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Yediot Aharonot
La fenêtre d'opportunité
de septembre
Yossi Beilin *
[la nouvelle initiative
arabe représente une occasion unique pour Israël. Pour Beilin,
une "coalition de la lucidité" entre Israéliens et
Arabes est encore possible, mais pas pour longtemps. Rêvons un
peu : Israël et les Etats arabes présentent conjointement une
proposition aux Nations Unies. Utopique? Probablement...]
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3302327,00.html
Yediot Aharonot, 11 septembre 2006
Trad. : Gérard pour La Paix maintenant
Les ministres arabes des affaires étrangères vont présenter
l'initiative arabe, déjà proposée le 28 mars 2002, à
l'approbation de l'Assemblée générale des Nations Unies et
peut-être même à celle du Conseil de sécurité. Mais le réflexe
conditionné pavlovien d'Israël sera de le rejeter par tous les
moyens et d'exhorter ses partisans à s'y opposer.
Lors d'une conférence de presse commune avec Tony Blair, Ehoud
Olmert a annoncé dimanche soir qu'il était prêt à reprendre
les pourparlers avec le président palestinien Mahmoud Abbas sur
la base de la Feuille de route, ce même plan que Palestiniens
comme Israéliens déclarent accepter, pour la galerie, depuis
plus de trois ans et demi, sans aucune intention de le réaliser.
Si c'est cela, la base de cette réunion, il vaudrait peut-être
mieux qu'elle n'ait pas lieu.
D'un autre côté, une tentative d'organiser une réunion autour
de l'initiative arabe peut redonner vie au processus diplomatique,
gelé depuis six ans.
L'initiative arabe, acceptée le lendemain du terrible attentat
contre le Park Hotel à Natanya le soir de Pessah, s'est évanouie
dans la lourde atmosphère qui prévalait à cette époque, qui a
précédé l'opération Rempart.
Dans d'autres circonstances, cette initiative aurait provoqué un
débat qui aurait pu mener à des développements autrement plus
importants que cette Feuille de route agonisante, proposée aux
parties un an plus tard. Un sondage publié par le quotidien
Yediot Aharonot (quotidien le plus lu en Israël, ndt) le 29 mars
2002 indiquait que l'initiative arabe avait le soutien de 41% des
Israéliens.
La surprise de septembre?
C'est l'Arabie saoudite qui a eu l'initiative de ce plan, emmenée
par le prince héritier Abdallah Bin Abdul Aziz, qui entre temps
est devenu roi. Le plan a été accepté par la Ligue arabe un
mois plus tard.
En même temps qu'elle appelait Israël à se retirer sur les
frontières de 1967 sur tous les fronts, cette initiative
comportait l'engagement d'établir des relations normales entre
les Etats arabes et Israël. Elle comportait également une déclaration
sans précédent concernant les réfugiés : il devait s'agir
d'une solution acceptée par les parties. En clair, si l'on
discute d'une solution mutuellement acceptée, on ne peut pas
exiger le droit au retour.
Cette initiative appelait Israël à l'accepter, afin d'assurer
les chances de la paix, d'en finir avec les massacres, de
permettre une vie paisible, de bonnes relations de voisinage et la
sécurité, la stabilité et la prospérité pour les générations
futures.
Le fait que les ministres arabes des affaires étrangères présentent
de nouveau cette initiative après des années d'Intifada, après
la victoire du Hamas et après la deuxième guerre du Liban, offre
à Israël une occasion de faire avancer ses intérêts nationaux.
A un moment où augmente dans le monde le nombre de dirigeants qui
contestent le droit d'Israël à exister, il est évident qu'une
telle initiative politique pourrait re-légitimer le droit d'Israël
de vivre dans son foyer national juif, donner à Jérusalem la
reconnaissance de son statut de capitale et faire reconnaître
nos frontières.
Et seule une pareille initiative peut mettre un terme au problème
des réfugiés et garantir à Israël son existence en tant qu'Etat
juif et démocratique.
Ainsi, Israël pourrait créer la surprise de septembre : il
pourrait venir aux Nations Unies avec une proposition commune israélo-arabe
qui permettrait de redonner vie au processus de paix, que ce soit
par l'intermédiaire d'une deuxième conférence de Madrid, ou par
tout autre moyen moins spectaculaire. Et au lieu de cela, Israël
se contente de la méthode usée et frustrante de vains efforts
diplomatiques.
Si les ministres arabes des affaires étrangères transformaient
la décision de la Ligue arabe la plus positive de son histoire en
une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies,
cette résolution aurait la majorité, et seul un véto américain
pourrait l'empêcher d'être adoptée.
Le mépris affiché à l'égard de cette initiative a été
typique du mandat de Sharon. Aujourd'hui, nous en payons le prix.
A la lumière de la folie du fondamentalisme qui nous menace, il
est temps de constituer une coalition de la lucidité entre les
Israéliens et les Arabes qui souhaitent vivre. Cela peut encore
devenir une réalité en septembre 2006, mais cette fenêtre
d'opportunité ne restera pas ouverte pour toujours.
* Yossi Beilin est ancien ministre et président du parti
Meretz-Yakhad.
Il est à l'origine, avec Yasser Abed Rabbo, de l'Initiative de
Genève. |