Opinion
La rasque
française en Libye
Robert Bibeau
Image:
Source AJ
Mercredi 5 octobre 2011
COMPENDIUM DE
L’IMPÉRIALISME FRANÇAIS
Le petit Napoléon, un temps l’étoile
montante du Directoire, dérangeait bien
des troublions avides de mettre la main
sur le pouvoir afin de s’assurer le
partage des prébendes et des
« royautés », des cachets et des
loyautés parmi leur clan bourgeois –
aristocratiques (Eh oui ! Ils n’avaient
pas tous été guillotinés contrairement à
ce qu’on vous laisse penser). Le dit
Napoléon fut donc invité à manifester
son talent et sa cupidité
« libératrice » contre les mamelouks (un
peuple bâtard et inhumain, pensait le
Directoire) implantés en Égypte, une
pomme de discorde entre les deux
puissances colonisatrices (France et
Britannique).
Bien peu d’historiens français
décrivent l’équipée carnassière
napoléonienne pour ce qu’elle fut – un
massacre colonialiste contre un peuple
autochtone afin de distraire un
concurrent encombrant. L’historiographie
française a toujours le talent de
présenter les dictateurs étrangers comme
des tyrans et les siens comme des
libérateurs ou des pacificateurs.
Et ils récidivent les nationalistes
chauvins, apologistes de la grandeur de
l’empire français. Dernièrement, un tout
petit Napoléon des balcons
(Neuilly-sur-Seine) – pâle imitation du
grand massacreur des peuples du XIXe
siècle – ils font avec ce qu’ils
ont sous la main les malandrins – a cru
bon de lancer une opération aéroportée
contre le peuple d’à -côté (les libyens,
à côté des mamelouks, aujourd’hui
devenus égyptiens).
Le petit Blingbling belliqueux
affréta donc son porte avions et astiqua
ses canons pour porter l’agression
jusqu’aux portes d’Al Khoums, histoire
de massacrer un peu de ces Arabes
récalcitrants qui se soulèvent
spontanément depuis quelque temps. Une
petite guerre de rapine vite faite ne
pouvait pas faire de mal à la glorieuse
marine, à l’armée et à l’aviation
françaises désoeuvrées depuis la fin de
l’échauffourée contre la Côte d’Ivoire
enfin « pacifiée » à la canonnière
blindée…façon XXIe siècle, c’est-à-dire
avec tout plein de verbiages
« humanitaires »… mais dites donc, où
est passé Kouchner, l’autre compère ?
L’armée impériale française avait une
autre occasion d’étaler son armement et
de démontrer ses talents. Que de ventes
juteuses pour les ci-devant!
Et pensez donc, le petit aspirant
« Führer » ne pouvait mieux choisir son
terrain d’agresseur. Son ami et
concurrent Berlusconi, de fort mauvaise
posture, en mode majeur dans le lit de
quelques mineures, n’était pas en
position de répliquer à la capture de sa
chasse gardée. Berlusconi fut pris le
pantalon raccourci tout comme son ami
Kadhafi.
Mais voilà que le Gengis Khan de
notre temps avait mal jaugé son
adversaire qui s’avéra infiniment plus
pervers que ses congénères. Ben Ali
avait fui précipitamment, (avec la
caisse) et on avait fait passer ce
déplacement pour une conquête
« révolutionnaire ». Moubarak s’était
fait tirer l’oreille (les sommes à
piller étant plus consistantes) mais
l’armé locale était venue à bout de ses
réticences à force d’allonger les
prébendes et suite à quelques
soulèvements populaires – contrôlés –
qui laissaient présager le pire. Pour le
Ramadan anticipé le Rais avait pris sa
retraite dans sa datcha de Charm el
Cheikh. Depuis, le terminal de Rafah est
toujours fermé et l’armée égyptienne
sanguinaire s’active à massacrer les
vrais révoltés de la place Tahrir ainsi
que les gazaouïs dans leurs tranchés
(loin des caméras de l’étranger).
Mais voilà que le Guide de la
Jamahiriya n’acceptait pas qu’on le
liquidât et s’accrochait à son émirat
qui pourtant ne lui avait été concédé
qu’a condition de loyauté. Vous avez
parfois de ces affidés qui s’attachent
aux privautés attachées à leur
principauté.
Pourtant, l’armée et les services
secrets français s’étaient dépensés sans
compter. Soulèvement « populaire
spontané » des « révoltés » de Benghazi
bien formés, bien armés (comme vous
savez, vous tenez tous quelques canons
anti-blindés sur votre propriété, on ne
sait jamais qui vous aurez à bombarder),
mercenaires affrétés tout frais
héliportés du côté des puits de
Benghazi. Le moment était approprié, le
drapeau de la royauté stipendié fut
hissé ; allons peloton de la libération
au secours de notre roitelet obsolète.
Pourtant, rien n’y faisait, les renforts
recrutés parmi les insurgés
d’Afghanistan, d’Irak, du Qatar et du
Soudan ne parvenaient nullement à
« libérer » la contrée en faveur de ce
roi abhorré.
L’AGRESSION
DE L’OTAN
C’est le moment que choisit le «
grand conquérant » pour réclamer secours
à son ami et concurrent qu’il avait
jusqu’à présent négligé de manière
éhontée. Ce qui n’était d’abord que
guerre de conquête pour le repartage
d’une néo-colonie entre rivale de second
lit devint pomme de discorde entre
grands comparses de l’OTAN – appelée à
la rescousse pour trancher le différend
et renverser le « tyran » – pas celui de
Paris, celui de Tripoli – puis, mettre
au pouvoir un sous fifre plus
accommodant. La guerre ne fut pas aisée
et de fait elle n’est toujours pas
terminée.
Pourtant, le petit mécréant et son
acolyte Cameron sont venus, ils ont vu
mais ils n’ont pas encore vaincu et mal
leur en prend car maintenant ils ont un
véritable soulèvement paysan entre les
dents et personnellement je parie que
ces deux là se ridiculiseront tout
autant qu’un insignifiant qui, du haut
d’un porte-avion désarmé, avait annoncé,
il y a dix ans passés, la fin des
combats en Afghanistan…ils n’en
finissent plus de tomber les soldats de
l’amirauté depuis « la fin » des
atrocités commandées…par le Pentagone.
LE
NÉO-COLONIALISME FRANÇAIS
L’impérialisme français a dirigé les
activités d’agression en terre libyenne.
Et même si l’OTAN – l’organisation de
collusion des assoiffés de profits, de
ressources naturelles et de marchés –
est intervenue pour sauver la mise, il
demeure que la classe capitaliste
monopoliste française assume la
première responsabilité dans cette
rasque* et ces massacres de civils
libyens et c’est elle,
cette classe parasitaire française, qui
se présente la première à la curée pour
le partage du butin spolié (1).
Il n’est nullement question ici de
disculper l’impérialisme étatsunien,
leur maître à penser moderne et ancien,
mais on ne doit pas dissimuler la
responsabilité de sa propre bourgeoisie
impérialiste nationale derrière de
pseudo analyses complaisantes et
compatissantes. Les puissances
impérialistes collaborent et
s’affrontent pour défendre les intérêts
de leur propre clan national.
L’impérialisme français est sanguinaire
(Indochine, Algérie, Afrique noire) et
il doit être renversé comme celui du
lilliputien canadien, de la perfide
Albion et de la sanguinaire Washington.
Allons, enfants de la Patrie, votre
heure de gloire est arrivée et votre
pire ennemi est à vos côtés.
Mes ennemis je les connais bien – mes
« amis » je n’en sais rien – camarades,
préservez-moi des miens.
* Rasque = bourbier
(1)
L’impérialisme canadien, sous Harper, a
aussi participé à l’agression et est
imputable pour ce crime de guerre contre
le peuple libyen.
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