Amérique latine
50 vérités sur
Henrique Capriles Radonsky,
candidat à la présidence du Venezuela
Salim
Lamrani
Mardi 19 mars
2013
Opera Mundi
http://operamundi.uol.com.br/...
Le candidat de la droite vénézuélienne
se présentera aux élections du 14 avril
2013 face au Président de la République
par intérim Nicolás Maduro. Mais qui
est-il vraiment ?
1.
Né en 1972, Henrique Capriles Radonsky
est issu de deux des plus puissantes
familles vénézuéliennes, qui se trouvent
à la tête de plusieurs conglomérats
industriel, immobilier et médiatique (Capriles)
et possèdent le Circuit national
d’exhibitions (Cinex), seconde chaîne de
cinéma du pays (Radonsky).
2.
Sa famille possède le quotidien
Últimas Noticias, le plus diffusé au
niveau national, des radios et une
chaîne de télévision.
3.
Dans les années 1980, il a milité au
sein du parti d’extrême droite
Tradición, Familia y Propiedad.
4.
Capriles a été élu député en 1999 pour
l’Etat de Zulia en tant que membre du
parti de droite COPEI. Contre toute
attente et malgré son manque
d’expérience en politique, il a
immédiatement été désigné président de
la Chambre des députés, devenant ainsi
le plus jeune député à diriger la
Chambre basse du Parlement.
5.
En réalité, Capriles a réussi à
s’imposer face aux autres aspirants au
poste, ayant une trajectoire politique
plus importante grâce au pouvoir
économique et financier de sa famille
qui a financé les campagnes de nombreux
députés.
6.
En 2000, il fonde le parti politique
Primero Justicia avec le
conservateur Leopoldo López, et s’allie
immédiatement à l’International
Republican Institute, branche
internationale du Parti républicain des
Etats-Unis. Le président de l’époque
n’est autre que George W. Bush, lequel
apporte un large soutien à la nouvelle
formation politique qui s’oppose au
gouvernement d’Hugo Chávez, notamment
par le biais de la
National Endowment for Democracy (NED).
7.
Selon le
New York
Time « la
NED
a été créée il y a 15 ans pour réaliser
publiquement ce que la Central
Intelligence Agency (CIA)
a fait subrepticement durant des
décennies.
Elle dépense 30 millions de dollars par
an pour appuyer des partis politiques,
des syndicats, des mouvements dissidents
et des médias d’information dans des
dizaines de pays ».
8.
Selon
Allen Weinstein,
père de la législation qui a donné
naissance à la NED,
« Beaucoup de ce que nous faisons
aujourd’hui a été fait par la CIA il y a
25 ans de manière clandestine ».
9.
Carl Gershman, premier président de la
NED, a expliqué la raison d’être de la
Fondation en juin 1986 :
« Il serait terrible pour les groupes
démocratiques du monde entier d’être vus
comme subventionnés par la CIA. Nous
avons vu cela dans les années 1960, et
c’est pour cela qu’on y a mis un terme.
C’est parce que nous n’avons pas pu
continuer à le faire que la fondation
[la NED] a été créée ».
10.
Durant son mandat de maire de la
municipalité de Baruta, Capriles a signé
plusieurs accords avec le FBI étasunien
afin de former sa police municipale, et
a reçu des fonds de l’ambassade des
Etats-Unis pour cette mission.
11.
Henrique Capriles a activement participé
au coup d’Etat contre Hugo Chávez,
organisé par les Etats-Unis, en avril
2002. Maire de Baruta, il a fait arrêter
de nombreux partisans de l’ordre
constitutionnel dont Ramón Rodríguez
Chacín, alors ministre de l’Intérieur et
de la Justice, lequel a été violemment
agressé par les partisans du putsch
devant les caméras de télévision.
12.
A ce sujet, les propos de Rodríguez
Chacín sont sans équivoque : « Je leur
ai
fait part [à Henrique Capriles et
Leopoldo López venus l’arrêter] du
risque, du danger qu’il y avait pour mon
intégrité physique [de sortir au milieu
de la foule]. J’ai suggéré de passer par
une autre sortie et la réponse que j’ai
reçue de Capriles, précisément, a été
négative, car, m’a-t-il dit, les caméras
se trouvaient devant l’immeuble. Ils
voulaient me faire sortir devant les
caméras, pour m’exhiber, pour se vanter
[d’avoir procédé à mon arrestation] ».
13.
Quelques jours avant le coup d’Etat,
Capriles est apparu devant les caméras
de télévision en compagnie des
dirigeants de son parti politique
Primero Justicia pour réclamer la
démission d’Hugo Chávez, des députés de
l’Assemblée nationale, du Procureur de
la République, du Défenseur du peuple et
du Tribunal Suprême de Justice. Suite au
coup d’Etat du 11 avril 2002, la
première décision prise par la junte
putschiste a été précisément de
dissoudre tous ces organes de la
République.
14.
En avril 2002,
Primero Justicia, a été le seul
parti politique à accepter la
dissolution forcée de l’Assemblée
nationale ordonnée par la Junte
putschiste de Pedro Carmona Estanga.
15.
Durant le coup d’Etat d’avril 2002,
Capriles a également participé au siège
de l’ambassade cubaine de Caracas,
organisée par l’opposition vénézuélienne
et l’extrême droite cubano-américaine.
Henry López Sisco, complice du
terroriste cubain Luis Posada Carriles,
qui est responsable de plus d’une
centaine d’assassinats, dont l’attentat
contre l’avion civil de
Cubana de Aviación qui a coûté la
vie à 73 personnes le 6 octobre 1976,
était présent.
16.
Après avoir coupé l’eau et
l’électricité, Capriles, pensant que le
vice-président de l’époque Diosdado
Cabello, était réfugié au sein de
l’entité diplomatique, est entré et a
exigé de l’ambassadeur de fouiller les
lieux, violant ainsi l’Article 22 de la
Convention de Vienne, stipulant que les
représentations diplomatiques sont
inviolables.
17.
Germán Sánchez Otero, à l’époque
ambassadeur cubain au Venezuela, lui
avait rétorqué : « Si vous connaissez le
droit international, vous devez savoir
le Venezuela tout comme Cuba ont le
droit d’évaluer la possibilité
d’octroyer l’asile politique à tout
citoyen dans n’importe quelle
représentation diplomatique. Un
démocrate, un humaniste, ne peut pas
permettre que des enfants soient privés
d’eau, de nourriture et d’électricité ».
18.
A sa sortie de l’ambassade, Capriles,
loin de calmer la foule excitée, a
déclaré à la presse qu’il n’avait pas
été autorisé à fouiller la
représentation diplomatique et qu’il
était dans l’impossibilité de confirmer
ou d’infirmer la présence de Cabello,
attisant les tensions.
19.
Pour sa participation au coup d’Etat,
Capriles a été mis en examen et mis en
détention préventive après s’être
soustrait à la justice.
20.
Le procureur de la République Danilo
Anderson en charge du dossier Capriles a
été assassiné en novembre 2004 lors d’un
attentat à la voiture piégée.
21.
En 2006, Capriles a été acquitté par les
tribunaux.
22.
En 2008, une nouvelle procédure pénale a
été lancée et suit toujours son cours.
23.
Suite à son élection en 2008 en tant que
gouverneur de l’Etat du Miranda,
Capriles a expulsé des installations de
la région les fonctionnaires chargés des
programmes sociaux mis en place par le
gouvernement de Chávez.
24.
Dans son programme électoral, Capriles
promet de lutter contre la délinquance.
Néanmoins, depuis son arrivée au pouvoir
à Miranda, l’insécurité a explosé,
faisant de l’Etat l’un des trois les
plus dangereux du Venezuela. Entre 2011
et 2012, le taux d’homicides a augmenté
de plus de 15%.
25.
Malgré ce bilan, Capriles, réélu en
2012, refuse toujours l’implantation de
la Police nationale bolivarienne sur le
territoire dont il a la gestion.
26.
Entre 2008 et 2012, Capriles a congédié
plus de mille fonctionnaires dans l’Etat
du Miranda – qui travaillaient dans le
secteur culturel et étaient soupçonnés
d’être proches de l’ancien gouverneur
chaviste Diosdado Cabello. Capriles a
ainsi procédé à la fermeture de dizaines
de bibliothèques.
27.
En 2012, Capriles s’est secrètement
réuni en Colombie avec le général Martin
Demsey, chef d’Etat Major des
Etats-Unis. Rien n’a filtré de ces
discussions.
28.
Capriles ne cesse de se réclamer de
l’ancien président brésilien Lula da
Silva. Néanmoins, ce dernier a apporté à
maintes reprises son soutien à Hugo
Chávez, notamment lors des dernières
élections d’octobre 2012. « Ton triomphe
sera le nôtre », avait-il déclaré dans
un message d’appui au Président Chávez.
29.
Candidat à l’élection présidentielle de
2012, au nom de la Mesa Unidad
Democrática qui a regroupé les partis
d’opposition, Capriles a perdu le
scrutin par plus de 10 points d’écart.
30.
En cas de victoire aux élections
présidentielles du 14 avril 2013,
Capriles a promis l’amnistie à Pedro
Carmona Estanga, ancien président du
patronat vénézuélien qui avait pris la
tête de la junte militaire lors du coup
d’Etat d’avril 2002, actuellement en
fuite en Colombie.
31.
Le programme présidentiel de Capriles
est d’essence néolibérale et préconise
une accélération des privatisations dans
une économie déjà contrôlée à plus de 70
% par le secteur privé, une autonomie et
une décentralisation.
32.
En cas de victoire de Capriles,
l’entreprise pétrolière nationale
Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA),
ne sera plus contrôlée par le pouvoir
politique.
33.
Le programme de Capriles prévoit la
suspension de l’aide financière
qu’octroie PDVSA au Fonds de
développement national, lequel finance
les infrastructures et les programmes
sociaux.
34.
Capriles imposera également une
augmentation du prix de l’essence
consommée sur le marché national.
35.
Les réformes agraires réalisées sous le
gouvernement de Chávez seront annulées
et les terres restituées aux
latifundistes.
36.
La loi sur la pêche, dont ont bénéficié
des dizaines de milliers de travailleurs
de la mer, sera également abrogée.
37.
Capriles autorisera la culture au
Venezuela d’organismes génétiquement
modifiés.
38.
Capriles se propose « d’incorporer dans
le système éducatif primaire et
secondaire des thèmes démonstratifs sur
la connexion entre la propriété, le
progrès économique, la liberté politique
et le développement social »
39.
Capriles prévoit d’accorder une
indépendance totale à la Banque centrale
du Venezuela, afin d’éviter tout
contrôle démocratique sur les politiques
financières et monétaires, et lui
« interdira de financer les dépenses
publiques ».
40.
Capriles a annoncé qu’il mettrait fin à
la relation spéciale avec Cuba, ce qui
affectera les programmes sociaux dans
les domaines de la santé, de
l’éducation, du sport et de la culture.
41.
Capriles mettra un terme à l’Alliance
Bolivarienne pour les peuples de notre
Amérique (ALBA), organisme d’intégration
régionale.
42.
Capriles supprimera le programme
Petrocaribe qui permet actuellement à 18
pays d’Amérique latine et de la Caraïbe,
soit 90 millions de personnes,
d’acquérir du pétrole subventionné et
d’assurer leur approvisionnement
énergétique.
43.
Capriles prévoit de signer des traités
de libre échange (TLC), notamment avec
les Etats-Unis et l’Union européenne.
44.
Capriles prévoit de redonner la
concession hertzienne à la chaîne RCVT,
qui émet désormais par câble et
satellite, malgré sa participation
ouverte au coup d’Etat d’avril 2002.
45.
Capriles interdira tous les programmes
politiques sur la chaîne nationale
Venezolana de Televisión, laissant
ainsi le monopole du débat citoyen aux
chaînes privées.
46.
Capriles prévoit de « superviser et
contrôler la prolifération des radios
[…] et de réguler la croissance des
radios communautaires ».
47.
Le programme de la MUD prévoit de
réduire de façon substantielle le nombre
de fonctionnaires.
48.
Le FONDEN,
fonds spécial destiné à financer les
programmes sociaux,
sera éliminé.
49.
Capriles mettra un terme à la régulation
des prix qui permet à toute la
population d’acquérir les produits de
première nécessité.
50.
Capriles accuse le gouvernement
vénézuélien et la famille d’Hugo Chávez
d’avoir occulté la mort de ce dernier.
Selon lui, son décès serait survenu
avant le 5 mars 2013.
Docteur ès Etudes Ibériques et
Latino-américaines de l’Université Paris
Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est
Maître de conférences à l’Université de
la Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son dernier ouvrage s’intitule
État de siège. Les sanctions économiques
des Etats-Unis contre Cuba, Paris,
Éditions Estrella, 2011 (prologue de
Wayne S. Smith et préface de Paul
Estrade).
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr ;
Salim.Lamrani@univ-reunion.fr
Page Facebook :
https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel
Le sommaire de Salim Lamrani
Le dossier Amérique latine
Les dernières mises à jour
|