Libye
Libye : rétrospective et perspective
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 18 août 2014
Le 1er septembre 2011, à Paris au palais
de l’Elysée, se tenait une conférence
des « amis de la Libye », co-présidée
par le président français, Nicolas
Sarkozy et le Premier ministre
britannique, David Cameron, les deux
vainqueurs de la « révolution »
libyenne. Le pays ayant été « libéré »,
il s’agissait de discuter de son avenir.
Les représentants d’une soixantaine de
pays se pressaient autour de la table.
En bons indigènes, à tout seigneur, tout
honneur, trônaient au milieu des membres
du Conseil national de transition (CNT).
Il y avait un objectif, celui de la mise
en œuvre de la transition démocratique
du pays et des modalités de sa
reconstruction. Le lundi 19 septembre
2011, le drapeau du roi Idriss est hissé
au siège de l’ONU et Alain Juppé, le
ministre français des affaires
étrangères déclarait : « demain
mardi, symboliquement la Libye nouvelle
sera donc pleinement intégrée aux
Nations unies ». Trois ans après, le
10 août 2014, le quotidien Le Monde,
l’un des médias les plus engagés dans la
propagande de l’OTAN, commet ce titre :
« La Libye n'existe plus ».
Il est quand même extraordinaire qu’une
« révolution », qui a mobilisé l’ONU,
les Etats-Unis, la France, la
Grande-Bretagne, les pétromonarques du
Golfe et une flopée d’autres Etats,
connaisse un tel destin. Tout ce beau
monde, les services secrets, parmi les
plus efficaces de la planète, les
« analystes » et autres « think tanks »,
n’auraient rien vu venir. Personne des
« amis de la Libye », les maîtres comme
les satrapes, n’aurait prévu que les
« révolutionnaires » allaient se mettre
à se canarder, même obliger à la fuite
les ambassadeurs de ceux qui leur ont
offert un tapis de cadavres vers le
pouvoir. Pire que tout, il n’y a plus de
« dictateur » désigné, plus question de
« protéger des civils ». Pire que tout,
le pays n’est plus qu’une mosaïque de
territoires aux mains de milices et de
tribus qui ne démordront pas facilement.
Pire que tout, toutes les milices et
toutes les tribus se réclament de la
« révolution » et du même drapeau. Tous
s’accusent les uns les autres de « kadhafistes ».
Plus de place pour un autre CNT, y
compris pour ce parlement installé à
Tobrouk qui brigue ce rôle, même reconnu
et félicité par les Nations-Unies et par
les « démocratiseurs » de la Libye. Que
faire alors ? Difficile de bombarder,
plus difficile de débarquer des troupes,
de tenter une occupation des lieux et de
placer un gouvernement croupion. Même si
c’est la seule option qui reste pour
réaliser l’objectif de départ, celui de
contrôler la production de pétrole, elle
risque de coûter très cher. La réponse
est donc à l’impuissance des criminels
qui ont mis à feu et à sang la Libye,
qui doivent non pas regretter leur
ignominie mais rager contre leur courte
vue. Ils se sont déjà démasqués, ce qui
a pu les empêcher de détruire la Syrie,
ils ne pourront plus jamais espérer ce
« printemps » nulle part tant ils ont
abusé de l’insulte à l’égard de
l’humanité. La Libye avec la tragédie où
est plongé son peuple vient s’ajouter à
la longue liste des crimes de la
Barbarie pour construire la conscience
qui, demain, un jour, gagnera les
multitudes.
A.H
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