|
Le Grand soir
Victoire
diplomatique à Managua
Défaite du «Monde» à Paris
Thierry Deronne
Mercredi 1er juillet 2009
Calderon, Colom, Arias, Morales, Chavez, Correa,
Castro, Torrijos... Tant de chefs d’État latino-américains qui
décident de se réunir en urgence ce lundi à Managua, c’est une
première. L’histoire retiendra leur unanimité et leur fermeté.
Les pays de l’ALBA, du SICA, du Groupe de Rio et de l’OEA
exigent "le retour immédiat et inconditionnel du président
Zelaya au Honduras". Sa volonté affirmée de rentrer au pays dès
jeudi lui vaut une standing ovation.
Alors que ses homologues dénoncent "le retour à
la barbarie subie à l’époque de la National Security" et
refusent de "revenir à l’âge des cavernes", le journal français
Le Monde, lui, évoque un "coup d’État d’un genre nouveau"
(1). Ce titre, Sabot l’emprunte au "principal quotidien"
nicaraguayen - sans dire qu’il s’agit surtout du plus
réactionnaire - "La Prensa". C’est ce journal que le président
dominicain Leonel Fernandez, connu pour sa prudence, brandit ce
soir a Managua devant la trentaine de collègues
latino-américains pour en dénoncer la manchette : "deux
présidents se disputent un siège". "Il n’y a qu’un président du
Honduras, corrige un Fernandez indigné, celui qui est sorti des
urnes !".
Le Monde feuillette la "presse
latino-américaine" comme si on pouvait trouver le pluralisme
dans la concentration économique de la presse écrite. Technique
connue : se retrancher "objectivement" derrière les citations.
Cela permet de jeter une ombre sur la consultation électorale
avortée, cette enquête demandée par 400.000 signatures
citoyennes et que les partis de l’élite putschiste, majoritaires
au congrès, craignaient tant. Pourquoi s’inquiéter d’une
consultation voulue par la population au point que les habitants
montaient dimanche des barricades pour empêcher les militaires
de confisquer les urnes ? Mais voyons, cher lecteur, parce que
les honduriens pourraient demander ensuite une réforme
constitutionnelle. Et si les gens votent et s’ils décident de
réélire Zelaya, eh bien, ce sera - nous vous l’expliquerons
bientôt - la dictature comme au Venezuela, vous savez bien.
C’est la faute de Zelaya de croire que ni les États-Unis ni la
Banque Mondiale ne rendront la vue à des milliers de pauvres ou
ne donneront aux paysans les moyens de produire pour nourrir la
population et de préférer les programmes sociaux de l’ALBA et du
Petrocaribe initiés par le gouvernement venezuelien.
Pour écarter tout soupçon de partialité, le
Monde cite un journal argentin, qui nous précise-t-on est "de
gauche". "50 % pour Hitler, 50 % pour les juifs" (Godard).
Pourquoi faudrait-il démonter les rouages de
l’élite économique hondurienne et ces conseillers d’un Pentagone
qui pèsent plus qu’Obama dans leur volonté de briser le maillon
le plus faible de l’ALBA ? Nicolas Sabot cite la presse
hondurienne mais ne dit rien du coup d’État médiatique, du
monopole privé du spectre radioélectrique, de ces télévisions
qui passent des telenovelas pour censurer la résistance de la
population. Tout récemment Lula, Correa et même Obama ont
critiqué ces médias qui attentent contre les institutions
démocratiques ? Des "fils de Chavez" sans doute.
Le Monde ne dira rien non plus de la
part active du président venezuelien dans la
construction de ce front pluraliste de chefs d’ëtat pour
sauver la democratie au Honduras. Alors que le président
venezuelien a reaffirmé a Managua, entouré de ses
collêgues du reste du continent, que "l’ere des fusils
est bien finie et que les revolutions doivent etre
pacifiques", le Monde reprend dès dimanche la vulgate
mondiale : "Chavez-met-ses-troupes-en-alerte". Pour
conclure son article, Antonin Sabot a choisi un dessin
de la Prensa (Panama) (voir photo ci-jointe). Le
président du Honduras court en pleurant vers son "père",
Hugo Chavez, qui lui demande, énervé : "Qui t’a mis ce
coup ? Que je lui en mette un !"
Lorsque le Pinochet hondurien (Romeo
Vasquez, formé a l’Ecole des Amériques) rejoindra sa caserne
grâce a la résistance civile et aux efforts conjugués des
chefs d’État latinoamericains, les honduriens devraient
décorer "le Monde" pour sa courageuse contribution a la
mobilisation générale.
Thierry Deronne
Vive TV. Venezuela
29 juin 2009.
1) voir:
http://www.lemonde.fr/...
© LE GRAND SOIR - Diffusion non-commerciale
autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
|