Opinion
Libye :
Tripoli craint des raids de l'Otan à la
frontière avec la Tunisie
Dimanche 14 août
2011
Le porte-parole du gouvernement
libyen, Moussa Ibrahim, a indiqué tôt
dimanche qu’il disposait d’informations
selon lesquelles l’Otan planifiait des
raids sur Ras Jedir, un point frontalier
entre la Libye et la Tunisie, pour
ouvrir la voie à une avancée des
rebelles.
"Nous disposons d’informations affirmant
que l’Otan planifie des bombardements
intensifs sur le point de contrôle
frontalier de Ras Jedir pour donner
l’occasion aux bandes armées (rebelles),
dont certaines sont positionnées du côté
tunisien, d’entrer en 1territoire
libyen", a déclaré à l’AFP M. Ibrahim.
Il a qualifié les intentions de l’Otan
de "très dangereuses", avertissant que
ce point frontalier était un point de
passage pour des "milliers de Libyens,
dont des femmes et des enfants".
"En le bombardant, l’Otan commettra un
nouveau massacre", a déclaré M. Ibrahim,
mettant en garde contre un "acte
illégal".
"Nous saluons le gouvernement tunisien
et nous l’encourageons à fournir plus
d’efforts pour que la Tunisie ne se
transforme pas en point de départ de
l’agression sur la Libye".
"Nous saluons le peuple Tunisien qui a
empêché le déchargement d’un cargo
d’armes" destinés aux rebelles libyens
dans le port de Zarzis au sud tunisien,
a-t-il ajouté.
Il a appelé la communauté internationale
à intervenir pour arrêter l’"agression"
contre la Libye et "l’Onu à dénoncer et
à condamner le trafic d’armes vers la
Libye depuis la Tunisie, ce qui
représente des violations des
résolutions 1970 et 1973 des Nations
unies".
M. Ibrahim a lancé également un "appel
aux organisation internationales et aux
médias" pour "intervenir et mettre à nu
les complots qui se trament contre la
Libye", a-t-il dit.
Il a dénoncé par ailleurs des raids
"intensifs de l’Otan sur tout le
territoire libyen hier et aujourd’hui",
notamment dans la région d’Abou Kammech,
situé à 10 km du point frontalier de Ras
Jedir.
Le point frontalier de Ras Jedir est
depuis plusieurs mois la seule issue
vers l’extérieur pour le régime libyen,
qui fait l’objet de sanctions
internationales.
Le ministre tunisien de l’Intérieur
Habib Essid avait démenti jeudi le
passage, via la Tunisie, d’armes en
provenance du Qatar pour les insurgés
libyens, n’écartant cependant pas le
risque de trafic d’armes.
"La situation sécuritaire est encore
fragile" et les "patrouilles policières
sont insuffisantes", avait expliqué le
ministre de l’Intérieur.
La Qatar, qui participe à l’opération
militaire internationale contre le
régime libyen, finance un des camps de
réfugiés en Tunisie, qui est équipé d’un
hôpital à Tataouine (sud tunisien) et
dont l’accès est contrôlé par l’armée
tunisienne.
Tripoli accuse implicitement la Tunisie
de fermer les yeux sur un trafic d’armes
financé par le Qatar, destinées aux
rebelles du Jebel Nafoussa, au sud-ouest
de Tripoli. Les armes transiteraient
vers la Libye depuis le point frontalier
de Dhehiba, contrôlé par les rebelles et
situé à 200 km au sud de Ras Jédir.
***
L’Otan détruit par erreur un
char pris aux pro-Kadhafi, 4 morts
Des avions de l’Otan ont détruit par
erreur un char pris par les rebelles
libyens aux forces fidèles à Mouammar
Kadhafi, tuant quatre insurgés dans les
environs de Zawiyah (ouest), selon des
combattants rebelles interrogés par un
photographe de l’AFP sur place.
Les rebelles avaient saisi ce char
samedi après s’être lancés à l’assaut de
Zawiyah, dont ils contrôlent désormais
le secteur ouest, a rapporté le
photographe.
Des insurgés lui ont expliqué qu’ils
conduisaient le char à l’extérieur de
Zawiyah, quand des avions de l’Otan ont
mené un raid, détruisant le véhicule.
Le photographe de l’AFP a vu une mare de
sang devant le char et des rebelles lui
ont indiqué que quatre de leurs
camarades avaient tués dans le raid.
Dans son rapport quotidien, l’Otan a
indiqué avoir détruit samedi deux chars
à Zawiyah, sans plus de précision.
L’Otan dirige depuis le 31 mars les
opérations de la coalition
internationale, entamées le 19 mars,
dans le cadre de la résolution 1973 du
Conseil de sécurité des Nations Unies
autorisant "toutes les mesures
nécessaires" pour protéger les civils, y
compris des frappes aériennes.
Les insurgés ont pénétré en grand nombre
samedi en fin d’après-midi jusqu’au
centre-ville de Zawiyah, située à une
quarantaine de kilomètres au sud-ouest
de Tripoli, a constaté le photographe de
l’AFP.
Ils ont été attaqués peu après par des
pro-Kadhafi armés de chars, de mortiers
et de mitrailleuses lourdes. Les combats
ont été intenses, et le bilan des
victimes n’est pas encore connu.
Samedi soir, le porte-parole du
gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a
affirmé que les rebelles avaient été
repoussés à Zawiyah. Selon le
photographe de l’AFP cependant, les
rebelles occupaient l’ouest de Zawiyah,
tandis que l’est restait sous contrôle
des pro-Kadhafi.
Al-Oufok - Dimanche, 14 août 2011 - Avec les
agences de presse
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