Opinion
La Syrie sous le
feu des médias
Silvia Cattori
Mercredi 14
décembre 2011
Entre le 29
novembre et le 5 décembre, une série de
quatre documentaires consacrés à la
Syrie ont été présentés aux
téléspectateurs français. Leurs auteurs,
(Martine Laroche-Joubert et Christophe
Kenck pour
France 2,
Marc de Chalvron et Romaric Moins pour
I-télé, Manon
Loizeau pour
France 2,
Paul Moreira pour
Canal-plus), ont affirmé avoir
rejoint clandestinement la Syrie. Un
pays qui, selon la présentatrice d’Envoyé
spécial, Guilaine Chenu, est
« complètement fermé à
la presse depuis le début de la révolte
».
Cette accumulation de reportages,
dans un temps si court, et leur
contenu même, attribuant uniquement
aux forces de l’ordre
gouvernementales la responsabilité
des exactions, soulèvent de
nombreuses questions.
Premièrement. L’affirmation
récurrente selon laquelle le
gouvernement syrien refuserait
l’entrée aux journalistes est
fausse. Nombre de journalistes et de
chercheurs qui en ont fait la
demande ont eu l’autorisation
d’entrer en Syrie et d’y exercer
normalement leur travail
d’information (ou de désinformation)
[1].
Deuxièmement. Ces «
grands reporters » (c’est ainsi
qu’ils sont présentés)
remplissent-ils vraiment leur devoir
d’informer honnêtement ? Leurs
reportages apportent-ils les
explications permettant au public de
comprendre ce qui se passe
réellement en Syrie ?
Après avoir vu et entendu ce que ces
« grands reporters
» en ont rapporté, la réponse est
non. En effet, fondés sur les dires
d’opposants syriens qui préconisent
la lutte armée, et qui sont par
ailleurs leurs uniques
accompagnateurs, leurs reportages
s’avèrent d’emblée totalement
orientés.
Quel crédit peut-on accorder aux
dires de « grands
reporters » qui fondent leurs
enquêtes uniquement sur des
témoignages recueillis en présence
d’opposants armés ?
En se limitant à ne relayer que le
point de vue de dissidents
favorables à une intervention
étrangère, les auteurs de ces
reportages ne remplissent pas leur
devoir d’informer le public. Ils
participent objectivement et
ouvertement de la guerre
psychologique menée depuis neuf mois
par des États [2]
qui, comme la France, cherchent à
influencer l’opinion publique pour
paver la voie à une intervention
étrangère basée sur le modèle libyen
[3].
Leur insistance à évoquer la
nécessité d’un soutien occidental à
l’opposition armée met en question
la neutralité de leur travail.
En outre, leurs reportages passent
totalement sous silence la voix de
ces centaines de milliers de
Syriens, parfois des millions, qui à
de multiples occasions se sont
rassemblés, à Damas notamment [4],
pour exprimer leur soutien au
président el-Assad et dénoncer la
déstabilisation de leur pays par des
opposants armés, apparemment
instrumentalisés par des puissances
étrangères.
Le public a droit à une information
honnête ; c’est le devoir de tout
journaliste de la lui fournir. Or,
les quatre reportages diffusés par
ces chaînes télévisées et présentés
comme des documents exceptionnels «
au cœur de la
révolution syrienne », sont
totalement déséquilibrés. Ils
mentent par omission. Ils font fi du
fait que des villes entières comme
Alep ou Damas (soit un tiers de la
population syrienne) refusent toute
opposition armée ; raison pour
laquelle leurs habitants continuent
de manifester leur soutien au
président el-Assad et de préconiser
une démocratisation par des
réformes.
Les dérives les
plus graves
En ne se fondant que sur les dires
d’opposants syriens filmés au Liban,
en Turquie, ou dans des zones
contrôlées par des groupes armés
(qui sont également leurs
accompagnateurs), les «
grands reporters
» français cités plus haut, ont
totalement décrédibilisé leur
enquête.
Comment imaginer, en effet, que
leurs accompagnateurs en sympathie
ou engagés dans une lutte armée
contre le gouvernement puissent
conduire des journalistes enquêter
auprès de Syriens restés fidèles au
président ? Et comment imaginer,
qu’en présence de ces opposants
armés qui les accompagnent, il
puisse se trouver des Syriens qui
osent parler librement pour
contredire leur version des faits ?
Au cours de leurs enquêtes, ces «
grands reporters
» n’ont donc jamais fait état de la
version du gouvernement au sujet des
exactions délibérées qui lui sont
reprochées par les personnes
interrogées. Le ministre syrien des
affaires étrangères s’est pourtant
exprimé sur le sujet ; il eut été
opportun de mentionner sa version,
ne serait-ce que pour la contredire
ensuite si nécessaire, sur la base
de faits avérés.
Encore plus ahurissant : à aucun
moment ces « grands
reporters » ne donnent la parole
à l’un ou l’autre de ces Syriens
qui, depuis mars, descendent
massivement dans la rue pour
soutenir le gouvernement d’el-Assad.
Enfin, la question de savoir qui
encadre, finance, arme, et forme [5]
la soi-disant «
Armée syrienne libre » (ASL)
n’est quasiment jamais soulevée par
ces « grands
reporters », tout enthousiastes
à l’égard de ces combattants,
attachés qu’ils sont à les présenter
sous un angle sympathique.
Présenter de façon unilatérale la
version de cette minorité
d’opposants qui préconisent la lutte
armée contre Damas, sans se livrer à
une enquête étayant sa véracité,
n’est pas sérieux.
Au regard du parti pris qui anime
leurs enquêtes, il apparaît évident
que ces « grands
reporters » n’ont aucun scrupule
à négliger ou à supprimer les
éléments d’information qui
pourraient contredire leur thèse. Le
fait que, concernant la situation en
Syrie, les médias traditionnels ont
à plusieurs reprises présenté comme
avérées des nouvelles non
confirmées, ou comme véridiques des
documents qui se sont avérés
manipulés, voire falsifiés, n’est
jamais pris en compte [6]
[7].
De tels biais contreviennent
totalement à l’éthique d’un
journalisme honnête. Mais, de toute
évidence, cela ne dérange nullement
des rédactions qui accordent un
large écho à ces reportages «
exclusifs »,
pourtant visiblement douteux. Ils
ont sans doute – et c’était
assurément leur but - un impact
considérable sur une opinion
publique qu’il s’agit de rallier à
la thèse selon laquelle il est
devenu nécessaire et urgent de
renverser, par la force, un «
dictateur fou »…
un « barbare tueur
d’enfants ».
Au vu de ces manquements à l’éthique
journalistique, nous sommes conduits
à nous interroger sur le rôle de
certains journalistes et des
rédactions qui les promeuvent, dans
le soutien apporté aux guerres ayant
ensanglanté et détruit des pays
entiers au cours des dernières
décennies - hier l’Afghanistan,
l’Irak, le Liban, Gaza, la Libye -
et qui aujourd’hui semblent vouloir
vouer la Syrie au même sort… Et
pourquoi pas demain l’Iran ?
Est-ce le fait du hasard, que cette
ribambelle de «
grands reporters » se soit
rendue « secrètement
» en Syrie à la même période ?
On peut en douter. Leurs reportages
apparaissent en tout cas comme une
sorte de tir groupé, devant conduire
à une mise au pilori du président
el-Assad, et à préparer l’opinion à
une guerre au risque d’embraser la
région.
Un tir groupé en parfaite adéquation
avec l’enchaînement de déclarations
offensives de la France par la voix
de son ministre Alain Juppé [8]
et de ses représentants aux Nations
Unies. Le but final étant de
maintenir la pression sur le Conseil
de sécurité et d’arracher des
sanctions, un projet de résolution
du Conseil de sécurité ouvrant la
voie à une intervention militaire
internationale, dont Moscou et la
Chine ne veulent pas. Il est
difficile de ne pas établir un lien
entre ces reportages et les
évènements politiques et
diplomatiques en cascade qui
devaient aboutir le 28 novembre à
Genève, à ce que la Commission des
droits de l’Homme des Nations Unies
accuse les forces de l’ordre du
président el-Assad «
de crimes contre l’humanité ».
Cette lourde accusation, a été
précédée d’un nombre inhabituel
d’évènements, tous survenus durant
la même période, et sur le même mode
qui a conduit à autoriser l’OTAN à
aller bombarder la Libye.
A
savoir :
Le 18 novembre, le journal
gouvernemental turc
Sabah révélait des plans
militaires turcs pour
l’établissement d’une zone
d’exclusion aérienne au nord de la
Syrie, puis d’une zone tampon d’une
profondeur de 5 km, allant jusqu’à
la ville d’Alep à l’ouest, pour
favoriser le déclenchement d’une
guerre civile contre le pouvoir de
Damas.
Le 23 novembre, le magazine
satirique Le Canard
enchaîné écrivait : «
Plusieurs membres du
Service action de la DGSE (services
de renseignement français) et le
Commandement des Opérations
Spéciales (troupes d’élites
françaises) sont déjà prêts en
Turquie, s’ils en reçoivent l’ordre,
à former ces déserteurs à la
guérilla urbaine ».
Le 23 novembre, Alain Juppé
affirmait que « Le
Conseil national syrien (CNS) est
l’interlocuteur légitime avec lequel
nous continuerons à travailler »
et mentionnait la possibilité
d’établir des «
corridors humanitaires » en
Syrie [9].
Le 24 novembre, Riad Al-Assaad
(opposant et déserteur basé en
Turquie) chef de l’ «
Armée syrienne libre
», s’est dit favorable à des frappes
aériennes étrangères contre «
certaines cibles
stratégiques » pour le régime
syrien.
Le 26 novembre, Abdel Hakim Belhadj
(membre d’Al-Qaida) conduisait un
bataillon composé de 700 hommes à la
frontière syro-turque [10].
Le 28 novembre, le rapport de la
Commission des
droits de l’Homme des Nations Unies,
rédigé par Karen Koning AbuZayd,
Paul Pinheiro et Yakin Ertürk (de
nationalité turque) [11]
- accusait formellement l’armée et
les forces de sécurité syriennes de
« crimes contre
l’humanité, notamment des meurtres,
des actes de torture et des viols ».
Le 28 novembre la «
Lettre hebdomadaire d’informations
stratégiques et de défense »
affirmait que des hommes de la DGSE
et du « commandement
des opérations spéciales de l’armée
française seraient déjà au contact
(en Turquie sans doute) des
militaires dissidents syriens pour
les former et les aider à structurer
leur capacité opérationnelle ».
Elle précisait également que des
hommes de la CIA et du BND -les
services allemands – seraient eux
aussi déjà à pied d’œuvre, en
Turquie et en Jordanie. [12]
Voilà donc le moment venu pour les
médias d’orienter l’opinion en
faveur du camp de la guerre, des
milices armées illégales, ceci en
omettant de dire que ces milices
sont paraît-il, encadrées par des
États étrangers et accusées par la
population syrienne de nombreux
meurtres et enlèvements.
Tout cela ressemble étrangement aux
offensives diplomatiques et
politiques qui avaient précédé
d’autres interventions contre des
États souverains, basées pour
commencer sur de fausses
allégations. Il s’agit donc de toute
évidence, cette fois encore, de
fabriquer des «
story telling » ; de paver la
voie à la France qui joue ici un
rôle moteur, et à ses alliés, dans
leur plan de faire tomber d’abord la
Syrie, puis l’Iran et le Hezbollah.
C’est-à-dire les principales forces
de résistance qui font obstacle à la
domination d’Israël dans la région.
En conclusion.
Il est intéressant de relever que,
il y a encore deux mois, les rares
journalistes qui admettaient la
présence en Syrie de groupes armés,
les décrivaient comme n’étant que de
tout petits groupes de
« déserteurs ».
Aujourd’hui, nombre d’analystes et
de commentateurs font état de la
présence en Syrie de miliciens
organisés, dotés d’armes modernes,
équipés de réseaux logistiques et
informatiques capables de déjouer
les embuscades des troupes de
l’armée régulière. Et le fait que
des grandes puissances encadrent ces
bandes et leur fournissent des armes
a été évoqué par quelques journaux,
même si cette information a été très
peu relayée, contrairement à de
nombreuses accusations invérifiées
(et invérifiables puisque anonymes)
portées contre le gouvernement
syrien.
L’aveu d’une présence en Syrie de
groupes armés soutenus par des
puissances étrangères marque un
tournant.
Pourquoi cet
aveu maintenant, et dans quel but ?
Très certainement pour faire passer
comme normal ce qui ne l’est pas, et
doit permettre de contourner le véto
de la Russie et de la Chine survenu
le 5 octobre, qui a coupé court à
une intervention étrangère.
En effet, avant le véto de Moscou et
Pekin, la stratégie de la France,
des États Unis et du Qatar
notamment, était de parvenir à
neutraliser l’armée syrienne en
attaquant la Syrie avec l’aval du
Conseil de sécurité. Ne pouvant plus
réaliser leur machiavélique projet
en passant par le Conseil de
sécurité, ils ont changé de
stratégie pour lever cet obstacle
tout en poursuivant le même but :
soumettre Damas à un harcèlement
permanent. Et mettre Moscou et Pékin
sous pression. La nouvelle stratégie
est de recourir à des miliciens
arabes et de les introduire
illégalement en Syrie via la
Turquie.
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi,
un nombre considérable de miliciens
arabes ayant combattu en Libye avec
l’OTAN, sont en effet à disposition.
Faire entrer en Syrie des
combattants étrangers arabophones,
qui peuvent facilement se faire
passer pour des «
opposants syriens », est un
atout pour les gouvernements
étrangers qui veulent renverser el-Assad
et éviter que des non-Syriens trop
visibles n’entraînent une réaction
des alliés de Damas.
D’autant, que la France et ses
alliés, peuvent se réjouir - aussi
contre nature que cela soit - du
soutien d’Ayman al-Zawahiri, le chef
d’Al-Qaida, qui a déclaré
publiquement : «
S’il n’y avait eu ces problèmes (des
frontières), mes frères, et
moi-même, serions parmi vous et avec
vous, et vous défendrions avec nos
vies » [13].
Pourquoi la
Turquie servirait-elle de base
arrière principale en appui à une
intervention militaire ?
La Syrie est frontalière de la
Turquie, de l’Irak, de la Jordanie,
et du Liban. Or, le Liban et l’Irak
ne sont pas assez hostiles à Damas
pour servir de base arrière
principale aux combattants arabes.
La Jordanie, quoique ouvertement
opposée à Bashar El-Assad, ne
dispose pas d’une armée aussi
performante que la Turquie et risque
donc beaucoup plus gros en cas
d’échec.
La Turquie, qui abrite des bases
états-uniennes (assurant une bonne
couverture en cas d’échec), est donc
le pays frontalier le mieux placé,
pour servir de point de départ à une
offensive susceptible d’affaiblir ou
de neutraliser l’armée syrienne et
de conduire au renversement du
président el-Assad. Et, frontalière
de l’Union européenne, elle dispose
d’un accès très facile pour le
ravitaillement.
Des « zones tampon
», et « zones
d’exclusion aérienne », à la
frontière qui sépare les deux pays
garantiraient un cadre propice aux
combattants venus de l’étrangers. En
outre, elles permettraient de
légitimer une agression de taille
sur la Syrie si cela se décidait, en
prétextant le non respect de
l’interdiction de survoler la zone.
Le rôle d’un
journaliste est-il d’accréditer une
propagande destinée à préparer la
guerre ? Certainement non.
Le public a droit à connaître la
vérité, à être renseigné sur ce qui
se trame en réalité sur le terrain
et dans les chancelleries, surtout
quand cela risque de jeter des
peuples entiers dans de nouvelles
guerres. Après les horreurs qui se
sont produites en Irak et en Libye,
ce qui se prépare maintenant contre
la Syrie est également une
catastrophe de grande ampleur.
Malheureusement, ces reporters /
envoyés spéciaux qui glorifient dans
leurs reportages la prétendue «
Armée syrienne libre
», révèlent une fois de plus leur
véritable fonction. Comme on l’a vu
en Libye où les «
opposants » étaient en partie
des mercenaires encadrés par des
forces spéciales étrangères, c’est à
une « manipulation
de l’opinion publique » que
certains « grands
reporters » travaillent, pièce
centrale des politiques de guerre.
Le devoir d’un journaliste doit être
d’aider honnêtement les gens à
comprendre les véritables enjeux ce
qui peut contribuer à stopper les
guerres, et protéger les victimes
potentielles, quand il est encore
temps.
Silvia Cattori
Je dois à la vérité de dire que ce
texte n’aurait peut-être pas vu le
jour s’il n’avait pas été au départ
suggéré, voir inspiré, par l’un de
mes interlocuteurs. Je rends grâce à
sa patiente gentillesse, à ses
précieuses suggestions au long de
multiples échanges. Je le remercie
chaleureusement. Silvia Cattori
[1]
Lyse Doucet (BBC),
Alain Gresh (Le Monde
diplomatique), Thierry Meyssan (Réseau
Voltaire), ou encore le politologue
belge, Pierre Piccinin.
[2]
http://www.info-palestine.net/article.php3
?id_article=11524
[3]
http://www.silviacattori.net/article2233.html
[4]
http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php
?fromval=1&cid=18&eid=38166&frid=18http://www.youtube.com/watch
?v=ODJ9pyKq7tU&feature=player_embedded
[5]
http://www.infosyrie.fr/actualite/a-defaut-dintervention-sarkozy-prepare-la-guerre-civile-en-syrie/
[6]
http://www.infosyrie.fr/re-information/ledifiante-histoire-dune-martyre-officielle-mais-virtuelle/
http://www.silviacattori.net/article2419.html
[7]
http://almanarnews.net/french/adetails.php
?eid=19316&frid=18&seccatid=37&cid=18&fromval=1
[8]
http://www.infosyrie.fr/actualite/les-corridors-humanitaires-et-fantasmatiques-dalain-juppe/
[9]
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/crise-dans-le-monde-arabe/syrie/201111/23/01-4470880-lopposition-syrienne-linterlocuteur-legitime-selon-paris.php
[10]
http://www.algeria-isp.com/actualites/politique-libye/201111-A7285/libye-abdel-hakim-belhadj-conduit-bataillon-compose-700-hommes-frontiere-syro-turque-novembre-2011.html
[11]
http://www.silviacattori.net/article2475.html
[12]
http://www.infosyrie.fr/actualite/a-defaut-dintervention-sarkozy-prepare-la-guerre-civile-en-syrie/
[13]
http://www.infosyrie.fr/actualite/al-qaida-rejoint-avec-reserves-la-coalition-americano-euro-saoudienne/
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