Opinion
Les mensonges de
la France sur l'affaire
Evo Morales/Edward Snowden
Salim Lamrani
Photo:
Opera Mundi
Mercredi 10 juillet 2013
Opera Mundi
http://operamundi.uol.com.br...
Sur
injonction de Washington, plusieurs pays
européens dont la France ont fermé leur
espace aérien à l’avion du Président
bolivien Evo Morales, déclenchant une
grave crise diplomatique entre l’Europe
et l’Amérique latine.
En interdisant à l’avion
présidentiel d’Evo Morales de survoler
son territoire dans la nuit du 2 au 3
juillet 2013, la France a déclenché une
grave crise internationale avec la
Bolivie. L’Espagne, l’Italie et le
Portugal se sont rendus coupables du
même acte d’hostilité à l’égard du pays
d’Amérique du Sud. Tous, sans exception,
ont suivi les ordres émanant de
Washington, qui pensait à tort que son
ancien agent Edward Snowden se trouvait
à bord de l’avion.
Cet acte, inédit depuis la fin de
la Seconde guerre mondiale, a
unanimement été condamné par l’ensemble
de l’Amérique latine, du Chili à Cuba,
toutes tendances politiques confondues.
Paris s’est rendu coupable d’une
gravissime violation du droit
international en attentant contre
l’immunité diplomatique absolue dont
jouit tout chef d’Etat. La Bolivie a
immédiatement dénoncé cette agression
illégale auprès des instances
internationales.
Les explications fournies par le
Ministère français des Affaires
étrangères ne sont guère convaincantes.
Le Quai d’Orsay a ainsi exprimé « les
regrets de la France suite au
contretemps occasionné pour le président
Morales par les retards dans la
confirmation de l’autorisation du survol
du territoire par l’avion du
président ». Or, la Bolivie a demandé et
obtenu l’autorisation de traverser
l’espace aérien français dès le 27 juin
2013, c’est-à-dire six jours avant
l’incident. La France savait ainsi
depuis plus d’une semaine que l’avion
présidentiel bolivien traverserait le
territoire national.
Interrogé à ce sujet, le
président français François Hollande n’a
pas fourni davantage d’éclaircissements.
« Dès que j’ai su que c’était l’avion du
président bolivien, j’ai donné
immédiatement l’autorisation de
survol ». Là encore, ces propos sont
inexacts puisque l’autorisation de
traverser l’espace aérien avait été
fournie près d’une semaine avant le
grave incident qui a obligé Evo Morales
à atterrir en urgence en Autriche et à y
faire une escale de 13 heures.
En réalité, la France a fait
preuve d’une embarrassante soumission à
l’égard des Etats-Unis et s’est
comportée non pas comme une grande
nation souveraine et indépendante, mais
comme une république bananière docile et
obéissante. Paris n’a pas hésité un seul
instant pas à violer le droit
international, à commettre un acte
extrêmement hostile à l’égard d’un pays
allié et à mettre en danger la vie d’un
président démocratiquement élu, dans le
but de répondre à une injonction de la
part de Washington. Le gouvernement
socialiste français a ainsi prêté main
forte à l’administration Obama dans ses
tentatives d’arrêter Edward Snowden, qui
a révélé que les services de
renseignements étasuniens
espionnaient…l’Europe et la France.
Docteur ès Etudes Ibériques et
Latino-américaines de l’Université Paris
IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de
conférences à l’Université de La
Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son dernier ouvrage s’intitule
État de siège. Les sanctions économiques
des Etats-Unis contre Cuba, Paris,
Éditions Estrella, 2011 (prologue de
Wayne S. Smith et préface de Paul
Estrade).
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr ;
Salim.Lamrani@univ-reunion.fr
Page Facebook :
https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel
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