Algérie
Pétrole : l'insolence néolibérale
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 27 décembre 2014
En coordination avec les institutions
financières internationales et les
pressions occidentales, elle n’a ménagé
aucun effort pour pousser au bout la
logique de la libéralisation. Devant la
timidité, voire le refus, des
capitalistes nationaux et étrangers,
surtout étrangers, d’occuper le terrain,
pour autant qu’ils pourraient impulser
une dynamique de développement
économique et social, le pouvoir, coincé
entre sa volonté de libéraliser et le
front social, s’est retrouvé isolé et
sujet à de féroces attaques, sous divers
prétextes.
Accusé de ne pas procéder à des «
réformes courageuses », il devait «
partir » et laisser la place à ceux qui
sauraient les mettre en œuvre, les «
forces du changement ». Des forces
représentées par une nébuleuse de partis
et de personnalités, victimes des
recompositions du sommet de l’Etat.
C’est que l’appétit a grandi. Les
fortunes amassées ne pouvaient plus se
contenter de grenouiller sans contrôler
totalement les affaires du pays. Sous
couvert de « démocratisation » et «
d’ouverture », ce sont toutes les
revendications d’un néolibéralisme sans
concessions qui sont brandies.
L’une des cibles principales est
désignée, ce sont les subventions qui
continuent d’être appliquées aux
produits de large consommation,
notamment à l’énergie. Des subventions
qui compromettent le libre jeu des lois
du marché, de la concurrence, et qui
empêcheraient les investisseurs de se
risquer sur un marché aux prix
contrôlés. La solution proposée : ne
plus « acheter la paix sociale », rompre
avec « la prime à l’émeute ». Un
comportement classé au titre de la
lâcheté politique. Sur ces entrefaites,
l’effondrement hypothétique du marché
pétrolier vient à point nommé exciter
les troupes. L’occasion est trop belle.
Le pouvoir doit, enfin, cesser de
redistribuer les revenus du pays et «
diversifier l’économie en encourageant
l’investissement privé ». Mais comme ses
institutions seraient grippées et
incompétentes, parce que toujours
attachées au « socialisme », il devrait
s’ouvrir au « changement » proposé à
cors et à cris.
Ceci dit, toujours est-il que, en
matière de changement, il en faut un. Il
faut le changement qui tire ses leçons
de la faillite du libéralisme, de la
situation qui a été créée par la
soumission à ses règles, et qui a fait
de l’Algérie une fille à marier guettant
des princes charmants qui ne venaient
pas, où qui lui exigeaient plus de
lascivité. Il faut le changement qui
inverse le cours suicidaire actuel. Les
arguments sont légions. Le premier
d’entre tous : l’argent est celui du
peuple, souverain sur les richesses
nationales jusqu’à preuve du contraire.
Ahmed Halfaoui
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