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Parti antisioniste
Afghanistan: La guerre perdue d'avance
Yahia Gouasmi
Photo : P.A.S.
Lundi 1er novembre 2010
Dans un
enregistrement daté du 27 octobre 2010, Ben Laden s’en prend
nommément et exclusivement à la France. Les griefs portent sur
l’interdiction de la Burqa en France, et sur la participation de
notre pays à la guerre en Afghanistan. La prise d’otages
français au Niger par le groupe dit « Al-Qaida au Maghreb
islamique » est également mentionnée. La participation
militaire de la France à ce que Ben Laden appelait « La
guerre de Bush » semble être en réalité le cœur du
problème. Une question se pose alors : que fait la France en
Afghanistan ? Autrement dit : pourquoi sommes-nous
entraînés dans ce conflit ?
Cinquante militaires français ont déjà été tués au cours de
cette guerre qui n’ose pas dire son nom. Il s’agit,
officiellement, d’une participation française aux côtés des
États-Unis. Cela a ainsi permis que l’intervention de M. Sarkozy
aux côtés de Bush, puis d’Obama, échappe à tout contrôle de
l’Assemblée nationale, et à tout vote. Le résultat de ce dernier
n’aurait certes pas fait de doute, compte-tenu de la majorité
UMP à l'Assemblée, mais il aurait au moins permis un débat. Cela
aurait contraint chaque parlementaire à prendre ses
responsabilités, et donc à en répondre si nécessaire devant les
familles endeuillées, et devant l’opinion publique. On observe
d’ailleurs que la prétendue opposition, notamment le Parti
Socialiste, ne souhaite pas gêner M. Sarkozy sur cette question.
Où sont en effet les interventions de leurs parlementaires ?
Pourquoi n’exigent-ils pas un retrait immédiat de nos troupes
après chaque mort ? Il s’agit donc d’une vraie guerre, non
déclarée, poursuivie dans le dos de la représentation nationale
mais avec sa totale complicité : une guerre dont il faut
chercher à comprendre les vrais buts.
Certains nous affirment qu’un des objectifs de la participation
française à ce conflit est l’établissement de la « démocratie »
en Afghanistan, et en particulier la libération des femmes
afghanes du port de la Burqa ! A ceux-là, nous répondons
que les pires guerres coloniales et impérialistes se sont
toujours faites au nom du « droit » et de la « démocratie ». Les
millions de tués, autrefois en Algérie ou au Vietnam, et
aujourd’hui essentiellement dans les pays musulmans (Palestine,
Iraq, Afghanistan), témoignent largement de l’hypocrisie d’un
tel argument. Par ailleurs, chaque peuple a ses propres
traditions en matière de démocratie. Notre « démocratie
parlementaire » à la française est totalement étrangère aux
traditions afghanes, et semble même le devenir pour une grande
partie des Français, de plus en plus sceptiques. Les dernières
grèves et manifestations massives en France ont ainsi montré la
coupure entre la majorité de la population d'une part, et le
gouvernement et le Parlement d'autre part.
Quant au port de la Burqa, il s’agit d’un usage propre à ce
pays, et dont la décision de son maintien ou de sa suppression
revient exclusivement aux Afghans. Que penserait-on d’une
agression militaire contre la France pour supprimer le port de
la mini-jupe ? Les objectifs de cette guerre sont en
réalité ailleurs…
Ces objectifs sont d'abord géopolitiques. L’Afghanistan est en
effet le passage obligé des oléoducs et gazoducs reliant les
Républiques d’Asie Centrale aux tankers américains et
occidentaux. Le Pakistan, pays musulman possédant l’arme
atomique, acquiert par ailleurs une importance de premier plan.
Déjà, des observateurs occidentaux craignent – ou font semblant
de craindre – que la bombe pakistanaise ne tombe aux mains de
talibans ou prétendus tels. A partir de là, toutes les
manipulations et provocations sont envisageables, y compris un
attentat nucléaire (en Europe par exemple) facilement imputable
aux « islamistes ». Un 11 septembre bis qui créerait un
choc psychologique, et permettrait à l’USraël de relancer la
machine…
Les objectifs de cette guerre sont également économiques. On
connait en effet les immenses réserves en matières premières
(dont certaines sont très rares) du sous-sol afghan, lesquelles
représentent un véritable enjeu pour plusieurs grandes
puissances, dont les États-Unis et la Chine. A cet enjeu, s’en
ajoutent d’autres : l’encerclement de l’Iran, la mainmise
américaine sur l’ensemble afghano-pakistanais, ou encore la
culture et le trafic du pavot dont les immenses profits ont
souvent financé les guerres occultes de la CIA et le système
bancaire international.
Il ne faut pas oublier les aspects psychologiques et symboliques
non négligeables : dominer, assujettir, en un mot « mater » des
pays musulmans en les maintenant dans une mentalité de soumis et
d’éternels occupés.
L'engagement de notre pays dans cette guerre illustre
l’alignement total de la politique étrangère de Sarkozy sur
celle de Washington. Les soldats français en Afghanistan, sous
direction et contrôle nord-américain, ne sont que des
supplétifs, des auxiliaires. Tout le monde sait qu’un jour ou
l’autre – et ce jour est proche – les Américains se retireront
d’Afghanistan, comme s’en sont retirés les Soviétiques en leur
temps. Déjà, la presse américaine fait état de négociations dans
certaines régions afghanes, entre le pouvoir de Kaboul et des
chefs talibans. Ces négociations ne peuvent se faire qu’avec
l’accord et la protection nord-américaine. Alors pourquoi
attendre le retrait – inévitable – des Américains pour retirer
nos propres troupes ? Combien faudra-t-il encore de morts
jusqu’aux élections présidentielles de 2012 pour rapatrier nos
soldats, et sortir de ce bourbier ?
La participation de la France de M. Sarkozy à la guerre
américaine en Afghanistan a des conséquences négatives pour
notre pays. La France est non seulement perçue comme un ennemi
dans tout le monde musulman, mais également comme un auxiliaire
des États-Unis qui voudrait en faire plus que son maître. Les
effets de cette politique sont déjà perceptibles : prise
d’otages français au Sahel (des Français travaillant à
l’extraction de l’uranium au Niger), perte de toute crédibilité
de notre politique (la France apparaît désormais, sur le plan
international, comme étant incapable de proposer quelque
solution alternative que se soit)… Tout cela ne fait que creuser
davantage le fossé entre notre pays et les pays musulmans, alors
que des politiques antérieures nous donnaient une image
relativement positive dans les capitales arabes, et plus
généralement chez tous ceux qui n’acceptent pas la domination
nord-américaine.
La guerre de la France en Afghanistan n’est peut-être pas sans
liens avec les campagnes islamophobes que connaît notre pays
depuis un certain temps. Tantôt de manière ouverte, tantôt de
manière plus insidieuse, on désigne le musulman comme étant
l’ennemi. On tend à faire croire aux Français que la guerre
menée à Kaboul devra un jour se mener aussi à Paris. Cette
politique est catastrophique, et on en voit déjà les effets chez
nous : désignation d’un bouc émissaire, préfigurant des conflits
communautaires auxquels une propagande semble déjà nous
préparer.
En conclusion, lorsque les Américains se retireront
d’Afghanistan, le gouvernement de M. Sarkozy y aura sacrifié des
vies humaines, et fait perdre à la France la totalité de son
crédit dans le monde musulman. A qui tout cela profite ? A
ceux qui ont toujours su provoquer et instrumentaliser, à leur
profit exclusif, des guerres menées par d’autres : le lobby
sioniste.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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