Opinion
La révolte des autochtones du Canada
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 16 janvier
2013
L’émergence du
mouvement « Idle No More » (que l’on
peut traduire par « Finie l’apathie !
»), combinée à la grève de la faim
observée par la cheffe du conseil de
bande de la réserve indienne
d’Attawapiskat, Theresa Spence – une
communauté située sur la côte ouest de
la Baie James dans le nord de l’Ontario
– a remis la lutte de résistance des
nations autochtones au premier plan sur
la scène politique canadienne.
Partout à
travers le Canada des actions de révolte
se sont multipliées : «flash mobs»,
manifestations, occupations, blocages de
routes, de ponts et de chemins de fer.
Ces actions témoignent de la forte
présence des peuples autochtones partout
sur le territoire canadien (un million
deux cent mille indiens, inuit et métis
reconnus - 2006) (1).
La révolte
amérindienne rappelle de manière
spectaculaire que l’État canadien et ses
différentes composantes – telles que les
gouvernements provinciaux dont le
gouvernement du Québec – a été édifié
sur la base de l’expropriation des
terres des Premières nations, sur la
base de la spoliation de leurs
ressources naturelles et sur la négation
de leurs droits ancestraux.
Officiellement,
le mouvement amérindien « Idle No More »
a été créé au mois d’octobre 2012, à la
suite du dépôt au Parlement d’Ottawa du
projet de loi C-45 («Mammouth II») par
le gouvernement fédéral de Stephen
Harper. Ce projet de loi propose
notamment de modifier unilatéralement le
processus de consultation des conseils
de bande (autochtones) mis sur pied en
vertu de l’infâme
Loi sur les Indiens de 1985,
prolongement de
l’Acte sur les Sauvages de 1876 (2).
Ces modifications au processus de
consultation visent en réalité à
faciliter l’intrusion sur les réserves,
la spoliation des ressources, la
dégradation environnementale, et le
saccage des terres sur les « Réserves
indiennes » à l’encontre des intérêts
des peuples autochtones.
Les
instigatrices amérindiennes du récent
mouvement dénoncent les modifications à
la Loi sur la protection des eaux
navigables et de manière plus générale,
l’affaiblissement de la réglementation
fédérale en matière de protection de
l’environnement et des ressources
naturelles, ce qui aura un impact
évident sur l’avenir des communautés
autochtones. Par ces mesures
législatives le gouvernement fédéral
s’autorise et autorise les gouvernements
provinciaux canadiens – y compris le
gouvernement québécois – à brader les
terres autochtones. Le gouvernement
Harper mène cette charge pour le profit
des monopoles miniers et énergétiques
canadiens et étrangers (Entreprises de
l’oléoduc de la Mackenzie;
multinationales minières chinoises au
Nunavut; pétrolières américaines des
sables bitumineux de l’Alberta; minières
étrangères du Nord de la Colombie
Britannique; monopoles miniers indiens
(Arcelor Mital) et chinois et
hydro-électriques québécois
(Hydro-Québec) du Plan Nord au Québec;
etc.) (3).
Depuis un mois,
le mouvement « Idle No More » s’est
répandu dans à peu près toutes les
communautés autochtones du pays. Il met
désormais en présence à la fois des
membres des diverses communautés, ainsi
que les leaders reconnus et appointés
par l’État canadien à la tête des
conseils de bande et de leurs grands
regroupements nationaux comme
l’Assemblée des premières nations.
Le mouvement de contestation est donc
marqué par toutes les contradictions qui
caractérisent les relations entre les
Premières nations autochtones – l’État
impérialiste canadien – la classes
capitaliste monopoliste qui le dirige en
sous-main – et le peuple canadien.
Ainsi,
l’impérative exigence de certains chefs
de bande de tenir des discussions entre
les chefs des Premières nations et le «
Chef » Stephen Harper d’Ottawa, en
présente du futile gouverneur général du
Canada – puéril représentant de la
Couronne d’Angleterre – loufoque
reliquat d’une époque coloniale
Britannique révolue, n’est nullement
endossée par les ouvriers autochtones,
les chômeurs, les désœuvrés vivant de
l’aide sociale sur leurs terres
dévastées, spoliées et saccagées par les
monopoles miniers, énergétiques et
forestiers multinationaux et canadiens.
La classe
ouvrière autochtone participe à ces
luttes et à ces révoltes contre la
Loi sur les indiens, et contre
toutes celles qui l’ont précédée et par
lesquelles les gouvernements canadiens –
y compris le gouvernement québécois – se
sont autorisés à parquer les amérindiens
dans le « tiers monde » des « Réserves
indiennes » – structure juridique
semblable à des
bantoustans – après avoir kidnappé
leurs enfants, les avoir endoctrinés
dans des collèges et des couvents
chrétiens, loin de leurs parents, les
violant et les dépouillant de leur
héritage ethnique, culturel et
linguistique. Depuis ce temps l’État
bourgeois fédéral canadien et les
gouvernements bourgeois provinciaux – y
compris le gouvernement québécois – sont
coupables de génocide culturel contre
les Premières nations autochtones (4).
Aujourd’hui, la
section amérindienne de la classe
ouvrière canadienne – nos frères de
classe issus des Premières nations –
vivant dans les Réserves et hors des
Réserves, est toujours soumise à
l’oppression nationale contre sa
culture, ses langues et son mode de vie
ancestral,
mais aussi et surtout ces prolétaires
amérindiens, inuit et métis sont
victimes de l’oppression de classe
fondement de toutes les formes
d’oppression en société impérialiste.
Les ouvrières
et les ouvriers canadiens issus des
Premières nations soutiennent le
mouvement de révolte contre la
Loi sur les indiens et contre toute
les mesures contenues dans les iniques
Loi C-45 et C-38. Le gouvernement
Fédéral et les gouvernements provinciaux
au Canada – y compris le gouvernement
québécois – ne doivent plus intervenir
sur les territoires des « Réserves
indiennes » et ils doivent cesser
d’autoriser quiconque à s’activer sur
les territoires autochtones sans
l’accord officiel des bandes autochtones
et de leurs représentants dûment choisis
selon les modes de représentation
autochtones ancestraux.
Les luttes de
résistance de la classe ouvrière
autochtone sur le front économique de la
lutte des classes – contre
l’exploitation du travail salarié – tout
comme leurs révoltes contre l’oppression
nationale de classe (langue, culture,
droits ancestraux, propriété et
exploitation écologique de la Terre-mère
et de ses ressources naturelles), sont
partie intégrante de la lutte de
l’ensemble de la classe ouvrière
canadienne – comprenant sa section
québécoise – contre le système
d’exploitation impérialiste canadien.
Le prolétariat
canadien salue la résistance et les
luttes de sa section ouvrière
autochtone.
(1)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Am%C3%A9rindiens_au_Canada
(2)
http://lois-laws.justice.gc.ca/fra/lois/I-5/index.html
et
http://www.amnistie.ca/site/index.php?option=com_content&view=article&id=12967&Itemid=171
(3)
Plan Nord (Québec-Canada) Méfiez-vous de
cet homme venu du Sud. Robert Bibeau.
15.05.2011.
http://www.mondialisation.ca/plan-nord-qu-bec-canada-m-fiez-vous-de-cet-homme-venus-du-sud/24778
(4)
Idle No More et revendications
autochtones. 8.01.2013.
http://www.pressegauche.org/spip.php?article12760
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