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Israël
Criminel de guerre invétéré

Samar Al-Gamal - Ahmed Loutfi

 

Israël. L’Etat Hébreu est sur sa lancée poursuivant destructions et massacres au Liban et en Palestine. Des crimes de guerre et contre l’humanité pour lesquels il n’est guère inquiété, et qui ne sont pas les premiers. De quoi se poser des questions sur cette impunité qui lui est accordée par l’Occident.

Un bébé de 6 jours, sorti de sous les décombres, une fille dont les intestins débordent du ventre, un garçon dont le crâne n’existe plus. Images-chocs, mais ne sont pas les premières. Des centaines de palestiniens assassinés de sang-froid à Deir Yassine, d’autres massacrés dans les camps de Sabra et Chatila au Liban, Cana n’échappe pas à la règle, puis Jénine, et encore Cana et la Békaa. Tous abattus par les Israéliens. Au Liban ou en Palestine, des milliers de bâtiments sont bombardés, des institutions publiques visées, toute l’infrastructure détruite. Depuis son agression massive contre le Liban, Israël a détruit au moins 73 ponts, 72 bretelles et 6 800 maisons. Une dizaine de milliers d’obus tirés, des centaines de raids lancés. En sept heures uniquement, les Israéliens lancent quelque 4 000 obus au cours de 250 raids aériens. Un million de déplacés libanais; des millions de réfugiés palestiniens, plus d’une dizaine de milliers de prisonniers. En un mois, Israël tue 175 Palestiniens, dont 40 enfants, à Gaza. A Rafah, des obus sont tirés et à Ramallah le président du Parlement palestinien kidnappé.

Véritables crimes de guerre. Selon les Conventions de La Haye de 1899 et 1907 et les Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels : « La population civile et les personnes civiles jouissent d’une protection générale contre les dangers résultant d’opérations militaires (...) Les attaques sans discrimination sont interdites ». Il est également « interdit d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de guerre (…). Il est interdit d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile ».

Et que fait Israël ? Une destruction délibérée des centrales électriques, source d’énergie utilisée aussi pour la distribution de l’eau potable, dans les territoires palestiniens et au Liban, et sous l’œil impavide de la communauté internationale. Les Nations-Unies, se contentent de lancer « un cri d’alarme face à la tragédie » qui se poursuit à Gaza. Les ONG indépendantes sont plus explicites. « Prendre pour cible des civils ou des biens de caractère civil et mener des attaques disproportionnées sans discrimination constituent des crimes de guerre », déclare Irène Khan, secrétaire générale d’Amnesty International. Une mission d’Amnesty se trouve actuellement au Liban pour y mener des recherches concernant les atteintes aux droits humains et les violations du droit international humanitaire perpétrées dans le cadre de la guerre. Selon un communiqué publié la semaine dernière par l’organisation, « nos délégués se sont rendus dans la ville de Tyr, vers laquelle ont fui des milliers de civils déplacés par les attaques israéliennes. Ils étaient à Cana, dans les heures qui ont suivi le raid aérien israélien qui a détruit un bâtiment de quatre étages. Ils ont interrogé des survivants de l’attaque aérienne et se sont également rendus dans d’autres villages au Sud-Liban où des civils ont été tués ou blessés. Ils ont interrogé des travailleurs humanitaires et des villageois contraints de fuir de chez eux en raison du conflit. Les délégués rassemblent des informations sur les crimes de guerre et violations du droit international humanitaire ».

En 2002, Human Rights Watch confirme les violations israéliennes, « les faits suggèrent que les forces de défense israéliennes ont commis des crimes de guerre, lors de l’opération militaire dans le camp de réfugiés de Jénine ». Cette année, Israël empêche une commission de l’Onu d’enquêter dans la région. En tout cas, le tableau jusqu’à présent offert par toutes les ONG des droits de l’homme et les commissions d’enquêtes des Nations-Unies est celui d’une population civile punie collectivement par Israël.

Voilà plus d’un demi-siècle, c’est-à-dire depuis son existence, que l’Etat Hébreu viole les droits humains et les règles des conflits. L’image du petit Mohamad Al-Dorra est encore gravée dans les mémoires. Un enfant tué par balles dans les bras de son père et sous l’œil des caméras de télévision. Des crimes en direct. Israël ne peut plus nier sa responsabilité. Par le passé il l’a fait. La commission d’enquête israélienne sur le génocide de Sabra et Chatila en 1982, rend Ariel Sharon indirectement responsable. Aujourd’hui pour Cana II, Israël reconnaît avoir commis des erreurs, mais tente vite de s’en débarrasser en rejetant la responsabilité sur le Hezbollah. Selon Ehud Olmert : « Quand nous frappons des civils, le monde comprend que c’est un cas exceptionnel qui ne représente pas notre façon d’agir ». Il ose même le dire, croyant que le monde est dupe et peut facilement oublier une histoire aussi proche. « C’est le Hezbollah qui se sert de civils comme boucliers humains », une allégation que Tel-Aviv n’a jamais été en mesure de prouver. Amnesty International et Human Right Watches, Save the Children, Oxfam, The Daily Telegraph, The Guardian, The Independent, tous ont nié cette thèse affirmant « n’avoir vu aucune preuve soutenant les allégations israéliennes ». En revanche, ces mêmes ONG enquêtent sur des dizaines de cas où Israël utilise les Palestiniens, enfants et adultes comme boucliers. Une pratique courante selon le groupe israélien des droits de l’homme B’tselem, et condamnée par la Haute Cour israélienne même en 2005.

Une idéalisation forcée du Tsahal

« Notre armée est pure (...), elle ne tue pas d’enfants. Nous avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu de victimes ». Ainsi parlent, sans être contredits, des généraux israéliens dans Tsahal, le film réalisé par Claude Lanzmann qui veut envers et contre toute logique accorder à l’armée israélienne un certificat de bonne conduite, l’armée la plus humaine en dépit des guerres d’expansion qui ont duré un demi-siècle. Tout le monde donc doit croire au mythe qu’Israël et l’Amérique veulent propager. Ainsi, lorsqu’un raid israélien provoque la mort de 4 observateurs des Nations-Unies, le Conseil de sécurité exprime juste des regrets et n’arrive pas à condamner Israël, bien que toutes les preuves d’un acte prémédité soient réunies. Pour Cana non plus, pas de condamnation pour Israël. Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, qui a osé critiquer l’Etat hébreu pour la mort des observateurs ou regretter l’impuissance du Conseil de sécurité sur Cana, s’est trouvé même en butte à des remarques désobligeantes de la part de l’Administration américaine pour ses accusations contre Tel-Aviv. Des médias et forces politiques radicaux en Israël ont demandé de limoger Annan. La télé de l’Etat est allée même jusqu’à l’accuser d’« antisémitisme », affirmant que « les propos ridicules d’Annan contre Israël ont atteint la limite ». Le message est clair : Annan risque aujourd’hui de se trouver dans la même position que son prédécesseur Boutros Boutros-Ghali, épinglé toujours par Israël et l’Amérique pour avoir critiqué le premier massacre de Cana en 1996. Mais à la différence de son successeur, Boutros-Ghali a pu envoyer une commission d’enquête à Cana sans attendre une résolution du Conseil de sécurité qui a prouvé la préméditation des Israéliens dans ce crime.

Bombes à fragmentations, bombes phosphoriques, balles caoutchouc mais personne n’ose accuser Israël. Toutes les enquêtes menées se retrouvent dans les tiroirs aux côtés d’une cinquantaine de résolutions de l’Onu contre l’Etat hébreu. Le Conseil de sécurité, contrôlé par les Américains, au service d’Israël, n’a donc pas l’audace de faire appliquer ses règles à l’Etat hébreu comme il le fait avec les autres. Dans la rue, il est désormais nommé « le Conseil de sécurité d’Israël ».

La fin justifie les moyens

Pas de tribunaux spéciaux pour juger les crimes d’Israël comme cela a été le cas pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda. Aucune chance non plus de voir un Pérès, le boucher de Cana , comparaître devant la Cour Pénale Internationale (CPI). Une impunité inexplicable en quelque sorte. Il y a une sorte d’identification américaine en l’Etat hébreu. « Nous nous tiendrons aux côtés d’Israël parce que ce pays défend les valeurs américaines ainsi que les valeurs israéliennes », a bien lancé la démocrate néo-conservatrice Hillary Clinton, lors d’un rassemblement organisé par des organisations juives en face des quartiers généraux des Nations-Unies à Manhattan, ce qui a constitué l’équivalent d’une apologie du massacre et du crime de guerre. On se demande tout le temps qui est le suppôt de l’autre ? L’idée est sans doute de faire d’Israël le gendarme-brigand d’une région morcelée. Le comptoir colonial en quelque sorte, autour duquel graviteraient des Etats fantoches et divisés ayant renoncé à leurs convictions nationales au profit d’un nouveau Moyen-Orient. Le fantasme du néo-libéralisme, celui d’Etats marchands ou faisant partie d’un espace commercial où la domination reste à Israël, l’envoyé de l’Amérique dans la région. Un état des lieux inquiétant, mais somme toute difficile à réaliser. Washington aurait dû profiter des leçons de son échec en Iraq.

Pour combien de temps va-t-on cautionner les caprices d’Israël ? L’espoir persiste cependant de voir des institutions ou même des Etats occidentaux prendre conscience des faits avec une plainte belge contre Israël qui vise Olmert, Peretz et l’armée israélienne au nom de la loi de compétence universelle, un dossier est ainsi ouvert. L’avocat belge, Me Georges-Henri Beauthier, a déposé une plainte contre Israël pour crimes de guerre au nom d’un couple belge d’origine libanaise qui passait les vacances au Liban avec leurs trois enfants et ont été pris au piège de l’offensive israélienne. « Homicide intentionnel » ; « Atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé » ; « Déportation, transfert ou déplacement illicite d’une personne civile » ; « Destruction et appropriation de biens » ... Telles sont les chefs d’accusation. Ehud Olmert devrait néanmoins bénéficier de l’immunité protégeant les chefs de gouvernement. Par le passé, la loi belge a été modifiée pour éviter une incarcération d’Ariel Sharon sous pression de Washington et de Tel-Aviv. Comme s’il y avait une loi pour Israël et les Etats-Unis et une autre pour le reste du monde.

En attendant, punitions collectives, massacres des civils, violations du droit humain se poursuivent, et Israël continue à exercer son terrorisme d’Etat en Palestine et au Liban. Mais si les nazis n’ont pas échappé à leur crimes, pourquoi les Israéliens le pourront-ils ?.

 

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Publié avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo

 

 


Source : Al-Ahram hebdo 
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2006/8/9/doss1.htm


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