Opinion
Iran : après la
déconfiture du «printemps»
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 11 novembre 2013
Le
" printemps " des arabes et assimilés a
déjà coûté cher, voire très cher aux
Etats-Unis et par ricochet à leurs
satellites. Portés par un enthousiasme
débridé et des certitudes, que seul, le
délire de la voracité peut donner
l'alliance atlantiste, était persuadé
que ses relais, patentés " démocrates ", droitdelhommistes ou les Frères
musulmans, allaient lui faire gagner la
partie. Il n'en fut rien, bien au
contraire. Ce sont les peuples qui ont
tout de suite compris que derrière les
dictatures, il y avait la ploutocratie
mondiale, qui était aussi derrière les
Frères et les chantres de la "
démocratie de marché ". Nulle part,
ainsi, même en Libye détruite, les
intérêts des multinationales et des
spéculateurs ne connaissent de situation
favorable. En Egypte et en Tunisie,
c'est l'hostilité ouverte qui empêchera
tout prétendant au pouvoir de
s'accoquiner, outre mesure, avec la
Maison-Blanche ou l'Union européenne.
Encore moins de prêter allégeance aux
puissances de l'argent. Et la dynamique
n'est pas au bout de ses conclusions. En
Syrie, le scénario comme nous le savons,
a connu de même un flop magistral. Au
point que soit pudiquement remisé
l'arrogance et que soient discrètement
rangés les tambours de guerre.
C'est en référence à ce processus qu'il
faut approcher les actuelles
négociations avec l'Iran. Où l'on tente
de nous faire accroire il y aurait eu un
" changement ", par le simple miracle de
l'élection d'un nouveau président à la
place de Ahmadinedjad. La réalité est
plus prosaïque et l'attitude plus
sordide qu'il n'y paraît. Tout
simplement parce qu'il s'avère qu'il
n'est plus possible pour les pays de
l'OTAN de maintenir le cap initié en
2011. Les cartes ont été brouillées et
il faut d'urgence " revenir à d'autres
sentiments " moins risqués. L'Iran est
et demeure un immense marché et des
milliards de dollars et d'euros ont été
perdus par le monde occidental des
affaires. L'investissement dans un
effondrement du pays des Mollah, n'est
plus d'actualité, est trop élevé et peut
l'être beaucoup plus, pour un échec
annoncé. La désillusion " printanière "
a d'ailleurs atteint un seuil tel que
les entreprises s'apprêtent à ne plus
respecter les décisions de boycott de
leurs gouvernements. Certaines sont en
train de négocier leur retour,
impatientes de reprendre leur place et
paniquées à l'idée de se faire devancer.
De plus, des craquements se font sentir
dans le camp atlantiste. A la réunion du
10 novembre, la France officielle,
oublieuse du revers syrien, a encore
fait dans la surenchère, en suscitant la
colère de ses alliés, au point de les
pousser à faire part de leur agacement.
Le 20 novembre prochain, les oreilles
auront été probablement tirées et
Laurent Fabius se fera moins voir, car
John Kerry a salué " les progrès
accomplis " et a assuré l'entité
sioniste que l'Iran ne fabriquera pas
une bombe atomique, chose dont il peut
être sûr, puisqu'il est le premier à
savoir que le projet de cette bombe
n'existe que sur le ridicule dessin
présenté par Netanyahu à l'ONU. Donc
nous pouvons avancer sans trop de
probabilité d'erreur, que le dossier
iranien est en voie de clôture.
Article publié sur
Les Débats
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