Opinion
Pourquoi cette
agression israélienne contre Gaza ?
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 21
novembre 2012
À l’évidence,
l’armée israélienne sanguinaire n’a pas
reçu l’ordre de bombarder l’enclave de
Gaza emmurée, surpeuplée (1,6 millions
d’habitants) et d’y massacrer femmes et
enfants encerclés, à la merci de leurs
bombardiers lourdement armés (plus de
100 victimes en 5 jours), afin de
stopper une invasion des gazaouis contre
les boîtes de nuit de Tel-Aviv !
Combien les
correspondants des médias planqués à
Jérusalem ont-ils dénombré de F-16 et
d’hélicoptères de combats palestiniens
dans le ciel israélien ? Aucun bien
évidemment. L’assassinat par Tsahal, le
14 novembre dernier, d’Ahmad Jaabari
chef militaire du Hamas à Gaza, a brisé
la trêve et déclenché la riposte
palestinienne, voilà la vérité.
Les sous-fifres
journalistiques colportent toujours les
mêmes fumisteries empruntées à
l’État-major de Tsahal, à l’effet que
ces jeux de massacre seraient une guerre
entre deux armées de métier; une partie
détenant l’arme thermonucléaire, des
sous-marins nucléaires et des tanks
Merkava; l’autre partie, équipée de
vieux pétoires et de quelques rockets
artisanaux; les deux «armées de métier»
combattant à armes égales sur le champ
de bataille israélo-palestinien. Malgré
leurs prétentions d’objectivité, ces
observateurs «engagés» s’agitent, mais
n’éclairent nullement l’horizon, car
pour ce faire ils devraient dévoiler la
mission de leur ami «bibi» Netanyahou,
l’adjudant au Levant de l’impérialisme
israélien et de ses alliés européens et
américains.
La question
demeure : pourquoi cet assaut
meurtrier contre Gaza l’enfermée ?
Pour résoudre ce mystère il faut
retourner un mois en arrière. Le 16
octobre dernier, sans motif apparent,
Benjamin Netanyahou, premier-ministre
majoritaire à la Knesset de Jérusalem
occupée, déclenche des élections
anticipées afin de renforcer sa
crédibilité face à Barak Obama dont la
réélection semblait déjà assurée, n’en
déplaise aux sondeurs d’opinion
étatsuniens qui ont tenté de maintenir
le suspense du scrutin jusqu’à la fin
(1).
Quelques jours
plus tard, «Bibi» annonçait la coalition
du Likoud avec le paria Lieberman, un
sioniste hystérique Ministre des
affaires étrangères, signifiant en cela
que sa faction israélienne n’entendait
pas céder aux pressions de ses alliés
américains et européens une fois conclue
l’élection du Président décevant.
«Décevant», ont prétendu certains
collabos car quelques âmes bien nées
avaient laissé penser qu’Obama mettrait
Israël au pas, là où ses prédécesseurs
avaient échoué…ou fait semblant
d’échouer.
Quelques mois
auparavant, un rapport secret –
habilement exfiltré via les services
secrets iraniens – avait laissé entendre
que l’appareil d’État étatsunien – qui
fera bientôt face à la pire crise
économique-bancaire-boursière-monétaire
de son histoire – se questionnait sur
l’avenir d’un Proche-Orient sans soldats
«hébreux», sans «État»
terroriste-sioniste israélien (2).
Pire, le 10
novembre 2012, « quelques jours avant
son assassinat, Ahmed al Jabari, l’homme
fort du Hamas à Gaza, avait reçu le
projet de texte d’une trêve permanente
avec Israël qui comportait des
mécanismes pour maintenir le
cessez-le-feu dans le cas d’éruptions de
violence entre Israël et différentes
factions de la bande de Gaza. »
(Haaretz). (3)
La classe
capitaliste monopoliste israélienne a
horreur de ces soumissions
palestiniennes visant à céder à leurs
admonestations et réclamations,
lesquelles, nonobstant ses
atermoiements, forcera un jour l’État
«hébreu» à commencer à discutailler afin
d’éventuellement signer un traité visant
à concéder un bantoustan sur une portion
de terre spoliée au peuple palestinien.
Deux courants de
pensée bouleversent la diaspora sioniste
en Israël et dans la «communauté
internationale occidentale» : le
premier courant espère fortement que
si Tsahal rend la vie insoutenable aux
millions de Palestiniens accrochés à
leurs terres ancestrales, ceux-ci
finiront par quitter leurs propriétés
non encore occupées-spoliées et alors le
Grand Israël des boniments de la Torah
pourra émerger comme une mystique «
Terre promise ».
Le second courant
de pensée sioniste,
ceux que l’on qualifie de réalistes car
moins hystériques, comprend fort bien
qu’il est impossible d’exterminer 5 à 8
millions de Palestiniens (selon que l’on
comptabilise ou non les ressortissants
vivant en apartheid depuis la Nakba au
sein de l’État hébreu de 1948). Ceux-là
comprennent que les 5 millions de
Palestiniens enfermés à Gaza et en
Cisjordanie colonisée n’ont nulle part
où aller et qu’il faudra donc, tôt
ou tard, leur concéder un bantoustan que
les laquais de l’Autorité palestinienne
administreront sous le joug israélien.
Pour eux, l’État hébreu serait mieux
aviser de régler cette infâme
négociation au plus pressant, pendant
que Mahmoud Abbas est toujours en poste
malgré son illégitimité.
Nous venons de
résumer la cause palestinienne observée
du côté impérialiste de la lorgnette. Le
dilemme des impérialistes-internationaux
se résume à ceci : la conjoncture
est-elle favorable pour concéder ce
bantoustan aux thuriféraires
palestiniens et de le laisser
reconnaître par l’ONU ; où vaut-il mieux
attendre encore d’avantage dans l’espoir
que quelques acres de terres
supplémentaires puissent être arrachées
à ce peuple prisonnier?
L’autre question à
résoudre pour les Sionistes et leurs
alliés étatsuniens et européens tient à
la mainmise que leurs sous-fifres et
leurs larbins palestiniens détiennent
réellement sur le peuple palestinien.
Chaque comploteur
sioniste comprend qu’il est inutile de
céder quelques arpents de désert à
Mahmoud Abbas, plénipotentiaire du
Fatah, parangon de l’État croupion
palestinien – quel qu’en soit le statut
pourvu qu’il soit «reconnu par l’ONU» –
si demain le Hamas, le FPLP ou le Jihad
Islamique peuvent surgir sur
l’avant-scène palestinienne répudier le
traité de capitulation signé par la
ridicule Autorité et quémander la
restitution de plus de terres
expropriées et exiger davantage de
subsides de la «communauté
internationale» complice de ces
malversations anti-palestiniennes.
Le pire des
scénarios pour les sionistes – le plus
probable – serait qu’un référendum
populaire palestinien – impliquant les
réfugiés des camps de la misère dans les
pays arabes voisins (Liban, Irak,
Jordanie, Syrie, Égypte) – répudie ces
ententes licencieuses-frauduleuses.
Toute la «négociation-capitulation»
serait alors à reprendre dans une
position défavorable pour les sionistes
spoliateurs de terre et pour leur armée
de guerre déglinguée (que le Hezbollah a
déjà humiliée).
En tant que
représentant politique de la diaspora
impérialiste sioniste, Benjamin
Netanyahou sait déjà tout cela et il
intervient aujourd’hui par ces attaques
criminelles contre Gaza la résistante
afin de défier ses alliés étatsuniens et
européens qui jonglent avec ses
flagorneries et voudraient bien le voir
s’asseoir à la table de négociation pour
enfin céder le bantoustan palestinien
à une faction palestinienne en mesure
d’imposer ces compromissions au Peuple
palestinien en prison.
En exécutant le
chef militaire du Hamas et en détruisant
le siège de l’organisation à Gaza,
Netanyahou tente d’affaiblir cette
faction et de donner une chance aux
factions rivales (FPLP et Jihad
islamique) de s’emparer du pouvoir à
Gaza – pour qu’ensuite ces groupuscules
– décrétés «extrémistes» par les
analystes à la solde des impérialistes –
présentent leurs revendications que
«Bibi» déclarera irréalistes, exagérées,
folles, délurées, justifiant ainsi son
refus de nouvelles négociations… ce qui,
ses alliés le savent bien, ne fera que
reporter l’échéance obligée de ce
conflit vieux de 65 années de plus en
plus superfétatoire compte tenu du
déplacement du centre de gravité
géostratégique mondial vers
l’Asie-Pacifique.
Le présent épisode
des massacres sionistes contre le peuple
palestinien martyr n’est que le baroud
d’honneur d’une faction impérialiste
israélienne déshonorée et désespérée. Le
peuple palestinien ne doit rien céder,
ne doit rien signer, ne doit rien
concéder et il doit persévérer et
résister encore et toujours sans
désespérer. Le jour viendra où, la
conjoncture internationale se
détériorant chaque jour davantage pour
les impérialistes, y compris pour leur
faction israélienne dégénérée, il sera
alors approprié pour ce peuple courageux
d’imposer ses conditions de règlement
pour mettre fin définitivement à cette
ignoble occupation qui, nous en
convenons, a déjà trop duré.
(1)
http://www.elwatan.com/international/une-agression-sur-fond-de-campagne-electorale-en-israel-17-11-2012-192582_112.php
(2)
http://les7duquebec.org/7-au-front/de-lextinction-de-letat-israelien/
(3)
http://www.michelcollon.info/Israel-attaque-Gaza-Michel-Collon.html
(4)
http://www.assawra.info/spip.php?article1564
(5)
http://www.oulala.info/2012/11/cadavres-exquis-en-palestine-occupee-recit/
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