Algérie
L'ANP sur les Champs-Elysées ?
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 9 juillet 2014
Si François Hollande voulait faire une
entourloupe à l’Algérie (et au Vietnam),
il ne se prendrait pas autrement. Il
faut dire que, dans l’absolu, il n’y
aurait aucun mal que des pays soient
associés à la commémoration de
l’hécatombe qui a coûté à l’humanité des
millions de morts. L’horrible « Grande
guerre », la « der des der » l’avait-on
surnommée. Mais pour en provoquer une
autre, aussi sanglante, plus large dans
l’espace. Seulement deux décennies plus
tard, le temps que les enfants nés, dans
l’espoir de la paix éternelle, aient la
force de porter les armes. Déjà, en
2012, L’ambassadeur de France à Alger,
Xavier DRIENCOURT aurait eu l’idée de
suggérer à Nicolas SARKOZY d’inviter
l’armée algérienne (ANP) à défiler sur
les Champs Elysées le 14 juillet. En
dehors de la haine déversée par les
nostalgiques de l’Algérie coloniale, il
ne s’est rien produit. L’ANP n’a pas vu
les Champs-Elysées.
Cette année, il y a
une invitation officielle qui est rendue
publique, au nom de la mémoire des
Algériens et des Vietnamiens qui ont
combattu et ont été tués à Verdun et
ailleurs. Ce seront aussi les
colonialistes qui hurlent au sacrilège,
dont l’Union Syndicale de Défense des
Intérêts des Français Repliés d’Algérie
(UDISFRA). Pourtant, nous dit-on, il
s’agirait de n’envoyer qu’« une petite
délégation de trois militaires dont un
porte-drapeau (drapeau algérien), qui ne
défilera pas mais prendra part à
l’animation d’ouverture ». On s’en
tiendrait donc à la symbolique, mais
elle y sera. L’ANP (nouveau nom de l'ALN
d’après une pétition qui dénonce
l’invitation) participerait à
l’événement, comme si le monde était pur
de toute intention de puissance. Ce qui
n’est pas le cas.
Car, au-delà de
cette « histoire commune », dont les
Algériens savent dans leur chair le
contenu, il y a que M. Hollande et le
pouvoir français ne sont pas du tout des
enfants de chœur. Il est question de se
recueillir sur les victimes de la
première guerre mondiale, dans une
démarche qui se voudrait empreinte du
souci de faire en sorte que les femmes
et les hommes de la planète soient
préservés de ce type de tragédie. Mais
qui peut être dupe ? Quand l’histoire en
cours fait de la France officielle, «
socialiste » ou pas, le chantre zélé de
l’agression des plus faibles. Le
président français, avant d’être élu,
avait voté les bombardements de la Libye
qui ont tué des dizaines de milliers
d’enfants, de femmes et d’hommes et qui
ont réduit le pays à un territoire de
non-droit. Elu, François Hollande se met
en pointe pour bombarder la Syrie,
comptant bien sûr sur les bonnes grâces
d’un Barak Obama qui avait son propre
agenda.
Alors, faut-il
considérer que l’exhibition de trois
soldats algériens ou vietnamiens est
possible, sans qu’il soit renié les
sacro-saints principes qui ont présidé à
la libération de leurs pays ? Car il est
patent que rien n’a changé sous le
soleil et que la Barbarie, même sous les
plus beaux atours, est à l’affût et ne
fait rien pour rien. L’acceptation de
l’invitation, aussi, ne signifiera rien
moins qu’un changement majeur dans le
rapport à notre histoire. Et il ne
s’agit pas d’être contre des relations
apaisées, juste contre une entourloupe
aux couleurs chatoyantes.
Ahmed.Halfaoui
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