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Parti antisioniste
France: une
colonisation mal assumée...
Yahia Gouasmi
L'empire colonial français -
Photo: P.A.S.
Vendredi 17 décembre 2010
L’Europe occidentale,
notamment la France, a perdu toute centralité et toute influence
déterminante dans la politique du monde. La puissance de cette
Europe, dont la Grande-Bretagne et la France, se fondait sur de
grands empires coloniaux, riches en matières premières qui
alimentaient la Métropole, utilisant une main d’œuvre locale
asservie et donc à très bas prix.
La décolonisation, l’émergence de nations indépendantes devenues
puissances économiques (qui ne sont pas européennes), la montée
et l’affirmation de forces politiques opposant une résistance
déterminée à la spoliation a complètement changé la donne.
Parallèlement, les flux migratoires vers la France ont pour
conséquence que d’anciens colonisés et leurs descendants sont,
aujourd’hui, citoyens français. Mais, leur situation concrète et
l’image véhiculée par de nombreux hommes politiques et médias
donnent l’impression qu’ils ne sont pas des citoyens français à
part entière. Pourquoi a-t-on fait entrer dans le langage
courant l’expression « issus de l’immigration »
toujours accolée à un Français d’origine maghrébine ou
africaine, mais jamais – ou rarement – à un Français d’origine
portugaise, italienne ou polonaise ?
Cette question est fondamentale. Elle illustre le poids de
l’héritage colonial dans les mentalités et nous éclaire sur le
type de « citoyenneté » qui s’est bâti en France pendant la
période coloniale. Cette vision de la citoyenneté prouve,
aujourd’hui, son incapacité à intégrer pleinement ces
populations. La colonisation a donc laissé une trace profonde
dans l’idée de « citoyen » qui exclut, en totalité ou en partie,
ces populations venant du Maghreb et d’Afrique.
Cette crise de la citoyenneté est palpable. Tous les débats
actuels sur le « pacte républicain », la « refondation de la
République », la « laïcité », etc. sont l’expression de cette
crise avec tous ses relents xénophobes, racistes et
islamophobes. Mais, elle se produit à un moment précis : celui
de la crise économique mondiale. La cause profonde de cette
crise est la mainmise totale par la grande finance
internationale et cosmopolite sur l’économie réelle qui, livrée
à la spéculation, court ainsi à sa perte. Cette crise n’empêche
pas, malgré tout, les pays émergents de continuer leur chemin.
La conséquence pour un pays comme la France est claire :
délocalisation, chômage, déficit public avec un appauvrissement
de la population. Il n’y a plus les surprofits coloniaux
d’autrefois qui permettaient de saupoudrer de quelques miettes
la misère populaire en France. Les fameux acquis sociaux de la
Libération (1945) sont aussi le reflet d’un rapport de force
Nord /Sud de l’époque. La générosité de la République n’a pas
traversé la Méditerranée et les populations maghrébines et
africaines (colonisées) s’en sont trouvées exclues. Nous
remarquons que dans les débats de l’époque et même
d’aujourd’hui, cet aspect des acquis sociaux de la Libération
n’est jamais évoqué. Aujourd’hui, la crise et la résistance des
pays émergents obligent le gouvernement français à s’attaquer
frontalement à ces acquis sociaux. La récente réforme du départ
en retraite – en réalité, une régression – le montre bien. La
pauvreté, le chômage, la précarité, tel est l’avenir pour le
plus grand nombre.
Les plus touchés sont souvent ces Français d’origine maghrébine
ou africaine. Ils sont victimes et marginalisés deux fois :
comme le reste de la population à cause de la crise, et une
deuxième fois par leur origine ethnique. L’idée saugrenue parce
qu’irréalisable de présenter des CV anonymes (que fait-on le
jour de l’entretien ?) montre bien la réalité de cette
discrimination.
Pour résumer, la crise économique frappe la France dont le
déficit croissant empêche toute marge de manœuvre :
impossibilité de continuer à maintenir les fameux acquis sociaux
pour la population française, et incapacité d’intégrer ces
Français issus de la colonisation. Ce basculement du monde qui
laisse l’Europe et la France en retrait, pose la question de la
citoyenneté. Ici, pèsent de tout leur poids la mentalité et
l’héritage coloniaux. Tous les a priori, souvent dissimulés par
des non-dits au temps de « la splendeur économique » de notre
pays, apparaissent au grand jour. C’est le discours de
stigmatisation et la désignation d’un bouc-émissaire qui, dans
le contexte international actuel, est toujours assimilé au
Musulman et à l’Islam. Cette stigmatisation du Musulman va
d’ailleurs tout à fait dans le sens des intérêts du sionisme,
dont on connaît le rôle et l’influence dans le système bancaire
international, dans la classe politique et dans les médias.
Il y a une difficulté à redéfinir une citoyenneté française qui
puisse être partagée par tous. Cette difficulté est, en grande
partie, la conséquence d’une mentalité post-coloniale
soigneusement entretenue. On l’a vu récemment en France. Alors
que les tensions communautaires ou xénophobes étaient
stabilisées, voire parfois apaisées, depuis les émeutes urbaines
de 2005 (sans que des solutions concrètes aient été apportées),
c’est du sommet l’Etat (Nicolas Sarkozy) via le ministre de
l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du
Développement solidaire (Eric Besson) qu’est venu le fameux
débat sur l' « identité nationale », facteur de divisions,
cherchant à opposer des Français entre eux. A moins de penser,
comme certains actuellement au pouvoir, qu’il y a des Français
de plusieurs catégories (cf. la déchéance de la nationalité
française pour les naturalisés depuis moins de 10 ans !).
La crise économique va continuer et les problèmes continueront
de s’aggraver. L’intégration de ces Français descendant
d’anciens colonisés va continuer à être le problème majeur de la
société française. Jusqu’à quand va durer l’exclusion pour ces
Français ? Jusqu’à quand le supporteront-ils ? En un
mot, la question est posée : que faire avec nos ex-colonisés ?
C’est tout l’enjeu des débats actuels que la langue de bois
politique appelle « refondation de la République », «
citoyenneté » et « laïcité ».
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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