le cas
jusque-là.
La grande offensive
au sol lancée par l'armée syrienne,
appuyée par la chasse russe, semble se
concentrer sur certains fronts bien
précis.
Le nord de Homs
tout d'abord, où une vaste poche
territoriale est aux mains des rebelles
(voir
ici), poche traversée par
l'autoroute allant de Damas à la cote et
qui devrait faciliter le transfert
d'équipements militaires lourds de la
capitale vers le nord. Cela est d'autant
plus crucial que l'Etat syrien fait à ce
jour face à deux fronts particulièrement
sensibles dans la région.
L'Etat Islamique,
comme on peut le voir sur
cette carte, s'est considérablement
rapproché de la bande côtière au cours
des derniers mois, notamment après la
conquête de Palmyre. Le nord d'Hama, qui
débouche sur la province d'Idlib, a été
perdu par l'armée au cours du printemps
2015 et a permis à la coalition Armée de
la Conquête de se retrouver à quelques
dizaines de kilomètres seulement de la
côte syrienne. L'Armée de la Conquête
est une coalition de groupes islamistes
qui comprend notamment l'Armée du salut,
Ahrar al-Sham ou le front Al-Nosra
(filiale syrienne d'Al-Qaïda) auquel ont
prêté allégeance des clans de guerre tel
que Katibat Al Tawhid Wal Jihad,
comprenant nombre de ressortissants
centrasiatiques, ou encore Jaish Al
Muhajireen Wal Ansar dont les rangs
comptent de nombreux combattants
tchétchènes.
Alors que l'armée
syrienne vient d'entamer une offensive
terrestre d'envergure dans cette zone,
l'infanterie syrienne peut compter sur
l'appui aérien des hélicoptères russes
dont la maniabilité est bien évidemment
adéquate pour aller frapper
immédiatement des cibles isolées et
notamment les petits groupes équipés de
TOWs, qui avaient causé tant de dégâts
aux tanks syriens lors de
la chute du saillant d'Idlib. Les
amateurs apprécieront sans doute ces
spectaculaires vidéos d'hélicoptères
en action à très basse altitude.
Il semble ainsi
assez certain que l'offensive syrienne
ait pour but à moyen terme le
rétablissement de l'autorité de l'Etat
sur l'axe reliant Damas à Alep, ce qui
va à l'encontre des affirmations selon
lesquelles le régime se serait résigné
en quelque sorte a ne sécuriser que la
bande côtière allant de Damas à
Lattaquié. Sans aucun doute dans les
prochaines semaines, l'Armée syrienne
lancera une offensive sur la ville
stratégique de
Jisr-Al-Shughour.
Alors que
l'aviation russe se prépare sans doute à
une action militaire de longue durée, la
désinformation médiatique a également
pris ces derniers jours une intensité
jusque-là inégalée. Alors que
l'intervention russe a semble-t-il
permis à l'armée syrienne de reprendre
l'initiative sur les fronts qui sont
pour elle les plus cruciaux, la presse
française accuse la Russie d'être
désormais responsable (voir
là ou
ici) de la progression de Daech dans
le nord du pays, et notamment au nord
d'Alep ou les rebelles viennent de subir
une cuisante défaite ces derniers jours.
Un comble alors que la flotte russe
frappe l'EI chaque jour:
27 frappes le 08 octobre,
55 frappes le 09 octobre,
63 frappes le 11 octobre,
86 frappes le 13 octobre et
41 frappes le 14 octobre.
A propos, Daech
progresse bien depuis 13 mois et le
début des frappes de la coalition
internationale et ce malgré les quelques
25.000 frappes de la coalition
internationale? A-t-on entendu une seule
fois un journaliste francais nous
affirmer que: « Daesh progresse grâce
à l'Amérique »?
Trouver des «
rebelles syriens modérés » capables de
peser militairement semble toujours
aussi difficile. Au sud du pays, le
fameux « Front Sud » vient le week-end
dernier de lancer une offensive autour
de Quneitra en
totale coordination avec le Front
Al-Nosra, la filiale syrienne
d'Al-Qaïda. Cette situation n'est pas
nouvelle. Dès 2012, de nombreux rapports
du département d'Etat,
depuis déclassifiés, indiquent noir
sur blanc bien que l'émergence de l'EI a
été épargnée et que les forces en
présence, celles qui comptent pour
s'opposer à l'Etat syrien sont: « Les
mouvances salafistes, les frères
musulmans et Al-Qaïda ». Il n'y a
visiblement que les journalistes
francais qui n'en ont pas été informés.
Un seul danger pèse
sans doute sur l'intervention militaire
russe: la livraison de matériel
anti-aérien, que ce soit par une
puissance du golfe ou l'Amérique, comme
vient par exemple tranquillement
de le proposer l'inégalable McCain
sur Fox News. La folie ne semble pas
seulement toucher le camp républicain du
reste puisque dans une récente interview
le président Obama s'est félicité que
Poutine soit acculé au point de devoir
se défendre militairement en Ukraine ou
en Syrie alors que ces pays étaient
auparavant
totalement (et pacifiquement) dans
le giron russe.
Washington
pourrait-il dans un avenir proche armer
publiquement Al-Qaïda en Syrie, au motif
que les forces russes auraient bombardé
des groupes rebelles formés par
Washington, dont la plupart se sont déjà
rendus à al-sra ou Daech?
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Publié le 16 octobre 2015 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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