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Opinion
Un discours d'une
clarté aveuglante
Soraya Hélou
Sayyed Hassan Nasrallah
Samedi 13 novembre 2010
Un discours magistral, d’une logique implacable et d’une clarté
étonnante, c’est ce qu’a prononcé le secrétaire général du
Hezbollah jeudi soir à l’occasion de la Journée du martyr. Tout
en exposant les cinq épisodes du plan américain pour détruire la
résistance au Liban et ternir son image, il a laissé une
dernière chance au camp du 14 mars pour trouver une issue
honorable à la crise actuelle et refuser de placer le Liban sous
le contrôle de Feltman, Rice, Clinton et les autres. D’ailleurs,
le 14 mars ne s’y est pas trompé. Sentant qu’il ne peut pas
affronter la logique du sayyed et qu’il ne peut pas avancer des
arguments convaincants face aux siens, il a préféré relever des
questions de forme pour en faire un sujet de polémique alors que
les défenseurs de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora se
sont dévoués pour prendre sa défense. En tout cas, le sayyed a
réussi à placer le camp adverse dans la position inconfortable
de l’accusé cherchant à se défendre, alors qu’il se vautrait
auparavant dans le statut d’attaquant, utilisant l’acte
d’accusation annoncé du TSL. Le camp du 14 mars a même utilisé
un procédé connu pou lancer une information visant à détourner
l’attention de l’opinion publique et à réduire ainsi l’impacte
du discours du secrétaire général du Hezbollah. C’est ainsi que
le discours à peine achevé, une chaîne de télévision du 14 mars
a annoncé sous forme d’information urgente que « l’acte
d’accusation du TSL est désormais prêt et qu’il en est au stade
de la rédaction et de la traduction ». L’information a eu un
petit effet au début sur les esprits encore sous le choc du
discours de sayed Nasrallah, mais son impact a été éphémère car
comment pourrait-on traduire un acte d’accusation dont la
rédaction n’a pas été encore achevée ?
Bref, la tentative de diversion a vite montré ses limites et 48
heures après le discours, nul n’a osé répondre sur le contenu.
Aucune voix ne s’est en effet élevée pour contester l’analyse du
sayyed sur la politique américaine dans la région et au Liban en
particulier et aucune personnalité n’a remis en question les
cinq épisodes évoqués par le secrétaire général, quatre ayant
abouti à un échec des visées américaines à cause de la mauvaise
estimation de la situation, de la volonté et du fonctionnement
de la résistance, alors que le cinquième se joue actuellement et
aboutira, selon le sayyed à une victoire inéluctable, comme dans
les épisodes précédents.
Même dans les milieux chrétiens du 14 mars que sayyed Nasrallah
a évoqués, nul n’a osé protester contre les informations qu’il a
dévoilées sur la proposition française de partager le pouvoir au
Liban en trois tiers, un pour les chrétiens, un autre pour les
sunnites et un troisième pour les chiites. Tout comme nul n’a
répondu au fait qu’au plus fort de leur apogée et alors qu’ils
déclenchaient des guerres dans la région qu’ils croyaient
victorieuses, les Américains n’ont pas aidé leurs alliés
libanais, les laissant se débattre tous seuls. Enfin, aucune
voix ne s’est élevée non plus lorsque citant l’ancien président
américain George W Bush, sayed Nasrallah a rapporté comment ce
dernier a prolongé la guerre de 2006 pour donner une chance à «
Israël » de remporter une victoire, alors que voyant les
difficultés de l’armée israélienne, il a finalement eu recours
au Conseil de sécurité pour sauver l’entité sioniste d’une
débâcle encore plus grave. A tous ceux qui depuis 2006 n’ont
cessé de nier la victoire de la résistance pendant cette guerre,
c’est un camouflet retentissant, puisque le grand patron du 14
mars et de la coalition occidentale dans son ensemble a reconnu
avoir jugé nécessaire de faire adopter la résolution 1701 pour
sortir l’entité sioniste du pétrin dans lequel elle s’était
fourrée.
Le discours de sayed Hassan Nasrallah est en ces sens une étape
marquante dans la vie politique libanaise. Il a l’avantage de
mettre de nombreux points sur les « i » et de clarifier certains
épisodes de notre histoire récente en les plaçant dans un
contexte global, tout en laissant une porte ouverte aux
solutions, en leader soucieux d’éviter au pays de nouvelles
secousses et convaincu que la diversité est une des plus grandes
richesses du Liban. Sayyed Nasrallah a paru jeudi soir plus
soucieux de préserver le Liban et ses institutions que de
nombreux autres leaderships qui répètent pourtant chaque jour
que leur choix est l’Etat et leur souci le Liban. Mais lorsqu’on
est totalement entraîné dans un courant, on ne maîtrise plus ni
son raisonnement, ni son ouïe. Pourtant, le message du sayyed
était d’une clarté aveuglante. La balle est désormais dans le
camp du 14 mars. Veut-il se détacher des plans américains et
a-t-il tiré la leçon du passé ou bien préfère-t-il continuer
dans une direction qui n’a apporté que des malheurs au Liban et
aux Libanais ?
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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