Le Monde Arabe derrière Chavez ?
[jeudi 14 septembre 2006]
Par Yann, délégué de Dieudonné à Caracas
15 h, un groupe de « reggäeton » (musique
portoricaine festive) débarque sur scène avec des
morceaux prorévolutionnaires faisant l’éloge du
processus et chantant les louanges du Président vénézuélien
Hugo Rafael Chavez Frias.
16 h, le Président arrive, la foule chaviste est en
transe, la clameur est incroyable, celle d’un stade de
foot à côté passe pour un pet de mouche... Chavez salue
le peuple d’un signe de la main énergique, puis un par
un tous les musicienNEs présentEs sur scène, enfin il
arrive à sa tribune. Comme à l’accoutumé, il
n’entame pas son discours avant d’avoir chanté avec
son peuple, l’hymne national. Je ne suis pas le genre de
personne que les hymnes ravissent, je prônerai même plutôt
leur disparition, leurs paroles guerrières et sexistes me
faisant horreur. Il faut cependant se représenter cette
scène, inouïe pour nous en Europe et bien avouer que 400
000 personnes qui chantent en choeur une chanson à
laquelle ils croient tous profondément...et ben oui cela,
bien malgré soi, provoque des frissons... L’objectif de
cette rencontre entre le Président et ses partisans est
el juramentacion de los batallones, le serment des
bataillons.
Explications : le 12 août 2006, lors d’un événement
similaire organisé pour l’occasion, Chavez annonçait
officiellement sa candidature aux élections présidentielles
prévues le 3 décembre prochain. Lors de son allocution,
il décréta qu’à partir de ce 12 août et jusqu’au 3
décembre, c’est-à-dire tout au long de la campagne électorale,
le camp chaviste entrait dans la Bataille de Miranda
(Francisco de Miranda est un héros célèbre au
Venezuela, fidèle général de Napoléon, il combattit
les colons espagnols au Venezuela après avoir participé
à la Révolution française et à l’indépendance américaine).
Cette Bataille de Miranda pour la réélection de Chavez
n’est pas seulement une appellation, cette dernière se
traduit sur le terrain par l’organisation de différents
bataillons de « mirandinos, mirandinas » chargé
de mettre en place au sein de leurs bataillons, différents
pelotons, chargés eux-mêmes de gérer des escadrons qui
devront, pour chacunE des membres les composant, tenter de
convaincre huit personnes de leurs entourage de la nécessité
d’aller voter (pour Chavez bien sur...) Ce 9 septembre,
nous voici donc réunis, pour le jurement de tous ces
bataillons du pays, sur cette fameuse avenue Bolivar. Ce
qui fut fait, solennellement, tous les membres des
bataillons présents dans la foule levèrent la main
gauche et répétèrent après leur Président : je
jure...
Mais l’événement réel de ce jour (et le pourquoi de
cet article) n’est cependant révélé par Chavez
qu’une heure plus tard. Je vais tenter de ne pas trahir
ses propos tant la façon dont il les a exposés m’est
apparue aussi forte que la nouvelle elle-même. Chavez
dans ses discours à l’habitude de saluer régulièrement
Fidel Castro et les cubains de façon générale. Le voilà
donc en train de raconter qu’un mois plus tôt lors
d’une conversation qu’il avait avec le Commandant en
chef de l’armée cubaine, celui-ci lui avouait ne pas
comprendre pourquoi la ligue des pays arabes n’avait
jamais appuyé, dans la totalité du vote de tous ses
membres, la candidature de Cuba au conseil de sécurité
de l’ONU. Et Chavez de répondre qu’il est normal
qu’au sein d’une organisation comme la Ligue Arabe,
tous ne peuvent tomber d’accord puisque les intérêts
de chacun divergent en fonction de telle ou telle alliance
et que ce n’est pas parce qu’on est arabe qu’on a
les même intérêts que son voisin lui aussi arabe. Puis
il poursuit :
« Il y a quelques heures il s’est
produit une chose que je n’aurais jamais pensé
possible... » Silence. La foule retient son souffle.
« La ligue Arabe, dans la totalité de
chacun de ses membres sans exclusion, a voté pour la
candidature du Venezuela au conseil de sécurité de l’ONU !!! »
La clameur est gigantesque, moi je demeure coi, me répétant
au plus profond : « incroyable, c’est
incroyable ». Chavez continue ainsi :
« Mais le plus impensable dans ce vote,
c’est celui de l’Irak, qui, malgré la main mise étasunienne
sur sa gouvernance, a également voté pour nous ! »
En effet, me dis-je, comment cela est-il possible ? A
l’heure actuelle, je n’ai toujours pas trouvé la réponse
à cette question, comme je n’ai toujours pas compris
comment l’Arabie Saoudite ou d’autres pions arabes
vendus à l’impérialisme ont pu trahir leur maître américain.
Plus grave, je n’ai trouvé nulle part sur Internet, en
ce dimanche 10 septembre 2006, aucune information sur cet
événement majeur qui témoigne du lien étroit qu’a réussi
à créer Chavez d’avec les pays arabes, prouvant par la
même qu’un véritable front insoumis à l’empire
semble se dessiner à l’horizon international et qui
pourrait peut-être changer le cours des événements géopolitiques
actuels. Cette Grande Nouvelle pour le Venezuela l’est
donc aussi pour tous ceux et celles qui, à leurs niveaux,
lutte contre l’étasunisation du monde et si les mass médias,
trop occupés qu’ils sont à parler de la célébration
du 11 septembre à la une de leurs titres, demeurent
imperméables à ce genre d’événements, je n’ai pu,
de mon côté, résister à la ferveur de vous la faire
partager... Alors s’il vous plait, faites-en de même,
les « puissants » de ce monde ne veulent pas
nous écouter, à nous de nous faire entendre ! Que
tous ceux qui ont l’habitude d’écrire sur certains
sites sur internet le fasse à propos de cette
information, faites-la circuler au maximum, divulguer-la,
celle-ci ne s’adresse pas qu’aux vénézuéliennes, il
serait terrible qu’elle reste cantonner au pays, il faut
impérativement que cela se sache !
Yann
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