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Opinion
L'assassinat extra
judiciaire de Ben Laden !
Robert Bibeau
Oussama Ben Laden - Photo: RIA Novosti
Jeudi 5 mai 2011
De quoi avaient-ils peur ?
L’empressement marqué des assassins États-uniens à exécuter Ben
Laden et à faire disparaître son cadavre laisse perplexe. Un
escadron de para, bardé d’armes sophistiquées, le casque à la
Nintendo posé sur le nez,
monté à la Zorro sur quelques hélicos, fond sur sa proie
un jour de mai. La cible : un retraité, retiré dans sa datcha au
nord d’Islamabad la mafieuse, pénard avec sa famille nombreuse,
inactif depuis quelques années, regardant à la télé les
franchisés légitimés de la soi-disant organisation
Al Quaida,
s’exciter à la
périphérie des combats que mène la résistance des peuples arabes
opprimés, révoltés.
L’exécution extra
judiciaire des « injusticiers » surarmés aura permis de faire
taire un témoin gênant, c’est la seule conclusion que l’on
puisse tirer de ce coup fourré à l’américaine. L’héritier élu du
chef des bandits de l’époque (2001) pourra dormir tranquille;
Barak Obama, à l’enseigne de George W. Bush en 2001, est apparu
précipitamment à la télévision, heureusement sans porte-avion,
pour annoncer le fait d’armes courageux de son corps d’armée
hargneux : un vieillard désarmé a été assassiné aux confins
d’une région ravagée par les drones de l’empire. Il résistait et
il en savait trop pour être rapatrié et interrogé ; de toute
façon, tout ce qu’il aurait pu révéler, l’État major américain
le savait déjà.
Alors à quoi bon laisser parler ce ressuscité devant les caméras
de la télé à la face du
public hébété ; et lui donner l’occasion de raconter les
malversations des puissants et les complots des malfaisants ?
D’ailleurs, la sanguinaire et honteuse prison de Guantanamo
n’étant toujours pas fermée, un prisonnier illégal de plus et
pourquoi pas - à côté de l’enfant canadien que le gouvernement
canadien ne veut pas rapatrier ?
Que nenni, il en savait
trop ce « héros » ! Non mais vraiment, les stratèges de la
Maison blanche nous prennent-ils pour des demeurés ? Après
l’avoir cherché pendant ces dix dernières années, pourquoi
était-il devenu si urgent de le faire taire pour l’éternité ?
Pouvait-il révéler des informations cachées, des
complicités, l’origine de ses informateurs, la provenance des
armes de son organisation, qui a entraîné ses satrapes (si ce
sont bien eux qui ont fait le coup !), qui les a cachés, armés,
payés, le nom de ses alliés? Autant de questions que l’on ne
pourra jamais lui poser.
Ou alors, Ben Laden
n’était plus rien dans cette saga, ses héritiers et ses
officiers sont ailleurs et cet assassinat illégal des paras de
l’armée américaine dans une néo colonie, occupée (Pakistan),
n’aura été que la vengeance puérile d’une puissance en déclin ?
Ce meurtre barbare,
télévisé, n’aura servi qu’à exacerber la hargne et la colère de
ses partisans frustrés et à accréditer un « héros » de plus aux
pays des néo-colonisés. Demain, dans une ville quelconque, un
illuminé se fera sauter au milieu d’une foule innocente et tous
ces commentateurs et analystes zélés que j’ai entendus
s’esclaffer et chanter hier à la télé viendront pleurer des
larmes de crocodiles et, en poltrons qu’ils sont, crier
vengeance et demander d’autres meurtres sauvages extra
judiciaires sans acte d’accusation, sans procès, sans témoins
gênants, sans même le cadavre de l’accusé.
Mais qu’ont-ils donc à cacher ces assoiffés du sang des
martyrs ?
Robert Bibeau gère le site
Samidoun
à Montréal.
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