|
THE
NEW YORK TIMES
Le
ton monte entre les États-Unis
et le Venezuela -
la
saisie de la cargaison n'est qu'une partie du conflit
Simon
Romero
CARACAS,
Venezuela, le 26 août
Les
États-Unis et le Venezuela ont intensifié leur escalade verbale
après la saisie, par les autorités douanières vénézuéliennes,
de valises diplomatiques états-uniennes contenant des fournitures
militaires.
Selon les analystes, cette affaire pourrait être le prélude
d'une plus grande détérioration des relations. Le
procureur général du Venezuela a ouvert une enquête vendredi afin
de déterminer si l'ambassade des États-Unis a violé la loi
douanière au sujet de 20 valises diplomatiques qui sont entrées
au pays.
La cargaison, livrée par un avion de transport militaire C-17,
contenait entre autres des sièges éjectables apparemment
destinés à des avions de combat vénézuéliens, des charges
explosives et environ 180 livres de poulet qui ont évité le
contrôle sanitaire, a déclaré le ministre de l'Intérieur Jesse
Chacón Escamillo.
Cette
dernière escarmouche survient au moment où le gouvernement du président
Hugo Chávez s'inquiète toujours davantage face aux mesures des
États-Unis visant accroître les opérations d'espionnage contre
le Venezuela, entre autres la création, ce mois-ci, d'un poste
chargé de la supervision des activités de collecte et d'analyse
de renseignements sur le Venezuela et sur Cuba. M. Chávez affirme souvent que les États-Unis ont l'intention
de déstabiliser son gouvernement et de le renverser.
Cette semaine, Brian Penn, l'un des porte-parole de l'Ambassade
des États-Unis au Venezuela, a déclaré aux médias locaux que
les valises diplomatiques saisies jeudi contenaient des pièces de
rechange de sièges éjecteurs destinées à des militaires vénézuéliens.
En mai dernier, les États-Unis avaient interdit la vente
d'armes et d'équipement militaire au Venezuela en alléguant le
manque de coopération dans le cadre de la lutte contre le
terrorisme, tout en affirmant que des contrats préexistants
pourraient être remplis.
Samedi, les autorités de l'Ambassade états-unienne n'ont pas pu
être joints pour faire part de leurs commentaires.
Vendredi, Edgar Vasquez, l'un des porte-parole du Département d'État
à Washington, a affirmé à l'agence de nouvelles «Associated
Press» que les États-Unis ont demandé des «explications immédiates
sur tout cet incident», affirmant que la fouille constitue une
violation des traités internationaux relatifs aux valises
diplomatiques. «La
cargaison saisie contenait les effets domestiques d'un diplomate
états-unien et des articles de l'ambassade», a déclaré M.
Vasquez.
Les tensions entre les deux pays ont augmenté, les États-Unis
critiquant M. Chávez pour ses efforts continuels d'établir des
liens plus étroits avec l'Iran et avec Cuba, alors que les
Etats-Unis continuent d'être le clien le plus important de pétrole
vénézuélien.
M. Chávez a critiqué les efforts des États-Unis de s'opposer
aux aspirations du Venezuela d'obtenir cette année un siège au
Conseil de Sécurité des Nations Unies.
M. Chávez a déclaré cette semaine que le Venezuela a obtenu
l'appui de la Chine quant à sa demande aux Nations Unies, après
qu'il ait établi un plan d'augmentation des ventes de pétrole
brut à la Chine : celles-ci passeront du chiffre actuel de 150
000 à celui de 500 000 barils par jour dans cinq ans.
Or les chiffres du Département de l'Énergie des États-Unis
indiquent qu'au cours des premiers quatre mois de cette année les
exportations de pétrole du Venezuela vers les États-Unis ont été
réduites de 6%, et que la production totale de pétrole du
Venezuela a diminué.
«Le gouvernement des États-Unis a déployé tous les moyens à
sa disposition pour empêcher mon pays de faire partie du Conseil
de Sécurité» a déclaré M. Chávez aux journalistes vendredi
à Beijing, où il se trouvait dans le cadre d'un voyage de six
jours visant à renforcer les liens commerciaux entre son pays et
la Chine. «Les impérialistes
états-uniens essaient de nous freiner.»
Les analystes ont souligné que le Venezuela se sert de chicanes
de valises diplomatiques comme prétexte pour rompre les liens
diplomatiques, comme au cours des années 50 il l'avait fait avec
l'Union soviétique, sous la dictature militaire de Marcos Pérez
Jiménez.
«Le moment de la maturité est arrivé pour la diplomatie vénézuélienne
lorsqu'elle affirme ses droits», écrit Julio César Piñeda,
diplomate vénézuélien à la retraite dans un commentaire publié
samedi dans le journal «El Universal», «ou de l'élimination de
ses défauts et de son manque de professionalisme».
|