Opinion
Visite de
courtoisie en terre palestinienne
occupée ?
Robert Bibeau
Mercredi 27 mars
2013
Debout sur
le tarmac de l’aéroport international
Ben-Gourion – de triste mémoire – ébaubi
sous un soleil ébaudi, le
reporter-figurant de Radio-Canada en
Orient sourit de toutes ses dents, à la
vue du distingué invité de Bibi
Netanyahu, dit «l’Étrangleur de Gaza».
Dans les instants qui suivent, monsieur
Chartrand, l’envoyé spécial de la télé
d’État, rend compte de ce qu’il qualifie
d’une visite de courtoisie que consacre
Barak Obama à son nouvel ami le Premier
ministre éconduit, puis reconduit,
«Bibi» l’homme fort du gouvernement
israélien.
Évidemment, Chartrand n’est pas un fin
limier de la politique internationale,
même s’il use ses savates depuis
longtemps sur les tarmacs. Le Président
de la deuxième puissance économique
mondiale en sursis et de la première
puissance militaire en péril – menacée à
tout instant de défaut de paiement, de
banqueroute et de mise aux enchères aux
plus offrants – n’a tout simplement pas
le temps pour les faux fuyants. Si Obama
ne cherchait qu’à gratifier les
sionistes d’un sourire, il n’aurait pas
fait ce voyage et il serait resté
sagement à Washington où son entourage
grouille d’hystériques sionistes à qui
il pouvait sourire tout son saoul. Non,
ce personnage important se déplace
là-bas pour un motif autrement
conséquent, et ce n’est pas non plus
pour autoriser aux fous de la centrale
militaire-nucléaire de Dimona de lancer
seuls une attaque contre l’Iran. La
Chine, la première puissance commerciale
mondiale ne l’accepterait pas.
S’il
s’agissait – comme le propose le
charlatan et d’autres reporters présents
– de réaffirmer l’amour éternel de
l’Amérique pour Israël, un appui
étatsunien franc et public à la
colonisation rampante en Cisjordanie
saccagée aurait été mieux avisé que ce
voyage inusité. De toute façon, chacun
subodore que l’éternité amoureuse entre
les deux comparses, a débuté en 1967 et
s’« éternisera » jusqu’au moment de la
mise au banc des États-Unis d’Amérique.
À quoi servirait un parrain américain
sans le sou à un ami israélien gobe-sous
?
Il faut
chercher ailleurs que dans le
panégyrique des médias à la solde – dans
les textes glanés chez l’État-major du
Mossad ou dans ceux des communiqués
diffusés par les ateliers de propagande
du gouvernement israélien – la cause et
les motifs de cette visite diplomatique
– sachant que la diplomatie est la
poursuite de la guerre par d’autres
manières –.
À sa
descente d’Air Force One, Barak Obama
s’attarde longuement devant le nouvel
arrivant au gouvernement – le «
centriste » Yaïr Lapid – marquant sa
préférence outrecuidante pour l’opposant
à Bibi le soupirant. Le Premier
étatsunien est venu ici appuyer son
désir d’en finir avec la fronde du
Likoud ; vérifier si son allié
nucléarisé est bien fidélisé ; constater
l’étendue des dommages collatéraux que
lui inflige la Chine, son adversaire
ascendant au Levant.
Cette
région du Proche-Orient doit être remise
en ordre de marche – la Turquie
intégriste se réconciliée avec son ami
sioniste théocratique – avant de pousser
plus avant vers l’Iran, le Pakistan, le
Turkménistan, le Tadjikistan et au bout
de cette route du nouvel oléoduc
d’Orient – suintant le carburant – la
Chine impériale, déjà première puissance
industrielle et commerciale mondiale.
Voilà l’un des enjeux de ces jeux de
coulisse et de cette visite – la
contre-révolution n’est pas un dîner de
gala, disait un célèbre penseur chinois.
Il y a
fort à parier après la nomination de Jim
Kerry au Secrétariat d’État et de Chuck Hagel au Secrétariat à la défense
nationale – pardon, à l’agression
internationale – que la bande des
irréductibles à « Bibi » aura intérêt à
jeter du lest, ou alors qu'elle se
cherche prestement un nouveau commandant
ou un nouveau tuteur payant (dollar
contre yuan).
Prévoyez
que sous peu la Cisjordanie déchiquetée
puis rapiécée (à peine, type réserve
indienne canadienne) sera offerte à Abou
Mazen du
Fatah et que Gaza l’emmurée sera
offerte au
Hamas en peine. Si ces deux-là
acceptent cette trahison comme
transition, le pouvoir sioniste à
Jérusalem n’aura plus qu’à contresigner
cette paix des adjudants sous les
applaudissements de la « communauté
internationale » sur les gazons d la
Maison Blanche et au suivant… sus à
l’Iran en passant par la Syrie qui –
malheureusement pour l’OTAN – n’en finit
plus d’agoniser et de résister tant et
tant aux massacres djihadistes et aux
bombes chimiques « humanitaires » –
grâce au soutien de l’Iran, de la Russie
et de la Chine justement. Le Vent d’Est
souffle dorénavant vers l’autre
continent.
Évidemment, cette machination des grands
ne pourra avoir raison de la juste
résistance du peuple palestinien que si
les factions dominantes en Palestine
occupée ont raison des factions
d’opposition. Déjà, elles s’agitent dans
les fumées du narguilé et ne laisseront
certainement pas passer cette occasion
de tasser leurs compagnons d’armes.
Personnellement, je prendrais le pari
que ce complot anti-palestinien ne
réussira pas davantage que les
précédents.
L’État
capitaliste monopoliste théocratique
israélien doit être abattu pour que
naisse de ses cendres et sous la
direction du prolétariat un nouvel état
laïc, multiethnique, démocratique et
socialiste sur l’ensemble des terres
libérées du protectorat britannique.
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