Alahed
Astana … L’aventure risquée de la Russie
Akil Cheikh Hussein

Lundi 30 janvier 2017
L’élément le plus important dans l’idée
de ses négociations d’Astana est
qu’elles sont l’un des plus importants
événements de l’histoire depuis la fin
de la Seconde guerre mondiale, sans que
les Etats-Unis n’y soient présents ou
partie prenante dans leur mise en œuvre.
Il s’agit, en d’autres termes, d’un
événement témoignant du crépuscule de
l’ère de l’hégémonie étasunienne et de
l’avènement d’une nouvelle ère de
libération grâce aux sacrifices et aux
efforts déployés par l’axe de la Syrie
et de ses alliés suite, surtout, à la
victoire militaire qu’a représenté la
libération d’Alep.
C’est l’opinion de beaucoup
d’observateurs. Et c’est une opinion qui
jouit de beaucoup de sérieux. Quant à
l’entreprise russe voulant inviter
Washington et, peut-être, quelques-uns
de ses alliés régionaux et
internationaux à participer aux
négociations, peut avoir des
justifications valables. Mais elle peut
être aussi dangereuse qu’elle peut saper
les acquis militaires et
politiques réalisés ces derniers temps
par l’axe de la Syrie et ses alliés.
Parmi les justifications, on trouve la
théorie de l’élargissement du front
constitué par le front des forces anti
terroriste : La participation des
Etats-Unis et de leurs alliés à l’action
pour une véritable solution ne peut que
passer par la participation sérieuse à
la guerre contre le terrorisme,
participation qui passe nécessairement
par l’arrêt de toutes les formes de
soutien qu’ils fournissent aux groupes
terroristes. Il est vrai qu’une telle
option joue un rôle décisif dans
l’éradication du phénomène terroriste et
dans le positionnement de la Syrie et de
la région sur la voie de la paix et de
la stabilité.
Cependant, le problème de cette théorie
est, avant toute autre chose, et c’est
là qu’on entre dans le champ des
risques, dans sa nature en tant qu’elle
est fondée sur un paradoxe, en tant
qu’elle inclut une forte contradiction.
Comment peut-on attendre de la part des
forces qui ont créé le phénomène
terroriste, qui lui ont versé des
milliards de dollars, qui ont rassemblé
pour le renforcer des centaines de
milliers de combattants, qui ont mis à
sa disposition des mass médias
particulièrement puissants… Comment
peut-on attendre de leur part une
participation à la liquidation de ce
phénomène qui a fait l’objet de leur
espoir de détruire la Syrie et d’imposer
l’hégémonie sioniste et étasunienne sur
la région et le monde ?
Cela ne veut pas dire qu’il est
absolument impossible pour l’axe
étasunien de participer à la guerre
contre le terrorisme. Cependant, il
n’existe pas assez de données objectives
qui prouveraient que ce camp de
l’agression contre la Syrie ait
radicalement abandonné ses objectifs
consistant à soutenir le terrorisme et à
vouloir rayer la Syrie de la carte. Un
tel fait est quotidiennement observable
même dans les déclarations et conduites
des responsables turcs qui sont
supposés faire partie des «garants» de
la bonne marche du processus de
négociations pour une solution
pacifique.
La participation, aux négociations
d’Astana, des forces dont les mains sont
encore entachées de sang syrien,
constitue une véritable menace pouvant
entrainer l'échec de ces négociations
ou, du moins, d’en faire quelque chose
de semblable aux négociations de Genève
qui, tout au long de ces dernières
années, n’ont fait que bloquer toute
tentative de chercher des solutions
politiques au problème.
Il est à craindre que l’enthousiasme de
la Russie pour la participation de
Washington et de ses alliés dans les
négociations d’Astana ne soit
l’expression d’orientations stratégiques
fondées sur des illusions du genre
qui présentent le nouveau président
étasunien, Donald Trump, comme un
partenaire fiable dans l’instauration
d’un monde plus stable et plus
pacifique.
Ou qu’elle soit l’expression d’une
croyance voulant que la détente avec
Washington pourrait aider à annuler les
sanctions imposées à la Russie par les
pays occidentaux, ou à stopper la
pression occidentale que représente le
déploiement militaire de plus en plus
accentué sur les frontières russes dans
les pays baltes, en Europe de l’Est et
la mer Noire.
Il est à craindre particulièrement
l’effet enchanteur -sur les Russes- de
déclarations pour lesquelles l’Alliance
Atlantique, l'Otan, aurait, selon Donald
Trump, perdu ses raisons d’être, et
qu’il serait maintenant nécessaire de la
remplacer par une nouvelle alliance dans
laquelle la Russie serait un membre
principal.
Une alliance militaire occidentale
incluant la Russie ne pourrait être
autre chose que l’abandon par le
président Poutine de la position
anti-impérialiste qu’il a adoptée dans
la Conférence de Munich sur la sécurité
en 2007, en son passage dans le rang des
Etats impérialistes ?
Une telle orientation dans la politique
russe rappelle les politiques d’entente
et de cohabitation pacifique qui ont été
parmi les premières responsables de la
chute de l’Union soviétique.
Et elle ne serait pas utile pour la
Russie : Au lieu de la traiter après
l’effondrement de l’Union soviétique
d’une manière compatible avec son
passage au camp occidental, l’Occident a
soumis la Russie aux plus dures formes
de pillage, d’humiliation et de mépris.
Une politique russe qui, si elle est
adoptée, rappelle aussi ces chefs arabes
qui ont jeté volontiers leurs armes pour
se trouver dans une confrontation où
l’Occident n’a pas hésité à les détruire
par ses armes les plus destructrices.
Source: french.alahednews
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