Réseau Voltaire
Slaviansk ou l'appât
Alain Benajam
Samedi 26 avril 2014
Pour connaître les intentions des USA,
nous savons aujourd'hui qu'il suffit de
lire leurs médias dit "mainstream". Nous
le savons depuis la guerre de
Yougoslavie car ceux-ci suivent un
"story telling" qui leur est
régulièrement adressé et dont le
Réseau Voltaire a pu montrer un exemple
dernièrement.
Or à lire cette
presse ce matin qui annonce que la
Russie aurait l'intention de lancer une
troisième guerre mondiale et voudrait
faire passer Poutine pour un nouvel
Hitler, on ne peut s’empêcher de revoir
l'argumentaire de ces médias à propos de
la Yougoslavie et de Milosévic
assassiné, de l'Irak et de Sadam Hussein
assassiné, de la Libye et de Khadafi
assassiné, de la Syrie et de Bachar El
Assad, ils n'ont pas encore réussi à
l'assassiner en dépit de notre Fabius
qui lui a promis publiquement ce funeste
sort.
L'opération Ukraine lancée par les USA
et prévue de très longue date comme
d'habitude a débuté exactement comme
toutes les autres dans la violence
paroxystique habilement organisée avec
les habituels snipers sur les toits
tirant à la fois dans la foule des
manifestants et sur les forces de
l'ordre, les USA et leur lourde
machinerie n'ayant pas la possibilité
d'innover.
Le problème actuel des USA est qu'à
force d'utiliser les mêmes scénarios,
ceux-ci deviennent prévisibles et
qu'après l'affaire syrienne qui résiste,
l'affaire ukrainienne s'est trouvée mal
engagée. En effet, leur adversaire russe
est maintenant de taille. Pourtant les
USA, ayant subi en août dernier un
fantastique revers militaire face aux
côtes syriennes auraient dû se méfier.
Cependant leur suffisance, leur lourdeur
entropique en raison de la multiplicité
d'intérêts corporatifs contradictoires
qui les parcourent n'a pas pu arrêter ce
qui fut prévu à une époque ou la Russie
pouvait être encore roulée dans la
farine comme en 2011 avec l'affaire
libyenne.
L'annexion rapide de la Crimée puis la
révolte des populations russophones de
la plus riche partie du pays, réclamant
leur indépendance ou pour le moins une
large autonomie, les a stupéfié. Le pire
pour eux fut de constater la non volonté
de l'armée ukrainienne d'engager une
répression contre le peuple.
Face à cette situation non prévue les
USA durent signer à la hâte des accords
de Genève acceptant toutes les demandes
russes, en sachant pertinemment qu'ils
ne respecteraient pas ces accords « as
usal ». En effet ces accords prévoient
une fédéralisation du pays et de rapides
élections ce qui serait pour eux
inacceptable car il perdraient
démocratiquement, comme pour la Crimée,
au moins les oblasts de Luhansk, de
Donetsk et de Kharkov et seraient
certainement en difficulté dans l'oblast
d'Odessa jouxtant la Transnistrie.
N'ayant pas d'armée sur laquelle
compter, ayant difficilement réussi à
rassembler quelques hommes dans une
« garde nationale » composée de
volontaires néo nazis avec certainement
quelques mercenaires pour l'encadrement,
ils ont entrepris le siège d'une des
villes insurgée du Donetsk, Slaviansk.
Mais avant, ils ont pris soin d'aller
massacrer de loin quelques gardiens
débonnaires de checkpoints à coup de
mitrailleuse afin de montrer ce qui
pourraient se passer s'ils
investissaient la ville.
Ce qu'il faut montrer aux russes c'est
ça, une belle mise en scène de Reuter,
cette photo montre que les personnages
sont en pose car elle n'aurait pu être
prise dans l'action, très bon le feu
devant !
Mais surtout pas ça... l'horreur suprême
pour les USA qui ont du corriger
l'impression médiatique.
Bien évidemment ce
merveilleux coup militaire, n'était
destiné qu'aux russes qui auparavant
avaient bien menacé d'intervenir si la
population russophone était mise en
danger.
Aujourd'hui, samedi
26 avril c'est donc au tour de
l'artillerie lourde des médias de
l'OTAN d'intervenir afin de préparer la
suite des événements comme il est fait
d'habitude avant toutes actions US.
Il s'agit donc pour
les USA de torpiller des accords de
Genève qui leur sont défavorables en
incitant la Russie à l'intervention
directe, l'affaire des photos
« preuves » du New York Time, navire
amirale de la flotte médiatique US ayant
lamentablement échoué.
Perdu pour perdu
les USA feraient la part du feu en
abandonnant le Dombass aux russes et
peut être Kharkov mais après une
intervention militaire de leur part
plutôt qu'après un référendum
démocratique. Ceci aurait pour effet
d'entraîner les marionnettes européennes
dans des sanctions qu'ils ne sont pas
chauds à prendre encore et de couper
définitivement ces marionnettes de la
Russie, renvoyée à l'est afin d'avoir
les mains libre pour la mise en place du
traité transatlantique, but véritable de
la manœuvre russo-ukrainienne cela vaut
bien l'abandon de quelques oblasts
ukrainiens aux russes.
Un beau piège tendu
à Poutine dont la population de
Slaviansk vivant sous la menace d'un
massacre est l'appât.
Alain Benajam
Chef d’entreprise.
Président de Réseau Voltaire France.
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