Cuba
La diplomatie
étasunienne et la dissidence cubaine
Salim Lamrani
Salim Lamrani
Mardi 28 décembre 2010
Introduction
Depuis un demi-siècle, la politique étrangère de
Washington à l’égard de La Havane, dont l’objectif est d’obtenir
un changement de régime, se base sur deux piliers fondamentaux :
l’imposition de sanctions économiques drastiques – qui affectent
toutes les catégories de la société cubaine–, et l’organisation
et le financement d’une opposition interne.
Ainsi, le 6 avril 1960, Lester D. Mallory,
sous-secrétaire d’Etat assistant pour les Affaires
interaméricaines, rappelait dans un mémorandum à Roy R. Rubottom
Jr., alors sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires
interaméricaines le but des sanctions économiques :
« La majorité des Cubains soutiennent Castro. Il n’y a
pas d’opposition politique efficace […]. Le seul moyen possible
pour annihiler le soutien interne [au régime] est de provoquer
le désenchantement et le découragement par l’insatisfaction
économique et la pénurie […]. Tous les moyens possibles doivent
être entrepris rapidement pour affaiblir la vie économique de
Cuba […]. Une mesure qui pourrait avoir un très fort impact
serait de refuser tout financement et livraison à Cuba, ce qui
réduirait les revenus monétaires et les salaires réels et
provoquerait la famine, le désespoir et le renversement du
gouvernement1 ».
De 1959 à 1990, le programme de création
d’une dissidence interne a été tenu secret. Ainsi, les archives
étasuniennes partiellement déclassifiées font état de multiples
programmes destinés à créer une opposition au gouvernement de
Fidel Castro, laquelle servirait les intérêts des Etats-Unis qui
souhaitaient un changement de régime. A partir de 1991, suite à
l’effondrement de l’Union soviétique, le soutien financier et
logistique aux dissidents cubains est devenu public et a été
inscrit dans la législation étasunienne.
Le
financement de l’opposition interne
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale tenue
le 14 janvier 1960, le sous-secrétaire Livingston Merchant
déclarait : « Notre objectif est d’ajuster toutes nos actions
de manière à accélérer le développement d’une opposition à
Cuba ». De son côté, le secrétaire adjoint pour les Affaires
interaméricaines, Roy Rubottom, affirmait que « le programme
adopté [destiné à renverser le gouvernement cubain] nous a
autorisé à apporter notre aide à des éléments qui s’opposaient
au gouvernement de Castro à Cuba, pour faire croire que sa chute
était le résultat de ses propres erreurs2 ».
A partir de 1991, persuadés que l’heure finale de la
Révolution cubaine était arrivée, les Etats-Unis n’ont pas
hésité à affirmer publiquement leur soutien à l’opposition
interne. La section 1705 de la loi Torricelli de 1992 stipule
que « les Etats-Unis fourniront une assistance, à des
organisations non gouvernementales appropriées, pour soutenir
des individus et des organisations qui promeuvent un changement
démocratique non violent à Cuba3 ».
La section 109 de la loi Helms-Burton de
1996 fait état de la même réalité : « Le Président [des
Etats-Unis] est autorisé à fournir une assistance et offrir tout
type de soutien à des individus et des organisations non
gouvernementales indépendantes pour soutenir des efforts en vue
de construire la démocratie à Cuba4 ».
Le premier rapport de la Commission
d’assistance à une Cuba libre prévoit la mise en place d’un
« solide programme de soutien favorisant la société civile
cubaine ». Parmi les mesures préconisées, un financement à
hauteur de 36 millions de dollars est destiné au « soutien de
l’opposition démocratique et au renforcement de la société
civile émergeante5 ».
Le 3 mars 2005, Roger Noriega, alors
secrétaire assistant pour les Affaires de l’hémisphère
occidental de l’administration Bush, a signalé que 14,4 millions
de dollars avaient été ajoutés au budget de 36 millions de
dollars prévu dans le rapport de 2004. Noriega a dévoilé
l’identité de certaines personnes travaillant à l’élaboration de
la politique étrangère étasunienne contre Cuba, à savoir Marta
Beatriz Roque, les Dames en blanc et Oswaldo Payá6.
Le second rapport de la Commission
d’assistance à une Cuba libre prévoit un budget de 31 millions
de dollars pour financer davantage l’opposition interne. De
plus, un financement d’au moins 20 millions de dollars annuels
est alloué à ce même effet pour les années suivantes
« jusqu’à ce que la dictature cesse d’exister7 ».
Le plan prévoit également « d’entraîner et d’équiper des
journalistes indépendants de la presse écrite, radiophonique et
télévisuelle à Cuba8 ».
L’Agence étasunienne pour le développement
international (USAID), dépendante du gouvernement fédéral, admet
financer l’opposition cubaine. Selon l’Agence, pour l’année
fiscale 2009, le montant de l’aide destinée aux dissidents
cubains s’élevait à 15,62 millions de dollars.
« La grande majorité de
cette somme est destinée à des personnes se trouvant à Cuba.
Notre but est de maximiser le montant du soutien dont
bénéficient les Cubains dans l’île9 ».
L’organisation gouvernementale souligne
également le point suivant :
« Nous avons formé des
centaines de journalistes sur une période de dix ans dont le
travail est apparu dans de grands médias internationaux ».
Cette déclaration met à mal les affirmations sur le caractère
indépendant des
« journalistes opposants » à Cuba. Ayant été formés et
stipendiés par les Etats-Unis, ils répondent aux intérêts de
Washington, dont le but est, comme le signalent les documents
officiels du Département d’Etat », un
« changement de régime »
dans l’île10.
D’un point de vue juridique, cette réalité
place de fait les dissidents qui acceptent les émoluments
offerts par l’USAID dans la situation d’agents au service d’une
puissance étrangère, ce qui constitue une sérieuse violation du
code pénal à Cuba comme dans tout autre pays du monde. L’Agence,
consciente de cette réalité, rappelle d’ailleurs que
« personne n’est obligé
d’accepter ou de prendre part aux programmes du gouvernement des
Etats-Unis11 ».
La Section d’Intérêts Nord-Américains de La
Havane, confirme ce fait dans un communiqué : « Depuis
longtemps, la politique des Etats-Unis consiste à fournir une
assistance humanitaire au peuple cubain, particulièrement aux
familles des prisonniers politiques12 ».
Laura Pollán du groupe dissident « Les Dames en blanc »
revendique ouvertement ce financement : « Nous acceptons
l’aide, le soutien, que ce soit de l’extrême droite ou de la
gauche, sans conditions13 ». L’opposant
Vladimiro Roca a également confessé que la dissidence cubaine
était stipendiée par Washington, tout en déclarant que l’aide
financière reçue était « totalement et complètement légale ».
Pour le dissident René Gómez, le soutien financier de la part
des Etats-Unis n’est « pas une chose qu’il faudrait cacher ou
dont il faudrait avoir honte14 ».
De la même manière, l’opposant Elizardo Sánchez a
confirmé l’existence d’un financement de la part des
Etats-Unis : « La question n’est pas de savoir qui envoie de
l’aide mais ce que l’on en fait15 ».
De son côté, Marta
Beatriz Roque déclare que l’aide financière reçue du
gouvernement étasunien est indispensable pour son activité de
disidente16.
L’Agence France-Presse informe que
« les dissidents ont pour leur part revendiqué et assumé ces
aides financières17 ».
L’agence espagnole EFE fait allusion aux « opposants
payés par les Etats-Unis18 ».
Selon l’agence de presse britannique Reuters, « le
gouvernement étasunien fournit ouvertement un soutien financier
fédéral pour les activités des dissidents, ce que Cuba considère
comme un acte illégal19 ».
L’agence de presse étasunienne The
Associated Press a fait part de cette réalité et a reconnu
que la politique de fabriquer et financer une opposition interne
n’était pas nouvelle : « Depuis des années, le gouvernement
des Etats-Unis a dépensé des millions de dollars pour soutenir
l’opposition cubaine20 ».
Elle a également évoqué le train de vie des dissidents qui
profitent à la fois des émoluments de Washington et du système
social cubain :
« Une partie du financement provient directement du gouvernement
des Etats-Unis, dont les lois préconisent le renversement du
gouvernement cubain. L’agence internationale pour le
développement des
Etats-Unis (USAID), qui supervise le soutien financier du
gouvernement pour une ‘transition démocratique’ à Cuba, a alloué
plus de 33 millions de dollars pour la société civile cubaine
pour la présente année fiscale.
Presque tous les Cubains, y compris les dissidents, disposent
d’un logement gratuit, d’un accès à la santé et à l’éducation
jusqu’à l’université gratuits. Des rations de riz, de pommes de
terre, de savon, et d’autres produits de base permettent aux
personnes de satisfaire leurs nécessités de base pendant presque
tout le mois21. »
Le quotidien français
Libération note que
l’opposant Guillermo « Fariñas
n’a jamais nié avoir reçu des
‘dons’
de la Section des intérêts américains pour se procurer un
ordinateur et exercer son métier de
‘journaliste indépendant’
sur Internet22 ».
Amnesty International admet que les
personnes qu’elle considère comme étant des
« prisonniers
politiques » ont été condamnées « pour avoir reçu des
fonds ou du matériel du gouvernement américain pour des
activités perçues par les autorités comme subversives ou faisant
du tort à Cuba23 ».
Wayne S. Smith, dernier ambassadeur étasunien à Cuba, a
confirmé le caractère subversif de la politique étasunienne.
Selon lui, il est « illégal et imprudent d’envoyer de
l’argent aux dissidents cubains24 ».
Il a ajouté que « personne ne devrait donner de l’argent aux
dissidents et encore moins dans le but de renverser le
gouvernement cubain » car « lorsque les Etats-Unis
déclarent que leur objectif est de renverser le gouvernement
cubain, et qu’ensuite ils affirment qu’un des moyens pour y
parvenir est de fournir des fonds aux dissidents cubains, ces
derniers sont placés de facto dans la position d’agents payés
par une puissance étrangère pour renverser leur propre
gouvernement25 ».
Une
dissidence coupée de toute base populaire selon Washington
Malgré les moyens politiques, économiques, médiatiques et
financiers mis à la disposition de l’opposition cubaine,
celle-ci a toujours été coupée de toute base populaire. De plus,
elle est profondément divisée et plutôt vieillissante. C’est le
constat amer dressé par Jonathan D. Farrar, actuel chef de la
SINA à La Havane, dans un mémorandum confidentiel du 15 avril
2009 intitulé « Les
Etats-Unis et le rôle de l’opposition à Cuba », et adressé
au Département d’Etat26.
Le diplomate note tout d’abord que le
président cubain Raúl Castro se trouve actuellement dans
« une position d’autorité
non remise en cause ». Quant au rôle de la dissidence, il
est « nul » car
« les groupes
d’opposition sont dominés par des individus à fort ego qui ne
travaillent pas ensemble ». Farrar précise que
« le mouvement dissident
à Cuba est vieillissant et complètement déconnecté du quotidien
des Cubains ordinaires ». En effet, en raison des émoluments
perçus, la dissidence cubaine mène un train de vie qu’aucun
citoyen moyen de l’île ne peut se permettre27.
Farrar reconnaît qu’il est en contact
régulier « avec la
plupart du mouvement dissident officiel à La Havane », dont
les membres se rendent fréquemment à la SINA.
Il remarque cependant qu’« aucune
preuve ne permet de montrer que les organisations dissidentes
dominantes à Cuba ont une influence sur les Cubains moyens. Les
sondages informels réalisés auprès des demandeurs de visa et
d’asile ont montré quasiment aucune connaissance des
personnalités dissidentes ou de leur agenda28 ».
Farrar explique cela par l’âge des
opposants dont la plupart ont entre 50 et 70 ans et cite
Francisco Chaviano, René Gómez Manzano et Oswaldo Payá.
« Ils n’ont que très peu
de contacts avec la jeunesse cubaine, et leur message
n’intéresse pas ce segment de la société ». Le diplomate
regrette les luttes intestines au sein des différents groupes et
le manque d’unité. Son jugement est implacable :
« Malgré les affirmations
selon lesquels ils représentent des ‘milliers de Cubains’, nous
n’avons aucune preuve d’un tel soutien, du moins en ce qui
concerne La Havane où nous nous trouvons ». Il ajoute qu’« ils
n’ont pas d’influence au sein de la société cubaine et n’offrent
pas d’alternative politique au gouvernement de Cuba29 ».
Cet avis est partagé par les autres
diplomates européens, qui l’ont exprimé lors d’une rencontre
avec Farrar. « Les
représentants de l’Union européenne à la réunion ont disqualifié
les dissidents dans les mêmes termes que ceux du gouvernement de
Cuba, en insistant sur le fait qu’ils ‘ne représentent personne30’ ».
Il y a une raison à cela et elle se trouve dans
l’idiosyncrasie cubaine. La société cubaine est certes loin
d’être monolithique et les secteurs insatisfaits de la
population sont sévères dans leurs critiques à l’égard des
autorités dès lors qu’il s’agit de dénoncer les contradictions,
les aberrations, le sectarisme et les injustices parfois
engendrés par le système cubain. Les reproches sont parfois
acerbes et sans concessions et sont relayés par les médias
cubains selon Farrar. La SINA note que
« beaucoup d’articles de
presse sont très critiques des politiques actuelles31 ».
Néanmoins, malgré toutes les vicissitudes quotidiennes, les
Cubains restent viscéralement attachés à leur indépendance et
leur souveraineté nationales et ne peuvent concevoir qu’un de
leurs compatriotes puisse accepter d’être au service d’une
puissance étrangère qui a toujours rêvé de reprendre possession
de l’île. Il s’agit là de l’héritage politique
« anti-impérialiste » laissé par les grands hommes de l’histoire
de la nation tels que José Martí, Antonio Maceo, Máximo Gómez,
Julio Antonio Mella, Antonio Guiteras, Eduardo Chibás et Fidel
Castro.
La diplomatie étasunienne évoque également une autre
raison : la persistante popularité de Fidel Castro auprès des
Cubains cinquante ans après son arrivée au pouvoir.
« Ce serait une erreur de
sous-estimer […] le soutien dont dispose le gouvernement
particulièrement auprès des communautés populaires et des
étudiants32 ».
Farrar souligne « la
significative admiration personnelle pour Fidel » au sein de
la société cubaine33.
La SINA fustige également le manque de
programme ainsi que la cupidité des opposants, uniquement
intéressés par les revenus que peut apporter le commerce de la
dissidence : « Leur plus
grand effort consiste à obtenir assez de ressources pour que les
principaux organisateurs et leurs partisans puissent vivre
convenablement. Une organisation politique nous a ouvertement et
franchement affirmé qu’elle avait besoin d’argent pour payer des
salaires et a présenté un budget dans l’espoir que la SINA
prenne en charge les dépenses. En plus de la recherche de fonds
qui est leur principale préoccupation, leur seconde priorité
semble être critiquer ou marginaliser les activités de leurs
concurrents, pour préserver leur pouvoir et l’accès aux
ressources34 »
Néanmoins, Farrar insiste de nouveau
l’importance de l’opposition dans la réalisation des objectifs
étasuniens et, pour cela,
« il faut la soutenir », tout en cherchant une alternative,
afin de revigorer le mouvement dissident à Cuba35.
La
priorité Yoani Sánchez
La diplomatie étasunienne voit en la bloggeuse Yoani
Sánchez une alternative crédible à la dissidence traditionnelle
et place ses espoirs en elle, ce qui explique sa renommée
internationale alors qu’elle est une parfaite inconnue à Cuba.
« Nous pensons que la
jeune génération de dissidents non traditionnels, tels que Yoani
Sánchez peut jouer un rôle à long terme dans une Cuba
post-Castro ». Farrar conseille ainsi au Département d’Etat
de concentrer ses efforts sur cette dissidente et lui apporter
davantage de soutien36.
En effet, le parcours atypique de Yoani Sánchez suscite
quelques interrogations. Après avoir émigrée en Suisse en 2002,
elle a choisi de rentrer à Cuba deux années plus tard, en 2004.
En 2007, elle décide d’intégrer l’univers de l’opposition à Cuba
en créant son blog Generación Y, et devient un farouche
détracteur du gouvernement de La Havane37.
Ses critiques sont acerbes et peu nuancées.
Elle présente un panorama apocalyptique de la réalité cubaine et
accuse les autorités d’être responsables de tous les maux. Selon
elle, Cuba est « une
immense prison, avec des murs idéologiques38 »,
un « bateau qui prend l’eau de toutes parts et qui est sur le
point de faire naufrage39 », où « des
être des ombres, qui tels des vampires s’alimentent de notre
joie humaine, nous inoculent la crainte à travers les coups, la
menace, le chantage40 ». Le blog de
Yoani Sánchez décrit ainsi la réalité cubaine de façon
terrifiante et aucun trait positif ne transparaît. De la même
manière, elle élude minutieusement le contexte géopolitique
singulier dans lequel se trouve Cuba depuis 1959.
Sánchez tient un discours bien précis qui se rapproche souvent
de la position étasunienne. Ainsi, elle minimise l’impact
des sanctions économiques –
« une excuse » pour
le gouvernement cubain – en affirmant que
« le gouvernement cubain
est responsable à 80% de la crise économique actuelle et 20% est
dû sanctions économiques41 ».
La communauté internationale, loin de partager cet avis, a
condamné (187 pays contre deux) l’état de siège économique en
2010 pour la pour la 19ème fois consécutive, le
considérant comme étant le principal obstacle au développement
de l’île. Elle justifie cette situation par les nationalisations
survenues dans les années 1960 et en raison de la crise des
missiles42. Selon elle,
« le
blocus a constitué l’argument parfait pour le gouvernement
cubain pour maintenir l’intolérance, le contrôle et la
répression interne. Si demain on levait les sanctions, je doute
que l’on en voie les effets43 ».
Concernant l’affaire des cinq agents cubains condamnés en 1998 à
des peines de prison à vie aux Etats-Unis pour avoir infiltré
des groupuscules responsables d’attentats terroristes contre
Cuba, la bloggeuse adopte également le point de vue étasunienne
et affirme que « les cinq réalisaient des activités
d’espionnage » et qu’ils « ont fourni des informations
qui ont engendré la mort de plusieurs personnes », assertion
que le parquet du tribunal de Miami a reconnu être dans
l’incapacité de démontrer44.
Pourtant, la Cour d’Appel d’Atlanta a reconnu qu’il ne
s’agissait pas d’un cas d’espionnage, ni d’une atteinte à la
sécurité nationale. Pas moins de dix Prix Nobel ont présenté une
pétition Amicus Curiae auprès de la Cour Suprême
étasunienne exigeant un procès équitable et la libération des
cinq Cubains. Mary Robinson, ancienne Présidente de l’Irlande et
Haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies entre
1997 et 2002, le Sénat mexicain à l’unanimité, toutes tendances
politiques confondues, la National Association of Criminal
Defense Lawyers, les Cuban-American Scholars, l’Ibero-American
Federation of Ombudsmen, le National Jury Project, le
William C Velazques Institute and the Mexican American
Political Association, le National Lawyers Guild et
la National Conference of Black Lawyers, le Civil
Right Clinic de l’Howard University School of Law, l’International
Association of Democratic Lawyers, la Florida Association
of Criminal Defense Lawyers-Miami Chapter, le Center for
International Policy et le Council on Hemispheric Affairs
ont à leur tour demandé la libération des cinq Cubains45.
Cette affaire judiciaire a été dénoncée à
plusieurs reprises. Amnesty International considère les
cinq cubains comme étant des prisonniers politiques. De son
côté, le colonel Lawrence Wilkerson, ancien chef d’état-major du
cabinet de l’ex secrétaire d’Etat Colin Powell, a condamné le
procès contre ces personnes. « C’est un comble : on condamne
à la prison à vie des hommes qui sont venus ici pour déterminer
comment et quand leur pays allait être attaqué par des personnes
qui violent la loi américaine ». Selon lui, « il s’agit
d’une parodie de justice. Ces hommes ne disposaient pas d’armes,
n’ont planifié aucun dommage physique contre les Etats-Unis et
étaient motivés par l’idée de protéger leurs compatriotes d’une
invasion et d’attaques perpétrées par les cubains-américains
vivant en Floride ». Puis il a ajouté : « Nous devons
nous demander également comment sommes-nous arrivés à constituer
un sanctuaire pour des présumés terroristes Comment est-il
possible que les Etats-Unis d’Amérique puissent occuper notre
propre liste de pays sponsors du terrorisme46 ».
De la même manière, Yoani Sánchez minimise les acquis sociaux du
système cubain et affirme « qu’ils existaient déjà47 »
dans la Cuba des années antérieures à la Révolution. Selon elle,
sous la dictature de Batista, « il
y avait une liberté de la presse plurielle et ouverte, des
émissions de radio de toutes les tendances politiques48 ».
Par ailleurs, elle défend la loi d’ajustement cubain – unique au
monde – votée par le Congrès étasunien en 1966, qui stipule que
tout Cubain qui émigre légalement ou illégalement aux Etats-Unis
après le 1er janvier 1959 obtient automatiquement le
statut de résident permanent au bout d’un an, ainsi que diverses
aides socio-économiques49. Plus insolite, elle pense
que l’écrivain colombien Gabriel García Márquez ne méritait pas
son prix Nobel de littérature, en raison de son amitié avec
Fidel Castro : « Je pense
que beaucoup écrivains latino-américains méritaient le prix
Nobel de littérature plus que Gabriel García Márquez50 ».
Consciente que l’objectif du gouvernement des Etats-Unis est de
renverser le gouvernement cubain, elle admet sans complexe
partager le même objectif :
« Les Etats-Unis
souhaitent un changement de gouvernement à Cuba, et c’est ce que
je souhaite également51 ».
Sánchez réaffirme également sa volonté d’imposer
« un capitalisme sui
generis52 »
à Cuba.
Ainsi, en à peine un an d’existence, alors qu’il existe
des dizaines de blogs plus anciens et non moins intéressants que
celui de Sánchez, la bloggeuse cubaine a obtenu le prix de
Journalisme Ortega y Gasset, d’un montant de 15 000 euros le 4
avril 2008, décerné par le quotidien espagnol El País.
D’habitude, ce prix est accordé à des écrivains et journalistes
prestigieux ayant une longue carrière littéraire. C’est la
première fois qu’une personne du profil de Sánchez l’obtient53.
De même, la bloggeuse a été sélectionnée parmi les 100 personnes
les plus influentes du monde par la revue Time (2008), en
compagnie de George W. Bush, Hu Jintao et le Dalaï Lama54.
Son blog a été inclus dans la liste des 25 meilleurs blogs du
monde de la chaîne CNN et la revue Time (2008)
et elle a également obtenu le prix espagnol Bitacoras.com
ainsi que The Bob’s (2008)55. Le 30 novembre
2008, le quotidien espagnol El País l’a inclus dans sa
liste des 100 personnalités hispano-américaines les plus
influentes de l’année (liste dans laquelle n’apparaissaient ni
Fidel Castro ni Raúl Castro)56. La revue Foreign
Policy l’a incluse en décembre 2008 parmi les 10
intellectuels les plus importants de l’année57. La
revue mexicaine Gato Pardo en a fait de même pour l’année
200858. La prestigieuse université étasunienne de
Columbia lui a décerné le prix Maria Moors Cabot59.
Et la liste des distinctions est longue60.
Par ailleurs, le site Generación Y
de Yoani Sánchez reçoit 14 millions de visites par mois et est
le seul au monde à être disponible en pas moins de 18 langues
(anglais, français, espagnol, italien, allemand, portugais,
russe, slovène, polonais, chinois, japonais, lituanien, tchèque,
bulgare, néerlandais, finlandais, hongrois, coréen et grec).
Aucun autre site au monde, y compris ceux des plus importantes
institutions internationales comme par exemple les Nations
unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international,
l’OCDE, l’Union européenne, ne dispose d’autant de versions
linguistiques. Ni le site du Département d’Etat des Etats-Unis,
ni même celui de la CIA ne disposent d’une telle variété61.
Autre fait unique, le président étasunien Barack Obama a concédé
une interview à Yoani Sánchez62.
Jamais aucun dissident à Cuba – peut-être dans le monde –
n’a obtenu autant de distinctions internationales en si peu de
temps, avec une caractéristique particulière : elles ont
rapporté à Yoani Sánchez assez d’argent pour vivre
tranquillement à Cuba jusqu’à la fin de ses jours. En effet, la
bloggeuse a été rétribuée à hauteur de 250 000 euros au total,
c’est-à-dire une somme équivalant à plus de 20 années de salaire
minimum dans un pays tel que la France, cinquième puissance
mondiale. Le salaire minimum mensuel à Cuba étant de 420 pesos,
c’est-à-dire 18 dollars ou 14 euros, Yoani Sánchez a obtenu
l’équivalent de 1488 années de salaire minimum à Cuba pour son
activité d’opposante63.
Yoani Sánchez est en étroite relation avec la diplomatie
étasunienne à Cuba comme l’indique un câble, classé « secret »
en raison de son contenu sensible, émanant de la SINA. Elle est
tenue en haute estime par l’administration Obama comme le montre
la réunion secrète qui a eu lieu dans l’appartement de la jeune
bloggeuse cubaine avec la sous-secrétaire d’Etat étasunienne
Bisa Williams lors de sa visite à Cuba entre le 16 et le 22
septembre 2010. Lors de rencontre avec Williams, Sánchez a fait
part de son souhait de pouvoir bénéficier des services de
l’entreprise étasunienne de transfert d’argent
Paypal – que les
Cubains ne peuvent utiliser en raison des sanctions économiques
– pour lutter plus efficacement en faveur d’un changement de
régime à Cuba :
« Savez-vous tout ce que l’on pourrait faire si nous pouvions
utiliser Paypal ? ». Ce service permet de recevoir des
transferts financiers du monde entier. L’opposante a obtenu gain
de cause car le seul site cubain qui bénéficie des services de
Paypal est
Generación Y. Alors
que la dissidente raconte régulièrement son quotidien sur son
blog, on ne retrouve aucune trace de sa rencontre avec Williams,
ce qui montre son caractère clandestin. Ce courrier diplomatique
révèle ainsi les liens entre la médiatique bloggeuse cubaine et
les représentants étasuniens à La Havane et l’importance
accordée à l’opposante par Washington64.
Un autre mémorandum évoque également
l’importance de l’interview accordée par le président Barack
Obama à Sánchez, qui a contribué à la médiatisation
internationale de l’opposante cubaine65.
Absence de perspectives pour l’opposition cubaine
Farrar est néanmoins réaliste :
« Aucun dissident n’a de
vision politique qui pourrait être appliquée dans un futur
gouvernement. Même si les dissidents ne l’admettront pas, ils ne
sont que très peu connus à Cuba en dehors du corps diplomatique
et médiatique étranger […]. Il est peu probable qu’ils jouent un
rôle significatif dans un gouvernement qui succèderait aux
frères Castro66 ».
La diplomatie étasunienne note que l’objectif est de
« soutenir le bon travail
du mouvement dissident » dans sa campagne contre le
gouvernement de La Havane en axant la tâche sur le thème des
« droits de l’homme »
et des « prisonniers
politiques », les deux raisons évoquées par Washington pour
maintenir les sanctions économiques contre Cuba. Cette campagne
est surtout destinée à l’opinion publique internationale car,
selon Farrar, elle
« n’intéresse pas les Cubains dont les principales
préoccupations sont avoir un niveau de vie plus élevé et
davantage d’opportunités de voyager plus librement67 ».
Dans un autre câble, la SINA admet également qu’elle se
trouve isolée sur la question des droits de l’homme à Cuba :
« L’immense majorité des
100 missions diplomatiques étrangères à La Havane ne font pas
face à un dilemme des droits de l’homme dans leurs relations
avec les Cubains. Ces pays n’abordent pas cette question. Le
reste, un groupe qui inclut une majorité de l’Europe, le Canada,
l’Australie, le Japon et les Etats-Unis, affirme qu’il emploie
des approches différentes pour évoquer la question des droits de
l’homme à Cuba, mais la vérité et que la plupart de ces pays
n’évoquent pas du tout la question à Cuba68 ».
La SINA relève également que certains alliés des
Etats-Unis tels que le Canada ne partagent pas le même avis sur
la question des
« prisonniers politiques », et évoque une discussion avec
leurs homologues canadiens :
« Nos collègues canadiens
nous ont posé la question suivante : quelqu’un qui accepte de
l’argent des Etats-Unis doit-il être considéré comme un
prisonnier politique ? ». La diplomatie canadienne a rappelé
ainsi que toutes les nations occidentales sanctionnaient
également les individus qui étaient financés par une puissance
étrangère dans le but de renverser l’ordre établi69.
La diplomatie étasunienne ne se fait guère d’illusions
sur l’efficacité des sanctions économiques étasuniennes contre
l’île, qui ont plongé le pays dans une délicate crise
économique. Selon elle,
“le peuple cubain est habitué aux périodes difficiles et
répondra aux restrictions gouvernementales futures avec une
endurance similaire70 ».
Elle écarte la possibilité d’une grave crise et note que
« Cuba et les Cubains ne
sont pas aussi vulnérables qu’ils l’étaient en 1989 avant la fin
de l’aide soviétique ». Par ailleurs,
« le standard de vie des
Cubains, même s’il n’est pas aussi élevé qu’il y a vingt ans
avant la fin de l’aide soviétique, est toujours bien meilleur
que durant les jours les plus sombres de la période entre 1990
et 1993 lorsque le PIB a chuté de plus de 35% ». En outre,
« l’économie cubaine
actuelle est moins vulnérable […] grâce à des sources de revenus
et de crédits plus diversifiées et à une population cubaine avec
plus de ressources71 ».
Néanmoins, malgré les sanctions économiques
imposées par Washington, la diplomatie étasunienne signale que
les Cubains ne ressentent pas d’animosité particulière à l’égard
des citoyens étasuniens, car ils ne tiennent pas le peuple du
Nord pour responsable de la politique de Washington. La SINA
souligne ainsi « les
sentiments positifs à l’égard du peuple américain72 ».
Conclusion
Près d’un demi-siècle après son élaboration, la politique
étasunienne consistant à créer et soutenir une opposition
interne à Cuba est toujours en vigueur. Cette stratégie,
clandestine durant près de trente ans, est désormais revendiquée
et publique, même si elle est considérée comme illégale aux yeux
du droit international. Ainsi, le financement de l’opposition
cubaine par les Etats-Unis atteint plusieurs millions de dollars
par an. Face à l’érosion de la dissidence traditionnelle
représentée par Oswaldo Payá, Elizardo Sánchez, Vladimiro Roca,
Marta Beatriz Roque, Guillermo Fariñas et les Dames en Blanc,
Washington mise désormais sur la nouvelle génération d’opposants
dont la figure de proue est la bloggeuse cubaine Yoani Sánchez.
Les contacts diplomatiques de la bloggeuse
dissidente lui permettent d’arriver jusqu’à la Maison-Blanche et
elle rencontre régulièrement les hauts fonctionnaires étasuniens
tels que Bisa Williams. Pour éviter les critiques, les
Etats-Unis diversifient leur soutien à l’opposition cubaine. En
plus de l’aide financière directement apportée, ils ont mis en
place, grâce au puissant réseau politique et médiatique dont ils
disposent, un système de financement « légal » qui consiste à
récompenser l’opposition au gouvernement de La Havane en
remettant des « prix » dotés de plusieurs dizaines de milliers
de dollars, comme l’illustre l’avalanche de distinctions reçues
par Sánchez, la nouvelle égérie de Washington, en l’espace de
quelques mois.
Le but de Washington n’est plus de fédérer
la population cubaine autour de ces personnes qui prônent un
changement de système à Cuba, car il sait que leur discours
n’est guère audible auprès des habitants de l’île, qui restent
en grande majorité attachés au processus révolutionnaire, malgré
les difficultés et les vicissitudes quotidiennes. L’opposition
alliée aux Etats-Unis suscite dans le meilleur des cas
l’indifférence de la part des Cubains et souvent le rejet. La
guerre est plutôt d’ordre médiatique. En maintenant la présence
d’une opposition interne, même sans envergure et coupée de toute
base populaire, elle permet de justifier sa politique
d’isolement et de sanctions à l’égard du gouvernement de La
Havane au nom de la lutte pour les droits de l’homme et la
démocratie.
Notes
1
Lester D. Mallory, « Memorandum From the Deputy Assistant
Secretary of State for Inter-American Affairs (Mallory) to the
Assistant Secretary of State for Inter-American Affairs (Rubottom) »,
6 avril 1960, Department of State, Central Files, 737.00/4-660,
Secret, Drafted by Mallory, in Foreign Relations of
the United States (FRUS), 1958-1960, Volume VI, Cuba :
(Washington : United States Government Printing Office, 1991),
p. 885.
2
Marion W. Boggs, « Memorandum of Discussion at 432d meeting of
the National Security Council, Washington », 14 janvier 1960,
Eisenhower Library, Whitman File, NSC Records, Top Secret, in
Foreign Relations of the United States 1958-1960
(Washington : United States Government Printing Office, 1991),
pp. 742-743.
3
Cuban Democracy Act,
Titre XVII, Section 1705, 1992.
4
Helms-Burton Act, Titre I, Section 109, 1996.
5
Colin L. Powell, Commission for Assistance to a Free Cuba,
(Washington : United States Department of State, mai 2004).
www.state.gov/documents/organization/32334.pdf (site
consulté le 7 mai 2004), pp. 16, 22.
6
Roger
F. Noriega,
« Assistant
Secretary
Noriega’s Statement Before the House of
Representatives Committee on International Relations »,
Department of State, 3
mars
2005.
(site consulté le 9 avril
2005).
7
Condolezza Rice & Carlos
Gutierrez, Commission for Assistance to a Free Cuba,
(Washington : United States Department of State, juillet 2006).
www.cafc.gov/documents/organization/68166.pdf (site consulté
le 12 juillet 2006), p. 20.
8
Ibid., p. 22.
9
Along the Malecon,
« Exclusive : Q & A with USAID », 25 octobre 2010.
http://alongthemalecon.blogspot.com/2010/10/exclusive-q-with-usaid.html
(site consulté le 26 octobre 2010).
10
Ibid.
11
Ibid.
12
The Associated Press/El Nuevo Herald, « Cuba : EEUU debe
tomar ‘medidas’ contra diplomáticos », 19 mai 2008.
13
El Nuevo Herald, « Disidente
cubana teme que pueda ser encarcelada », 21 mai 2008.
14
Patrick Bèle, « Cuba accuse Washington de payer les
dissidents », Le Figaro, 21 mai 2008.
15
Agence France-Presse, « Prensa estatal cubana hace
inusual entrevista callejera a disidentes », 22 mai 2008.
16
Tracey Eaton, « Factions Spar Over U.S. Aid for Cuba »,
The Houston Chronicle,
18 décembre 2010.
17
Agence France-Presse,
« Financement de la dissidence : Cuba ‘somme’ Washington de
s’expliquer », 22 mai 2008.
18
EFE, « Un diputado
cubano propone nuevos castigos a opositores pagados por EE UU »,
28 mai 2008.
19
Jeff Franks, « Top U.S. Diplomat Ferried Cash to Dissident :
Cuba », Reuters, 19 mai 2008.
20
Ben Feller, « Bush Touts Cuban Life After Castro »,
Associated Press, 24 octobre 2007.
21
Will Weissert, « Activistas cubanos dependen del financiamiento
extranjero », The Associated Press, 15 août 2008.
22
Félix Rousseau, « Fariñas,
épine dans le pied de Raúl Castro »,
Libération, 17 mars
2010.
23
Amnesty International,
« Cuba. Cinq années de trop, le nouveau gouvernement doit
libérer les dissidents emprisonnés », 18 mars 2008.
http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/cuba-five-years-too-many-new-government-must-release-jailed-dissidents-2
(site consulté le 23 avril 2008).
24
Radio Habana Cuba,
« Former Chief of US Interests Section in Havana Wayne Smith
Says Sending Money to Mercenaries in Cuba is Illegal », 21 mai
2008.
25
Wayne S. Smith, « New Cuba Commission Report : Formula for
Continued Failure », Center for International Policy, 10
juillet 2006.
26
Jonathan D. Farrar, « The U.S. and the Role of the Opposition in
Cuba », United States
Interests Section, 9 avril 2009, cable 09HAVANA221.
http://213.251.145.96/cable/2009/04/09HAVANA221.html (site
consulté le 18 décembre 2010).
27
Ibid.
28
Ibid.
29
Ibid.
30
Joaquin F. Monserrate, « GOC Signals ‘Readiness to Move
Forward’ », United States
Interests Section, 25 septembre 2009, cable 09HAVANA592,
http://213.251.145.96/cable/2009/09/09HAVANA592.html
(site consulté le 18 décembre 2010).
31
Jonathan D. Farrar, « Key Trading Parters See No Big Economic
Reforms », United States
Interests Section, 9 février 2010, cable 10HAVANA84,
http://213.251.145.96/cable/2010/02/10HAVANA84.html (site
consulté le 18 décembre 2010).
32
Michael E. Parmly, « Comsec Discusses Freedom and Democracy With
Cubain Youth », United
States Interests Section, 18 janvier 2008, 08HAVANA66,
http://213.251.145.96/cable/2008/01/08HAVANA66.html (site
consulté le 18 décembre 2010).
33
Jonathan D. Farrar, « The Speculation on Fidel’s Health »,
United States Interests
Section, 9 janvier 2009, cable 09HAVANA35,
http://213.251.145.96/cable/2009/01/09HAVANA35.html (site
consulté le 18 décembre 2010).
34
Jonathan D. Farrar, « The U.S. and the Role of the Opposition in
Cuba », United States
Interests Section, 9 avril 2009,
op. cit.
35
Ibid.
36
Ibid.
37
Yoaní Sánchez, « Mi perfil », Generación Y.
38
France 24, « Ce pays
est une immense prison avec des murs idéologiques », 22 octobre
2009.
39
Yoaní Sánchez, « Siete preguntas », Generación Y, 18
novembre 2009.
40
Yoaní Sánchez, « Seres de la sombra », Generación Y, 12
de noviembre de 2009.
41
Salim Lamrani, « Conversations avec la bloggeuse cubaine Yoani
Sánchez », 15 avril 2010,
Voltaire,
http://www.voltairenet.org/article164956.html#article164956
(site consulté le 20 décembre 2010).
Yoaní Sánchez à propos des sanctions économiques (2)
42
Ibid. Yoaní Sánchez à
propos de la crise des missiles
43
Ibid. Yoaní Sánchez à
propos des sanctions économiques
44
Ibid. Yoaní Sánchez à
propos des Cinq
45
Supreme Court of the United States,
« Brief of Amici Curiae of José Ramos-Horta, Wole Soyinka,
Adolfo Pérez Esquivel, Nadine Gordimer, Rigoberta Menchú, José
Saramago, Zhores Alferov, Dario Fo, Gunter Grass, and Máeread
Corrigan Maguire in support of the petition for writ of
certiorari », N° 08-987,
http://www.freethefive.org/legalFront/amicusnobel.pdf
(site consulté le 12 mars 2009). Voir également
http://www.freethefive.org/resourceslegal.htm
(site consulté le 12 mars 2009)
46
Granma, « Ex ayudante de Colin Powell denuncia
arbitrariedades contra los Cinco », 24 septembre 2007.
http://www.granma.cubaweb.cu/miami5/enjuiciamiento/justicia/0093.html
(site consulté le 15 novembre 2008).
47
Salim Lamrani, « Conversations avec la bloggeuse cubaine Yoani
Sánchez », op.cit.
Yoaní Sánchez à propos des acquis sociaux
48
Ibid. Yoaní Sánchez à
propos de la dictature de Fulgencio Batista.
49
Ibid.Yoaní Sánchez à
propos de la loi d’Ajustement Cubain.
50
Ibid.Yoaní Sánchez à
propos de Gabriel Garcia Márquez.
51
Ibid.Yoaní Sánchez à
propos de l’objectif commun avec les Etats-Unis.
52
Mauricio Vicent, « "Los
cambios llegarán a Cuba, pero no a través del guión del
Gobierno" », El País, 7 mai 2008.
53
El País,
« EL
PAÍS convoca los Premios Ortega y Gasset de periodismo 2009 »,
12 janvier 2009.
54
Time,
« The 2008 Time 100 », 2008.
http://www.time.com/time/specials/2007/0,28757,1733748,00.html
(site consulté le 25 novembre 2009)
55
Yoani Sánchez, « Premios », Generación Y.
56
Miriam Leiva, « La ‘Generación Y’cubana », El País, 30
novembre 2008.
57
Yoani Sánchez, « Premios », op. cit.
58
Ibid.
59
Ibid.
60
El País,
« Una
de las voces críticas del régimen cubano, mejor blog del año »,
28 novembre 2008.
61
Yoani Sánchez, Generación Y.
62
Yoani Sánchez, « Respuestas de Barack Obama a Yoani Sánchez »,
Generación Y, 20 novembre 2009.
63
Yoani Sánchez, « Premios », op. cit.
64
Joaquin F. Monserrate, « GOC Signals ‘Readiness to Move
Forward’ », United States
Interests Section, 25 septembre 2009, cable 09HAVANA592,
http://213.251.145.96/cable/2009/09/09HAVANA592.html
(site consulté le 18 décembre 2010) ; Yoani Sánchez, « Donar »,
Generación Y.
http://www.desdecuba.com/generaciony/?page_id=2222 (site
consulté le 20 décembre 2010).
65
Joaquin F. Monserrate, « U.S.-Cuba Chill Exaggerated, But Old
Ways », United States
Interests Section, 10 janvier 2010, cable 10HAVANA9,
http://213.251.145.96/cable/2010/01/10HAVANA9.html
(site consulté le 18 décembre 2010).
66
Jonathan D. Farrar, « The U.S. and the Role of the Opposition in
Cuba », United States
Interests Section, 9 avril 2009,
op. cit.
67
Ibid.
68
Joaquin F. Monserrate, « Feisty Little Missions Dent Cuba’s
Record of Bullying Others to Silence on Human Rights »,
United States Interests
Section, 9 novembre 2009, cable 09HAVANA706,
http://213.251.145.96/cable/2009/11/09HAVANA706.html
(site consulté le 18 décembre 2010).
69
Ibid.
70
Jonathan D. Farrar, « Key Trading Parters See No Big Economic
Reforms », United States
Interests Section, 9 février 2010,
op. cit.
71
Jonathan D. Farrar, « How Might Cuba Enter Another Special
Period? », United States
Interests Section, 4 juin 2009.
http://213.251.145.96/cable/2009/06/09HAVANA322.html
(site consulté le 18 décembre 2010).
72
Michael E. Parmly, « Comsec Discusses Freedom and Democracy With
Cubain Youth », United
States Interests Section, 18 janvier 2008,
op. cit.
Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de
l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est
enseignant chargé de cours à l’Université Paris Sorbonne-Paris
IV, et l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, et
journaliste français,
spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son
nouvel ouvrage s’intitule
Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Paris :
Editions Estrella, 2009).
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr
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