Opinion
Le désastreux
bilan économique de Nicolas Sarkozy
Salim Lamrani
Photo:
Opéra Mundi
Mercredi 7 août 2013
Opera Mundi
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Nicolas
Sarkozy, président de la République
française de 2007 et 2012, a toujours
fustigé la gauche pour ses dépenses
publiques et s’était plaint de trouver
un Etat « en faillite ». Il avait alors
promis être le garant du sérieux
budgétaire. Pourtant, son bilan
économique est désastreux.
La
présidence de Nicolas Sarkozy a marqué
les esprits par son caractère
outrancier, sa collusion avec les
puissances d’argent et la stigmatisation
de certaines catégories de la population
tels que les fonctionnaires, les
syndicalistes, les catégories issues de
l’immigration et les Roms. Les propos
xénophobes de Sarkozy avaient d’ailleurs
été condamnés par le Parlement européen
en septembre 2010.
Le nom de
l’ex-président est toujours d’actualité,
mais cette fois-ci du côté judiciaire.
Sarkozy, dont les comptes de campagne
ont été rejetés par le Conseil d’Etat
pour avoir violé la loi, entrainant une
perte de 11 millions d’euros pour l’UMP,
son parti politique, est impliqué dans
plusieurs scandales financiers dont
celui le liant à l’héritière Bettencourt,
deuxième fortune française. Il semble
que le chantre de la « République
exemplaire » se soit limité à la
rhétorique.
Il est un
sujet plus méconnu : le bilan économique
du quinquennat de Nicolas Sarkozy[1].
Ce dernier est révélateur de l’échec
absolu des politiques néolibérales et de
l’abîme qui sépare le catéchisme
dogmatique de la réalité des
statistiques. Pourtant, suite à son
élection, Sarkozy avait promis de
redresser les finances publiques. Il
n’en a rien été.
Selon
l’Agence France Trésor, de 2007 à 2012,
la dette publique de l’Etat est passée
de 921 milliards d’euros à 1 386
milliards d’euros, soit une explosion de
50,4% en l’espace de cinq ans équivalent
à 465 milliards. Quant à la dette
globale publique de la France,
c’est-à-dire la dette de l’Etat, des
organismes sociaux et des collectivités
territoriales, selon l’Institut national
de la statistique et de l’étude
économique (INSEE), elle est passée de
1 221,1 milliards d’euros à 1 818,1
milliards d’euros, soit une hausse de
48,9%, d’un montant de 597 milliards.
Pour ce qui est de la
croissance économique, selon Eurostat,
elle est passée de 2,3% en 2007 à 0% en
2012, plongeant la France dans la
récession. Quant à la balance
commerciale, toujours selon Eurostat,
elle a explosé de moins 52 milliards en
2007 à moins 81,5 milliards en 2012,
soit une détérioration de 56,7%,
représentant la somme de 29,5 milliards
d’euros.
Au niveau
du chômage, le bilan de Nicolas Sarkozy
est également très négatif avec une
hausse sensible du nombre de demandeurs
d’emploi. Selon l’INSEE, le taux est
passé de 8,4% en 2007 à 10,2% en 2012,
soit une augmentation de 1,8% équivalant
à une perte de 436 700 emplois.
Le
gouvernement de Nicolas Sarkozy s’est
également caractérisé par les cadeaux
fiscaux faits aux grandes fortunes et
aux grosses entreprises du CAC 40, dont
les impôts ont été diminués, contribuant
ainsi à une grave diminution des
recettes tributaires et à un sérieux
appauvrissement de l’Etat, qui s’est
retrouvé limité dans ses fonctions
régaliennes. Par exemple, les plus hauts
revenus ont vu leur taux d’imposition
passer de 49% à 41% et les sociétés de
50% à 34,6%. Ainsi, entre 2007 et 2012,
les recettes fiscales ont baissé de 196
milliards d’euros.
Avec une
telle somme, Sarkozy aurait pu
construire 2 millions de logements
sociaux, ou créer 6 millions d’emplois
dans la fonction publique (éducation,
santé, culture, loisir) avec un salaire
mensuel net de 1 500€.
Par
ailleurs, en 2004, Nicolas Sarkozy,
alors ministre de l’Economie, a décidé
de vendre 600 tonnes d’or de la Banque
de France sur une période de 5 ans, pour
la somme de 9 milliards d’euros. Cette
opération s’est révélée catastrophique.
En effet, l’once d’or était à l’époque à
son cours le plus bas : 409,72 dollars.
Il est passé en l’espace de 5 ans à plus
de 1 384 dollars. Si Sarkozy avait vendu
l’or à la fin de son mandat, la France
aurait empoché plus de 18 milliards de
dollars[2].
La
présidence de Nicolas Sarkozy est le
symbole de l’échec des politiques
néolibérales qui sont politiquement
dangereuses, économiquement inefficaces
et socialement désastreuses. L’argent
public a été dilapidé et
l’Etat-providence démantelé,
occasionnant une crise économique sans
précédent et une grande fracture
sociale, dans le seul but de protéger
les intérêts des puissances d’argent.
Docteur ès Etudes
Ibériques et Latino-américaines de
l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim
Lamrani est Maître de conférences à
l’Université de La Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son nouvel ouvrage s’intitule
Cuba : les médias face au défi de
l’impartialité, Paris, Editions
Estrella, 2013 et comporte une préface
d’Eduardo Galeano (à paraître en
septembre 2013).
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr ;
Salim.Lamrani@univ-reunion.fr
Page Facebook :
https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel
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